Interclasse n°7
(Rating R)
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« J'ai une proposition à te faire. »
À côté de lui, il vit Simon se tendre, pinçant les lèvres, soudain nerveux. Ses yeux se fixèrent sur la jambe droite de l'homme qui, sentant son observation, cessa de taper son talon contre le parquet afin d'extérioriser son propre trouble. Finalement, il joignit ses mains entre ses genoux et se mit à jouer avec ses pouces, les traits du visage tirés.
« Je ne suis pas du genre à crier sur tous les toits ce que je fais de ma vie privée, dit-il brusquement. »
Bien sûr que non, songea Simon en réprimant un soupir. De toute façon, avec qui pourrait-il partager des commérages à l'exception de son chien ? Ce n'était pas comme s'il était un exemple de sociabilité...
« Alors, j'ai pensé que, peut-être, pour une seule et unique fois... »
Sur ces mots, il releva les yeux vers Simon, comme s'il espérait sincèrement qu'il ait compris ce qu'il sous-entendait sans avoir besoin de rendre cela plus explicite. Cependant, devant le regard vitreux du garçon, il sembla brusquement agacé par son manque de réaction et posa sans aucune douceur sa main contre l'intérieur de sa cuisse.
Simon fit un véritable bond sur le canapé, au point que Dorian crut véritablement le voir s'envoler ; d'un mouvement de main, il dégagea celle de l'homme de sa jambe et lui adressa un regard partagé entre l'incrédulité et la consternation.
« Tu plaisantes, j'espère ? Il y a moins de deux heures, tu disais regretter d'y avoir même pensé un seul instant !
– C'est vrai, mais..., tenta Dorian en reposant son menton contre la paume de sa main avec un air boudeur sur le visage. »
Il y eut à nouveau un bref silence durant lequel l'homme fuit son regard avec une telle obstination que l'évidence frappa soudain Simon de plein fouet.
« Attends... Dorian, ça fait combien de temps que t'as pas baisé ?
– Tu ne pourrais pas me poser cette question d'une façon moins vulgaire ?, grogna-t-il en retournant la tête, probablement pour empêcher le garçon de le voir rougir de honte. »
Simon leva les yeux au ciel, puis croisa les jambes et joignit ses mains contre celles-ci.
« Fort bien. À quand remonte votre dernier rapport sexuel, monsieur Cohen ?
– Ah ! La ferme, gamin. »
Malgré cette réponse, Simon vit son regard se voiler et ses sourcils s'abaisser légèrement sur ses yeux, soudainement plongé dans une profonde réflexion. Ses doigts se tendirent un à un, comme s'il comptait mentalement, mais avant même qu'il ait terminé son calcul, Simon poussa une exclamation de surprise qui le fit sursauter :
« Tant que ça ?! Tu m'étonnes, à ta place j'aurais sauté sur l'occasion aussi... »
Dorian eut un nouveau grognement à l'entente de ce commentaire, mais il se contenta de poser ses coudes contre ses genoux et de passer ses mains dans ses cheveux bruns. Simon n'avait pas besoin qu'il parle, ou même qu'il le regarde pour deviner à quel point il se sentait misérable d'avoir osé lui proposer une telle chose. Il pouvait le voir à ses traits tirés, son regard sombre, ses lèvres pincées. Il pouvait voir l'ombre sombre qui l'entourait, l'emprisonnait, le poussait dans ses retranchements. Il savait pourquoi il ne cessait de changer d'avis, pourquoi il regrettait chaque décision qu'il prenait, mais il ne parvint pas à mettre de mot sur le sentiment amer qui lui enserra la poitrine. Pas avant de voir les doigts de Dorian se refermer autour du goulot de la bouteille de vin reposant sur la table basse qui lui faisait face.
Soudain, tout lui parut clair.
Il voulait se détruire lui-même. Il voulait se détruire par tous les moyens possibles, et une part de lui le poussait à se raccrocher à quelqu'un, par désir de s'en sortir, par envie de survivre à ses propres démons, ou par besoin d'entraîner quelqu'un dans sa chute. Et, pour une raison qu'il ignorait, Simon était la seule personne qui lui restait.
Alors sa main se referma sur le poignet de Dorian, interrompant son mouvement et attirant l'attention de l'homme sur lui.
