VI.

Je m'excuse d'avance pour la qualité de ce chapitre mais j'espère quand bien même qu'il vous plaira un tant soit peu. Sur ce, bonne lecture.

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Depuis l'appel des frangins l'autre jour, une étrange ambiance pesait sur la petite colocation improvisée. Dire que Marco n'avait pas entendu la dernière exclamation du petit brun avant qu'Ace ne lui raccroche au nez serait un euphémisme. Il avait parfaitement bien entendu la fin de l'appel et il fallait dire qu'il n'avait guère peiné à comprendre de quoi il en retournait. Il n'était pas né de la dernière pluie et le rougissement furieux du brun qui l'avait accueilli dans le salon avec un bonjour incompréhensible totalement baragouiné avait suffit à éclairer complètement sa lanterne.

Selon toute vraisemblance, il était fort possible qu'Ace entretienne des sentiments de nature amoureuse à son égard.

Sur le moment, il n'avait pas fait part de son entendement de cette échappée au brun qui semblait avoir mal pris la réflexion de son cadet. Il avait alors opté de se comporter normalement, soit comme un adulte éreinté après une telle journée de travail à l'hôpital bien que quelques bienfaits du confinement commençaient à se faire ressentir. En effet, les entrées étaient légèrement moindres et le nombre de patients en réanimation décroissait tout doucement. C'était un bon début.

Cependant, ce que le chirurgien n'avait pas prévu, c'était que le brun aille se murer dans un silence des plus surprenants suite à cet appel. Les repas se faisaient dans les cliquetis des couverts, les bruits de mastications et le bourdonnement incessant de la télévision qui crachait les paroles des journalistes. Il n'y avait plus de place à la discussion et encore moins au sexe à ce moment-là. Ils n'étaient plus sex friends à ce niveau, mais des étrangers. Il était devenu impossible à Marco de croiser ne serait-ce qu'une seconde le regard de l'étudiant sans que celui-ci ne détourne la tête aussitôt, les joues rougies de gêne.

Marco l'avait bien compris. C'était fini. Comme il en avait parlé avec Law quelques jours plus tôt, leur relation avait fini par éclater. Mais que faire à ce moment alors ? En s'engageant dans une telle relation de base, ils avaient fixé des règles qui avaient volées en éclats avec ce confinement. L'amour qui était sujet tabou mais avait fini par naître entre eux.

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Marco soupira pour la énième fois de la matinée depuis qu'il était arrivé à l'hôpital, s'attirant une fois de plus un regard curieux d'un de ses collègues. Traitant quelques dossiers dans une pièce commune lors de son temps de pause, profitant du fait qu'il ne soit appelé sur une quelconque opération, il avait cru bon de s'occuper l'esprit avec de la paperasse. Grand mal l'eut pris, cela n'eut pas l'effet escompté, et il se retrouva torturé par ses pensées, s'agitant plus que de raison, inquiétant des collègues qui le connaissaient si nonchalant.

Bordel, il était un adulte et non pas un gamin pré-pubère qui en était à son premier crush ! Il avait quarante ans passés. Il avait fini ses études depuis belle lurette. Il avait un travail stable et plutôt bien payé. Il avait passé de belles années en compagnie d'un ami d'enfance auquel il s'était même fiancé. Mais la routine de sa vie de couple l'avait lassé et il avait fini par regarder ailleurs, cherchant parmi de jeunes minois plaisants et innocents sur un site de rencontre. Il avait cru être à l'abri avec quelques plans culs plus ou moins réguliers mais pourquoi donc avait-il fini par s'enticher d'un petit brun aux tâches de rousseur ?

En effet, il n'allait pas se mentir plus longtemps, cela faisait depuis de longs mois que lui avait commencé à nourrir de forts sentiments à l'égard d'Ace et c'était ces sentiments qui avaient fait voler son couple en éclat. Avait-il des regrets ? Pas le moins du monde, cela ne l'avait pas empêché de dormir les nuits sur ses deux oreilles.

Savoir alors que ses sentiments pour le brun étaient réciproques aurait pu dans un sens l'enthousiasmer. Leur amour s'avérait donc possible et on pouvait dire que dans leur situation, c'était plutôt avantageux puisqu'ils pourraient alors passer directement au stade supérieur, mais non. Non, c'était une chose beaucoup trop risquée et ça, Marco le savait. Ace en cherchant un sex friend ne voulait clairement pas rentrer dans une relation amoureuse, charnelle ou platonique peu importait, et son comportement prouvait que c'était toujours d'actualité.

