S*x Friends - 5

Eita vient alors doucement me saisir les mains et les serrer tendrement dans les siennes sentant certainement, dans mon hésitation, que je ressens bel et bien des choses très fortes pour lui. Je laisse donc simplement reposer mes mains, indolentes et faibles, dans la chaleur de ses paumes si réconfortantes, mes yeux venant scruter sans vraiment le faire, nos mains entrelacées dans cette poignée suppliante qui me maintient près de lui et qui m'empêche de partir en courant me cacher je ne sais où. C'est finalement encore lui qui vient vers moi et toute cette tendresse qu'il dégage ne fait que m'appeler avec une force colossale, continuant de dissiper lentement et surement, les derniers doutes tenaces qui subsistent encore profondément en moi. Mes doigts se resserrent alors peu à peu autour des siens au fur à mesure qu'un peu de courage ose enfin faire son apparition au fond de moi.

- Je suis bien plus proche de toi que tu ne le penses... Eita, tu crois vraiment que tu me laissais indifférente au lycée ? Admetté-je sincèrement, le surprenant aussitôt et le plongeant aussi, sans doute, dans une certaine déception. Moi aussi, je t'avais remarqué mais j'ai très vite regardé la réalité en face à l'époque. J'ai accepté le fait que tu ne me remarquerais sans doute jamais. Avec toutes les filles qui te tournaient déjà autour, c'était peine perdue de toute façon. Tu étais un des passeurs et le serveur de la prestigieuse équipe de volley de Shiratorizawa, je n'étais personne, rien d'autre qu'une vague camarade de classe. Être ton amie était déjà quelque chose d'énorme pour moi, même si c'est arrivé tard, dis-je alors, faisant redescendre aussitôt cette excitation sincère qui apparaissait tout à coup sur le visage de mon tendre Eita. À cette fameuse soirée où on s'est revu, je pensais être encore et toujours la même personne insignifiante et inintéressante, qu'une simple amie à tes yeux... et puis tu as fait ce premier pas si inattendu en voulant de moi pour une nuit. Cette nuit qui a tout déclenché entre nous... Je me suis dit pourquoi pas, il est bourré, je suis bourrée, c'est peut être ma chance d'en avoir un peu plus, de te goûter, te sentir contre moi une seule et unique fois avant de repartir chacun sur des chemins séparés. Et pourtant, après cette nuit ensemble, tu es quand même revenu, tu as voulu me revoir et j'ai vraiment été surprise de ce soudain intérêt. J'ai donc voulu me protéger de ce que je pourrais à nouveau ressentir pour toi, de ce que je ressentais toujours pour toi... Je ne voulais surtout pas m'attacher, persuadée que tu ne voulais de toute façon rien de sérieux... Je ne voulais pas encore de ces sentiments à sens unique. J'en avais simplement marre d'être la seule à attendre, à m'inquiéter, à souffrir et à aimer et là... là, ce soir, tu viens tout bouleverser... Tu chamboules tendrement mais si intensément tout ce que j'ai pu connaître, tu envahis et écrase tout à coup cette solitude qui me colle à la peau mais... je ne peux pas, pas après ce que je t'ai fait vivre... Comment ?... Je... je ne sais pas Eita...

Je soupire un grand coup et je relève alors mon visage vers lui. Mes yeux perdus viennent accrocher les siens implorant et incertains. Une lueur d'espoir brillant toutefois intensément dans son regard, me fixant désespérément. Il me voit doucement flancher et malgré cette angoisse visible de me voir au final le rejeter et disparaître de sa vie, il m'encourage encore avec toute cette tolérance bienveillante que je ne pourrais jamais prétendre mériter. Je suis tellement loin d'être digne d'être à ses côtés et de l'avoir dans ma vie. Je me déteste d'être tombée amoureuse de lui si c'est pour ressentir, ce soir, cette douleur qui accompagne ce sentiment de joie après qu'il m'ait partagé ce qu'il ressens pour moi et qui est pourtant tout ce que j'ai rêvé.

