Chapitre 2.
Sandra
De retour à la maison, je me laisse tomber sur le lit avec contentement. Les enseignants se sont donnés le mot, aucun n'a manqué à l'appel. Au contraire, c'étaient six heures de copie car nous n'avons pas eu droit à des polycopiés. Une façon efficace de nous souhaiter une bonne rentrée, je suppose. Cela a au moins eu le mérite de faire cesser les très nombreuses blagues post-Saint-Valentin qui animaient chaque début de cours. On aurait dit qu'on était revenu à l'époque du lycée, où tous les sujets qui se rapportaient à l'amour faisaient glousser les filles et brailler les jeunes hommes. Une fois encore, je suppose que c'est cela l'effet de l'amour. Du moins, ce qui s'y apparente. Et je n'ai toujours pas de nouvelle de Candice. Malgré moi, je commence à m'inquiéter.
Je me redresse pour prendre mon téléphone dans le sac que j'ai lâchement abandonné au pied du lit. Toujours pas de SMS. Je me connecte au wifi de la maison pour lui laisser des vocaux sur son whatsapp en utilisant à dessein un ton préoccupé. Ce qui n'est pas vraiment feint car elle a l'art d'être connectée tout le temps. Moi pareil. Cependant, je sais qu'en tant que meilleure amie, elle m'a habituée à des situations pires. Comme lors de mon anniversaire où j'attendais avec impatience ses souhaits à minuit pile. Mais, elle s'était manifestée vingt-trois heures et demie plus tard.
Alors, n'est-ce pas la pire chose qu'une meilleure amie puisse faire?
Quand bien même, elle avait une bonne raison. Elle n'était pas dans la ville et assistait à une cérémonie de deuil dans le village de sa maman. Un coin assez reculé qui n'admet pas les nouvelles technologies. Mais aussitôt rentrée, elle s'était précipitée chez moi, venant tout droit de la gare, ses valises encore dans le taxi. Nous avions passé les trente dernières minutes de ma journée d'anniversaire ensemble à rire aux éclats et chatter sur un site de rencontre avec des faux profils.
Oui, on a ça en commun. La manie d'aborder des inconnus tout en préservant l'anonymat. Essayez, vous verrez que c'est cool!
Ce fut finalement un incroyable anniversaire. Je n'en attendais pas plus. Juste de pouvoir passer un temps de qualité avec ceux que j'aime. Puis, ses valises et elle ont squatté ma chambre, les deux jours suivants. Ce souvenir m'arrache un sourire et me conforte dans l'idée que le fruit de son silence sera un pack d'informations croustillantes. Je dois juste être patiente, ce qui me fait grimacer. Si je suis une personne simple qui évite les situations à problème au maximum, la patience n'est pas mon fort.
Mais, ai-je le choix?
J'aurais bien pu passer chez elle sur le chemin du retour. Sauf que ce n'est pas le genre de Candice de rester sur place. J'ai plus de chance de l'avoir sur ses réseaux sociaux que de la "coincer" chez elle. Et il faut avouer que je ne m'attendais pas à ce que le premier jour de la rentrée du second semestre soit aussi complet. Je n'avais qu'une hâte, celle de rentrer à la maison et m'éloigner de ce parfum de fête de l'amour qui régnait encore dans la salle de cours. Je sais que j'ai eu l'air de comprendre leur engouement, il y a un instant. Mais maintenant, je trouve cela pathétique et dénué de sens.
Un vrai commerce cette connerie!
Au moins, le sexe est factuel. Il s'exprime clairement. Pas besoin de flatteries, de poèmes, de déclarations ou je ne sais pas trop quoi. On en a envie ou on n'en a pas envie. Pas de demi-mesure et surtout pas besoin de le compliquer. Mon téléphone émet une sonnerie, je le ramasse vivement en espérant lire une réponse de ma meilleure amie mais à la place, c'est une notification provenant de ma boîte électronique. Je viens de recevoir un fichier envoyé par Laure. Ce qui me rappelle les deux articles que je dois au Journal du Campus. Parmi lesquels, une interview de l'un des candidats présélectionnés pour les jeux universitaires. Cependant, je ne vais pas me mettre la pression. Je choisis un nom au hasard sur la liste que m'a envoyée Laure et le tour est joué. En plus, il y a encore du temps pour cette interview. Je dois plutôt résumer mes cours et préparer les nouveaux devoirs pour la semaine prochaine. Ce semestre est décisif. Plus tôt, je le prends au sérieux, mieux je m'organise pour réviser. En attendant, une douche et un soin capillaire s'imposent.
