VII.
N.B. : Déjà, bonne année pour ceux qui lisent exclusivement cette fiction et ce chapitre est en deux parties en plus d'être long (près de 4000 mots). Vous avez le chapitre et une ouverture/épilogue, appelez ça comme vous voulez. Pour ceux qui ne veulent pas l'ouverture, j'ai mis un espace pour les séparer donc sautez le reste pour me retrouver à la fin de cette partie.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.
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Les informations étaient tombées et le déconfinement était là.
C'était ce qu'Ace avait pu constater à la télévision ce soir-là.
Ce n'était pas un déconfinement total, le gouvernement ayant instauré encore des mesures de sureté mais c'était un déconfinement quand même. Le mot était là, blanc, en lettres capitales sur la bande bleue sous le présentateur. Tout n'allait pas redevenir comme avant, c'était clair, et ils n'étaient pas à l'abri d'un troisième reconfinement. Toujours était-il, que désormais, ils avaient regagné un peu de liberté.
Et Ace ne sembla pas être le seul à avoir pu assister au discours du président assisté de son ministre annonçant cette libération. En effet, quelques minutes après la fin des explications gouvernementales, son portable se mit à vibrer à ses côtés, assailli de messages plus ou moins importants et de notifications inutiles. Il daigna malgré tout y jeter un coup d'œil alors qu'il baissa le son de la télévision et outre les messages d'Iska qui le questionnait sur l'organisation future de la faculté, quelques uns, venant de sa famille, retinrent son attention.
Première règle : Pas d'appels et messages autre que pour du sexe.
De Vieux Shnock – 18:32.
Ta punition est levée. Rentres à la maison, tes frères t'attendent.
De Crybaby – 18:32.
AAAAAACCCCEEEEEEE !
On est déconfinééééééééés !
Tu vas rentrer, hein ?!
Papy a dit oui !
J'veux trop qu'on fasse une soirée avec Sabo !
Aller ! Rentre vite !
L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres à la lecture des texto de son cadet à travers lesquels il sentait son impatience. Lui aussi avait hâte de les retrouver. Il leur avait tellement manqué.
De Futur Avocat En Herbe – 18:33.
Papy veut bien que tu rentres et Luffy est impatient de te revoir. J'espère que tu es prêt à faire face à cette boule d'énergie.
A moins que tu ne veuilles rester chez ton copain ?
Prends soin de toi. Je t'aime frangin.
Ses mains se crispèrent sur son téléphone qui trembla pour lui signaler l'arrivé d'un nouvel SMS.
De Crybaby – 18:36.
ACEEEEEEE ? Tu vas rentrer tu penses ? Ou tu vas rester chez l'ananas ?
Le brun sentait l'inquiétude de sa fratrie dans leur dernier message et un discret soupir lui échappa, lui attirant une œillade curieuse du chat qui s'était assoupi à ses côtés. Il savait qu'ils s'inquiétaient pour lui depuis cet incident et son rapprochement avec Marco avait de quoi mais il ne comptait pas refaire les mêmes erreurs. S'il n'y avait pas eu cette discussion l'autre jour avec ses frères où il avait décidé de prendre conscience de ses sentiments pour un certain chirurgien, peut-être aurait-il réfléchi un peu plus avant de taper une réponse en vitesse à sa famille. Oui, peut-être aurait-il tergiversé entre revoir les siens ou passer des nuits de folie avec un excellent sex friend, mais non. Sa décision était prise. Sa décision était prise et il l'assumerait jusqu'au bout.
Pour preuve, son regard résolu coula vers son sac de cours à ses pieds qui était fermé, contenant toutes ses affaires qu'il avait soigneusement rangées, et son manteau posé sur l'accoudoir.
Le bruit caractéristique de la porte que l'on déverrouille retentit alors dans l'appartement et le brun se redressa. Il avait fui Marco pendant plusieurs jours comme un enfant et aujourd'hui, il était prêt à lui faire face. Il était prêt à assumer ses sentiments et ses actes. Il était prêt et il allait se jeter à l'eau. Il était hors-de-question qu'il ait des regrets.