« Tu ne..., commença Simon en lui prenant lentement la bouteille des mains pour la garder contre lui. Tu ne bois pas juste pour t'amuser, n'est-ce pas ? »
Dorian le dévisageait d'un œil cruellement impassible, mais il ne tenta pas de lui reprendre son vin des mains – heureusement pour Simon d'ailleurs, puisqu'il se voyait mal rivaliser physiquement parlant. Au lieu de cela, il attrapa l'un des paquets de cigarettes et en pinça une entre ses lèvres, sortit un briquet de la poche de son pantalon et l'alluma.
« Dorian..., tenta le garçon en s'apercevant qu'il n'avait aucune intention de lui répondre.
– Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?, dit-il si brutalement que le jeune homme dut réprimer un sursaut de surprise. Merde, Simon. J'ai quarante-trois ans. C'est pas un gamin de vingt ans qui va me faire la leçon, si ? »
Il n'avait pas tort. Au fond, qui était-il pour se permettre de... de s'inquiéter pour lui ? Le fils du voisin, rien de plus. Un « gamin », comme il disait, avec qui il avait vaguement envisagé de passer une nuit. Cela n'allait pas plus loin.
Mais c'était déjà plus que toutes les autres personnes que Dorian devait connaître et fréquenter. Peut-être... Peut-être pourrait-il trouver une solution qui leur conviendrait à tous les deux. Après tout, et ce malgré leur conséquente différence d'âge, il était évident que ni l'un ni l'autre n'était indifférent à leur connexion. La solution était même sous leur nez, même s'ils avaient jusqu'ici choisi de l'ignorer volontairement. Et c'était à Simon que revenait la lourde tâche d'esquisser le premier pas vers sa réalisation.
Lorsqu'il reposa la bouteille sur la table, il se rendit compte à quel point il tremblait. De peur, ou d'excitation, il l'ignorait.
« Qu'est-ce que tu fais ?, demanda Dorian en haussant un sourcil, les yeux rivés sur les doigts de Simon. »
Et pour cause : il avait entrepris de défaire chaque bouton de sa chemise, tout en espérant que l'homme ne remarque pas à quel point il avait les mains moites. Il évitait autant que possible de croiser son regard lorsqu'il guettait ses réactions mais, chaque fois qu'il l'entendait déglutir ou se redresser sur son siège, Simon se sentait de plus en plus... vulnérable. Et étrangement ridicule.
Dorian ne fit rien pour l'arrêter : pas un seul mouvement, pas un seul mot. Il le regarda laisser sa chemise tomber sur les coussins du canapé comme s'il assistait à un spectacle des plus banals, et ce ne fut que les cendres de sa cigarette qui trahirent son intérêt : elles tombèrent à ses pieds, tâchant le parquet, mais il n'y prêta aucune attention. Ce ne fut que lorsqu'il vit Simon retirer son t-shirt et le poser à côté de lui qu'il se redressa d'un coup sec et écrasa sa cigarette dans son cendrier sans même le quitter des yeux.
« Continue, ordonna-t-il avec un sourire en coin, désignant sa ceinture d'un mouvement de la main.
– Attends. »
Dorian ne sembla pas beaucoup apprécier que Simon se permette de discuter, mais consentit à l'écouter, déjà penché vers lui, les yeux rivés sur son torse. C'était particulièrement difficile de se concentrer dans une telle position.
« C'est à mon tour de te faire une proposition, à présent.
– Dans une telle posture, j'appelle ça du chantage, personnellement.
– Puisqu'on en a autant envie l'un que l'autre, apparemment, peut-être que ça pourrait... t'aider.
– M'aider ? »
Simon se leva du canapé et se plaça devant Dorian qui, sans aucune hésitation, entreprit de défaire sa ceinture.
« On pourrait se voir chaque fois que tu ressens le besoin de boire. »
Ah. Depuis sa position, Simon put sans aucune difficulté voir l'excitation de l'homme, évidente à travers son sourire et ses pupilles dilatées, laisser place à une certaine froideur. Ses doigts s'immobilisèrent, puis il laissa ses mains retomber le long de sa taille avec un grognement ennuyé.
« Hors de question.
– Pourquoi pas ?
– Tu es trop jeune.
