Interclasse n°14


(Avertissement pour ce chapitre : citron à gogo ( ͡° ͜ʖ ͡°) )

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Si quelqu'un les surprenait, il aurait probablement été capable de mourir sous le coup de la honte. Après tout, ce n'était pas comme s'il avait entièrement confiance lorsque Dorian lui assurait qu'il « n'y avait aucune caméra sur le chantier, ni de détecteurs de mouvements, ni de patrouille armée afin de garder trois pauvres scies et des briques, et puis merde, on était pas dans un film américain ». Après tout, quelqu'un aurait pu se perdre et passer sur cette route déserte par pur hasard. Ou alors...

En réalité, le cerveau de Simon avait déconnecté le service « prudence » dès qu'il avait senti la première vague de plaisir envahir son corps et s'échapper de ses lèvres. Il aurait mis sa main à couper que, sous la couverture, Dorian avait échoué à réprimer un sourire.

Sin aurait été incapable de dire depuis combien de temps il jouait avec ses nerfs, baladant ses mains, ses lèvres ou sa langue sur chaque centimètre de sa peau, mais il était certain qu'il ne s'en tirerait pas sans une bonne dizaine de morsures décorant son torse et ses cuisses. À chaque fois qu'il tentait d'appuyer légèrement sur la tête de Dorian pour le forcer à prêter attention à sa verge au lieu de sadiquement tourner autour sans jamais y venir, celui-ci plantait férocement ses dents ou ses ongles dans ses côtes et, en guise de punition pour son impatience, remontait jusqu'à son cou et y laissait un nouveau suçon. Honnêtement, il pouvait très bien résister à son propre désir encore quelques minutes tant les plaintes et les gémissements du garçon pouvaient être divertissants.

Et Dorian disparaissait à nouveau sous la couverture.

Maintenant, il avait totalement libéré les jambes de Simon de son pantalon, le laissant uniquement pendre à l'une de ses chevilles pour pouvoir s'allonger entre elles et relever ses cuisses sur ses épaules. Il l'empêchait, lui interdisait de bouger, et il n'avait même pas besoin de le maintenir physiquement ou de prononcer le moindre mot pour que Simon comprenne qu'il n'avait pas intérêt à appuyer sur le haut de son crâne une fois de plus. Il ne faisait plus rien, à présent. Dorian avait cessé de l'embrasser, de le mordre ou même simplement de caresser sa peau ; en fait, sa respiration chaude fut tout ce qui toucha Sin pendant d'interminables secondes.

Et il ne pouvait pas bouger. En soi, c'était encore pire que le jour où il avait dû supplier Dorian de le sucer au beau milieu du couloir de sa maison : même ce jour-là, il avait eu la bonté de ne pas totalement ignorer son érection durant ce qui semblait une éternité.

Durant une fraction de seconde, Simon se demanda si c'était légalement considéré comme de la torture. Il se voyait bien aller traîner monsieur Dorian Cohen au tribunal pour le pousser de la sorte au bord de la folie. Oui, tout compte fait, c'était probablement de la torture.

« Ah ! »

Il avait presque crié dès l'instant où il avait senti la langue de Dorian tracer une ligne de la base de sa verge à son gland. Il avait entendu l'écho de sa voix au sein de la rue déserte, du chantier voisin et du parking.

« Tu vois, murmura l'homme en se hissant à nouveau au-dessus de lui, le sexe, c'est comme les caprices.

– Qu'est-ce que tu racontes ?

– Quand ton gosse te chiale dans les pattes pour avoir un nouveau jouet chaque semaine, tu es parfois amené à céder, juste pour le plaisir d'avoir la paix. Paix relative, puisqu'il jouera avec pendant quelques jours, avant de recommencer le même manège. Mais si tu résistes, et que tu le forces à attendre son anniversaire, alors ce sale gosse sera bien plus heureux de son cadeau, puisqu'il sera l'unique nouveau jouet de l'année. »

Simon et Dorian se dévisagèrent un instant. Cette comparaison, en un sens, sentait le vécu.