— Sandra, crie ma mère, cela fait une heure que je t'attends! Descends et viens m'aider, ajoute-t-elle.
Une heure?! Cela ne fait même pas une demi-heure que je suis rentrée.
Maman! Je sais qu'elle est stressée. Elle l'est à chaque fois qu'elle doit cuisiner pour mon père, quand il revient d'un voyage professionnel. On dirait une femme qui invite son mec pour la première fois chez elle. Alors qu'ils sont mariés depuis... En fait, je les ai toujours connus mariés. C'est drôle.
— J'arrive! Crié-je à mon tour.
***
Cinq heures et trente minutes, mon réveil sonne. Sortant lourdement la tête du drap, je l'éteins. Autour de sept heures, il sonne de nouveau. Je le laisse sonner encore. Je tends la main et tâte le lit à la recherche de mon téléphone. Je vérifie mes notifications... Finalement, il va y avoir cours. Et si j'en crois les commentaires de certains camarades, je ne suis pas la seule à avoir souhaité qu'il y ait un déluge et que le ciel s'assombrisse au point de ne plus distinguer aucune forme à plus d'un mètre de distance. De surcroît, ce sera un tronc commun.
Merci le surchauffement!
Et j'exagère à peine. Je ne lis pas plus. Je ferme la conversation, saute du lit et file à la salle de bains. Trente minutes plus tard, je suis prête. La maison est plongée dans le silence, mes parents doivent être encore endormis. C'est un peu l'habitude du samedi. Sinon, maman est une lève-tôt. Non. Une lève-hyper-tôt. Je me rends à la cuisine pour voir s'il n'y a pas un truc à faire rapidement. La vaisselle, je l'ai faite hier, ok. Le carrelage blanc au sol, ça peut aller. Personne ne va prendre son petit-déjeuner à même le sol. La poubelle... j'ai intérêt à la sortir tout de suite. Je saisis le sac-poubelle, le noue, nettoie le bac avant d'en mettre un nouveau. Au moment de passer la porte de la cuisine. Je vois une petite flaque d'eau qui s'écoule du dessous du réfrigérateur. Merde. Il est de nouveau en panne. Je m'empresse de prendre la serpillière et le seau pour sécher le sol. Ensuite, je prends un post-it et un stylo dans mon sac à dos et le colle à l'entrée de la cuisine, à la hauteur de ma mère qui n'est pas plus grande que moi. Ils seront ainsi moins surpris de trouver le sol de la cuisine humide. Puis je sors et stoppe un taxi après m'être débarrassée du plastique de déchets.
J'arrive à peine neuf minutes avant le début du cours et constate qu'il y a bien sûr, plus de monde que d'habitude. Pour ces cours en tronc commun, il est toujours bien d'arriver longtemps avant l'heure pour avoir les meilleures places. C'est-à-dire, dans les trois premières rangées me concernant. On ne va pas se mentir. Mêler deux filières pour un cours, c'est un désordre déguisé en cours magistral. Il y a du bruit et des blagues pourries tout au long du cours. Dans les dernières rangées, tout en haut, ça chahute tellement que l'enseignant est obligé de baisser la voix pour les punir. Et dans ces occasions, seules les premières rangées bénéficient du cours. Vous comprenez l'importance d'arriver à l'heure, du coup. Par effet de mode ou simple clanisation, les étudiants se regroupent par affinité. Parfois, certains te disent que des places sont prises quand bien même, elles ne le sont pas. Si bien sûr, tu n'es pas populaire et que ta tête ne leur plait guère.
Chouette la fac hein!
— Sandra! Sandra!
Je me tourne vers la voix et j'aperçois le fantôme de Candice. Je suis désolée. Je ne sais pas comment nommer autrement une amie - non, une meilleure amie - qui ne répond pas à vos messages. Je me dirige vers elle, lui fais néanmoins une bise au lieu de la bouder comme je l'avais prévu et m'assieds. Je suis contente de la voir en chair et en os. Je peux l'avouer maintenant, son absence m'a fait flipper. Et pour le lui faire comprendre, je n'hésite pas à l'attaquer.
— Dis-donc toi, où t'étais passée ? Je me suis sentie seule le jour de la rentrée, comme une nouvelle étudiante qui découvre qu'elle aura une centaine de camarades et se demande comment elle fera pour se démarquer ?
Elle me regarde en haussant un sourcil bien dessiné.
— Tu cherches à te faire remarquer maintenant? C'est nouveau ça, me taquine-t-elle.
— Ne détourne pas le sujet, jeune fille ! Tu sais ce que je veux dire.
— Oui S, je sais. Je suis vraiment désolée. Le quatorze février a été assez mouvementé. Et pour toi
— Hein!? m'exclamé-je.
