CHAPITRE 79
enjoy ???
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{PDV de Lana}
Je regarde le vide tranquillement. Paris m'a l'air si petit vue d'ici. Il fait nuit, mais c'est comme si il faisait jour. Il y a tellement de lumières allumées ici, des panneaux, des fenêtres, les feux, les lampadaires, les magasins. Tout est allumé et les gens vivent tranquillement chacune de leur vie. J'entends même au loin le bruit d'une sirène de police. Paris ne s'éteint jamais.
Aussi bizarre que cela puisse l'être, je me trouve en haut d'une grue, assise au bout de la grande perche, les pieds dans le vide. Je regarde d'en haut tout ce qui m'entoure et je n'arrive même plus à penser. Ce monde me paraît de plus en plus ennuyeux chaque jour. J'ai l'impression de ne rien avoir à faire ici. Je suis tombé sur la mauvaise planète, quelque chose a raté et il faut que je reparte.
J'ai l'impression d'être droguée, je n'arrive pas à réfléchir comme il le faut. Je n'ai pas mangé depuis deux jours et je ne fais que penser à quand je vais disparaître. Je ne trouve pas ça triste. En fait, je pense sincèrement que le suicide est un choix. On ne devrait pas juger les gens qui passe le pas quand ils sont réellement décidés à le faire. C'est un choix réel. Alors, pourquoi maintenir la personne en vie si disparaître la soulagera tandis que la vie ne fera qu'empirer son mal-être ? Retenir une personne est égoïste... je pense.
Je regarde mes pieds qui pendent dans le vide et j'inspire lentement. Je tremble. Quelque chose me retient terriblement de m'élancer et je ne sais pas ce que c'est. J'ai juste à me pousser de quelques centimètres vers l'avant et ça y est, la douleur s'en ira enfin...
Peut-être que c'est Justin qui me retient, mentalement je pense à lui. Même si je suis plus qu'épuisée, je ne pourrai jamais l'oublier. Ou c'est peut-être le peu de famille qu'il me reste, Cameron et mon père? Ou alors mon meilleur ami, Dylan ? Ou bien mes autres amis, mon petit chiot aussi ?
Ou même ce bébé. Je m'en veux tellement de lui faire subir ça. Je ne mange pas donc il ne mange pas non plus depuis 2 jours. Je ne veux pas lui faire de mal mais je lui en fais quand même. Le problème, c'est que je n'arrive pas à manger. Même ça, le nourrir, je n'y arrive pas. Encore quelqu'un qui souffre par ma faute. Et ça me fait mal, je veux juste arrêter cette souffrance, c'est beaucoup trop, je veux arrêter ça.
Une fine larme coule le long de ma joue et ce n'est même pas de la tristesse. Je ne sais pas ce que c'est, c'est juste un trop plein de tout. Je regarde l'horizon, le ciel noir de la nuit et la lune qui me fixe comme si elle me jugeait. Je veux juste en finir. J'ai besoin d'arrêter, mon corps ne le supporte juste plus.
Quand je pense à ma vie depuis le début je me rends compte que ça n'a été que de la souffrance. Mes parents, ma mère, le tribunal et Tyler. Je me demande ce que j'ai fais dans une autre vie pour que le karma se charge de moi comme ça. Des flashs de Tyler reviennent dans mon esprit et je serre les yeux en inspirant lentement. Il faut que ça cesse, je ne peux plus voir ça à chaque fois que j'y pense. Les cris, le viol, les coups. Ça ne s'arrête pas, tout repasse encore et encore dans ma tête, de plus en plus vite et de plus en plus brusquement.
Je regarde à nouveau vers le sol et étrangement, j'aperçois une petite dizaine de personne groupé en-dessous de la grue. Putain, non. Ils vont me forcer à le faire plus vite, je ne veux pas de ça. Je ne veux pas, je ne veux pas. J'inspire plus rapidement et je serre les rebords de la grue entre mes mains.
Les gens ont l'air agités et je sais qu'ils s'inquiètent, ils veulent sûrement m'aider et ne pas me voir sauter. Mais ils ne savent pas que c'est la seule chose qui peut m'aider à aller mieux. Je respire rapidement en regardant devant moi.
"Ça va aller, Lana, lance-toi, aller... fais-le."
Je répète ça dans ma tête. Plusieurs fois. Je dois sauter mais j'ai peur de rater et de juste souffrir encore plus. Je ne veux pas me réveiller à l'hôpital ou autre... je veux juste disparaître, je veux que ça marche.
Je vois un monsieur commencer à grimper le long de la grue pour venir vers moi et je commence à pleurer, complètement. Il me presse, je dois le faire vite, je déteste ce monsieur.
Laissez-moi, putain, laissez-moi...
J'implore intérieurement tous les dieux pour que ces gens me laissent tranquille mais je n'ai pas le temps de sauter que l'homme arrive à la cabine de la grue, à 15 mètres environ derrière moi.
"Ecoutez... mademoiselle, je sais que ça ne doit pas aller fort mais s'il-vous-plaît écoutez-moi..."
Il commence à me parler comme si j'avais 6 ans et je me mets à pleurer plus fort. Personne ne veut me laisser aller mieux, personne n'est avec moi, personne ne veut me comprendre, je suis toute seule, je ne vais jamais y arriver.
Il parle, il parle, il parle encore sans remarquer que cela me fait pleurer de plus en plus. Je ne vais pas bien, j'ai mal, cet homme me fait mal, comme tout le monde. Je veux qu'il s'en aille, il doit me laisser seule, je veux juste qu'il parte.
Et puis lorsque je suis sur le point d'exploser, je me retourne et lui hurle dessus. En bas, je vois que beaucoup d'autres gens se sont attroupés pour voir le spectacle. Tout le monde me regarde, tout le monde parle de moi, tout le monde me juge. Personne n'est avec moi. Et j'ai mal. J'ai tellement mal. Je veux qu'ils arrêtent, je vais péter un câble.
J'hurle à l'homme que je vais sauter ici et maintenant s'il ne me laisse pas tranquille et il s'approche de moi. Lorsque je le vois grimper la grue, je pète un câble. Littéralement. Je me pousse dans le vide un peu plus et quand il voit avec horreur que je suis sur le point de tomber, il s'arrête. Il lève les mains en l'air comme si j'allais lui tirer dessus, et il s'éloigne.
Mon corps est a moitié dans le vide, je ne me tiens qu'à l'aide de mes mains et une jambe.
Je continue de pleurer en me maintenant aux rebords un peu plus fort pour me rasseoir et l'homme hoche la tête d'un air attristé, il a l'air carrément horrifié en fait. Il a l'air de comprendre qu'il n'y a rien à faire. Alors, il prend l'échelle et redescend.
Je continue de pleurer et je ne m'arrête pas quand je vois que plus de monde s'amène en-dessous de la grue, il y a même un camion de pompier qui arrive. Tout le monde me regarde, ils me forcent tous à sauter plus vite, je n'y crois pas mes yeux. Même ça, même me buter comme j'en avais envie je n'y ai pas le droit. Ils veulent que j'aille plus vite, ou ils veulent me voir malheureuse... je ne sais pas. Je sais juste qu'ils me regardent tous.
Et je suis foutue.
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