« Quel rapport entre les caprices de ton môme et le sexe ?

– Crétin. T'as failli te mettre à chialer de bonheur parce que je t'ai léché, sourit Dorian.

– E- Erm...

– Je t'ai fait attendre, alors ça t'a fait encore plus plaisir. Capice ? »

Sin émit un grognement en sentant la jambe de Dorian passer entre les siennes et se frotter doucement contre lui.

« Ouais, je crois que je comprends. Cela dit, moi, quand on m'offrait un jouet à Noël... »

Dorian eut un sourire en coin en sentant le bassin du garçon suivre son rythme.

« ... Ou, heu... Hanoukka..., corrigea maladroitement Simon, si bien que Dorian dut se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas rire, ça ne m'empêchait pas de m'en lasser au bout d'une semaine et de faire un nouveau caprice.

– Je veux bien te croire. Mais c'est juste parce que t'étais un gosse pourri-gâté. »

Dorian retira sa jambe des cuisses de Sin, qui émit aussitôt une plainte d'être délaissé et négligé de la sorte.

« Pourquoi tu t'arrêtes ? Continue, gémit Simon avec un air si déçu que Dorian ne put retenir un rictus amusé.

– Non, sale gamin. Moi aussi, j'ai envie de m'amuser, répliqua-t-il avant de s'allonger à ses côtés. »

Ses doigts saisirent le menton de Sin et attirèrent ses lèvres vers les siennes, poussant aussitôt sa langue entre ses dents pour jouer avec la sienne.

« Merde, tu m'excites tellement, marmonna-t-il contre ses lèvres avant d'aussitôt se remettre à les dévorer avidement. »

Sa main glissa sur sa joue, son oreille, puis passa dans ses cheveux à l'instant où ses lèvres rompirent leur baiser pour s'attaquer à sa mâchoire.

Mais lorsqu'il sentit la main froide de Simon s'inviter à l'intérieur de son pantalon et se refermer sur sa verge, son sursaut le poussa à relever la tête et son regard fut aussitôt attiré par le sourire satisfait du garçon. Bah ! Merde, voilà qu'il prenait des libertés – pas qu'il comptait s'en plaindre, bien au contraire.

Enroulant ses doigts autour de son pénis, il commença à faire de lents mouvements de poignet sans le quitter des yeux, le regard plongé dans celui de Dorian, attendant patiemment que le plaisir grandissant qu'il lui faisait ressentir le force à baisser la tête. Ses doigts alternaient entre lenteur et rapidité, et le sourire amusé qu'il portait sur les lèvres ne cessait de s'étendre chaque fois qu'il sentait Dorian se tendre contre lui. Sa respiration s'était accélérée, son souffle chaud ricochait contre la mâchoire de Simon jusqu'à ce qu'il repose son front contre la plate-forme du pick-up, laissant ses lèvres si proches de Sin que le bout de son nez touchait ses cheveux.

Dorian haletait de plus en plus fort au creux de son oreille. Plus ses doigts resserraient leur prise sur ses cheveux, plus Simon accélérait le va-et-vient de sa main, comme s'il désirait le pousser dans ses retranchements, voir combien de temps il était capable de réprimer ses grognements. Mais il sentit sa main quitter ses cheveux. Pas qu'il s'en inquiétait : peut-être Dorian avait-il eu la présence d'esprit de s'accrocher à autre chose qu'à lui. Il commença à en douter légèrement lorsqu'il crut reconnaître le son d'un bouchon ouvert au-dessus de sa tête, mais... en fin de compte, il avait probablement mal entendu.

« Arrête, grogna brusquement Dorian en saisissant le poignet de Simon.

– Quoi ? Je t'ai fait mal ?

