Chapitre 5 - Eve

La sonnerie retentit, empêchant Taylor d'approfondir son interrogatoire. Jusqu'ici je ne lui avais répondu qu'avec de simples monosyllabes telles que "oui" ou "non". J'empoignais mon sac et me dirigeais le plus rapidement possible vers le couloir.

***

J'arrivais dans la cafétéria. Je reconnus tout de suite au fond la table de Taylor et de ses potes qui faisaient sûrement tous partis du gang des Jake's. Quant à moi, je cherchais du regard une table à laquelle je pourrais manger tranquillement.

- Athéna ?

Je me retournai et vit une petite blonde de mon cours de maths qui m'appelait. Je me dirigeais vers elle et saluai ses amies. J'appris bien vite qu'elle s'appelait Amande et d'autres noms que je ne retins pas entièrement.

Nous mangions tout en bavardant joyeusement lorsque, d'un seul coup, tout le monde se tut. La porte du réfectoire s'était ouverte laissant place à Eleana, sa clique de suivantes, quelques garçons très mignons et... Bram.
Ce dernier avait un bras enroulé autour de la taille d'Eleana et celle-ci rejetait fièrement ses cheveux blonds derrière son épaule. Bram croisa malheureusement mon regard, ses yeux verts s'accrocha au mien. Je détournai alors la tête et vit Taylor m'observer. Quelque chose me disait qu'il n'avait rien perdu du contact visuel entre Bram et moi. Mes yeux retournèrent sur la fourchette que je tenais entre les mains et la nourriture au goût infâme.

Je n'ai jamais aimé les populaires. Encore moins les populaires qui dictent la loi. Ils se croient toujours plus fort et plus haut que les autres, souvent aveuglés par le pouvoir. Mais peut-on réellement parler de pouvoir ? En dehors de cette école, ils ne sont rien. Enfin, pour certains. C'était le cas pour ceux de mon ancien école, ils ne me manquent pas. Ils ne me manqueront jamais. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que la fin de cette année scolaire ne sera pas de tout repos. Ce nouveau départ loin de ma ville natale me sera peut-être bénéfique.

Eleana se dirigea vers une table, située à l'exact opposé de celle des Jake's. Tout le groupe suivit.

- Je ne peux pas les supporter.

Je me retournai vers la voix douce qui venait de parler. Une fille de la table, Ève je crois, soupira.

- Pourquoi ?

Elle me regarda dans les yeux et d'un ton dure, elle me répondit.

- Ce ne sont que des idiots égoïstes, narcissiques, qui se croient invincibles. Ils aiment ridiculiser les plus timides, ou ceux qui ont le culot de s'opposer à eux.

Je ne répondis pas et recommençai à manger. La fin du repas se passa dans un silence tendu.

***

- Athéna !

Je vis Ève accourir vers moi, ses cahiers en main.

- Salut ! , je lui dis en souriant.

- Tu habites où ?

- Hum... Empire street si je me souviens bien.

Un large sourire illumina son visage.

- C'est tout près de chez moi ! On retourne ensemble ?

- Ouais, bien sûr.

On sortit ensemble du lycée.

- Ève ?

- Oui ?

- Pourquoi tu déteste autant le groupe d'Eleana ?

Elle me regarda et fronça les sourcils. Elle baissa la tête et shoota dans un caillou.

- Ils ont persécutés mon petit frère. Adrien. Ils n'aimaient pas le fait qu'il y ait un élève qui ne les craignaient pas, alors ils ont testé ses limites. Ils l'ont insulté, harcelé, et même tabassé. Je me suis toujours demandé si Eleana prenait des cours de boxe où je ne sais quoi parce que ses ongles parfaitement manucurés ne sont qu'une façade, tu peux me croire.

Je hochai la tête. Je n'y croyais pas. J'avais honte de faire partie du même gang qu'eux. J'aurai préféré les avoir comme ennemis et en même temps les avoir comme "alliés" n'était pas plus mal. Ève releva la tête et je vis les larmes qui menaçaient de couler dans ses yeux. Je la serrai dans mes bras. Nous étions en plein milieu de la rue, des passants nous regardaient bizarrement mais je m'en fichais. Ève éclata en sanglots.

- Chut, ça va aller.

Je frottais son dos, je n'ai jamais été bonne pour consoler les gens.

