Chapitre 11 - Hôpital
- Qu'est-ce qu'il se passe, Bram ?
Voyant qu'il ne réagissait pas, je pris son visage entre mes mains. Puis ses lèvres bougèrent.
Maintenant que j'y pensais, j'aurais préféré qu'elles restent closes. Je me souviendrais toujours ce moment où mes jambes s'étaient dérobées, où je m'étais effondrée à ses côtés, lorsqu'il avait prononcé ces mots :
- Ton père. Les Jake's, ils les ont attaqués. Ils le savaient pas... Ton père... Il est... Il est... Il est blessé. Gravement.
***
Assise parterre, le dos collé contre le mur froid, je portais une main à mes lèvres. Un noeud s'était formé dans mon ventre et ma tête s'était mise à tourner. J'avais peur pour mon père.
- C'est de ma faute. Tout ça est ma faute.
J'avais prononcé cette phrase sans quitter la table basse - qui était située juste en face de moi - des yeux. Je sentis tout de même Bram se tourner vers moi.
- Non.
Sa réponse était brève et déterminée. Il ajouta, d'un ton beaucoup plus adouci :
- Ce n'est pas de ta faute. Au contraire, nous avons pu éviter beaucoup de choses, grâce à toi. Si tu ne nous avez pas donner le papier que tu as retrouvé sur ta voiture, nous ne nous serions pas attendu à une attaque de leur part... et il y aurait sûrement eu plus de dégâts.
Je me retournais brusquement pour être face à lui.
- Plus de dégâts ?
Bête comme je suis, je n'avais pas pensé à lui demander ce qu'il en était des autres présents là-bas.
Bram pinçait les lèvres et tordait ses mains.
Eleana était là-bas, elle aussi, je crois...
Il me semblait que j'oubliais un peu trop souvent la présence de sa petite-amie.
- Tu as des nouvelles d'Eleana ?, lui demandai-je.
- À vrai dire, c'est elle qui m'a appelé. Elle a réussi à s'en tirer avec seulement quelques égratignures. Ils sont arrivés en masse. Elle m'a dit qu'à ce moment-là, elle était dans le bureau avec ton père. Elle voulait rester à ses côtés mais Harrison, ce têtu, lui a dit d'aller rejoindre les autres. Ton père me tape vraiment sur les nerfs parfois.
Quand elle est descendue, la bataille avait déjà bien avancé. Elle s'est jeté dans la masse. Beaucoup de nos hommes étaient à terre et elle m'a dit, je cite " j'en ai bien pété, des gueules, à quelques-uns de ces connards !". Elle n'est pas possible, elle non plus.
Bref, après elle a entendu des cris venant de l'étage, elle s'y est ruée. Elle a découvert ton père qui se faisait tabassé par Jackson et - sans grosse surprise - ton ami, Taylor. Harrison ne pouvait pas se défendre, Jackson avait envoyé son arme à l'autre bout de la pièce. Ton père lui a crié de partir. Eleana ne voulait pas mais quand elle a vu le père de Taylor charger son pistolet pour s'occuper d'elle, elle a bien été obligée de faire demi-tour.
- Elle n'avait pas d'arme sur elle ?
- Non. Elle les avait laisser tomber dans la salle principale.
Je me tus. Lui aussi.
Si elle était partie, où était mon père ?
J'allais ouvrir la bouche pour poser la question au brun mais il me devança.
- Elle est revenue sur les lieux quand elle a compris qu'ils étaient partis. Il avait laissé ton père là. Inerte. Elle l'a mis comme elle le pouvait dans sa voiture et elle m'a appelé. J'allais la rejoindre mais elle m'a dit de la laisser faire. Surtout qu'entre-temps, ton père avait repris conscience et m'avait supplié de te garder à l'abris.
Je ne voulais plus rester encore une seule seconde, assise au sol à ne rien faire.
Je remettais mes vêtements chiffonnés en place et me ruais vers l'entrée. Je me rappelais avec horreur que j'avais laissé ma Porsche au QG.
- Bram ?
Celui-ci arriva et ouvrit la porte de la maison, les clefs de l'Audi en main.
- On y va.
Je le suivis et m'installais sur le siège passager. Il ne tarda pas à démarrer.
J'entendais le moteur vrombir sous moi.
Mes battements de cœur étaient rapides. Si rapides que j'avais l'impression que mon cœur allait s'échapper de la cage thoracique.
J'étais plus qu'inquiète pour mon père. Mais quelque chose me tracassait.
- Me garder à l'abris de quoi ?
Bram se tourna vers moi, un sourcil haussé.
- Pardon ?
- Tout à l'heure, tu as dit que mon père t'avait dit qu'il fallait me garder à l'abris.
Bram hocha la tête et orienta le volant de l'Audi vers la droite.
- Oh, ça.
Il me jeta un bref coup d'œil puis se reconcentra sur la route.
- Tu ne comprends donc pas ?
Je le regardais, perdue. Il se mordit la lèvre, agacé.
- Quand ils en auront fini avec ton père, - parce que, malheureusement, j'ai bien peur que ça arrive - c'est à toi qu'ils s'en prendront.
