Partie 2 : Broken Life, Broken Love and Broken Girl.

Elle marchait et regardait ses pieds se frotter contre le bitume, usant sa semelle.

Puis elle leva la tête pour regarder le coucher de soleil qui colorait la ville d'une teinte orangée, plongeant le quartier dans une atmosphère étrange, illuminant son visage d'un halo lumineux.

Plus elle avançait sur ce chemin, plus ses ongles se plantaient dans sa main. Elle tenait fortement son sac.
Elle ralentissait doucement, comme pour ne jamais l'atteindre.

Elle l'a vit, au loin. Blanche cassée, aux volets bleus.
Elle dégageait une atmosphère chaleureuse.
C'était un beau mensonge.

Ses chevilles touchèrent l'herbe haute qui envahissaient l'endroit, pour elle ce n'était que des rasoirs lui tranchant la jambe.

Elle s'arrêta net sur le perron. Observa quelques instant la poignée dorée. Elle se voyait à l'envers dedans.
Puis elle posa sa main dessus, compta minutieusement les 3 clics de la serrure et la porte s'ouvrit dans un grincement effroyable.

Bienvenue.
Bienvenue en enfer.

Rien n'avait changé depuis qu'elle était partie ce matin. Même pas l'assiette du petit-déjeuner.

Il y avait des cris, des haussements de tons. Des bagarres incessantes et usantes.

Elle monta les escaliers deux par deux, évitant la marche brisée en deux. Posa son sac sur son lit et regarda le plafond d'un regard absent.

Elle y croyait, elle priait, elle attendait que ça change. S'accrochant à ses rêves, ceux où elle était encore dans une famille heureuse et soudée. Mais maintenant, tout le reste s'effondre autour d'elle.

Un énorme fissure traversait le mur blanc. Elle ferma un oeil et suivit le chemin de cette fissure avec le doigt.
Elle ferma les yeux un instant, ne voulant plus jamais les ouvrir. Puis somnola un moment.

Ding

La vielle pendule sonna 18:00. La jeune fille se leva mécaniquement. Ses pieds touchèrent le sol gelé.
Elle sortit dans le couloir sombre. Une forte odeur de tabac froid envahit ses narines.
La maison était plongée dans un silence de mort.

Elle rentra dans la salle de bain, s'enferma et se fit couler un bain. Elle attendit patiemment que la baignoire se remplisse, et quand ce fut fait, elle se déshabilla. Des petites colones de vapeurs virevoltaient au dessus de l'eau calme. Elle y passa sa main et serra les dents. L'eau était bouillante.
Mais elle ferma les yeux et se laissa glisser dans la baignoire.
Elle aimait la sensation de chaleur sur elle, c'était comme une étreinte.
Sentir les picotements de brûlure la faisait sentir vivante.

Bam.

La jeune fille entendit, encore, un vase se casser.
Elle n'en pouvait plus, mais restait silencieuse. Elle ne s'était jamais révoltée, car elle n'était pas assez courageuse pour ça.
La chaleur l'étouffa rapidement.

Elle prit une grande respiration et plongea la tête sous l'eau.
La chaleur lui brula le visage, son nez gelé rentrant en contact avec l'eau.
Les sons disparurent quand elle s'immergea.
Elle avait l'impression que tout ce qui était autour d'elle n'était plus là. Ses cheveux virevoltait autour de son visage, comme ceux d'une sirène.
Elle n'étendait plus qu'un vague bruit de fond.

Comme à chaque fois, elle attendait patiemment que son souffle soit complètement épuisé pour remonter le visage hors de l'eau et prendre une bouffée d'air.

Alors qu'elle allait de nouveau se perdre dans le silence "sous-marin", on tambourina à la porte.

- Sors d'ici !

La jeune fille ne répondit pas.

- On t'attend sois là dans 5 minutes !

Le ton froid et dur de son paternel lui donna des frissons.

Elle resta là, quelques instants, à écouter les clapotis de l'eau puis se décida à sortir.

Elle retourna dans sa chambre pour se changer, et quand elle passa la porte, elle vit que la fissure de son mur c'était encore agrandit, au point que quelques bout de celui ci c'étaient détachés et tombaient. Que ce soit en une fine poussière ou en blocs. "Un jour ça me tombera dessus" pensa t'elle.

Elle descendit doucement les marches d'escalier, d'un pas feutré.

Elle poussa la porte de la cuisine où ses géniteurs l'attendait, elle avait les yeux baissés, et remuait ses pieds sur la moquette.

- Ta mère n'a pas fait à manger.

- Ton père ne c'est pas pressé pour le faire non plus. Repondit sa génitrice avec un ton sec.

La jeune fille regardait son assiette vide en silence. Elle sentait qu'elle allait craquer.

Son père tapa sur la radio coupant la seule source de bruit qui animait la cuisine.

- Comment tu me parles ?

- Comme je le veux ! Hurlait sa mère.

- Tu ne fait pas ce que tu veux ici !

- Je suis chez moi !

La jeune fille se leva soudainement et balança son assiette contre le mur fissuré de la cuisine, ce qui fit taire ses deux parents.

- Eh oh papa maman quand ça va s'arrêter tout ça ? Où est ce que vous avez perdu votre amour ? Elle hurla.

- Ce sont des problèmes de grandes personnes. Rétorqua sa mère. Tout cela ne serais pas arrivé si-

- Qui a raison et qui a tord ? On s'en fiche ! J'en ai marre d'être seule dans cette maison cassée !

Elle poussa ses parents et sortie de la cuisine pour remonter dans sa chambre. De toute manière elle n'avait pas faim.

Elle claqua sa porte et se laissa glisser contre elle hurlant à pleins poumons.

Le mur gauche de sa chambre était tellement abimé qu'elle pouvait voir au dehors.
Et elle ferma doucement les yeux et s'endormit, pleurant a chaude larmes.