- Tu ne comprends pas. Un jour, il est revenu rempli de bleus et il saignait à l'arcade sourcilière. Il m'a supplié de ne pas le dire à nos parents, je l'ai emmené à l'hôpital. J'ai inventé qu'il était tombé dans les escaliers. A ce moment-là, je ne savais pas quelle excuse inventer. On avait réussi à éviter nos parents lorsque nous sommes revenus à la maison. Le lendemain, j'ai voulu aller voir si il allait mieux et j'ai découvert sa chambre vide. Il était parti.

Elle sanglota encore plus fort contre mon épaule. Je ne savais pas quoi dire. Je m'en voulais de ne jamais trouver les mots au bon moment.

***

Allongée dans mon lit, je repensais aux paroles d'Eve, à son histoire, à son frère. Il devait être quatre heures de l'après-midi. J'étais décidée à faire une bonne sieste lorsque la porte de la maison claqua. Je me levai et passai la tête en dehors de ma chambre, en tendant l'oreille.

- Où est Athéna ? Demande une voix grave.

- Elle est dans sa chambre... Pourquoi ?, dit une voix que je reconnais être celle de ma mère.

- Harrison m'a demandé de venir la chercher. On avait un rendez-vous.

Mince ! Je rentrai ma main dans ma poche et trouvai le petit papier de ce matin avec l'adresse gribouillée dessus. Je l'avais complètement oublié !

Je sortis dans le couloir et m'approchai de l'entrée. J'aperçus d'abord une grande silhouette, puis des cheveux bruns.

- Qu'est-ce que tu fais là ?, lui demandai-je.

- Je pense que tu le sais déjà. Je t'ai entendue, tu n'es pas très discrète.

- Excuse-moi Bram, mais quand quelqu'un rentre dans ma maison sans qu'on vienne lui ouvrir et en claquant la porte d'entrée, j'ai tendance à m'inquiéter.

Il me regarde de haut en bas, arrogant.

- Et bien, tu t'inquiètes pour rien. De toute façon, ce n'est pas toi qui saurait défendre une maison contre de possibles voleurs.

Je lui souris en prenant l'air le plus hypocrite possible.

- Non, ça c'est le rôle du chien de la famille.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire moqueur.

- C'est bien ce que je disais.

Je fis semblant de tousser en prenant soin de glisser un petit "connard" entre deux quintes de toux.

- Athéna !, s'écria ma mère.

J'ouvris de grands yeux innocents.

- Je toussais.

Ma mère leva les yeux au ciel tandis que Bram riait sous cape.
Je partis chercher ma veste et revins. Je suivais Bram vers son Audi.

Une fois en route, Bram était concentré sur la route tandis que je triturais les boutons de ma veste. Je tentais de faire la conversation.

- Sache que, contre des voleurs, je saurai très bien me débrouiller. D'ailleurs tu le saurais si tu n'étais pas parti pendant le combat hier.

Il devint livide.

- Tu m'as vu partir ?

- Bah oui, tu as cru que t'étais Invisible Man ?

Je fronçai les sourcils. Il se racla la gorge.

- Sinon, c'est toi qui a gagné hier ?

- Oui, ta copine ne te l'a pas dit ?

Il secoua la tête et lâcha un petit rire.

- Ce n'est pas son genre de clamer les résultats de ses combats haut et fort lorsqu'elle les perd. D'ailleurs, elle perd rarement.

Je haussai les sourcils, surprise.

- Ah bon ?

Il hocha la tête.

- Comment tu sais que c'est ma copine ?

- Je vous ai vu aujourd'hui, à la cafèt'. Tu avais un bras autour de sa taille, j'en ai déduis que vous étiez ensemble.

Il ne dit rien, alors je décidais de m'aventurer sur un terrain glissant.

- Pourquoi vous terrorisez les lycéens ?

- "Terroriser" est un grand mot.

Il avait les sourcils froncés et se mordait la lèvre.

- Pourtant vous allez jusqu'à les tabasser.

Il se retourna vers moi, dans ses yeux se reflétaient l'incompréhension.

- Les tabasser ? Nous n'avons jamais tabasser personne.

- Mais si ! Hum... Un certain Adrien ça ne te dit rien ?

Il secoua la tête.

- Non,non. Il n'y a jamais eu d'Adrien au lycée. Du moins, pas tant que j'étais là.

Je ne comprenais plus rien. Tout était confus dans ma tête. Dans la sienne aussi apparemment. Je lui aurai bien posé d'autres questions mais la voiture venait de s'arrêter devant le grand bâtiment désaffecté qui nous servait de QG.

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Avis ???
Chapitre 6 enfin là ! J'espère qu'il vous a plu ❤️❤️❤️❤️
Merci d'avoir lu !
Lara xxxxxxxxxxxx

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