Chapitre 16 - Chaud chaud chaud cacao
- Tu es amoureux d'elle ?, demanda l'autre, son ton me paraissait plus doux mais je devais sûrement me tromper.
Si tout était normal, une boule d'angoisse m'aurait serré l'estomac et j'aurais voulu connaître la réponse plus que tout au monde. C'était mon petit-ami, après tout. Pourtant je ne faisais que me concentrer sur la personne qui venait de prononcer cette phrase, comme hypnotisée par le ton grave de sa voix.
- Je ne sais pas. Peut-être, répondit Ky.
Je ne fus pas déçue. Je ne fus pas réjouie. Simplement... rien.
- Mais, la question, c'est plutôt : et toi ?, ajouta Ky. Dans ce cas-ci, le cas d'Eleana se rejouerait encore une fois, mais au moins je l'aurai vu venir.
Eleana ? Que faisait-elle dans cette conversation, encore plus en ayant un mystérieux lien avec moi ? Mais une partie de moi souhaitait connaître la réponse. Toutes mes sensations étaient différentes que lorsque Ky devait y répondre. Mon corps devait dérailler.
J'étais suspendue à ses lèvres, attendant avec impatience sa réponse alors qu'il venait d'avouer qu'il n'était pas celui que je croyais, mais la cloche sonna pour annoncer le prochain cour.
- Je n'aimais pas Eleana.
Je déglutis. Je les entendis sortir, puis m'enfuis à mon tour. Je poussai la porte et m'enfonçai dans le couloir, me frayant un passage entre les filles ayant un besoin pressant.
D'un regard fixe et encore gonflé par les larmes, je regardais le dos dont les muscles étaient moulés par un tee-shirt gris et la tignasse brune légèrement bouclée de celui qui avait fait naître de drôles d'émotions dont je ne connaissais toujours pas la nature.
Bram.
***
Alors, je ne réfléchis pas, je ne pensai pas à ce que je pourrais lui dire lorsque je l'atteindrai. Mais je me mis à courir. Le poursuivant, à travers le monde se pressant dans les couloirs, sans rencontrer le regard des gens curieux, me voyant remonter à contre-sens.
Je courais.
Pour retrouver Bram.
Je ne regardais pas en arrière, pour retrouver celui qui était alors mon petit-ami, je suivais simplement Bram. Comme mon coeur me le disait. Je ne pensais qu'à lui. Je ne me demandais même pas pourquoi Ky se trouvait au lycée alors qu'il était censé être au QG. Je ne faisais que pousser mes jambes à aller plus loin. Les gens se faisaient moins nombreux.
Je voyais le T-shirt gris qu'il portait disparaitre mais je continuais toujours d'avancer. J'essayais de crier, mais à quoi bon ? Ma voix était cassée et il ne m'entendrait pas.
Je me rapprochai de lui.
Le couloir était désormais vide.
L'endroit silencieux.
Il pouvait entendre mes pas. Je le sais. Car il s'arrêta soudainement. Le dos toujours tourné, son beau visage qui m'était donc caché.
- Bram, couinais-je.
Je priais pour que ma voix ressemble à quelque chose, pas à une voix de ces idiotes filles. Vous savez, ces filles faibles qui ne savaient pas réfléchir, cherchant simplement à suivre un amour sans queue ni tête. Je ne voulais pas paraître faible ou même détruite. Je voulais avoir ce semblant d'estime en moi, qu'il verrait dans mes yeux.
Mais il ne se retournait pas.
Alors je fis encore un pas de plus, sentant son odeur corporelle - qui me rendait folle. Il était beaucoup plus grand que moi.
Puis, enfin, il enclencha un retournement, très lentement. Je vis qu'il avala doucement, sa pomme d'Adam bougeant avec le mouvement.
Ses yeux descendirent vers moi. Mon coeur s'arrêta de battre lorsque je croisai son regard.
C'était comme si je l'avais oublié. Et mes yeux se remplirent de larmes. Je m'éloignais de lui, et me cachais le visage de mes mains. Je commençai à retrousser chemin mais sa main se referma sur mon poignet. Je frissonnai à ce contact. Il descendit ma main, mais je fermais mes yeux. Même s'il pouvait voir distinctement les sillons qui voyageaient désormais sur mes joues.