– Non, crétin. »

Bien entendu, Simon ouvrit la bouche pour répliquer, mais alors qu'il s'apprêtait à prononcer le premier mot, seule une exclamation de surprise aiguë s'échappa de sa gorge ; sa respiration se bloqua brusquement et il releva la tête en adressant à Dorian un regard presque outré, mais aussi marqué d'une peur soudaine. Celui-ci avait profité de leur bref échange pour glisser une main sous la couverture, puis entre ses jambes. Au lieu de s'intéresser à sa verge, cela dit, il avait relevé l'une de ses cuisses et continué son chemin. Ses doigts étaient couverts d'une sorte de gel froid.

« Détend-toi, soupira l'homme en le dévisageant avec un air aussi désabusé que si Simon venait de se mettre à réciter l'alphabet à l'envers.

– Qu-qu-qu-qu'est-ce que-que-que-que... »

Simon releva brusquement le nez pour regarder au-dessus de lui. Le sac bleu duquel Dorian avait tiré un peu plus tôt la couverture brune était resté ouvert et, au bord de celui-ci, un flacon bleu – il faisait bien trop sombre pour pouvoir en lire l'étiquette mais, d'une certaine façon, il avait aisément deviné ce qu'il contenait – était resté décapuchonné. Ah. En fin de compte, il n'avait pas rêvé. Peut-être aurait-il préféré que cela soit le cas.

« Hé, Sin. Regarde-moi. »

Simon obtempéra sans même y penser. Dès qu'il rebaissa la tête, il se retrouva nez à nez avec le visage de Dorian qui posa son front contre le sien, liant ses yeux aux siens.

« Fais-moi confiance, d'accord ? Tout ira bien. Et si vraiment tu veux arrêter, dis-le moi. Compris ? »

Sin déglutit avec peine, même Dorian fut capable de l'entendre. Cela dit, il acquiesça presque imperceptiblement à ses paroles.

Dorian lui releva légèrement les cuisses puis, tout en embrassant le cou du garçon durant de longues secondes pour l'aider à se détendre, poussa son majeur à l'intérieur de lui. Aussitôt, Simon émit une plainte, mais se mordit la lèvre afin de l'étouffer en sentant l'attention de Dorian se reporter sur son visage. Ce n'était pas vraiment douloureux... juste inconfortable. Une part de lui le poussait à saisir son bras et l'empêcher de faire plus que cela, mais, quelque part, il sentait qu'il risquait de regretter cette décision. Après tout, s'il ne s'y essayait pas à cet instant, peut-être l'occasion ne se représenterait-elle jamais. Peut-être Dorian renoncerait-il. Peut-être penserait-il qu'il n'avait aucun intérêt à perdre son temps avec ce gamin s'il le repoussait...

C'était vrai, en un sens. Après tout, il avait lui-même confirmé que Sin n'était qu'une distraction à ses yeux. Et un jouet qui ne procure plus aucun divertissement à son propriétaire n'a plus de raison d'être – il pourrait faire un nouveau caprice, après tout, et clamé un autre homme qui le laisserait faire ce qui lui chantait. Après tout, le sexe, c'était comme les caprices.

Peu importait alors tous les souvenirs que tous deux avaient créé ensemble, peu importait alors les sentiments que l'un d'entre eux avait pu un jour éprouver. Si l'amusement n'était plus de la partie, alors tout était terminé.

La main de Sin se serra autour de son biceps et, immédiatement, Dorian s'immobilisa et releva à nouveau les yeux vers lui. Ceux-ci, d'ailleurs, s'écarquillèrent devant la grimace qui déformait les traits du garçon ; ses lèvres étaient pincées, son menton tremblait doucement et, malgré ses yeux mi-clos sous ses sourcils froncés, il perçut, sous la lumière pâle de la Lune, quelques larmes retenues au bord de ses paupières.

« Tu... Tu aurais dû me le dire si ça te faisait si mal !, lâcha-t-il en se redressant sur son coude, le visage brusquement marqué par l'inquiétude.