Qui est donc cette fille que j'appelle ma meilleure amie et qui semble avoir oublié que cette fête commerciale ne me concerne pas parce que je n'ai pas d'amoureux ni de plan sexe? Quoique, je ne vois pas de rapport entre un plan cul et cette célébration.
Vous en voyez, vous?
Je fixe Candice en fronçant les sourcils. À ce moment précis, je me demande si elle va bien. Elle a bonne mine. Sa peau claire est douce à vue d'oeil et elle est toujours bien apprêtée. Oui, elle va bien. Candice m'adresse alors un petit sourire en coin.
— En fait, tu te moques, fais-je sans vraiment me sentir vexée.
— Mais non! Je voulais juste voir ta tête quand tu es surprise. C'est toujours drôle, commente-t-elle en riant cette fois.
— Haha. C'est bien pour toi. Tu sais qu'on tourne en rond là? Dis-moi ce qui s'est passé? As-tu des problèmes avec ton mec?
— Oui et non, répond-t-elle énigmatique.
— Comment ça, oui et non?
— Je te raconte après, d'accord? dit-elle en faisant un signe du doigt pour me faire comprendre qu'il est l'heure du cours.
Je regarde l'écran de mon téléphone et constate que l'enseignant a un retard de cinq minutes. Peut-être ne viendra-t-il pas, finalement.
— Non C, raconte-moi maintenant.
Elle soupire avant de se tourner vers moi en posant le coude sur la table.
— On a fait une sortie à l'occasion de la Saint-Valentin. C'était super! On est allés du côté de Buéa, visiter le jardin zoologique de Mvog-Betsi. On a pris des photos et tout. J'ai même porté un singe. Si tu le voyais, on aurait dit un vrai bébé, me décrit-elle avec des yeux qui scintillent et en faisant des gestes de la main.
Puis, tout d'un coup, elle se rembrunit et se tait. Elle se met à gratter le bois de la table avec son index. Je l'encourage à poursuivre, pressentant que maintenant, j'aurais droit à une suite moins idyllique de leur journée.
— Et? demandé-je.
— Et sur le chemin du retour, il a reçu un message de son ex.
— Laquelle? me risqué-je.
Au lieu de répondre directement, Candice lève les yeux au ciel.
— Comment ça, laquelle ? me demande-t-elle en haussant un sourcil.
— Tu sais que ton mec est très convoité, Candice. Il y en a toujours une qui déclare avoir eu une histoire avec lui.
— Hm, ne m'en parle pas, je le sais. Mais cette fois-ci, il s'agit de celle avec qui il était en couple avant de me rencontrer.
— Alors, qu'est-ce qu'elle lui a dit exactement pour que vous vous fâchiez ?
— En fait, ON ne s'est pas fâchés. C'est moi qui ai fait une crise de jalousie alors que je sais qu'il a coupé tout contact avec elle. Mais... je ne sais pas ce qui m'a pris, S.
— Euh l'amour? tenté-je de blaguer, pour la faire rire.
Elle a toujours eu le rire facile, Candice. C'est l'une des choses qui a aidé notre amitié. Elle ne se prend généralement pas la tête.
— Oui, acquiesça-t-elle en souriant.
C'est déjà ça.
— Son ex veut qu'ils redeviennent amis. Elle dit qu'elle a tourné la page mais que son amitié lui manque. Qu'elle n'a personne à qui se confier, qu'il la connaît mieux que ses autres amis et blablabla.
J'éclate de rire en la voyant manifestement se retenir d'insulter l'ex de son copain. Elle rit à son tour et poursuit en changeant de sujet.
— J'ai dormi super tôt hier et quelque chose me disait bien qu'il y aurait cours aujourd'hui, déclare-t-elle en voyant l'enseignant entrer au pas de course.
— Tu as eu raison. Moi, je m'imaginais faire autre chose ce matin...
— Désolée pour toi, dit-elle, taquine. Par contre, la bonne nouvelle est que c'est le seul cours qu'on ait aujourd'hui.
Je hausse les épaules en sortant mes fiches du porte-document. Je pose mon téléphone sur la table et m'adosse confortablement à mon siège. Soudain, je vois les filles sur ma droite s'agiter et me tourne vers Candice en fronçant les sourcils. Elle me souffle :
— Regarde derrière toi.