Je ne savais pas quoi faire, alors je le frappai. De toutes mes forces, sur son torse. J'allais laisser quelques hématomes mais il ne semblait pas s'en soucier. Il ne disait rien. Et je frappais.
Je frappais ma peine, ma tristesse. Je frappais la perte de mon père, ce trou énorme et béant qu'il y aurait désormais dans mon coeur. Je frappais aussi ce que je venais de découvrir. Le mensonge apparent de Bram. Qui était-il ? Je le frappais plus fort. Toujours plus fort. Et il ne faisait toujours rien. La frustration qu'il créa en moi me fit pleurer encore plus, faisant lâcher mes jambes comme un poids trop longtemps soutenu.
Il me rattrapa, me collant contre son torse. Se fichant du fait que son T-shirt allait être trempé et couvert de morve. Il me caressa les cheveux, j'étais toujours serrée contre lui. J'appréciais tellement. Je fermai les yeux tandis que les larmes se tarissaient doucement. Je reniflai disgracieusement, ce qui le fit lâcher un rire bref. Puis il me serra de nouveau contre lui, d'un mouvement qui me sembla plus protecteur que réconfortant.
Aucun de nous deux ne disait rien. Contre toute attente, j'esquissai un sourire léger, le nez enfoncé dans son torse. Il sentait si bon.
- Merci.
C'était sorti simplement, justement. Je lui devait bien ça.
Je montrai son T-shirt du doigt.
- Je t'en achèterai un.
Il rit. Son rire était franc et beau. Ça faisait longtemps.
- Non merci, ça va. Un lavage et tout est propre, tu sais.
Je repris mon sérieux. Je détestais briser ce genre d'instant léger et rare. Mais je le devais.
- Bram..., commençai-je, me sentant déjà perdre mon assurance. Je ne t'ai pas suivi pour rien.
Il me regarda, si calme.
- Je sais.
Il ne me facilitait pas la tâche, avec son air si serein. Je me voyais mal lui annoncer "Eh bien, étonnamment je me retrouvais dans la même pièce que vous - qui n'était autre que les toilettes des filles, en plus - et j'ai donc appris que tu étais une personne totalement différente que ce que tu le prétends." Ou ce genre de chose totalement bizarre.
- Non, tu ne comprends pas, je veux dire qu-...
- Je sais, me coupa-t-il.
Un sourire se dessina sur son visage parfait.
Alors je compris, il savait tout. Il savait que depuis le début j'étais là. Il savait que j'avais entendu leur conversation.
- Mais, comment ?, demandai-je, étonnée.
Son sourire s'élargit.
- Je le savais, c'est tout. Ky ne s'en doute pas, ajouta-t-il à l'intention de mon air inquiet. Désolé de ce que tu as pu entendre.
Je repensais à la discussion. Mon ventre se tordit en une sensation totalement inconnue quand je repensais aux phrases me concernant qu'ils avaient nettement prononcé. Bram ne s'était même pas soucié de ma présence. Lorsqu'il avait demandé à Ky : "Es-tu amoureux d'elle" ? Alors qu'il savait que j'écoutais et qu'il pensait que la réponse de Ky m'importerait. Il s'était cependant trompé. Et lorsque Ky avait retourné la question, il avait fait exprès de dévier. Ce fut alors évident.
- Tu as fait exprès de poser cette question à Ky parce que j'étais là.
Ce n'était même pas une question, juste une affirmation. Je vis la confirmation dans son regard même si l'expression de son visage n'avait pas changé, toujours ce même sourire qui me semblait à présent si diabolique.
- Pourquoi ?
Il ne répondit rien mais fronça les sourcils.
- C'est assez frustrant, tu n'essaies même pas de connaître la vérité à mon propos, souligna-t-il. C'est comme si ça n'allait rien changer. Si tu savais, bébé...
Mon coeur ratait un battement au son de sa voix prononçant ses mots, et à la forme de ses lèvres formant les sons, les syllabes de ce surnom qui avait toujours tellement signifié pour moi. J'avais toujours simplement souhaité que mon mari, l'homme de ma vie, m'appelle un jour ainsi. Ce surnom était tellement évocateur. Je ressentais mes poils se dresser, un frisson parcourir ma colonne vertébrale à l'entente de ce surnom.