Deuxième règle : Toutes pratiques permises.
La porte du logement s'ouvrit enfin sur Marco qui revenait d'une bonne journée de travail à l'hôpital où les bienfaits du confinement se faisaient sentir enfin. Il ne restait maintenant plus qu'à espérer qu'avec les fêtes en approche les gens sachent se tenir. Comme on disait, l'espoir fait vivre. Et l'espoir il le cherchait également ici, prêt à affronter un étudiant qui n'avait daigné lui adresser un regard ou une parole depuis plus d'une semaine. Il voulait bien être poli et courtois, l'accueillir chez lui sans demander de loyer ou autre, mais il y avait quelques règles de savoir-vivre à respecter. D'ailleurs, il comptait bien lui parler ce soir, qu'il le veuille ou non.
Il se déchaussa, abandonna son blouson et son écharpe au porte-manteau et traversa la cuisine. Il savait pertinemment où il allait trouver l'étudiant et son chat et cela ne manqua pas lorsqu'il arriva dans le salon dont les lumières étaient allumées et où la télévision bourdonnait la météo à un volume ténu. Sa fidèle Lixy quitta aussitôt le canapé dans un petit miaulement pour venir le saluer tandis qu'Ace, assis, rangea son téléphone et leurs regards s'accrochèrent.
- Bonsoir, fit Marco au brun qui lui adressa un signe de tête poli en réponse.
Signe qui désarçonna quelque peu le blond sur le moment, ne s'attendant ni à recevoir une réponse ni même à croiser les yeux gris du plus jeune sans qu'il ne détourne aussitôt la tête en rougissant comme une pucelle. Alors, ça y est. Le moment était venu. Ils avaient tous deux décidé d'assumer leurs actes et sentiments.
Troisième règle : Droit de dire "non".
- Je suppose que tu as vu les informations ? fit-il – les ayant pour sa part écouter à la radio en rentrer – en coulant un discret regard au sac vers le canapé.
- Oui.
- Donc il serait peut-être temps que l'on discute en tant qu'adultes responsables, non ? Ça ne peut plus durer.
- Oui, tu as raison.
Il n'y avait ni la moindre once de reproche dans le ton du chirurgien ni de désinvolture dans celui d'Ace. Ils s'étaient exprimés calmement et ce calme n'était que le calme avant la tempête. La situation ne pouvait plus durer et ils avaient décidé de regarder les choses en face.
L'un se tira une chaise à la table du salon et l'autre quitta le confort du sofa au profit d'une assise en paille. L'un croisa ses jambes avant de poser ses coudes sur la table, entrelaçant ses doigts puis appuyant son menton dessus, tandis que l'autre se contenta d'adopter un air sérieux, les mains dans les poches. Et un détail attira l'attention du blond, autre que le sérieux qui brillait dans les prunelles grises. Un détail qui en disait long sur le sujet de la discussion qu'ils allaient avoir.
Le brun venait d'un mouvement leste de la jambe de repousser Lixy qui avait tenté de monter sur ses genoux, chose qu'il n'aurait pas faite en temps normal.
- La situation ne peut plus durer, commença Ace avec un petit soupir et une franchise surprenante.
- Et donc, que proposes-tu ? demanda le blond qui ne s'attendait à ce que ce soit lui qui lance la discussion.
D'ailleurs, puisse-t-il remarquer que l'étudiant ne rougissait plus alors qu'ils se toisaient avec une certaine froideur.
Quatrième règle : Pas plus de 90 minutes.
- Je t'aime, déclara alors le brun de but en blanc.
La surprise. Voilà qu'elle fut l'émotion première qui passa dans les yeux bleus du chirurgien qui ne s'attendait pas à une telle annonce de la part du plus jeune. Il avait décidé de lui faire part de ses sentiments aujourd'hui mais il ne s'attentait pas à ce que ce soit lui qui lui fasse part des siens. Et encore moins ainsi.