"Si je n'ai même pas su voir que je te faisais du mal, comment est ce que je pourrais ne pas tout gâcher ? C'est impossible, je vais te détruire. Tu vas être malheureux avec moi, c'est certain..."

- De quoi as tu peur ? Me demande t'il alors avec une voix si douce qu'elle vient m'envelopper d'un voile d'une indulgence si réconfortante qui me coupe aussitôt dans mes douloureuses réflexions.

Je reste encore incertaine malgré ses bras qui reviennent me serrer affectueusement contre lui et qui me protègent sans hésitation avec cette conviction sereine. Bercée par les battements rapides de son coeur tambourinant dans sa poitrine, je me laisse lentement aller, m'ouvrant doucement sur mes incertitudes qui commencent à me paraître si stupide, et surtout illogiques de vouloir les garder enfouies alors qu'il me parle à coeur ouvert sans plus aucuns détours. Je dois lui dire ou au moins essayer.

- Que tu me quittes... de gâcher ce qu'on a déjà... de changer parce que tu seras devenu...mon...de te faire encore du mal... je m'en veux tellement pour ça... baragouiné-je sans arriver à tout laisser sortir, encore une fois retenue par des chaînes de lâcheté craintives et d'incertitudes vacillantes. Tu... tu en es sûr ?

Il sait maintenant que ce que je ressens pour lui est bien plus fort que ce que je veux bien lui montrer et surtout avouer et je le sens alors me recouvrir de toute sa chaleur. Il me connait par coeur, il a tout vu de moi, quand j'oublie, l'espace de nos tendres instants, de revêtir cette armure de lâcheté, laissant mon vrai moi apparaître et s'exprimer. Celui que je m'obstine à cacher, bêtement persuadée que personne ne serait jamais capable d'accepter et d'aimer ce moi qui ferait fuir n'importe qui. Mais pas lui. Non. Lui, il est toujours là malgré tout.

"Convainc moi qu'on sera heureux Eita. Convainc moi de m'autoriser à t'aimer. Donne moi encore un peu de ce courage incommensurable que tu as ce soir... Comment prétendre pouvoir te rendre heureux... et pourtant... Qu'est ce que je veux maintenant ?"

- Ça pourrait être si parfait entre nous, mais si on n'essaye pas, on ne le saura jamais, tu ne penses pas ? Continue t'il en me pénétrant de son regard brillant de bienveillance, apaisant toujours plus mes craintes en venant caresser avec calme, mon obstinée et ridiculement méprisable raison, arrivant même jusqu'à toucher mon âme, cloîtrée encore dans sa peur. Je sais que tu es nerveuse alors laisse-moi te guider. Laisse toi simplement aller et, cette fois, suis moi. Arrête de résister et laisse toi faire, n'essaie plus d'être forte ou de réfléchir à quoique ce soit, c'est le moment parfait pour arrêter de penser. Je ne veux être rien qu'à toi et ce soir, je voudrais qu'on laisse nos sentiments ressortir, qu'on perturbe et trouble enfin un peu cette fausse paix que nous avons naïvement construite. Ce confort illusoire et prétendument rassurant dans lequel on s'est enfermés par peur de se perdre. On se connaît bien maintenant, rien ne changera, j'en suis certain et j'ai confiance en nous. J'en suis si persuadé que je suis même prêt à tout risquer ce soir, poursuit il tout en venant caresser tendrement quelques mèches de mes cheveux avant de glisser lentement sur ma joue avec dorénavant ce regard perçant de certitudes inébranlables. Cette fois, regarde moi et laisse ressortir tes sentiments, laisse les se manifester si tu ressens un tant soit peu quelque chose pour moi. Si tu n'arrives pas à me le dire avec des mots, alors montre le moi, je suis juste devant toi et je n'ai pas l'intention d'aller ailleurs, je ne bougerais pas donc si tu le veux, retrouve le chemin de mon corps avec tes mains et confirme moi que nous sommes maintenant plus que de simples amis. Ce soir, fait moi passer de l'autre côté de la barrière que tu as voulu mettre entre nous. Laisse moi te rejoindre, déclare t'il toujours plus assuré, ses doigts venant maintenant effleurer tendrement mes flancs tout en rapprochant de nouveau doucement ses lèvres des miennes. Laisse moi te montrer qu'on mérite d'être heureux ensemble, tous les deux. A mes yeux, tu vaux bien plus que cette stupide valeur que tu sembles t'attribuer, tu te sous-estimes bien trop... Je tiens tellement à toi... Tu n'as pas idée de ce que tu représentes à mes yeux et j'ai envie de tout tenter, de tout bouleverser pour toi, pour nous.