- Devrais-je ?, demandai-je, c'était quasiment un murmure.
Il était là, au milieu du couloir. Devant moi. Il m'observait comme jamais personne ne m'avait jamais observée. Ses yeux verts semblaient analyser la moindre parcelle de mon visage, de mon corps. Je ne pouvais nier l'attraction entre nous, maintenant. A cet instant précis, tout semblait enflammé en moi. Tout son être, sa présence, son regard, m'irradiait. Il n'y avait qu'une faible distance entre nous, cette dernière était un des derniers obstacles qui m'empêchait de faire quelque chose de regrettable. Distance qu'il brisa immédiatement.
- A toi de voir, susurra-t-il.
Ses lèvres restèrent entrouvertes, son regard bloqué sur moi. Je passai la langue sur mes lèvres, les humidifiant brièvement. Ce simple geste fit brûler le regard de Bram. Je plongeai mon regard dans le sien, je savais que mes joues devaient être cramoisies sous l'effet irradiant de ses iris émeraudes. Son torse était collé au mien. Le silence entre nous était palpable. Je levai la main et effleurai légèrement sa joue. Ce fut comme un déclic.
Il plaqua ses lèvres sur les miennes, violemment. Je plaçai ma main dans ses boucles tandis qu'il me souleva et me plaqua contre un des malheureux casiers. Ses lèvres embrassaient les miennes avec ardeur comme personne ne m'avait jamais embrassée avant. J'étais littéralement en feu. Je ne pensais qu'à lui, qu'à ses mains sur ma taille, à mes doigts tenant fermement ses cheveux. Sa langue caressa la mienne. Je le serrai encore plus contre moi. Sa main se fraya un passage en-dessous de mon pull, sur ma peau brûlante. Il s'arrêta pour reprendre son souffle, un seconde et cette fois-ci, ce fut moi qui allai chercher ses lèvres. Nous respirions fort tous les deux, l'un contre l'autre. Il parsemait mes lèvres de baisers tandis que je mettais la pagaille dans ses cheveux.
La sonnerie retentit. Je descendis de ses bras précipitamment, à regret. Puis un visage me revint en mémoire. Ky. Je ne pouvais pas dire à quel point un sentiment de culpabilité m'envahit. Pourtant je ne le regrettais pas. Je pensais aussi à Eleana. Nous venions de commettre une erreur. Pourtant j'aimais ça. Pas de là à recommencer mais j'aimais ça. Jamais je n'aurais pensé un jour embrasser quelqu'un qui n'était pas mon petit-ami, et je l'avais fait. Et j'avais apprécié. A cette pensée, je touchais mes lèvres, me remémorant la pression des lèvres de Bram il y a quelques minutes. Je relevai la tête et vis Bram m'observer, un léger sourire sur les lèvres. Je rougis immédiatement.
Les élèves arrivèrent en nombre dans le couloir et je vis Bram, ses cheveux encore dans tous les sens, s'éclipser après m'avoir jeté un dernier regard. Je fis de même.
Mon téléphone vibra dans ma poche. Je le sortis et vis le nom de Ky s'afficher.
Ky :
On doit parler.
Et comment.
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OH MON DIEU.
J'ai pris tellement de plaisir à écrire ce chapitre. POUR LA PREMIÈRE FOIS, JE SUIS FIÈRE DE MOI OMD.
Je voudrais aussi m'excuser pour le retard, l'énorme ( et c'est un euphémisme ) retard. Si vous continuez tout de même de lire cette fiction, merci de tout mon coeur. Non mais, sérieusement j'avais gentiment 3K puis POUF plus d'inspiration puis 5 mois plus tard je me reconnecte et je vois que le nombre de vue a COMPLÈTEMENT DOUBLÉ OMFG
MERCIIII
Mais faut avouer, cette partie elle était pas si nulle, si ?
Bon, la fiction complète est merdique, faut pas s'étonner
BISOUUUUUUS ILYSM
LARA XXXXXXXXXXXXXXXXX
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