L'atmosphère entre eux n'était guère propice à ce genre de déclaration, le désir et la pointe de romantisme qu'il y avait entre eux ayant pris la poudre d'escampette depuis plus d'une semaine.
- Or, tu sais tout aussi bien que moi que les sentiments n'ont pas leur place dans la relation que nous sommes censés entretenir, continua calmement Ace. Notre relation est vouée à l'échec dès l'instant où j'ai commencé à éprouver ce genre de sentiments à ton égard. Je te remercie naturellement de m'avoir accueilli tout ce temps mais tu aurais mieux fait de me laisser dehors ce soir-là. Désormais, nous ne pouvons faire marche-arrière. Je ne vais pas nier ce que je ressens et je demande à ce que l'on arrête de se voir. Nous ne pouvons plus être des-
- Et si les deux ressentent les mêmes sentiments ? le coupa le blond. Rien ne les empêche de passer de sex friends à amants.
Le brun n'était pas aussi dupe qu'il en avait probablement l'air et avait très bien compris le sous-entendu fait dans cette phrase. C'était un sous-entendu qui lui réchauffait le cœur dans un sens mais c'était trop tard, il devait refouler ces sentiments amoureux qui n'avaient lieu d'être. Il devait les refouler, sa décision était prise.
Il faisait part de ses sentiments, les assumer, puis ferait ce qu'il y avait à faire.
Ils étaient sex friends après tout. Ni plus. Ni moins.
- Marco, soupira-t-il. Même si mes sentiments s'avèrent réciproques, je ne peux accepter les tiens, souffla difficilement le brun sans fléchir.
- C'est à cause de ce Mihal ?
L'interrogation qui n'était nullement empreinte de jalousie surpris sur le coup le plus jeune qui manqua de défaillir mais se contenta d'un simple soupir. Ce n'était pas surprenant que le chirurgien soit au courant de son existence. Il avait vécu ici pendant près d'un mois après tout. Il avait la fâcheuse habitude de parler dans son sommeil et il ne serait surpris qu'il ait cauchemardé certaines nuits et que Marco soit venu à son chevet, instinct de docteur oblige.
D'ailleurs, ce défaut lui avait coûté cher auprès de ses frères ou en classe quand inconsciemment il lui arrivait de dire certaines choses qui n'avaient lieu d'être dites.
- Oui, confirma-t-il simplement après quelques secondes de silence.
- C'est ton petit-ami ? demanda alors en réponse le blond calmement.
Cela ne le surprendrait pas. Ils étaient sex friends après tout. Ils avaient très bien le droit d'entretenir une autre relation avec un ou une autre à côté de celle-ci. Lui était bien fiancé lorsqu'il avait commencé à fricoter avec Ace donc il n'y avait aucun mal à ce que celui-ci ait également un compagnon.
- « C'était », le corrigea cependant l'étudiant, son regard s'assombrissant. Il est mort.
Les yeux bleus du médecin s'écarquillèrent quelque peu tandis que le brun reprit :
- Je l'ai tué. C'était un accident mais il est mort de ma main. J'ai son sang sur mes mains.
Il se rappelait ô que trop bien de ce soir-là. Ce soir où sa lâcheté avait coûté la vie de celui qu'il aimait.
Cinquième règle : Ne pas manquer de savoir-vivre ou de considération envers son partenaire.
- Je l'aimais mais je l'ai tué.
Les siens eurent beau essayer de le réconforter, de l'empêcher de culpabiliser mais ce fut plus fort que lui. Il s'en voulait. Il s'en voulait à mort. Et si seulement il n'avait pas fui ? Peut-être n'aurait-il pas eu lui aussi la chance de survivre mais au moins... ils seraient morts ensemble, non ?
- Je l'ai abandonné. Je l'ai tué. J'ai fui. J'ai laissé les flammes le consumer.
