Chapitre 14 - N'entre pas sans violence

- Donc vous acceptez de signer ce contrat que votre père m'a demandé de vous transmettre dès son décès ?

Je serrai mes jambes l'une contre l'autre tandis que l'avocat parlait sans que je ne comprenne grand chose. Je faisais du mieux que je pouvais pour éviter à mes mains de trembler si fort. Sans succès.

Mes yeux restaient secs. Si mon père avait été avec moi, il m'aurait sans doute répété une fois de plus : "Reste forte. Personne ne mérite tes larmes, pas même moi."
Mais il n'était pas là. Plus là.

L'avocat de mon père était assez ému. On voyait que la nouvelle de sa mort l'avait secoué, je ne savais pas qu'ils étaient proches tous les deux. Il me tendait à présent un ensemble de papier, que je n'avais pas pris le temps de lire.

- Deux secondes, s'il vous plaît, répondis-je, j'aimerai pouvoir le lire avant de faire quoique ce soit que je pourrais regretter.

Il hocha la tête et s'éclipsa discrètement dans le couloir. J'entendis nettement la voix de ma mère résonner lorsqu'elle demanda de mes nouvelles à l'avocat. Elle venait d'arriver. Pourtant sa voix me semblait trop...normale. Je n'entendais aucune trace de sanglots ou de désespoir.
Je me reconcentrai sur ma lecture. J'avais simplement mal entendu.

"Le contrat ici présent stipule que Mademoiselle Athéna Maria Fail accepte de reprendre toutes les parties de l'activité productive de Monsieur Harrison Mathieu Fail sans exception. Tout choix sera remis sous l'autorité de Mademoiselle Fail et seulement sous celle-ci. Elle consent alors à diriger cette entreprise hors d'une quelconque perte et à veiller sur chaque membre qui la compose. Si ce contrat n'est pas respecté les parts reviendront alors à Mr Bram Alexis Stanford."

Je n'en revenais pas. Voulait-il sincèrement me mettre le gang sur les épaules ? M'endosser d'une telle responsabilité ? C'était de la folie. De la pure folie. Pourquoi pas ma mère ?
Je devrais en parler avec elle, ou Ky, ou même le gang tout entier... Bram ferait un meilleur meneur que moi. Je venais simplement de débarquer et tant de choses s'étaient déjà déroulées. Je continuais de lire le reste mais la seule chose restait dans mes pensées. Le gang. Ce groupe de personnes cherchant à se faire de l'argent illégalement. Personne ne leur avait demandé leur avis ?

L'avocat rentra dans la salle, après cinq bonnes minutes.

- Mademoiselle ?

Je croisais mes jambes nerveusement puis les décroisais. Je ne savais pas quelle attitude prendre. J'étais secouée. N'était-ce pas trop pour moi ? Je n'avais que dix-sept ans...

- Désolé, monsieur. Je ne sais pas quoi faire. Il m'impose là de grandes responsabilités.

Et puis, Bram valait sûrement mieux que moi à ce pose. Fidèle, honnête...

L'avocat m'adresse un sourire rempli de bonté, il n'était pas tout jeune et ses cheveux grisonnant le prouvait.

- Si votre père vous les a confiés, c'est qu'il vous savait capable de les remplir. Il avait confiance en vous. Maintenant, la question est : est-ce que vous, vous avez confiance en lui ?

Je hochai la tête vigoureusement.

- Bien sûr. Évidemment. Ça doit même être une des seules personnes.

Il me tendit son stylo d'un air complice. Je fixai l'objet d'un air hésitant puis le pris et signai. J'espérais simplement ne pas m'être trompée...

Lorsque j'eus fini de remplir l'ensemble des papiers me concernant, il les rangea et me tendit sa main par-dessus le bureau en chêne.

- Au revoir, ma chère. N'oubliez pas : il vous a laissé sa Ferrari.

Je le regardai, ébahie. J'avais dû passer cette ligne du testament.

- Mais... Elle a surement le double du nombre de chevaux de ma Porsche...

Il m'offrit un clin d'œil.

- Alors il est tant de passer au modèle supérieur. Ne vous inquiétez pas, votre père ne pourrait pas être plus heureux dans les nuages que si vous l'êtes vous aussi, à votre tour. Alors, ma chère, trouvez votre bonheur, qu'il soit interdit ou atypique. N'entrez pas sans violence...

Très bizarre mais tellement réconfortant. Je serrai sa main, les lèvres serrées pour retenir ses larmes que mon père m'a interdites de verser.
Je sortis. Ma mère était sur un des sièges dorés qui dévorait le couloir. Sa main recouvrait sa bouche tandis que ses larmes coulaient à flots, bousillant le maquillage qu'elle s'était appliqué le matin même. Pourtant tout cela me semblait si... artificiel. Elle me prit dans ses bras.

-Tu peux pleurer, ma chérie. Ton père ne t'en voudra pas...

Je ne dis rien pendant quelques secondes puis, campée sur mes positions, je lui répondis, fermement :

- Non.

Je me détachai d'elle et me dirigeai vers la sortie. Je vis Ky adossé à sa moto, une Harley noire. Sa mâchoire était contracté. Il me tendit son casque noire que je plaçai sur mes cheveux roses.

