CH 3 | Astrolabe

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Passer par la voie des airs relevait de la méthode la plus discrète pour pénétrer à l'intérieur du musée. Mes jumelles sur le nez, j'inspectai chaque fenêtre minutieusement, à la recherche de la moindre faille, mais si tous nos calculs s'avéraient bons...

- La voie est libre, murmurai-je.

Je tournai la tête vers Crystal qui tenait entre ses mains un grappin qu'elle fit tournoyer dans les airs, puis elle visa le lampadaire au milieu de la rue sous nos pieds. Lorsqu'elle s'assura que la prise était suffisamment bonne, elle prit son élan et s'élança dans le vide, balançant son corps jusqu'à ce que ses pieds atteignent l'autre toit en face. Je la laissai récupérer son matériel et l'imitai sans perdre de temps, mon estomac serré, par la peur. Voir le vide ne me faisait rien, mais le sentir se dérober sous nos pieds et une éventuelle chute mortelle m'empêchait de réaliser ma cascade en toute sérénité. Quand mes genoux s'écrasèrent sur l'asphalte du toit, je poussai un léger grognement, mais ne perdis pas de temps pour me relever.

- T'as failli t'écraser comme une grosse merde, ricana Crystal pour me taquiner.

- La faute à qui ? Tu étais trop proche du bord, rétorquai-je de mauvaise foi en récupérant mon grappin.

La rousse secoua la tête alors qu'un sourire amusé étirait ses lèvres et dont je fis abstraction. Il était temps de reprendre notre route, notre course contre la montre. Nos pas se pressaient, évitaient le système de ventilation sur le toit et escaladaient les appentis avant d'arriver au point culminant. Nos semelles écrasaient les tuiles rouges instables qui nous assuraient des glissades alors que nos ombres se dessinaient et s'effaçaient devant les nombreuses fenêtres que possédait la bâtisse. Par chance, nous n'avions pas besoin de briser une vitre pour entrer, un employé avait omit d'enfermer une... Quelle mauvaise idée.

Mes mains s'appuyèrent sur le bord et je balançai mon corps à l'intérieur avec fluidité. J'observai les nombreux objets protégés par les vitrines, bougeant dans le plus grand des silences, vite rejoint par ma meilleure amie. Après une bonne inspection de la salle, je me dirigeai vers la porte permettant d'accéder aux couloirs, jetant un coup de chaque côté et me concentrai sur mon audition. Le garde du musée se trouvait en bas, faisant sa ronde dans chaque pièce et encore une fois, il nous fallait être expéditives.

D'un signe de la main, j'annonçai à la jeune femme que la voie était libre et je me dépêchai de jeter un œil à chaque écriteau aux entrées des pièces. Mon regard se posa sur une plaque en verre avec écrit « Los Conquistadores » et je ne perdis pas de temps pour m'engouffrer dans cette partie du musée très sombre, la lumière de la lune ne s'acheminait pas jusqu'à cette face du musée. J'attrapai ma lampe torche et l'allumai pour y voir quelque chose et surtout ne rien percuter, qui pourrait faire du bruit et par extension, nous attirer de graves ennuis.

- Et la lumière fut, chuchotai-je.

Crystal retint un éclat de rire en plaquant sa main contre sa bouche alors que tout son corps se secouait et la lueur dans son regard la trahissait. C'est alors que mes yeux se posèrent sur une vitrine où derrière se trouvait le fameux astrolabe de Francisco de Montejo. Sa couleur dorée brillait de mille feux et plus étonnant, aucune rayure ne lui faisait perdre sa beauté. Cela semblait trop beau pour être vrai, comment un objet vieux de 500 ans pouvait se trouver dans un état si respectable ?

Ma meilleure amie fouilla dans sa sacoche pour en ressortir la clé en argent dérobée à l'un des gardiens après la fermeture du musée. Le pauvre s'était laissé divertir par la rousse, sûrement époustouflé par sa beauté et ne m'avait pas senti lui voler ce petit objet en métal. Petit, mais d'une importance capitale. Lorsqu'elle glissa la clé dans la serrure et la tourna, cette dernière se déverrouilla, j'ouvris la vitrine et récupérai l'objet. Mes poumons se remplirent d'air comme si j'avais retenu mon souffle ces dernières minutes, sans m'en rendre compte.

Mes gants en cuir m'empêchaient de sentir le moindre détail au toucher, de vraiment l'examiner car je n'étais pas dupe, beaucoup de musée exposaient de parfaites copies et gardaient en stock l'original. Pourtant, cet astrolabe s'avérait être le vrai. Son authenticité se vérifiait par la gravure au dos dans l'or massif, la signature même de son propriétaire originel. Sans perdre de temps, je le rangeai dans mon sac et le remplaçai par une copie très ressemblante qui ferait l'affaire, le temps que quelqu'un découvre la vérité.

(exemple d'Astrolabe)

La vitrine refermée, nous nous apprêtions à rebrousser notre chemin, jusqu'au moment où trois hommes passèrent la porte. Leon se tenait entre les deux autres. L'un était grand et blond, tandis que l'autre était un métis aux cheveux noirs très courts avec une barbe parfaitement taillée. J'inspirai profondément. Le choc ne tarda pas à se lire sur le visage de Leon alors que ses deux acolytes pointaient leurs pistolets dans notre direction.

- Je ne pensais pas te voir ici, Lilas.

D'une démarche assurée et lente, il se rapprocha et à un mètre de moi, il me tendit sa main.

- Donne-moi l'astrolabe et tout se passera bien.