Je m'étais pourtant promis de ne plus tomber amoureuse mais me voilà encore avec ce sentiment si chaud et agréable qui se met à ruisseler et se répandre dans tout mon être. Cette fois je le laisse faire et m'envahir, je suis si fatiguée de lutter. Il m'a conquise avec sa douceur, sa bienveillance, sa gentillesse et maintenant sa patience extraordinaire vient finir de me séduire. Je le sais depuis un moment mais je voulais me protéger de la souffrance d'être encore rejeter. Ce coeur qui a déjà trop souvent été piétiné et brisé, je voulais farouchement le préserver de cette peine devenue si familière. Il ne devait pas y avoir de "nous", je me l'étais naïvement interdit et je me suis, une nouvelle fois, bien fourvoyée. Une façade pour ne pas regarder la réalité en face alors que nos coeurs s'étaient, eux, déjà engagés avec passion dans cette relation. Tout ça n'a été en fait qu'un écran de fumée et nos sentiments ont commencé à ressortir tout en se mélangeant au désir d'une habitude qui s'est construite entre nous. Il n'y a jamais vraiment eu de barrière puisqu'on voulait déjà, plus ou moins consciemment, être ensemble sans oser se l'avouer, par peur ou vanité, ou par stupidité plutôt, et il a fallu que ce soit lui qui fasse preuve de cette vaillance folle pour me mettre devant le fait accompli. C'était dans ma tête et il m'a ouvert les yeux sur ce qu'on ressentait déjà depuis le lycée et alors qu'il a le courage de me l'avouer moi, j'ai voulu le fuir. Je me sens lâche et moche. Je me tends encore. Je ne sais pas quoi décider.

- C'est pas juste...laissé-je échapper à moi même dans un soupir douloureux, alors que nos lèvres se réclament de nouveau, jouant entre elles, poussant nos corps à se rapprocher et aidant ma raison à basculer définitivement.

- Qu'est ce qui n'est pas juste ? Me demande t'il tendrement comprenant maintenant que je suis enfin prête à sauter le pas et à laisser parler sincèrement mes sentiments pour lui.

Accompagnant ses paroles, Eita se serre un peu plus contre moi. Je me mets alors à trembler et je ne sais pas pourquoi, je devrais pourtant sauter de joie mais je n'y arrive pas. Quelque chose me retient encore. Une dernière chaîne. Je ne sais pas si je peux lui faire vraiment confiance. Est il véritablement sincère ? Il plait à beaucoup de femmes et il le sait. Il est peut être juste excité de me revoir après ce long moment loin de l'autre, il s'emballe, je ne vois que cette explication, il faut que je garde la tête froide. Il ne peut pas être sérieux et pourtant cette déclaration magnifique qu'il me fait, me dit tout le contraire et j'ai envie d'y croire, de croire qu'il veut réellement construire quelque chose de solide avec moi. Et là je réalise, ce n'est pas que je ne lui fait pas confiance non, ce n'est pas ça, c'est plutôt de moi-même que je doute. Je ne me pense pas assez bien pour susciter autre chose que son intérêt physique. Pas assez bien pour qu'il veuille s'engager dans quelque chose de plus durable, de pouvoir le retenir à mes côtés et être autre chose qu'une relation de passage. Je me sens tellement nulle que j'ai peur qu'il trouve rapidement mieux ailleurs et pourtant depuis le lycée, il ne regarde véritablement que moi ? J'ai toujours peur d'être déçu. Je suis emporté dans une tempête d'émotions contradictoires. Je ne sais pas si je peux m'autoriser à essayer, si je suis assez bien pour ça.