Je restais figée.
Pourquoi devraient-ils toujours avoir ce plaisir de vengeance ? Le problème était que je l'avais, moi aussi. S'ils me prenaient quelque chose qui m'était cher...
Bram se gara devant l'hôpital, un grand immeuble blanc et sophistiqué.
Je sortis de la voiture aussi vite que je le pouvais - si l'on ne mentionnait pas le fait que j'avais failli organiser une rencontre brutale entre mon visage et le trottoir en trébuchant sur le lacet défait de ma Converse.
J'apercevais la dame de l'accueil au loin. Elle avait des cheveux noirs coiffés en un chignon serré à l'arrière du crâne et un fin trait d'Eye-liner qui rapetissait encore plus ses yeux. Je ne comprenais pas ces femmes qui essayait d'être belle avec du maquillage alors que ça ne faisait que les enlaidir.
De sa voix grinçante, elle me demanda :
- Je peux vous aider ?
Elle me toisa. Son regard se promena de mes Converse à mes cheveux roses.
- Je cherche mon père, Harrison Fail.
D'une lenteur exagérée, elle feuilleta son répertoire et fit glisser le long d'une colonne son doigt manucuré.
- Chambre 203, deuxième étage à droite.
Je croisai les yeux verts de Bram et nous fonçâmes vers les escaliers, trop pressés pour attendre l'ascenseur.
"200...201...202...203."
Sans frapper, j'ouvrais brusquement la porte et je découvris mon père. Il avait une salle mine et son bras ainsi que sa jambe était plâtrés. Le seul bruit dans la pièce était celui que produisait la machine qui transcrivait le rythme cardiaque de mon père.
Tous les murs qui nous entouraient étaient blancs. D'un blanc immaculé. Bram se tenait dans l'encadrement de la porte. Il m'avait suivi mais n'était pas entré dans la chambre.
Mon père avait les yeux clos. Je pensais qu'il dormait. Sauf que, lorsque je fis demi-tour, sa voix grave et épuisé se fit entendre :
- Athéna.
Je revins près de lui, à ses côtés.
- Papa, comment vas-tu ?
Un petit sourire se dessina sur son visage.
- Bien, ma chérie. Je ne suis pas là depuis bien longtemps mais -...
Une quinte de toux l'interrompit dans sa phrase. Je repositionnai son oreiller sous sa tête.
- Repose toi, papa. Le plus important est que tu ailles bien. Endors-toi... Je reste là de toute façon.
Il hocha brièvement la tête et ne tarda pas à refermer les yeux.
- Je vais voir comment va Eleana, au QG, je reviendrai plus tard, dit Bram.
Il termina sa phrase sans quitter mon père du regard. Il tenait beaucoup à lui, c'était sûr et certain qu'il reviendrait très bientôt. Je n'avais pas peur, car j'étais au côté de mon père. Il pouvait être dans un hôpital, le bras cassé, il dégageait tout de même ce sentiment de protection que j'aimais.
Bram partit ensuite, me laissant seule avec Papa. Je posais ma tête sur son oreiller et restais dans cette position, aussi inconfortable soit-elle.
Il devait être minuit et quelques poussières. Je ne savais pas si ma mère était au courant. Je lui envoyais tout de même un message.
À Maman :
On est à l'hôpital. Appelle Bram, il t'expliquera. Bisous.
A.
J'éteignais ensuite mon téléphone pour économiser le peu de batterie qu'il me restait. Je m'installais dans une des nombreuses chaises métalliques qui donnaient un mal de dos intense pendant des jours et tentais de m'endormir.
J'y arrivais peu à peu et mes paupières se fermèrent toutes seules.
***
Je sentis les rayons du soleil sur mon visage. J'avais oublié de fermer les rideaux de la chambre hier soir.
Je m'étirais. J'avais mal au dos. C'était prévisible.
Je jetais un coup d'œil à mon père, il dormait encore paisiblement. Ses traits semblaient reposés. Un sourire se dessina sur mon visage.
Je n'avais aucune affaire pour me débarbouiller et mon père n'en avait pas pris non plus, dans l'urgence. J'allais soit devoir aller les chercher moi-même - j'allais devoir attendre le retour de Bram et de sa voiture - soit devoir demander à ma mère de les apporter. Mais vu la tête que j'avais, je préférais me déplacer.
Mais je ne partirais pas le ventre vide. J'allais aller me chercher un café au restaurant de l'hôpital. En espérant qu'il soit bon.
Je pris ma veste et sortis dans le couloir. Cette fois-ci, je pris l'ascenseur.
Je repensais à Bram. Etait-il revenu cette nuit ? Ou reviendra-t-il ce matin ?
Le petit "ding" de l'ascenseur me fit revenir à la réalité et j'en sortis.
Je fis la file pour un de leurs cafés chers qui était sûrement dégoûtant. Les dames devant moi parlaient du fils d'une de leurs sœurs qui avait eu un grave accident de moto. Elles étaient en train de créer un débat sur l'interdiction d'utiliser la moto avant vingt ans.
N'importe quoi.