Soufflant son désespoir, le blond leva la tête vers le plafond immaculé et les néons aveuglants tout en repoussant un dossier bouclé. Il était un adulte. Il n'allait pas se laisser distraire par de tels sentiments qui n'avaient pas leur place dans ce lieu où il devait sauver des vies. Il allait agir en tant que personne responsable et mature et assumer ce qu'il ressentait. Peu importait qu'il se fasse rejeter, au moins il aurait dit ce qu'il avait à dire. Point final. Et après tout, il le savait,...

Si ça continue ainsi, notre relation va se détruire... Autant mettre les choses au clair au plus vite, se fit comme remarque Marco.

Un appel lui signalant la prise en charge d'un nouveau patient le tira complètement de ses pensées et il tassa ses papiers avant de quitter la pièce d'un pas ferme, son professionnalisme habituel étant revenu au triple galop.

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Du côté d'Ace, c'était à la limite de l'apocalypse. Il n'y arrivait plus. Cette discussion avec ses frères quelques jours plus tôt avaient comme permis à ses sentiments naissants de prendre d'un coup une ampleur considérable. Le soir même il n'avait pas réussi à regarder Marco en face et s'était vu contraint de refuser une gâterie, chose que d'ordinaire il aurait acceptée avec plaisir, en rougissant comme une pucelle. D'ailleurs, en plus d'agir comme une pucelle ou une vierge effarouchée, à chacun de choisir la comparaison qui sonnait le mieux, il adopta un comportement purement égoïste qui était bien loin de lui ressembler.

Il n'adressait plus un seul regard ou une seule parole au pauvre chirurgien qui devait probablement en avoir plus qu'assez de se heurter à un mur en essayant de faire la conversation avec lui des fois. Mais que pouvait-il dire pour sa défense ? Rien du tout. Ou au contraire, tout avouer mais ce serait là la preuve de son échec cuisant dans cette relation. Il avait douloureusement peiné à se remettre debout suite à l'incident de sa précédente relation et il ne savait comment réagir dans le cas présent.

Il s'était pourtant juré de ne plus s'attacher lorsqu'il s'était inscrit sur ce site de rencontre et il s'était refait le même serment en acceptant de converser avec Marco, qui soit dit en passant avait eu une photo de profil avantageuse. Pour éviter un quelconque attachement il avait établi des règles et cela avait très bien fonctionné jusque-là, alors pourquoi ce n'était plus le cas maintenant ? C'était la faute de ce foutu confinement qui les avait contraint à vivre ensemble puisque son grand-père l'avait foutu à la porte et qu'il avait le culot d'accepter de loger chez Marco. Bien évidemment, il faisait à nouveau grandement preuve de mauvaise foi. Avec un peu de courage il aurait très bien pu se débrouiller mais non, il avait opté pour la facilité, fainéant qu'il était.

Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, qu'à lui-même et sa foutue faiblesse. Il avait été bien naïf de croire qu'il ne s'attacherait pas au beau blond à force de le côtoyer. Qu'il avait été con sur ce coup-là. Pourquoi diable avait-il prolongé cette relation ? Pourquoi n'avait-il pas réussi à s'en lasser au bout de quelques mois ? D'autant plus qu'à ce moment Marco était un homme fiancé ! Pourquoi son plaisir avait pris le dessus sur sa raison ?

Et voilà où il en était en faisant un bilan mental de ce confinement. Il était dans le mal, amoureux de son sex friend.

Assis dans le salon, attablé et suivant avec un désintérêt non feint le cours de son professeur de panorama de la littérature grecque, chose qu'il adorait et suivait avec assiduité en temps normal, il lâcha son énième soupir de l'heure. Il avait décroché dès les premières minutes, faisant simplement acte de présence, écoutant tout juste son enseignant, plongé dans ses tortueuses pensées. Et « tortueuse » était le juste mot pour les décrire. En effet, ses nuits se voyaient dangereusement raccourcies, ne cessant de cauchemarder sur sa précédente relation, véritable traumatisme, et se tourmenter des heures et des heures sur ses sentiments envers le blond qui le logeait. Même ses quelques crises de narcolepsie ne l'aidaient à rattraper tout le sommeil injustement sacrifié.