"Putain mais pourquoi est ce que j'hésite encore ? "

Je doute encore même après cette déclaration sans détour qu'il vient de me faire et ça m'affole autant que ça me déchire mais voilà que ma jalousie refait surface au pire moment. Alors que j'étais presque prête à tout lâcher et me jeter à l'eau. Ces belles paroles qu'il me dit, je dois savoir, je dois en mesurer toutes leurs forces, il le faut, j'en ai besoin si je veux l'aimer de tout mon coeur sans plus aucun doute et détour.

"C'est stupide mais, dissipe ce dernier doute Eita, j'en ai réellement besoin..."

- Et toutes ces filles qui te tournent autour sans arrêt et à qui tu souris ? Je... je ne suis pas sûre de pouvoir le supporter... comment...arrivé-je péniblement à articuler en me reculant, échappant alors à son étreinte.

- Hey, m'interpelle t'il doucement en venant redresser mon visage face à ses yeux envoûtant de cette douceur qui m'apaisent, comprenant que j'essaie d'écarter mes derniers doutes, de me débarrasser de ce dernier rempart devenu inutile. Est-ce que je t'ai déjà donné une raison de douter de moi ? Me demande t'il, ses pupilles grises m'hypnotisant cette fois de leurs certitudes.

- N...non...pas vraiment mais... avoué-je me prenant en pleine face sa fidélité malgré tout le champ libre qu'il avait.

Plus j'y repense et plus ma bêtise devient grosse, maintenant que je daigne l'écouter, il a raison.

- Ok, alors je te demande maintenant de me croire. Est ce que je t'ai déjà menti ou raconter des aventures qui n'existent que dans ton cerveau plein d'imagination et que je me tue à nier à chaque fois ? Jamais, parce qu'il n'y en a jamais eu. J'ai toujours été sérieux quand il s'agissait de toi et de nous deux. Les histoires, c'est toi seule qui les fait, comme tout à l'heure, et tu n'écoutes jamais mes réponses qui te contredisent à chaque fois. Tu es têtue...

Je dois avouer qu'il me reprend sur ça toutes les fois avec une infinie patience et une constance à toute épreuve. Je l'ai définitivement mal jugé. Je l'ai pensé frivole et couchant à droite à gauche, ne cherchant pas de relation sérieuse. J'ai assumé qu'il était comme ça sans vraiment vouloir voir la vérité en face. Je voulais qu'il soit comme ça pour me cacher encore une fois, me trouver une bonne excuse et refuser de voir qu'il était là à m'attendre, souffrant de me voir rester intentionnellement loin de lui. Ma jalousie insensée et mon manque de confiance en moi m'ont complètement aveuglés. Mon coeur se serre douloureusement de cette stupide méfiance infondée dont j'ai fait preuve. Il me recouvre de son attention depuis toujours.

"Tu es si parfait à mes yeux... Tu vas finir par te lasser..."

- Jamais, pas une seule fois ! Je n'ai jamais été voir ailleurs parce que c'est toi depuis le début, ça a toujours été toi, reprend t'il avec plus de passion, m'extirpant de manière salvatrices de mes pensées destructrices. Tu es la seule qui compte et tu seras à jamais la seule... Je voudrais vraiment qu'on essaye... parce que...

Eita marque une longue pause où ses yeux se mettent soudainement à fuir les miens alors qu'un jolie voile rosé vient finir de colorer ses joues pendant qu'il se pince la lèvre inférieure, anxieux et subitement timide.

- Parce que je t'aime... lâche t'il finalement avant de revenir me dévorer d'un regard débordant d'amour et de détermination une fois que ses trois petits mots si puissants ont passé la barrière de ses lèvres, une expression de soulagement embarrassée mais si sincère se lisant clairement sur son visage.





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