Marco n'essaya de l'interrompre, se contentant de l'écouter sagement. Au fur et à mesure des explications, certes décousues, d'Ace, il comprenait mieux. Il comprenait mieux pourquoi il avait agi ainsi lorsqu'ils avaient fait connaissance. Il comprenait mieux l'établissement de toutes ses règles. Il comprenait mieux la raison de cette peur qui suintait dans chacun de ses gestes, dans chaque parole. Il comprenait mieux. A vrai dire, il comprenait tout maintenant et la réaction du brun était en soi légitime.
- ... Je suis un meurtrier, Marco. J'ai tout fait pour fuir l'amour depuis cet incident et j'ai vu une échappatoire dans les relations sans lendemain. C'est pour cela que dès le départ j'ai demandé à ce que l'on fixe d'un accord commun un certain nombre de règles. C'était histoire d'éviter le moindre dérapage. C'était histoire d'éviter les sentiments. Je ne voulais pas retomber amoureux.
- Et que comptes-tu faire maintenant ? lui demanda avec prudence le blond, redressant son menton de ses mains.
- C'est simple pourtant. Je te l'ai dit. On arrête tout.
Un lourd silence s'abattit comme une chape de plomb sur les deux hommes qui se toisaient à ses mots. Un silence qui en disait long sur les raisons de l'arrêt de cette relation qui n'était que purement sexuelle.
Sixième règle : Pas de confidences.
Ace n'était pas prêt. Il n'était pas prêt à recevoir l'amour d'un autre. Il n'était pas prêt à offrir de l'amour à quelqu'un. Ces tragiques évènements avaient beau commencé à dater, il n'était toujours pas prêt. Cette plaie béante était là, marquant profondément son cœur. Il lui était aisé de revoir les flammes danser devant lui lorsqu'il fermait les yeux chaque nuit. Il ne pouvait tout simplement pas. Il ne pouvait pas l'oublier. Il ne pouvait pas mettre une croix sur cet amour adolescent. Il ne pouvait pas tourner la page. Pas encore. Il avait encore et toujours besoin de temps. Il avait besoin de temps pour guérir. Il avait besoin de temps pour panser ses blessures. Et être auprès de Marco ne l'aiderait en rien.
Telle était la raison de son refus.
Septième règle : Pas de gestes affectueux.
- Oh fait, j'ai reçu un message de mon grand-père, fit l'étudiant calmement, brisant le silence qui avait commencé à s'éterniser.
- Alors ? demanda le blond tout aussi impassible bien qu'étrangement il lui semblait connaitre la réponse à sa question.
- Je rentre ce soir.
La déclaration tomba nette. Le ton sur lequel elle fut dite donna l'impression aux mots de résonner dans le petit salon et Marco ferma les yeux. A vrai dire, il le savait, il le savait et il s'y attendait. Il savait pertinemment que le brun allait rentrer chez lui et la conversation qu'ils venaient d'avoir n'avait pu que le conforter dans cette idée. Il le savait mais étrangement, il ne s'attendait pas à ce que ces quelques mots lui fassent aussi mal. Ce n'était pas un mal physique mais plutôt moral, il avait l'impression de sentir son cœur se serrer et c'était un bien étrange sentiment qu'il ressentait. C'était vraiment un bien étrange sentiment qu'il n'avait eu le loisir de ressentir depuis des années, depuis son précédent compagnon.
Ce fut le frottement désagréable des pieds d'une chaise sur son parquet qui le tira de ses pensées et il rouvrit les yeux pour voir l'étudiant se lever. Celui-ci avait le visage fermé mais ses pupilles grises le transperçaient et il sentait une certaine douleur dans celles-ci. Si Ace prenait ce choix, ce n'était pas parce qu'il ne l'aimait pas – au contraire, il lui avait même avoué plus tôt –, c'était plutôt un moyen pour lui de se protéger. C'était un moyen pour lui de faire comprendre au chirurgien qu'il n'était guère prêt à se lancer dans une relation amoureuse.