Le serveur fut long, très long. Mais je réussis quand même à ressortir du restaurant un café à la main.
Je pris une gorgée. Passable. Pas bon mais pas mauvais. Mieux que ce que je ne pensais.
Je retournais à la chambre. L'ascenseur tardait à venir. Alors je décidais de prendre les escaliers. Lorsque je me retournais, je rentrais de plein fouet contre quelqu'un et mon café se renversa à moitié sur moi, moitié sur l'inconnu.
- Vous ne savez pas regarder où vous allez ? C'est trop difficile ?
Je venais de crier ça sans même regarder l'inconnu. Celui-ci était déjà parti. Je soufflais, agacée. Maintenant, une grosse tache brune tâchait mon T-shirt blanc.
Je revins dans la chambre de Papa.
Mon père dormait.
Je vins occuper la chaise disposée juste à côté de sa tête et l'observais. Son torse se soulevait difficilement. Si jamais j'attrapais ce connard de Taylor...
Les minutes s'écoulaient, j'entendais le bruit incessant que produisait les aiguilles de l'horloge derrière moi. J'observais depuis tout à l'heure mon paternel. Son rythme cardiaque s'était beaucoup ralenti depuis tout à l'heure et je ne savais absolument pas si cela était normale. Aucune infirmière n'était encore passée, je pensais qu'elle avait fait leur tour pendant que j'étais partie chercher mon café. En parlant de ce dernier, il avait bien tâché mon pull. Celui-ci était maintenant bicolore.
J'allais bientôt retourner chez moi pour me changer. Mais pourtant, je ne voulais pas partir. J'avais l'impression d'avoir de la glue qui avait collé mes fesses à cette chaise en métal. Je ne voulais pas laisser mon père seul le temps que je parte et revienne. De toute façon, Bram m'avait bien signalé qu'il reviendrait.
L'horloge affichait 9h30. Par la fenêtre, j'apercevais quelques ambulances garées à l'entrée du service des urgences. Je cherchais du regard parmi toutes les voitures stationnées l'Audi R8 de Bram.
Je n'avais que mon téléphone que moi. Je le pris et commençai à parcourir la liste de livres numériques que je possédais. Mon préféré me sauta aux yeux. Même si je l'avais lu 150 millions de fois, je ne me lassais jamais de redécouvrir les scènes que j'aimais tant.
L'histoire d'une jeune fille tombée sous le charme de son demi-frère. Un amour interdit, certes, mais passionnant. Les yeux verts du garçon me faisait soudainement pensé à Bram. Je me demandais soudainement si Bram fumait, lui aussi. À mes yeux, c'était le genre de personne qui contrôlait toujours la situation, qui savait ce qu'il faisait. Tout mon contraire. La fille du roman ne me ressemblait pas non plus. Elle n'avait pas peur d'affronter ses erreurs et semblait toujours prendre les bonnes décisions. Je l'admirais. J'admirais un personnage de fiction. Un personnage qui n'existait pas mais qui, pourtant, semblait si réelle...
L'écran de mon téléphone devint noir. J'étais idiote. En parcourant ce livre, j'avais oublié ma règle numéro un qui était d'économiser ma batterie. Maintenant j'étais seule avec moi-même, sans aucune autre source d'occupation.
J'observais la pièce. Encore et encore. Jusqu'à connaître n'importe quel détail, comme ce trou qui creusait le mur juste au dessus du placard vide.
Je détestais être ici sans moyen de distraction. Je détestais que Bram ait autre chose à faire que s'occuper de moi.
Voilà un autre défaut que je possédais mais que l'héroïne du roman n'avait pas : l'égoïsme.
Je soupirais et me renfonçais dans la chaise puis, ne trouvant rien d'autre de mieux à faire, je me relevais et marchais de long en large dans toute la pièce, les mains derrières le dos. Mes cheveux étaient tout sales et bizarres. Beurk. A mes yeux, j'avais l'impression d'être une aventurière de ce jeu télévisé connu, Koh Lanta.
Alors que je pensais devoir rester dans ce mètre carré pendant encore des heures, une voix se fit entendre, me faisant sursauter au passage.
- C'est pas possible ! Je vous laisse sept petits jours et quand je reviens, j'apprends que mon chef - et mon ami - est à l'hôpital, que le gang a été attaqué par les Jake's et je ne te dis pas tout le reste. Et voilà que je te retrouve, à tourner comme un lion en cage dans cette pièce exigüe avec un T-shirt à moitié tâché d'une substance non-identifiable.
Du café. C'est du café, bon sang.
Puis je me retournai vers la personne qui venait de parler, les sourcils haussés, mi-surprise mi-amusée.
- Ky ?
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Coucou !
Bon, tout d'abord je tenais à m'excuser pour ma loooongue absence. J'étais vraiment occupée et en plus de ça, la première version de ce chapitre ne me convenait pas du tout alors j'ai dû le refaire ( 4 fois ).
Ensuite, j'espère vraiment que le chapitre vous a plu.
Une petite question :
- Avez-vous reconnu le titre du livre auquel je faisais référence ?
Merci encore
Lara xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
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