– Qu... Non ! Non, je... ça va, bégaya Sin, tiré de ses pensées.

– Tu tires une tronche qui dit le contraire. Ce n'est pas grave, oublie ça. »

Dorian retira doucement ses doigts tout en ignorant volontairement le regard déconcerté que lui adressait Simon à travers des larmes dont lui-même semblait ignorer la présence ou même l'existence. Il n'avait aucune raison de le regarder de cette façon – Dorian faisait la bonne chose, n'est-ce pas ? Pourtant, son visage portait plus de détresse que de reconnaissance. Comme s'il avait été lâchement abandonné au moment même où il criait au secours. C'était injuste.

« Do... ! »

Dorian sentit soudain les ongles de Sin libérer la peau rougie de son bras mais, avant même d'avoir le temps de baisser les yeux vers lui, il se retrouva brusquement agrippé par la nuque et projeté en avant. Son menton heurta l'épaule de Simon, incapable de se dégager de l'emprise de ses mains autour de lui et, bientôt, ses jambes emprisonnèrent à leur tour sa taille.

« Qu'est-ce que tu fous ?!, grogna Dorian en projetant ses forces dans ses bras pour se redresser. »

Il n'aimait pas ça. Il avait même horreur d'être attrapé par surprise, ou privé de ses mouvements ne serait-ce que quelques minutes. Cela le mettait toujours dans un état de rage abominable et totalement disproportionnée. Sauf, et il en fut le premier étonné, si la soudaine colère qui lui brûlait la poitrine se retrouva attirée dans son entre-jambe. Comme, par exemple, si le jeune homme sur lequel il fantasmait depuis des mois se mettait à frotter son bassin contre le sien, allongé en dessous de lui, les mains agrippées à sa nuque, les joues rouges, et ses lèvres entrouvertes étirées par un léger sourire.

« C'est bon. C'est bon, je suis prêt. Fais-le. Je n'ai pas... peur. »

Sa voix rauque n'était pas des plus convaincantes, il fallait l'admettre, mais qui, à sa place, aurait été capable d'empêcher sa verge d'acquiescer pour lui ?

Merde. Il n'avait pas été aussi excité depuis longtemps.

Simon émit un gémissement de surprise lorsqu'il trouva les lèvres de Dorian plaquées sur les siennes et que ses dents se mirent à mordiller sa peau. Ses mains remontèrent le long de sa taille, et il émit un grognement étouffé en donnant un coup de reins contre l'aine du garçon ; ses doigts se détachèrent brièvement de sa peau brûlante pour aller à nouveau fouiller le sac, mais cette fois-ci, Simon ferma les yeux en l'entendant déchirer un emballage et attendit patiemment, dans un silence presque oppressant, écoutant les battements assourdissants de son cœur et la respiration lourde et saccadée de Dorian au-dessus de lui. Lui-même s'efforçait de respirer aussi profondément que possible, relaxant ses muscles un à un. En fait, ce ne fut qu'à cet instant précis qu'il se rendit compte à quel point il avait chaud. Il pouvait sentir de la sueur couler le long de son dos. Et sa terrible érection n'arrangeait rien.

« Gwak !, hurla-t-il en rouvrant brusquement les yeux lorsqu'il sentit la verge de Dorian commencer à le pénétrer. »

Quelque part, c'était comme si sa lenteur était encore plus insupportable que s'il se dépêchait. Comme un pansement à arracher d'un coup sec de son genou.

Sauf que ce n'était ni un pansement, ni son genou.

« Gwak ?, répéta Dorian avec un rictus amusé. C'est quoi ça, ton cri de guerre ? »

Il restait penché au-dessus de Simon, appuyé sur son coude, mais son autre main maintenait fermement la cuisse du garçon autour de sa taille.

« Vu la lance qui est- est en train de me déchirer en deux, ça- ça se pourrait bien, oui... Ah !, grogna-t-il en sentant Dorian donner un petit coup de bassin.

