S*x Friends - 1
- Merde... merde, merde !
Je me prends le visage entre les mains et fait glisser mes doigts le long de ma face déconfite et profondément contrarié, en prenant bien soin d'appuyer sur ma peau avec ceux ci. Je presse bien fort comme pour être sûr que tout ça est bien réel et, de dépit, me déforme les yeux en tirant sur mes joues afin de venir imiter le tableau du cri de Munch. Je suis à deux doigts de geindre ou de grogner pour en rajouter et rendre ce tableau vivant, mais surtout n'importe quoi qui ferait retentir l'état de mes pensées en cet instant très précis et permettrait d'extérioriser mon exaspération devant ma malchance constante.
- Qu'est ce qu'il fait là ? Finis-je par soupirer avant de laisser échapper ma stupide question dans un râle las.
Je n'en reviens pas de ce hasard. De toutes les soirées qu'il y a, à Tokyo un samedi soir, il a fallu qu'on me traîne dans la même que lui. Ça aurait presque pu être agréable de le voir, comme il y a quelques mois, mais, actuellement, dans l'état d'esprit dans lequel je suis, cette coïncidence est plutôt mal venue. Ce que je voulais éviter, arrive.
"Forcément que ça m'arrive... J'ai jamais eu de chance..."
- Mais sortez moi de ce cauchemar ! Et regarde ta tronche en plus de ça ! Ma pauvre, y a rien qui va ce soir... Dis je complètement blasée en m'adressant au reflet dans le miroir censé être moi mais que j'identifie à peine.
Cette personne que j'ai un mal fou à reconnaître en ce moment, je ne la retrouve plus. Moi qui avais pris l'habitude de vivre ma vie en solo, depuis peu, j'ai l'impression de m'être égarée, depuis que j'ai pris conscience que je retombais dans certaines habitudes que je m'étais pourtant promise d'arrêter car je sais que ça ne m'apporte jamais rien de bien, au contraire. Tout ça, à cause de lui. Il a réussi à insinuer une autre mélodie entêtante dans mon coeur, assourdissant la mienne en me faisant perdre mon rythme routinier.
"Fais chier, je ne reconnais que trop bien ce sentiment... Il n'y a aucun doute... Pourtant tout allait bien ! Alors pourquoi mon cœur décide de s'en mêler ? Pourquoi ? Non, je ne veux pas... pas encore... cette fois, je ne plierais pas, je garderais le contrôle !"
Devant la glace de la salle de bain où je me suis réfugiée presque en panique en l'apercevant, j'ai du mal à me regarder en face. Même soutenir mon reflet est insupportable et me gonfle aussitôt. Mon attitude est lamentable et je m'agace toute seule.
- J'aurais quand même peut être dû aller le voir... murmuré-je essayant de me comprendre moi-même. Tss... A quoi bon...
Perdue dans mes pensées, je me lave les mains comme une forcenée depuis déjà trop longtemps. J'essaye de trouver le bon équilibre entre l'obstination que je veux imposer à ma raison et les conneries molles et mielleuses que me scandent mon coeur. Cette soirée commence vraiment très mal. Je n'avais déjà pas envie de venir faire la fête mais là, maintenant que je sais qu'il est ici, j'ai un drôle de pressentiment qui vient de se mêler à toutes mes pensées déjà beaucoup trop lourdes.
"Il faut qu'on reste comme ça, ce n'était pas le plan, je ne devais pas... je ne voulais pas et je devrais y mettre fin dès maintenant, mais..."
- Rhhaaaa ! Qu'est ce que tu m'as fait ? Je savais que ce n'était pas une bonne idée de venir ! J'espère juste qu'il ne m'a pas remarqué et qu'avec un peu de chance, je vais pouvoir m'éclipser discrètement.
Je soupire lourdement et m'accoude au lavabo encore quelques secondes, mon visage enfoui dans mes mains. J'essaye de reprendre mon sang froid. Je souffle un grand coup et finalement je me redresse, fin prête à éprouver mes aptitudes de ninja.