– Je suis majeur !
– Ce n'est pas ça, le problème. »
Simon l'entendit déglutir, les yeux fixés sur le mur derrière lui. Bon dieu, comme il aurait aimé être capable de lire dans les pensées.
D'un bond, Dorian se leva du canapé et, ignorant l'exclamation de surprise qui s'échappa des lèvres du garçon, le saisit sans aucune douceur par la nuque, laissant ses doigts se refermer autour de quelques mèches de cheveux bruns, et plaqua son corps contre le sien. Aussitôt, il sentit les mains tremblantes de Simon s'agripper à son haut, ce qui lui arracha un sourire ; par ce geste, il voulait sans doute lui prouver qu'il était sûr de sa décision, mais il aurait été incapable de tromper le plus naïf des hommes avec ses paumes moites et son visage si brûlant qu'il semblait sur le point de fondre. Sans se douter des pensées de Dorian, il fit l'erreur de les confirmer à l'instant où l'homme vit ses paupières se fermer et qu'il colla furieusement ses lèvres contre les siennes. Dorian eut un mouvement de recul, brisant son baiser sans prendre la peine de le lui rendre. Ses doigts relâchèrent les cheveux du garçon et se refermèrent brusquement sur ses poignets pour les retirer de sa taille.
« Je bois pour tromper l'ennui et mes pensées, déclara-t-il d'un ton cruellement impassible. Et je te l'ai déjà dit : à ton âge, on ne connaît rien au sexe. Tu m'amuseras une heure, peut-être une soirée, et ensuite ? Je te foutrai dehors. Parce que c'est ce que je fais. Et tout cela n'aura servi à rien si ce n'est à te faire du mal. »
Honnêtement, il espérait presque que Simon tourne les talons et s'en aille. Comme tout le monde. Il lui aurait donné une gifle, il l'aurait insulté, et peut-être même qu'il lui aurait craché au visage. Puis il serait parti. Comme tout le monde. Il aurait compris qu'il ne pouvait rien obtenir de Dorian. Il aurait compris qu'il ne valait rien, qu'il n'était rien de plus qu'une enveloppe vide tentant tant bien que mal de ressentir quelque chose, de se sentir une fois de plus vivant en avalant assez de whisky pour s'écrouler sur le parquet. Il aurait compris que Dorian ne lui apporterait jamais rien de bon. Comme tout le monde.
Mais une autre part de lui, celle qu'il enterrait, celle à laquelle il ne prêtait jamais la moindre attention, celle qui ne se faisait plus entendre depuis déjà de nombreuses années, le poussait à regarder droit dans les yeux ce garçon serré contre son torse, à attendre avec une excitation indécente son prochain geste, ses prochains mots. Cette part de lui voulait qu'il insiste. Cette part de lui voulait qu'il l'embrasse à nouveau, que ses mains caressent encore ses côtes. Cette part de lui voulait le pousser sur le canapé et lui faire crier son nom.
Cette part de lui, lorsque les lèvres du jeune homme cherchèrent à nouveau les siennes, le poussèrent à répondre à son contact.
Leur respiration se mêlèrent, s'accélérèrent dès qu'ils se séparèrent l'espace d'une seconde pour reprendre leur souffle. Dorian sentit les dents de Simon heurter les siennes puis se refermer sur sa lèvre inférieure tandis que les bras du jeune homme s'enroulaient autour de son cou, resserrant leur étreinte. D'une certaine façon, il ne s'était pas aperçu à quel point un simple baiser pouvait être si bon, il ne s'était pas aperçu à quel point cela lui avait manqué ces dernières années. Ce n'était pas seulement le fait de sentir son propre pouls à travers ses lèvres, ni celui de sentir sa langue chercher la sienne, ni même les gémissements de désir toujours plus intenses qui s'échappaient de la gorge de Simon qui lui faisaient perdre pieds. C'était de sentir qu'à cet instant, il était entièrement en son pouvoir, qu'il lui appartenait, qu'il était incapable de songer à qui que ce soit d'autre qu'à lui. L'espace de ce baiser, il était une part de sa personne. Et il pouvait sentir qu'il voulait plus, encore plus, qu'il voulait se donner entièrement à lui, et ce malgré tout ce que Dorian pourrait lui dire.