Je me retourne et vois trois étudiants de la catégorie des Populaires entrer dans la salle et le brouhaha reprendre de plus belle, malgré la présence de l'enseignant. Comment je sais qu'ils sont populaires? Eh bien, parce que ce sont les mêmes que j'ai vus il y a quelques jours sur le terrain sportif. Je les regarde avec attention et mon projet classé X me revient à la mémoire. Mais, je secoue la tête. Avoir un plan cul avec un étudiant populaire serait-ce si terrible? Oui, dis-je pour moi-même. Je ne dois pas oublier les facteurs "attirance et attraction". J'en ai manqué avec Henri alors je ne vais pas refaire la même erreur. De plus, ils restent des hommes. Populaire ou pas. Peut-être même que leur réputation au lit est surfaite. Devrais-je en parler à Candice ou pas? Je ne sais pas trop. Je me détourne d'eux et reprend ma place.
Les mêmes filles de tout à l'heure s'agitent de nouveau et font signe de la main. Elles ont beau être assises deux rangées derrière, cependant, font autant de bruit que les cloches du dimanche à l'église. Je regarde Candice en m'exclamant:
— Encore!?
Je me tourne vers les portes, l'air un peu excédé. Je vois cette fois-ci, le groupe de joueurs de tennis qui fait son entrée. Mais au lieu de quatre, ils ne sont que trois. Je les regarde s'avancer et visse mes yeux sur le garçon métisse. Comme la dernière fois. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder. Il est vêtu d'un sweat à capuche gris sur un t-shirt blanc dont le col est visible et un jean destroy. Son coéquipier est aussi habillé en jean et t-shirt bleu. Il est mignon, lui aussi. Je ne m'en étais pas vraiment rendue compte l'autre jour. Sa partenaire de jeu, elle, porte un pantalon slim et un crop top. Ils se dirigent tous vers nous. Enfin, vers notre rangée plutôt. Je me tourne trop vite et me penche sur mes fiches, l'air affairé. Candice pour sa part prend tout son temps pour se retourner. Toutefois, elle ne reporte pas son attention sur le cours. Je sens son regard posé sur moi. Cette fois-ci, on dirait que c'est à mon tour de passer aux aveux. Je n'ai pourtant rien à avouer.
Je n'ai rien fait. N'est-ce pas ce qu'on répond généralement ?
Seulement, elle ne m'a encore posé aucune question. Elle continue de m'observer en silence. Je sais qu'elle cogite. Elle est douée pour détecter les malaises. Je me rends compte qu'elle a finalement compris lorsqu'elle me prend mon stylo des mains. J'essaie d'éviter le sujet coûte que coûte.
— Candice, tu sais qu'on est en train de rater le cours là? Pour moi, ça peut aller. Mais toi, tu es en retard depuis la rentrée.
Je joue la carte de la méchante amie, celle qui se prend toujours pour la plus intelligente. Mais, cela ne fonctionne pas. À la place, elle m'interroge:
— Ils sont beaux hein?
— Qui? questionné-je en me tournant instinctivement vers la rangée où est assis le métisse.
Me rendant compte de mon geste, un sentiment de gêne m'envahit. Elle baisse la tête à la hauteur du casier pour rire sans attirer l'attention de l'enseignant.
— Ah! Est-ce que cela signifie que tu pourrais envisager avoir un petit ami?
— Je ne vois pas où est le rapport. Je peux bien apprécier un homme sans avoir envie de le connaître. Vraiment, tu n'y es pas du tout!
— Alors, dis-moi ce que je ne sais pas. Allez S. Que me caches-tu?
— Je n'ai rien à avouer, contesté-je, reprenant par réflexe mon plaidoyer.
— C'est ce que l'on dit justement quand on a tout à avouer, réplique Candice.
Je regarde l'enseignant qui s'est rapproché de la première rangée comme s'il s'agissait maintenant d'un cours en privé. Je n'étais pas déjà pas motivée pour ce cours avant d'arriver ce matin. J'emprunterai les notes d'un camarade de notre club d'intello.
— Je veux juste expérimenter l'attraction physique. Et cela n'implique pas forcément une relation, n'est-ce pas? Je veux explorer un peu plus mon corps et tout ça, tu vois?
— Non, je ne vois rien Sandra. Ou plutôt si, répond Candice en se moquant gentiment de moi. Tu veux... euh... vivre une relation sexuelle torride sans guillemets? ajoute-t-elle en s'aidant de ses doigts pour imager.
— Expérience pas relation. Oui, tout à fait. Sans guillemets.