- Ah ! C'est donc là que tu te cachais ? Je savais bien que je t'avais aperçu, entend-je soudainement derrière moi.
Je sursaute aussitôt au son de cette voix à la fois grave mais si douce, que je ne connais que trop bien.
"Et merde, il m'a vu... ma mission furtive tombe à l'eau..."
Cette voix qui précède et m'annonce l'arrivée de cet homme qui m'a accompagné et réchauffé de nombreuses fois, durant d'incalculables nuits, comblant temporairement sa solitude et la mienne le temps de quelques caresses, le temps de répondre à l'appel de nos corps avant de reprendre le cours de nos vies respectives.
Un petit clic retentit lorsqu'il referme la porte mais je n'y prête pas vraiment attention. Toute ma concentration est automatiquement dirigé sur lui, sur son corps, sur son visage, sur tout son être. Semi Eita. Il vient si aisément remplir la pièce de son aura si captivante que ma pauvre personne est tout de suite aimantée par sa simple présence. Je relève les yeux dans la glace et croise aussitôt son regard. Il s'avance vers moi d'un pas résolu avant de s'arrêter à quelques centimètre de moi. Un frisson parcourt mon dos, j'attends son toucher qui ne vient pas et ma conscience se bat alors tout de suite avec cette envie irrésistible de le vouloir contre moi. C'est plus fort que moi, je suis immédiatement envoûtée par le subtil parfum de son odeur si agréablement entêtante qui vient discrètement envahir tout mon être, chatouillant mon nez et affolant tout de suite mes sens, ravivant immédiatement le feu de ma mémoire. Tout en moi le réclame soudainement avec une envie suffocante alors que juste avant j'avais décidé de le fuir. Je résiste tant bien que mal et je prends fermement appuie des deux mains sur le rebord du lavabo.
"Je ne me retournerais pas vers lui. Hors de question !"
Je m'accroche alors désespérément, avec toutes les forces qu'il me reste, au fil ridiculement fin de ma lucidité, ma détermination prête à céder à tout moment.
- Hey Eita, tu me cherchais ? Lui dis je distraitement en bravant gauchement son regard à travers le miroir, essayant de faire comme si de rien n'était.
- Bien sûr ! Fais pas comme si tu ne m'avais pas vu, me répond t'il en me lançant cette pique bien placée, remarquant tout de suite parfaitement mon air faussement surpris.
Sans plus attendre, Eita vient alors glisser doucement ses bras autour de ma taille et enfouir son visage dans mon cou en soupirant. Son torse vient tout de suite épouser naturellement la forme de mon dos et je me sens déjà céder. Nos corps n'oublient décidément pas cette tendre habitude qu'est la nôtre. Sa prise sur moi est délicatement résolue, il attaque déjà. Il a beau y aller en douceur, je ne suis pas vraiment d'humeur et, pourtant, je le laisse faire. Il a ce pouvoir sur moi et je suis déjà en pleine contradiction.
- C'est dur de te louper, dis je, un brin sarcastique, en soufflant du nez. Je te laissais socialiser en paix, réponds-je ensuite hypocritement, essayant d'adopter malgré tout un ton le plus neutre possible.
Je ne veux surtout pas qu'il voit mon trouble.
"Et puis quoi encore ?"
- C'est rare qu'on soit dans la même soirée. Tu aurais pu me le dire, je serais venu te chercher, me reproche t'il doucement en redressant son visage, posant son menton sur mon épaule.
- J'ai été traîné de force par mes amies au dernier moment... Mais hey ! Depuis quand, est ce que je dois te dire ce que je fais ? Toi aussi tu ne m'as rien dit je te signale.
- C'est vrai, tu marques un point... dit il avec une moue boudeuse parfaitement craquante. Moi aussi, on m'a obligé à venir ce soir... mais maintenant qu'on est là, tout les deux, je ne regrette pas, continue t'il, son adorable grimace se muant aussitôt en ce sourire magnifique qui me me fait me sentir si bien et m'arrache à chaque fois un sourire bête quand je le vois.