Le bassin de Simon, collé contre le sien, se frottait outrageusement à ses hanches et, lorsqu'il sentit l'une des mains de l'homme soulever l'une de ses cuisses afin de glisser la sienne entre celles-ci, il brisa leur baiser et plongea son regard dans le sien avec un air de défi. Dorian, à cet instant, aurait pu deviner chacun de ses mots.
« Alors fais en sorte que je sois capable de t'amuser plus longtemps. »
Avant même d'avoir le temps de lui adresser un sourire volontairement insolent, il se retrouva couché sur le parquet, Dorian au-dessus de lui. Apparemment, il n'avait même pas eu la présence d'esprit de le jeter sur les coussins du canapé.
« Tu ne sais pas dans quoi tu t'engages, gamin, grogna-t-il en soulevant encore un peu sa cuisse droite, mordillant ou léchant le creux de son cou. Je ne suis pas du genre à faire gentiment l'amour sur une chanson de George Michael. »
Simon eut un sourire entendu, même s'il savait que Dorian ne pouvait pas le voir. Profitant d'avoir son genou gauche parfaitement placé entre les jambes de ce dernier, il bougea doucement sa jambe jusqu'à sentir l'érection de Dorian, prisonnière de son jean, à travers le tissu.
« Moi non plus, murmura-t-il en écoutant le grognement de plaisir qui lui parvint à ce geste. »
Dorian donna un coup de reins contre la cuisse de Simon, jusqu'à ce que son bassin embrasse parfaitement le sien. Une main agrippée à la nuque du garçon pour attirer ses lèvres contre les siennes, l'autre alla tant bien que mal défaire la boucle de sa ceinture et ouvrir son pantalon, avant de faire de même avec celui de Simon. Il restait toujours le tissu de leurs sous-vêtements séparant leurs verges, mais les sensations qu'ils retiraient de leur étreinte à chaque mouvement était déjà décuplée.
Les doigts de Simon avaient entrepris de retirer le haut de Dorian mais, comme s'il n'en avait finalement pas trouvé la force, il s'était finalement contenté de glisser ses mains sous le tissu et de caresser les muscles de son dos, plantant ses ongles dans sa peau chaude, sentant ici et là les quelques cicatrices qui la parsemait. Il se sentait déjà totalement hors de contrôle. Il avait renoncé à toute pudeur, immunisé à la honte, entièrement dévoré par ses pulsions brûlantes. Il entendait parfois sa propre voix résonner à ses oreilles, suppliant Dorian de ne pas se détacher de lui comme s'il ne serait pas capable de retrouver un tant soit peu de bon sens avant d'avoir joui. Il ne ressemblait probablement à rien d'autre qu'à un animal en chaleur à cet instant mais, aussi étrange que cela puisse paraître, cela ne faisait que renforcer son excitation.
Il sentit soudainement le haut de son crâne heurter le bas du canapé. Ses bras se refermèrent autour du dos de Dorian et il plongea son nez au creux de son cou, sentant les poils de sa barbe caresser la peau de son visage et son odeur mêlant celle de son déodorant, son parfum et celle du tabac froid dont il ne parvenait pas à se débarrasser envahir ses narines. À cet instant, elle lui parut être l'odeur la plus enivrante qu'il ait jamais senti.
« Oh, merde... !, lâcha-t-il en sentant ses muscles se tendre brusquement et la chaleur de son bassin s'intensifier. »
Dorian émit un grognement tout près de son oreille, comme pour lui signifier qu'il n'avait aucun besoin de se retenir. Ses lèvres, ses dents et sa langue s'attaquèrent une nouvelle fois au garçon et, lorsqu'il sentit ses ongles se planter dans la peau de son dos, il se plaqua contre sa bouche, étouffant le long gémissement qui lui échappa avant qu'il ne rejette la tête en arrière, les yeux clos, tremblant de tous ses membres, les joues rouges et le souffle court. Brusquement, comme si cette vision lui avait envoyé une décharge électrique, les doigts de Dorian saisirent la main de Simon et l'entraînèrent entre ses jambes. De lui-même, le garçon glissa sa paume sur le tissu de son boxer et reprit les mouvements de va-et-vient, remplaçant son bassin.