Il tapait mollement les rares mots-clefs lui semblant importants dans le discours décousu de son professeur et soupira une fois de plus, jetant un coup d'œil à la date que son ordinateur affichait en bas. Normalement, le déconfinement était proche – encore quelques jours – et en toute logique, son grand-père l'autoriserait à se rapatrier sagement, mais il ne savait pas s'il devait partir. Enfin, il pouvait partir en remerciant platement Marco pour son accueil mais après. Telle était la question. L'après. Il y avait eu un avant-confinement dans leur relation, ce confinement et il y aurait un après-confinement dans leur relation. Et par après, c'était surtout comment il pourrait se comporter tout en nourrissant de tels sentiments à son égard.

Même avec des centaines de kilomètres et des écrans les séparant une fois de plus, ce ne sera plus pareil. C'était sûr. Mais y aura-t-il réellement un après ? Puisque oui, en tombant amoureux, il avait bafoué toutes les saintes règles de la relation de sex friend. Il n'était pas si bête que Sabo aimerait le croire, il savait que désormais leur relation était soit vouée à l'échec si ses sentiments n'étaient réciproques – et même dans le cas où ce serait le cas elle pouvait l'être également –, soit leur relation pourrait évoluer sur le plan amoureux si Marco acceptait de s'engager avec lui.

Mais lui, Ace, que voulait-il surtout ?

Il était jeune. Il avait toute la vie devant lui. Il était encore en plein dans ses études. Il profitait des plaisirs de la vie. Il pansait une plaie qu'il voyait doucement prendre la forme d'une cicatrice. Il s'amusait avec ses frères. Il avait des amis avec lesquels le courant passait très bien. Et bien qu'amoureux et accro au sexe – disons que lorsqu'on commençait à avoir des sex friend, il était facile de virer presque au nymphomane pour certains –, il se sentait guère plus que ça prêt à s'engager dans quelque chose. Il n'en ressentait pas le besoin. Il n'avait pas envie d'une routine bête et méchante. Alors il pouvait bien faire taire ses sentiments qui le rongeaient. Tout était une question de jours. Il serait assez fort.

Et puis, alors qu'il pensait cela, une promesse d'enfants hauts comme trois pommes lui revint en mémoire. Une promesse faite avec ses frères il y avait de ça plusieurs années en profitant d'une des nombreuses excursions en forêt avec leur grand-père. Ils s'étaient promis de vivre une vie sans regret.

Une vie sans regret, hein...

Autant assumer jusqu'au bout alors. Assumer quitte à se prendre un revers.

Je vais devoir me jeter à l'eau..., ne put donc s'empêcher de penser Ace en soupirant, jetant un regard en biais au chat qui ronronnait de bonne grâce.

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Hey, bon, j'avoue que ce chapitre n'a pas dû forcément vous plaire, d'autant plus que je reviens avec presque un mois d'absence (examen oblige), et sachez que je ne suis pas fière de ce chapitre non plus. Je tenais néanmoins à vous le sortir pour Noël et cela doit se ressentir (surtout qu'il n'est pas relu donc navrée pour les fautes d'orthographe). D'ailleurs, je vais être honnête, je n'avais pas la foi pour l'écrire (les fêtes occupent beaucoup malgré le covid et un de mes projets me tentait bien plus), mais l'essentiel c'est qu'il soit là.

Il est simple, permettant de faire le point sur chacun des protagonistes, et bien que ce chapitre soit court et dénué de dialogue, il me permet d'amorcer la suite, soit le dernier chapitre. Et oui, on arrive au bout de ce récit qui je pense, autant être honnête, risque de se finir sur une bad ending et j'ai toutes les cartes en main pour la faire. Donc la fin sortira soit avant le nouvel an, soit après, cela dépendra de mon avis de l'écrire et si je ne suis pas trop occupée par d'autres choses.

Autrement, je sais, il s'agissait d'une fiction confinement, sans prise de tête (ce chapitre pouvant témoigner de cela), et je n'ai pas respecté mes délais. Mais bon, pour être honnête, je ne sais pas si on est toujours confinés ou non donc bon, au diable la logique et pour situer chronologiquement le dernier chapitre, il se passera le 1er décembre.

Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'années si on ne se revoit pas d'ici là, passez un bon réveillon et un joyeux Noël, prenez soin de vos proches en cette période et profitez bien bien.

De gros bisous (à distance)~

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