Je souris, soulagée qu'elle ait aussi vite capté et ne me juge pas. Larry, son copain et elle se sont mis ensemble depuis quelques mois déjà. Officiellement. Sauf qu'il est dans une Université privée. Ils se cherchaient un peu depuis l'année dernière, lorsqu'il étudiait avec nous. Malgré le fait qu'il ait été obligé de transférer ses dossiers ailleurs, ils ont décidé de se mettre vraiment en couple. Candice est intelligente et oui, sensée. Elle ne s'éparpille pas et surtout, sait ce qu'elle veut. Je fixe l'enseignant, espérant retenir deux ou trois explications par moi-même lorsqu'un picotement me parcourt la nuque. Je jette un vague regard autour de moi et croise le sien. Le jeune homme métisse - car il n'a plus rien d'un garçon - me fixe avec insistance. Je détourne aussitôt les yeux et fais mine de regarder le tableau. Il doit être inscrit dans une autre filière, parce que je connais à peu près tous les visages des étudiants de la mienne. J'attire l'attention de Candice d'un geste discret de la main en désignant la rangée des "beaux". Je plaisante même:
— On dirait que tu as un admirateur!
— Ah bon?
Je regarde de nouveau dans sa direction et me rends compte qu'il a changé de position. Il est maintenant tourné vers l'enseignant et prend des notes. Ce que je trouve... surprenant. À la fin du cours, Candice me demande de qui il s'agissait?
— Sweat gris, répondé-je simplement.
Elle jette un coup d'oeil et bien sûr, moi aussi. Je vous l'ai dit. C'est plus fort que moi. Sauf qu'il me regarde (encore). Ou Candice finalement, puisqu'il répond à son sourire. Je pense que je viens de me prendre un vent. Moi, il me fixe bizarrement. À elle, il sourit. Qu'est-ce qui m'étonne? Il capte alors mon regard indigné et fronce les sourcils. Je laisse échapper un tsuip* de deux secondes et Candice éclate de rire bruyamment. Heureusement, le cours vient de s'achever.
— Oui, Sandra, il est mignon. Tu veux que je te le présente?
— Hein!? Parce que tu le connais? Comment? Depuis quand? C'est qui?
Tout de suite, je re-repense à mon projet et à la possibilité de me laisser tenter.
— Oui.
Candice me tire de mes pensées.
— Enfin, pas personnellement. Il est aussi membre des jeunes bénévoles de l'association Charité.
De mieux en mieux! Il est mignon et bénévole et sportif et... oh là là! C'est too much! On dirait la version estudiantine de The Bachelor. Propre sur lui et clean sur papier. Cependant, je ne veux pas d'une relation ni d'un mec parfait. Enfin, peut-être un peu, physiquement. Je veux un homme qui m'attire - check -. Qui me fasse ressentir des choses... profondément sensuelles - euh, à expérimenter -. Justement!
— Ah ok, c'est cool! Non, ce n'est pas nécessaire. Je préfère juste le mater, pas lui parler.
Je détourne la conversation et me dégonfle par la même occasion.
— Que vas-tu faire après le cours ?
Candice me dit qu'elle voudrait bien faire un aller-retour en bus pour rendre visite à Larry.
— Fais-lui un gros câlin de ma part !
— D'accord, il sera content de savoir que tu ne l'as pas oublié. Allez, j'y vais !
Elle me fait un bisou, range rapidement ses affaires et se dépêche de sortir pour ne pas manquer le bus. Je la regarde sortir de la salle puis classe à mon tour, mes documents. Mais une fois de trop, me déclare mon subconscient resté trop longtemps silencieux, je ne peux PAS m'empêcher de lancer un regard vers le black and white. Occupé à parler avec ses amis, il a passé un bras sur les épaules de la fille qui l'accompagne. Envieuse, je me fais la pire des réflexions populaires pour me justifier.
Qui s'assemble se ressemble.
Je détache mon regard d'eux et sors de la salle, puis du campus. Je marche sur quelques mètres avant de me décider à prendre un taxi. Une fois assise, je consulte mon téléphone et vois que je suis ajoutée à un nouveau groupe Whatsapp. Association Charité - Bénévoles. Mon coeur se met à battre plus vite. Je m'empresse de vérifier laquelle de mes photos est mise en photo de profil.
Merde. Mon éternel foulard. Pourtant, mes cheveux n'ont rien à envier aux mèches brésiliennes. Bon, quand j'en prends soin, c'est vrai.
Super, Sandra!
Je la change aussitôt pour une autre prise par ma mère durant nos séances de coiffure Nappy. J'y suis de dos avec une superbe coiffure qui met en valeur ma nuque et la fine chaîne en or offerte par mon père lors de mon anniversaire passé. J'ai une épaule dégagée sous un pull oversize vert bouteille. Je la mets en photo de profil et enfin, peux soupirer de soulagement.
Qui verra ne saura pas.
Je sais. Une fois de plus, cela ne veut rien dire.
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