S*x Friends - 2
- Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu... Pourquoi tu ne m'as pas appelé ces derniers temps ? Tu m'ignores ? Reprend Eita de sa voix toujours plus doucereuse, son souffle chaud chatouillant au passage le duvet de ma gorge.
Ma respiration se met en pause, ma raison bascule un peu plus, balançant toujours entre ma résolution obstinée et la tentation d'un plaisir infini.
- Euh...n... non, je ne te t'ignores pas, je suis juste... Et toi ? Répond je maladroitement, peu convaincu de mon propre mensonge.
Je perds le contrôle.
- Avec ton silence soudain, j'ai supposé que tu avais trouvé quelqu'un... dit il la voix hésitante. Ça m'a fait chier d'ailleurs...me lance t'il encore, cette fois un peu plus sèchement.
- Je n'ai personne, rectifie je aussitôt et peut être un peu trop à la hâte, ce qui le fait discrètement sourire, ses yeux se mettant à briller.
De malice ou de soulagement, c'est difficile à dire dans le reflet du miroir mais il ne me quitte plus du regard maintenant. J'essaye de ne pas m'attendrir de ces prunelles si envoûtantes qui me scrutent avec insistance comme s'il cherchait en moi quelque chose d'important, sondant mon visage avec beaucoup trop de sérieux. Je ne saisis pas pleinement la nuance de cette intensité et dans un sursaut d'orgueil, je décide tout de même de soutenir tant bien que mal ce regard qui me perturbe autant qu'il m'attire.
- Tu partais à Kyoto avec ton groupe pendant tes vacances pour faire une tournée dans des petits bars... Je sais ce qu'il s'y passe dans ce genre d'endroit, les salles sont plutôt étroites et... intimes, sifflé je entre mes dents, agacée d'y repenser. Ça ne m'a pas vraiment enchanté non plus mais je ne voulais pas m'incruster ... essayé-je encore de répliquer en essayant de maintenir l'équilibre de cette tension aussi sexuelle que pleine de jalouses reproches dévoilés à demi mots par chacun de nous sans qu'on les assume vraiment.
Un statu quo précaire qui me déstabilise toujours un peu, mais ce soir, j'ai l'impression de marcher sur des oeufs et je ne sais pas pourquoi. Je devrais pourtant être franche avec lui comme je l'ai toujours fait mais je ne sais pas, il y a quelque chose qui trouble nos habitudes. On se parle, on se taquine l'un l'autre, jouant notre jeu comme on sait si bien le faire mais entre les lignes, je sens que se dessine plus précisément quelque chose de plus profond, quelque chose que je redoute un peu. Cette zone grise que l'on connaît et autour de laquelle on vient effleurer les bords depuis le début de notre relation, flirtant dangereusement avec la tentation d'un plus que j'ai formellement interdit, me protégeant d'une déception anticipée, lui interdisant l'accès à plus. Pourtant ce soir, il m'y attire avec une envie exacerbée par je ne sais quoi, se laissant sûrement emporter par cette euphorie de se revoir enfin après des semaines d'éloignement intentionnel de ma part.
- Il ne s'y passe jamais ce que tu veux bien t'imaginer et tu sais que je déteste ça... Les groupies c'est tout ce qui me révulse dans la musique... J'aime jouer avec mon groupe et faire le show c'est tout... corrige t'il aussitôt, me soutirant un ricanement amer.
Il a beau nier, j'ai toujours du mal à le croire. Mais en même temps pourquoi il me mentirait ? Il n'a aucune raison de le faire, on n'est pas ensemble. Je ne sais jamais quoi en conclure mais ça m'agace quand j'y pense.
- Et puis, d'habitude quand tu sais que je vais m'absenter, tu m'appelles et tu viens me voir pour me laisser en souvenir tout un tas de marques sur mon corps. De partout. Tu te lâches et j'en ai alors des biens visibles comme des bien cachés, qu'on ne peut voir que lorsque je suis complètement nu. Les autographes très personnels et très privés de ma fan numéro un, conclue t'il en me lançant un sourire provocateur dans la glace, une lueur mystérieuse brillant dans ses yeux.
Eita rigole mais ce regard qu'il me lance à l'instant, et qui me consume d'envie, ne me dit pas tout et ne révèle rien du fond réel de ses pensées. Je sens qu'il me cache quelque chose. Il sait que je lui laisse toutes ses marques quand il part parce que je n'aime pas le voir s'en aller faire ses concerts et surtout que je ne supporte pas toutes ces groupies qui ne le connaissent pas. Elles ne veulent seulement que son corps sans essayer de le découvrir lui et il vaut bien mieux que ça. Et en même temps, pourquoi il n'en profiterait pas ? Il est jeune et célibataire et pourtant il me soutient, dur comme fer, qu'il ne fait rien. C'est un point que j'ai du mal à croire.