Les plaies passées n'avaient toujours pas cicatrisé.
Huitième règle : Pas de surnoms.
- Veux-tu que je t'accompagne à la gare ? proposa Marco en se levant à son tour.
Le brun ne répondit tout de suite, prenant le temps d'aller vers le canapé pour enfiler son manteau et de se saisir de son sac de cours qu'il mit sur une épaule. Il n'avait rien laissé et il n'avait rien pris. Il n'avait plus aucune attache envers ce lieu où il avait pourtant passé de très bons moments et le simple fait qu'il ne prit la peine de donner une caresse au chat qui ne cessait de se frotter à ses jambes en était la preuve.
Il n'avait aucun regret.
Il avait avoué ses sentiments et partirait d'ici en les abandonnant, refermant une fois encore son cœur.
- Non merci, lâcha-t-il en refaisant face au blond. Je connais le chemin.
Si la situation n'avait pas des allures de rupture et d'au revoir, il aurait probablement rajouté un petit « ne t'en fais pas » comme à son habitude.
Neuvième règle : Pas de jalousie.
Plus vite il partirait et mieux ce sera. Il ne connaissait pas la ville, c'était vrai, mais le chemin le séparant de la gare à l'immeuble de Marco, il le connaissait comme sa poche. Il l'avait certes emprunté que rarement, mais leur première nuit l'avait tellement marqué que son esprit avait marqué, semblerait-il, au fer rouge ce trajet. Il se rappelait encore du sourire béat qu'il avait gardé sur son visage sur le retour dans le train pendant plusieurs tant il avait apprécié cet instant qui certes n'avait duré d'une simple heure et demie. Et à ce moment, que s'était-il dit ?
Ce mec est tout bonnement génial !
Grossière erreur. Première erreur.
Rien qu'en pensant à cela un discret soupir lui échappa, soupir qui n'échappa malheureusement pas aux oreilles du chirurgien. Celui-ci n'avait pas protesté face au ton sec et sans appel du plus jeune. Il n'allait pas insister non plus. Ils étaient adultes. Ace était un adulte et qui était-il pour aller contre ses choix ? Il n'était pas un parent ou un proche. Il était quoi ? Il était son sex friend. Il avait été son sex friend. Ni plus. Ni moins.
Et puis, quand on aime quelqu'un, il faut des fois savoir le laisser partir.
Ce fut ce qu'il se répéta une fois de plus, alors qu'il suivit sans un mot le brun jusqu'à l'entrée de son appartement. Ce fut ce qu'il se répéta une fois de plus, alors que l'étudiant ouvrit la porte pour en franchir le seuil, marquant la fin de leur relation, avant de lui faire face une dernière fois. Le regard gris rencontra pour la dernière le regard bleu et le regard bleu s'accrocha une dernière fois au regard gris.
- Merci pour tout Marco. Au revoir.
Quand on aime quelqu'un, il faut des fois savoir le laisser partir, non ?
Ils se firent face, les yeux dans les yeux, et alors que Marco aurait dû lui aussi lui faire ses adieux, son corps se mut presqu'inconsciemment. Il tendit une main rendue habile par son travail vers le visage du brun et lui saisit délicatement le menton entre son pouce et son index. Les yeux argent s'écarquillèrent alors que pour la toute première fois leurs lèvres se rencontrèrent. Pour la toute première fois ils s'embrassèrent. Pour la toute première fois ils s'embrassèrent, ils s'embrassèrent, échangeant un baiser qui malheureusement ne dura qu'un instant, l'instant de faire passer à l'autre par ce simple effleurement tous leurs sentiments.
Dixième règle : Pas de baiser.
C'était un baiser chaste.
C'était un baiser doux.
C'était un baiser pudique.
C'était un baiser au goût d'adieu.
- Au revoir, Ace.