C'était la première fois qu'il touchait un autre homme. Et même s'il n'était pas directement en contact avec sa peau, caresser l'intimité de celui qui lui avait inspiré tant de désir ces dernières semaines le rendait totalement fou. Il ne parvenait même pas encore à reprendre ses esprits malgré son propre orgasme. Tout ce qu'il désirait, à cet instant, était de voir le plaisir ravager le visage de Dorian, détruisant toutes ces barrières qu'il s'imposait.
Son front était collé contre le sien, et sa respiration chaude et saccadée ricochait contre ses lèvres ouvertes. Dorian avait fermé les yeux, mais pas Simon. Il ne voulait pas. C'était comme s'il craignait tout cela ne soit qu'un rêve, comme si rompre le contact visuel allait le réveiller. C'était trop bon pour prendre un tel risque. Il aurait été prêt à rester éternellement endormi juste pour vivre cet instant à tout jamais.
Mais à l'instant où il vit Dorian bloquer sa respiration et serrer les dents, il sut que son désir ne se réaliserait pas. Toute bonne chose avait une fin.
Dorian fut parcouru d'un frisson et, en saisissant brutalement les cheveux de Simon, vint contre sa main en émettant un long grognement de satisfaction. Ses muscles se détendirent lorsqu'il se décida à libérer ses poumons, les gorgeant d'air, et s'écroula au-dessus du garçon en fourrant sa tête au creux de son épaule. Simon ne sut pas si c'était une hallucination due à sa propre fatigue ou si Dorian avait véritablement murmuré ses mots entre deux bouffées d'oxygène, mais il aurait pu juré les avoir entendus.
« Promets-moi que jamais tu ne tomberas amoureux de moi. »
~
Eh bien, il était beaucoup trop tard pour aller à la fac, à présent, songea Simon en frottant sa serviette contre ses cheveux mouillés. Tant pis. Il n'aurait qu'à demander à Andréa de lui prêter ses notes. Finalement, elle n'avait pas tort : c'était une bonne chose qu'ils aient tant de cours communs.
Et c'était une bonne chose aussi que Dorian soit son voisin. Il n'avait à remettre ses vêtements que le temps de traverser quelques mètres. Et encore, son nouvel amant – il supposait que c'était ce qu'ils étaient, à présent – avait gentiment cédé lorsque Simon lui avait demandé s'il pouvait prendre une douche chez lui avant de partir. En soit, Dorian n'avait pas menti : il avait vraiment voulu le mettre dehors dès qu'il s'était remis de ses émotions. Simon ne s'était pas attendu à ce qu'il lui offre un café ou quoique ce soit, mais...
... mais il n'aurait pas été contre un café, tout de même. Et pas contre un baiser non plus. Lorsque Dorian lui avait tendu une serviette propre, Simon avait naïvement tenté de l'embrasser, mais n'avait rien reçu d'autre qu'un sourire moqueur en réponse. Dorian et sa douceur exemplaire, pensa-t-il en se regardant dans la glace après en avoir essuyé la buée du plat de la main. Il avait quelques traces rouges dans le cou. Pas des suçons, mais des traces de dents. Bon sang, à croire que cet imbécile avait du sang de vampire dans les veines. Heureusement, elles disparaîtraient bientôt et, en attendant, il n'aurait qu'à les cacher sous le col d'une chemise ou de n'importe quel autre vêtement. Personne ne les remarquerait.
Libérant la salle de bain, il dévala les escaliers et, en passant dans le couloir, caressa la tête de Marcel profondément endormi dans son panier. Puis il s'arrêta sur le pas de la porte du salon. Depuis sa position, il pouvait voir Dorian avachi sur le canapé, une cigarette entre les lèvres, le regard perdu dans le vide. Il ne semblait même pas avoir remarqué sa présence.
« Alors... on se voit demain ?, demanda soudain Simon, lui arrachant un sursaut avant qu'il ne fasse volte-face vers lui, prenant quelques secondes de réflexion avant de répondre.
– Non... Non, pas demain. Lundi. Viens lundi.
– Je ne peux pas, j'ai cours... »
Dorian eut un sourire presque amusé à l'entente de cette excuse.
« Oui, répondit-il sans perdre son rictus. Tu as cours avec moi. »
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