Il me taquine avec ces marques que je lui laisse et en plaisante même mais, au fond, il n'a pas tort, je deviens trop possessive envers lui alors que c'est moi qui lui ai imposé ces règles.
"Je leur ressemble un peu à ces groupie finalement... Non, c'est différent entre nous. Mais à quel point ?"
Ce pressentiment que j'ai, depuis que je suis dans cette salle de bain, se renforce encore une peu plus.
- Tu pouvais m'appeler si tu voulais que je te "marque" pour ton concert. Ça les rends donc folles à ce point ? Repris je avec sarcasme, essayant de garder la face.
- Arrête d'être jalouse... Encore une fois, ce n'est pas pour ça que je veux tes marques... dit il en roulant des yeux exaspéré tout en poussant tendrement ma tête avec la sienne. Sans elles pour me tenir compagnie en ton absence, je me sens nu et seul... Quand je les ai, j'ai l'impression que tu es avec moi, à mes côtés et que j'ai tout ton soutien. Ça me pousse à me donner à fond. J'aime par dessus tout quand tu marques ton territoire sur moi de cette façon, après ces nuits là, je me sens invincible. Épuisé aussi mais prêt à tout.
Eita me scrute toujours du regard sans sourciller. Je le sens essayer de pénétrer mes pensées et essayer de mettre à nu des choses que je veux garder pour moi. Il est bien plus intense que d'habitude. Je ne sais pas si je vais pouvoir lui résister encore longtemps. Je ne suis plus à même de garder tout mon sang froid. Cette tension brûlante qu'il a instauré m'embrase et consume ma raison toute entière. Il le fait avec une telle douceur que je me sens fondre sans que je puisse y faire quoique ce soit et même essayer de tenter de me ressaisir. Il gagne lentement du terrain sur ma fébrile détermination et je n'y peux rien, je lutte à peine maintenant.
- Je te signale que tu m'as laissé en plan toi aussi hein ! Reprends-je aussitôt, ne laissant pas ce regard me déstabiliser plus encore. Tu me connais, quand je m'angoisse pour quelque chose d'important, tu viens me tenir éveillé toute la nuit. Je te dis que je suis stressé pour telle ou telle chose, tu débarques aussitôt et ne me laisse aucune minute de répit. Le lendemain, non seulement mon corps me fait mal, mais surtout, je n'ai pas dormi de la nuit et, grâce à toi, je n'ai plus la force de penser à quoique ce soit donc tout se passe toujours bien... sauf la dernière fois... j'ai tout foiré sans toi, sans ton "aide".
- Pourquoi tu ne me l'as pas dis !? Tu sais que pour toi je suis toujours prêt à tout laisser tomber et voler à ton secours sans même me poser de question.
"Ben tiens ! Une invitation pareille, ça ne se refuse pas !"
- Je l'ai vaguement fais... je pensais que tu allais venir et comme tu ne l'a pas fait... j'ai cru que tu avais aussi trouvé quelqu'un... c'est pour ça que j'ai paniqué... j'ai complètement loupé un rendez-vous important, laissé-je alors échapper. En soi, ce n'est pas du tout ta faute, ne t'en veux surtout pas, mais tu aurais quand même pu venir avant de partir, ou au moins m'appeler... dis-je aussitôt, essayant de me raccrocher aux branches.
- Je n'ai pas voulu te déranger pour venir réclamer la touche finale de mon costume de scène. Ça aurait été gênant si tu avais été accompagnée non ?
Je discerne, chez lui aussi, une pointe de jalousie, mais je ne sais pas comment l'interpréter. Tout est confus. Les règles de notre jeu s'épaississent dans des subtilités qui commencent à me dépasser.
- Je te l'aurais dit si j'avais rencontré quelqu'un Eita... Tu penses vraiment que je te respecte aussi peu que ça ? Tu me vexes là.
- Non mais... tu sais... marmonne t'il soudainement honteux de sa remarque.
- Eita, je ne suis pas ingrate ou honteuse de ce qu'on fait ou même quoique ce soit d'autre que je partage avec toi... et surtout tu restes mon ami avant tout.
- Ouais ton ami... lâche t'il alors d'un ton agacé en soupirant sèchement. Ça fait deux fois que tu le dis...grommelle t'il évasif comme si ce qui nous définissait lui faisait mal et l'exaspérait sérieusement.