Et la porte se referma, elle se referma lentement, comme pour faire durer l'instant, non pas pour permettre à deux amants de se retrouver mais de se séparer. Ces deux amants avaient joué, ils s'étaient amusés en profitant des avantages qu'offrir cette relation particulière de sex friends. Ils avaient malheureusement trop joué et n'avaient su s'arrêter à temps.
Onzième et dernière règle : Pas de sentiments.
Qu'ils avaient été bêtes.
Et ce fut à ce moment qu'Ace se remémora une définition qu'il avait lu sur un site en traînant sur son ordinateur cet après-midi-là avant qu'il ne songe à se lancer dans ce genre de relation. Une très belle définition d'une chroniqueuse française : Marie Minelli.
« Le sexe sans amour, donc le sexe déshabillé de ses sentiments, de ses enjeux, de ses craintes, de sa pudeur, de ses minauderies, de son hypocrisies, avec le plaisir comme unique objectif commun. »
Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'ils avaient été contraints de pousser le vice aussi loin ? Pourquoi est-ce que ça avait dérapé ainsi ? Pourquoi aucun d'eux n'avait su dire non et couper court à leur relation avant que cela ne dérape ?
Pourquoi ?
Mais seul le silence répondit à chacun. Le silence d'un appartement déserté d'un étudiant plein de vie pour l'un, et le silence de la cage d'escaliers d'un immeuble pour l'autre.
C'était fini.
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Quatre ans plus tard...
Il souffla un bon coup, venant de déposer la dernière lourde planche servirait à la construction future et laborieuse d'un buffet de cuisine. Le front luisant de sueur, il se laissa choir avec la grâce d'une baleine sur l'une des chaises de la pièce qui allait faire office de « salle de jeux » selon son petit frère, soit une pièce plus communément appelée un salon. Il saisit sa bouteille d'eau qui traînait sur une table couverte de cartons de divers bibelots et savoura le liquide rafraichissant. Passant une main lasse dans ses mèches brunes qui échappaient à la queue de cheval basse ridicule qu'il avait essayé de faire ce matin, ses yeux gris balayèrent l'appartement dangereusement bordélique.
Luffy les avait appelés, lui et Sabo, quelques jours plus tôt pour qu'ils l'assistent dans son déménagement dans un appartement commun avec Law. Même si Sabo avait accepté directement, Ace avait failli refuser sur le coup, ne pouvant toujours pas blairer le chirurgien, mais il avait craqué devant la bouille de son cadet. De ce fait, depuis près de trois il jouait les déménageurs, salopant à son grand regret sa jolie petite Peugeot qu'il venait de s'acheter, ayant obtenu son permis que récemment après son Master, cadeau du grand-père.
Et dire qu'il avait tout fait pour éviter cette ville depuis sa « séparation » avec Marco quatre ans plus tôt, son amour envers son cadet le perdra un jour.
- C'est long...
Normalement Sabo ne devrait pas tarder à arriver avec le reste des planches qui constituaient le buffet, se fit-il comme remarque après avoir jeté un discret coup d'œil à sa montre.
Jouant avec sa bouteille pour faire passer le temps, n'ayant pas obtenu l'autorisation du copain de son cadet pour commencer à monter des meubles – au risque de les détruire plus qu'autre chose – sans surveillance, il attendait le blond en droit. Il était certes toujours maladroit mais il s'était grandement amélioré et Trafalgar le sous-estimait grandement selon lui. Ce n'était pas parce qu'il avait failli briser un vase de son arrière-grand-mère qu'il était incapable de monter un meuble avec une notice IKEA. D'ailleurs, son essai de casser ce vase était volontaire. Il aurait donné cher pour voir la tête du chirurgien se décomposer si cela avait abouti.
Oui, il était encore un grand enfant mais on ne change pas une équipe qui gagne.