Eita fait une pause un instant avant de reprendre.
- Pourquoi tu n'es pas venu me saluer ? Tu m'évites ? Me dit il alors d'un ton un peu plus revêche.
C'est vrai je l'évite, et je sais pourquoi, j'ai mes raisons. Raisons puérils mais qui me permettent néanmoins de rester saine d'esprit. Du moins c'était le cas jusqu'à maintenant. Eita, ton souffle dans mon cou me fait déjà frissonner, tes bras autour de moi réveille mon corps. Tu t'amuses, sans le savoir, et avec une facilité déconcertante, à fissurer la résolution que je me suis difficilement fixée. Laisse moi contrôler cette partie de moi, même si je le reconnais, je le fais avec une maladresse si égoïste. Tu as pourtant réussi à voler cette partie importante que je m'étais jurée de protéger, pensant l'avoir rendu inatteignable.
"Je dois me protéger de toi... de nous... Je te laisse mon corps, prends le, mais laisse mon coeur tranquille, je t'en supplie, laisse moi le garder loin de la souffrance... "
- Désolé je voulais être tranquille, lâché-je dans un murmure.
- Et tu viens te planquer dans la salle de bain ? Dit il en souriant contre ma peau, ses lèvres effleurant une nouvelle fois mon cou.
- Marre toi... Je... Peu importe... Réponds-je vaguement, ne voulant pas regarder tout de suite la vérité en face. Personne en vue ce soir ? Tu avais l'air encore bien entouré, essayé-je gauchement de détourner la conversation avec une question que je redoute et qui pourrait pourtant me blesser.
- Non, toujours les mêmes groupies énervées ou bien des écervelées... Et toi ?
Sa réponse me tranquillise mais temporairement. Dès que mes mots ont franchi la barrière de ma bouche, mon souffle aussitôt s'est coupé et j'étais désespérément pendu à ses lèvres, anxieusement impatiente de sa réponse.
"Jusqu'à ce que ça arrive vraiment... Pourquoi est ce que je m'inflige ça ? Pourquoi vouloir savoir alors que je doute déjà bien assez ? Stupide...ridicule... Ça doit cesser et qu'on arrête ces bêtises..."
- Pas vraiment, réponds-je finalement, en soupirant discrètement de soulagement. Mais je n'intéresse pas grand monde.
- Je pense que tu as besoin d'une bonne paire de lunettes.
- Dis pas n'importe quoi Eita...
- Moi je te vois, andouille.
"Pourquoi ? Pourquoi tu reviens vers moi alors que j'essaye de m'éloigner ? Rends moi les choses plus facile et... part...ou devient subitement une vraie enflure... mais donne moi une bonne raison de ne pas ressentir ce que j'éprouve maintenant pour toi..."
- Ben en même temps on est amis donc bon, c'est pas vraiment du jeu, répliqué-je taquine.
- Un peu plus qu'amis si je me souviens bien non ? Répond t'il aussitôt avec malice.
Ses mains se faufilent alors lentement sous mon pull et ses long doigts fins commencent à esquisser de délicieux cercles sur ma peau, venant exciter subtilement mon épiderme sous le duvet frissonnant de mon ventre. Je frémis et mon souffle s'alourdit légèrement. Il est toujours aussi doux. Il m'appelle tendrement de ses bras et tout mon corps se réveille et lui répond en le réclamant, lui aussi, irrésistiblement. Je fonds quasiment aussitôt à son contact. Je ne résiste jamais et pourquoi résister alors que nous ne sommes que de simples amis. Des amis avec avantage charnel à la clef qui ne cherchent pas à s'engager. On n'a pas besoin de réfléchir, on se laisse tenter par l'autre et on ne s'attache pas. Ça, c'est la théorie. C'est ce que j'ai voulue. Et pourtant, tout commence à se compliquer. Quand des sentiments réfrénés rentrent inopinément en jeu, tout se complique toujours. J'aurais dû le voir venir.
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