Eita resserre alors ses bras autour de ma taille et enfouit son nez dans le creux de mon cou. Je le sens soupirer lourdement sur ma peau et une boule douloureuse fait son apparition dans le creux de mon ventre, s'étendant rapidement, grossissant bien trop vite au point de me tordre péniblement les entrailles. J'ai la gorge qui se serre et s'assèche. Je pose alors mes mains sur celles d'Eita et mes doigts s'entrelacent aux siens pendant que ma tête bascule en arrière sur son épaule. Je laisse aussi échapper un soupir pesant. J'admet sans détour que lorsqu'il me prends comme ça dans ses bras je me sens si bien et, en temps normal, mes doutes et mes angoisses ont tendance à s'évaporer à son contact. Mais ce soir, on n'est pas vraiment comme à l'accoutumé et je ne réponds surtout pas à sa remarque. Elle me touche aussi et bien plus que je ne veux l'admettre. Je me cache encore derrière cette pseudo résistance mais il faudrait peut être que je regarde la vérité en face.
"Non, pas tout de suite, pas maintenant. Je n'en ai pas la force."
- Je n'ai personne non plus... toi aussi, tu serais la première au courant si c'était le cas, reprends t'il, murmurant sa réponse sur ma nuque, son souffle chaud s'évertuant à faire réagir toujours plus mon corps qui frémit encore d'anticipation d'un baiser maintenant tant désiré.
Ses mains continuent de caresser mon ventre, déployant ses doigts en éventail pour couvrir une plus grande surface sur ma peau et je penche alors un peu plus ma tête contre lui inclinant mon visage vers lui. Je cède, il a gagné. J'ai envie de sa chaleur finalement.
- Tu m'as manqué... me chuchote t'il alors soudainement en redressant son visage vers moi, presque honteux, alors que le velours de nos lèvres s'effleurent enfin doucement, encore retenue par une certaine pudeur inédite.
On est retenu par des fils invisibles. Quelque chose va se passer, je le sens mais je suis incapble de savoir quoi et si je ne vais pas en ressortir blesser.
- Ta voix m'a manqué, ton corps m'a manqué, ta présence m'a manqué, tout m'a manqué... rajoute t'il alors dans un souffle entre deux lourdes respirations qui glissent avec délice sur mes lèvres.
"Évidemment que je lui ai manqué. Je suis là pour combler ses pulsions et les miennes quand on en a envie... c'est juste un besoin physique qu'on assouvit mais pourtant...lui aussi... Putain, j'ai essayé... J'ai vraiment essayé de résister... de lui résister."
- Moi aussi... lui réponds-je alors timidement, détournant aussitôt la tête subitement gênée de perdre toute cette conviction que je m'étais imposée avant qu'il n'arrive, lui refusant alors ce baiser qu'il me quémande pourtant avec douceur.
Comme si on venait de se dire des choses interdites, je fixe mon regard au plafond. Un silence pesant s'installe alors dans la salle de bain, tous les deux certainement honteux de vouloir montrer plus de sentiments que les limites que j'avais fixés.
- Tu crois qu'on pourrait arrêter cette situation entre nous ? Lance alors soudainement Eita peu sûr de lui.
Ma tête toujours posée sur son épaule, je sens maintenant ses lèvres venir se poser plus avidement sur mon cou alors que je serre la mâchoire à la demande tant crainte qu'il vient de me faire. Ça y est, on en est là. En même temps ça devait arriver. C'était le but. Se réconforter l'un l'autre en attendant de trouver la bonne personne. Être amis tout en partageant nos nuits pour éviter la solitude. Sans s'attacher, sans rien espérer. Et pourtant cette boule qui continue de grossir dans mon estomac est en train de me dire pitoyablement le contraire. Elle me comprime douloureusement le ventre de contrariété et de déception, bouleversant cet équilibre que je pensais avoir trouvé. C'est moi qui ai créé cette situation parce que j'avais la trouille et, maintenant, j'ai à nouveau peur mais pour une chose tout à fait différente. J'ai peur de perdre notre routine, de perdre son attention, de le perdre, lui.
"Reste calme ma grande, ce n'est que Eita... Que Eita... mouais pff... c'est bien là qu'est le problème, ce n'est plus juste "que" lui... il est devenu...plus...pff...Je ne sais vraiment pas ce que je veux.."
En cet instant précis, je voudrais juste mettre en sourdine mon esprit et mes sentiments, tout mettre en off et oublier cette bataille qui fait rage en moi.
- Ah... tu as trouvé quelqu'un finalement ? M'enquis-je quand même, jalousement curieuse.
"Sans attache hein ?..."
- En quelque sorte...
Sa bouche rebondit maintenant lentement sur ma peau et sa langue roule délicatement sur les lignes tendues de ma gorge. Mon corps frémit et un frisson beaucoup plus marqué vient finir sa course dans le bas de mon ventre en libérant un millier de petits papillons qui me ravissent les sens. Nos corps sont entrain d'avoir leur propre conversation des plus passionné pendant que mon coeur, lui, se déchire au même instant.
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