Faisant tanguer l'eau comme une mer houleuse en pleine tempête dans le contenant en plastique, il sursauta presque un peu trop, manquant de glisser de son assise, lorsqu'on toqua. Décontenancé sur le coup, il jeta un coup d'œil méfiant à la porte, s'interrogeant sur quel voisin serait assez con pour venir se plaindre du bruit alors qu'ils avaient prévenu à l'avance les autres locataires de l'immeuble. Attendant silencieusement durant quelques secondes, mais les frappements persistants, il finit par comprendre que ce n'était probablement pas un voisin. Son regard glissant une nouvelle fois sur le cadran de sa montre, il constata que son frère devait effectivement être arrivé et que c'était probablement lui qui toquait incessamment.
- Mais pourquoi il frappe cet abruti ? se demanda le brun en se levant pour se diriger vers l'entrée. Il sait pourtant que je suis là, ma voiture est devant...
Ses pieds trainèrent sur le carrelage et il fit craquer par réflexe sa nuque en s'étirant avant de poser sa main sur la poignée froide.
- Il aurait pu m'appeler s'il avait besoin d'aide pour les planches...
Sa dextre abaissa la poignée et son sourire se fit amusé, prêt à taquiner le futur avocat blond.
- Bah alors Sab' on-
La porte s'ouvrant, les mots moururent sur le bord de ses lèvres quand il vit qui était en face de lui. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et il sentit des sentiments difficilement refoulées refaire surface. Son état de choc sembla être contagieux puisque celui qui lui fit face ne paraissait également pas en revenir, les lunettes protégeant ses yeux bleus ayant descendu de quelques millimètres sur son nez. Pourtant, ce fut le nouvel arrivant qui reprit ses esprits en premier et la première parole qui lui échappa fut tout simplement :
- Ace...
- Tiens, Marco..., souffla péniblement le brun sur un ton amer.
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Hey, me voici enfin avec la fin de Sex Friends confinés et je vous avoue que ce fut une sacrée aventure pour moi ! Une fiction courte comme ça n'est pas vraiment mon style et j'espère vraiment que cette fin vous a plu ! Mon effet de "bad ending" ne ressemble pas du tout à ce que j'avais prévu initialement mais ça j'en parlerai dans ma petite partie "coulisses et remerciements". En tout cas, je ne pensais pas finir ce chapitre aujourd'hui (un autre projet occupant mes pensées) et suite à une simple discussion avec ma sœur, voici l'inspiration que voilà. C'était long et petite anecdote, j'ai commencé par rédiger la fin.
D'ailleurs, je sais, il n'y a pas eu beaucoup de dialogues mais je préfère passer par la narration et j'espère que la réaction d'Ace vous est compréhensible. Il n'est pas aisé de construire des personnages avec un nombre limité de chapitres et la réaction d'Ace m'a paru être la plus juste possible après réflexion, bien que j'eus songé à faire une good ending au départ en mode "ils vécurent heureux" et tout ce qui va avec.
Bref, pour ce qui est de l'ouverture, pour ceux qui l'ont lu et éviter de spoil ceux qui n'auraient eu envie de la lire, j'en parlerai dans ma partie "coulisses et remerciements" qui viendra probablement demain. Autrement, j'espère qu'elle vous a plu et j'aime les fins ouvertes, laissons place à votre imagination !
Je vais néanmoins commencer à vous remercier ici. Je remercie tous ceux qui ont suivi cette fiction du début jusqu'à la fin mais également ceux qui ont pris le train en cours de route. Je vous remercie tous pour votre soutien, votre compréhension puisque oui, les délais ne vont décidément pas avec moi. Je remercie tous ceux qui ont pris la peine de voter et commenter bien que je ne fasse la chasse aux votes et aux commentaires, c'est juste que de voir à quel point ce travail, une fiction "no prise de tête", là pour passer le temps et occuper initialement durant le confinement vous a plu me fait plaisir.
Vraiment merci pour tout.
Maintenant, rendez-vous demain (normalement) pour une partie pleines de remerciements et des petits secrets de la fiction.
De gros bisous et prenez soin de vous.
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