- Alors ?, demanda-t-il.

J'essayais de lâcher un rire détaché mais n'arrivais qu'à un petit couinement brisé.

- Tu as devant toi ta nouvelle supérieure.

Ses yeux s'écarquillèrent face à sa surprise. Ses lèvres se tordirent en un sourire incrédule.

- Vraiment ? C'est... C'est vraiment bien de la part de ton père !

Je hochai la tête, mon mouvement était gêné par la grosseur du casque. Je descendis la visière noire et montai sur la moto. Ky monta aussi. Nous démarrâmes en direction de ce vieil entrepôt désaffecté.

Ceux qui faisaient parti du gang, ceux qui étaient des amis de mon père, ceux qui le respectaient, tous étaient là. J'en voyais certains trinquer leurs bières en sa mémoire, deux autres se battre pour une malheureuse fille. Je fus heureuse de constater une chose : tous portaient du noir, respectant mon père, sa mémoire, ses actes. J'avais l'impression que le monde avait arrêté de tourner. Je montais sur la scène. Je cherchais Bram du regard. Je ne l'avais plus vu depuis ce coup de fil, quelques jours auparavant. Il n'était pas là. Je ne pouvais m'empêcher de me faire dû soucis pour lui.

Je tapotais le micro qui se trouvait devant moi, je ne savais pas où ils l'avaient dégoté. Il produisit un bruit strident, j'entendis certaines personnes se plaindre et vis d'autres se boucher les oreilles.

- Bien, euh, je, commencé-je, incertaine. Je voulais vous remercier d'honorer la mémoire de mon père, d'une part et d'autres parts, vous annoncer quelque chose. Je sais que cela ne va pas plaire à certains et je m'en excuse, vraiment... Mais mon père a décidé, ce sera moi qui reprendra les reines de ce gang. Je sais que je n'ai pas beaucoup d'expérience, si vous saviez à quel point je suis navrée de devoir vous faire endurer ça, je... j'espère simplement pouvoir organiser de bonnes choses.

J'attendis la réaction des gens. Un silence s'était abattu sur la salle. Puis quelqu'un applaudit et, à mon grand étonnement, les autres suivirent. J'étais émue. M'applaudissaient-ils vraiment ? Étais-je dans un rêve ?

- On fait confiance à Harrison !, beugla quelqu'un.

Mon père se faisait respecter comme personne. C'était toujours le cas. Il avait réussi à gagner jusqu'à l'entière et totale personne des gens qui le suivaient. C'était tellement grandiose. Et ces personnes croyaient en moi. Je ne devais pas les décevoir.

Je descendis de l'estrade et retrouvai Ky. Il me souriait. Et je voyais dans ses yeux qu'il était fière de moi. Quelqu'un était fière de moi. Enfin.

***

Mon père n'aurait pas aimé que j'arrête de vivre pour lui. Il aurait aimé que. je continue et que je me batte pour avoir une vie de lycéenne normale. Aujourd'hui, je verrais Taylor. Et j'étais prête.

Prête à le démonter.

Je jetais un coup d'œil à mon reflet dans le miroir. Mes cheveux roses reflétaient mes folies, ma quête d'identité, mes envies. Ma peau était blanche comme de la farine tandis que mes yeux montraient ma fatigue. Ces derniers jours m'avaient semblé rapides et intenses. Vivre à cent à l'heure. Comme si tout le mois qui venaient de passer était un blague. Une grosse blague. Peut-être que ma vie simplement était un grosse blague. Un poisson d'avril. Comme aujourd'hui.

Le premier avril sera loin d'être une blague pour moi. Je comptais trouver un moyen de venger mon père. De n'importe quelle façon. Mon oncle était mort, mon père était mort. Mon frère se retrouvait sans personne pour lui apprendre à faire du vélo, personne pour danser avec lui sur des chansons rythmées d'Elvis Presley et l'entendre raconter sa jeunesse et des conquêtes précédentes sous l'œil jaloux de maman. Ma mère était indescriptible. Perdue. En colère. Je ne l'avais pas vue aujourd'hui, elle était partie tôt. Emmenant Hadès à l'école une heure à l'avance. C'était une adulte, elle savait se gérer. Elle avait en plus de ça pris ma Porsche. Je soupirai.

Je sortis et me retrouvai face à face avec l'immense garage. Avec une grande inspiration, j'ouvris la porte. Le bolide était recouvert d'une protection. Je la retirais, découvrant la carrosserie rouge et étincelante. Le petit cheval cabré était disposé fièrement à l'avant. J'ouvrais la porte papillon et m'enfonçais dans le siège en cuir noir. Je posais les mains sur le volant, soufflant un bon coup. Mes Converse trouvaient les pédales et je mis en route le moteur rutilant. Le bruit qu'il dégageait était un plaisir pour les oreilles et je sortis la voiture du garage.

Non, ce n'était définitivement pas un poisson d'avril.

***********************************
Désolée pour le retard je suis en ce moment sur une autre fiction ( qui ne paraîtra sûrement jamais mdr ) et donc j'ai pondu ce court ( encore désolée ) petit chapitre...

Avis ?

J'espère que cette fiction vous plaît... Je n'ai pas vraiment de réactions...

Lara xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top