Je haussai un sourcil et jetai un œil à Crystal dont le comportement criait « bouge pas ». Je n'imaginais pas cet Holder me faire le moindre mal, même si sa mâchoire se serrait sous la colère. Je m'y attendais, après tout, je le devançais alors qu'il me demandait de l'aide quelques heures plus tôt...Sans perdre de temps, je sprintai vers la sortie, poussant la rousse devant moi. Des coups de feu retentirent et une balle se logea dans la porte, à quelques centimètres de mon épaule. Instinctivement, je poussai un cri d'effroi. Je détalai dans le couloir avec la rousse, faisant demi-tour sur le toit alors que des braillements en espagnol et espagnol résonnaient dans le musée.

- Reviens immédiatement, Collins ! hurla Leon.

Mes pieds martelaient les fresques en carrelage avant de sauter à nouveau par la fenêtre. Les balles sifflèrent et par je ne sais quel miracle, aucune ne nous atteignit. Peut-être qu'ils faisaient ça pour nous effrayer... ?

Tout se confondait dans mon esprit. Crystal fut la première à atteindre le toit en face. Quand ses pieds touchèrent à nouveau le sol, les deux lanternes en bronze et en verre se détachèrent, puis tombèrent dans le vide, suite aux pressions faîtes dessus. Je regardai autour de moi, aussi paniquée que la rousse de l'autre côté de la rue.

- Je vais chercher un autre moyen de te rejoindre ! lui signalai-je, d'une voix saccadée.

Je ne perdis pas de temps pour courir à ma droite et sauter sur un nouvel appentis de l'immeuble collé au musée. Je m'accrochai à son rebord puis je balançai mes jambes vers l'intérieur du balcon en dessous. En me laissant tomber à l'intérieur, je pénétrai dans l'appartement d'une famille qui, consternée, me hurla dessus en espagnol. Je courus dans tout leur appartement à la recherche de la porte d'entrée, puis une fois trouvée, je descendis les quatre étages de l'immeuble. Leurs pas se rapprochaient et l'angoisse grimpait en moi. Mon cœur s'accélérait aussi vivement que ma course.

Je tombai au sol lorsqu'un poids m'écrasa. Je poussai un gémissement de douleur et en essayant de me relever, je compris ce qu'il venait de m'arriver : Leon n'avait pas hésité à me sauter dessus pour m'étaler sur le tapis rouge et poussiéreux, afin de m'empêcher de fuir.

- Donne-moi le putain d'astrolabe, Lilas !

- Dans tes rêves ! crachai-je en lui jetant un regard noir.

Sans hésiter, il plaqua mes bras de chaque côté de ma tête alors que je me débattais. Je refusais d'échouer lors d'une mission si importante et encore moins face à lui ! Sa main libre commença à s'aventurer trop proche de mon sac à mon goût et je profitai d'une fraction de seconde d'inadvertance pour lui asséner un coup de pied dans l'entre-jambe qui le fit gémir de douleur. Immédiatement, il recula, comme sonné par la douleur.

- J'vais te tuer, sale pisseuse ! vociféra-t-il en se tenant les cacahuètes.

Jusqu'à ce jour, je n'avais jamais pu lire autant de haine dans son regard ténébreux et cela n'avait rien de plaisant. Je me relevai aussitôt et repris ma course hors de l'immeuble, la respiration haletante, non pas par les efforts physiques, mais par l'anxiété. Les coups de feu reprirent, la voix de Leon Knight vibra dans l'air...

- Ne la tuez pas, bande de cons !

Et déchira une dernière fois le silence de la nuit...

- Lilas, je t'aurais et crois-moi, tu vas le regretter !

Les rumeurs courant sur la violence de Leon me donnaient froid dans le dos et savoir qu'il n'hésiterait pas à s'en prendre à moi me retournait le cerveau. Comment pouvait-il arriver à me menacer, après toutes ses tentatives pour me séduire ? Mon cœur loupa un battement alors que je retrouvais Crystal à l'autre bout de la rue pavée, ayant semé les Holders. Tout à coup, mon cœur se brisa sous la déception.

- Oh mon Dieu, tu n'as rien ?! s'écria Crystal en me serrant dans ses bras.

- J'étais à deux doigts de me faire prendre l'astrolabe et être criblée de balles par les gorilles de Leon, mais je crois que ça va... murmurai-je, désemparée par la situation.

Elle acquiesça puis m'attrapa par le bras pour me tirer vers la voiture que nous avions louée. Un modèle de Jeep beaucoup utilisé pour les voyages périlleux et tempétueux dans les jungles tropicales. Je vacillai sur mes jambes, mes mains tremblaient, alors je laissais le volant à la rousse qui nous reconduit sans encombre jusqu'à m'hôtel. Je ne prenais même plus le temps d'observer les décors si différents des États-Unis. Et malgré mon état de stupeur, je m'assurais que personne ne nous suivait jusqu'à l'hôtel où nous logions.

De retour dans notre chambre, je profitai d'une douche bien chaude pour détendre mes muscles et m'apaiser. Une fois propre et quasi sereine, je quittai la salle de bain pour rejoindre mon lit. Crystal entreprit de ranger 90% de nos affaires car nous partions le lendemain matin à l'aube. En faisant charger mon portable, je m'aperçus que j'avais plusieurs appels en absence. Tous de Leon, sans exception. Je fermai les yeux et lorsque l'appareil vibra à nouveau, je ne pris pas la peine de décrocher ou même de rejeter l'appel.

- Le silence est le meilleur des mépris alors va te faire mettre, Leon... grognai-je.

Je me souviendrais toujours de cette nuit où Leon aura tenté de me faire du mal et ce musée de malheur.

Hola! Comment allez-vous ?

Que pensez-vous du chapitre ? De la confrontation Lilas/Leon ?

Que pensez-vous de la nouvelle couverture réalisée par Flannylla ? :)

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Caroline.

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