– Merci.

– Ce n'est p-pas un compliment, idiot...

– Je suis à la moitié.

– Pas possible...

– Respire, sinon je n'y arriverai pas.

– A... Arrête, souffla Simon en lui tapotant l'épaule.

– Quoi ?

– Arrête, ça me... ça fait trop mal ! »

Dorian s'immobilisa, puis se pencha en avant pour déposer un baiser sur ses lèvres, tendre, sans cette fièvre qui les rendait habituellement agressifs. Il attendit calmement, en caressant ses cheveux, sentant ses nerfs se détendre doucement. Simon émit un léger gémissement contre ses lèvres, resserrant son emprise autour de ses épaules, murmurant son nom dès qu'il lui laissait le temps de respirer, plongeant ses yeux dans les siens. Il sentait les battements de son cœur contre son torse.

« Dorian...

– Chut, murmura-t-il en lui mordillant l'oreille.

– Dorian, je... heu... »

Dorian se redressa sur ses coudes, bougea légèrement ses hanches.

« Je... AH ! »

Dorian donna un grand coup de reins contre Simon, enfonçant sa verge au fond de lui avec un grognement de plaisir qui fut totalement couvert par le cri du garçon. Son dos se cambra brutalement, sa tête heurta la plate-forme.

Oh. Bon sang.

« Sin ?

– Recommence. Recommence. »

Dorian eut un sourire, puis commença à faire des va-et-vient prudents, tenant sa taille d'une main, laissant l'autre reposer contre la joue du garçon et le bout de son pouce caresser ses lèvres ouvertes formant un « o » parfait. À chaque coup, ses sourcils se fronçaient comme s'il ressentait une pointe de douleur ou d'inconfort, puis les traits de son visage se détendaient alors qu'un gémissement sonore s'échappait de sa gorge. Rien que ce spectacle, à lui seul, suffisait à exciter Dorian à un point inimaginable – comme si la sensation exceptionnelle qui entourait sa verge ne suffisait pas à maintenir son érection pulsante.

Son pouce passa sur la langue de Simon et, presque aussitôt, ses lèvres se refermèrent autour de son doigt, plongeant son regard vitreux dans les yeux de l'homme qui émit un nouveau grognement de plaisir rien qu'à la vue de ses pupilles si dilatées, si noires que le vert de ses iris avait presque disparu. Il avait commencé à mouvoir ses hanches contre lui, à agripper les côtes de Dorian comme pour le forcer à aller encore plus loin, plus rapidement. Ses joues étaient rouges, sa respiration chaude et, à présent, il refusait de relâcher le pouce entre ses lèvres.

« Plus vite, plus vite, murmura-t-il entre ses dents. »

Dorian dut se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas jouir rien qu'en le voyant dans un tel état second. Merde, combien de fois avait-il imaginé cet instant ? Trop de fois, à son âge, il avait commencé à durcir rien qu'en visualisant cette scène. Et trop de fois il s'était masturbé en priant pour bientôt entendre Simon le supplier avec cette voix rauque de désir d'accélérer. Il s'était senti coupable, après coup, de venir en pensant à sauter le fils de son voisin. Mais, une fois la culpabilité passée, il avait cru mourir de rire.

À cet instant, cela dit, il n'avait pas du tout envie de rire. Il sentait sa limite approcher à chaque coup de reins, à chaque gémissement de plaisir qui roulait sur la langue de Simon. Ses yeux s'étaient fermés, à présent, et ses ongles plantés dans la peau brûlante de Dorian le projetait contre la verge de celui-ci comme s'il essayait de l'empêcher de s'échapper, d'arrêter. Il avait presque l'air possédé.

« Encore un peu, encore... »

Merde. Dorian se cambra en avant, le regard fixé sur le torse de Simon lorsqu'un jet de sperme atteignit son thorax. Il était incapable d'en détacher les yeux, et le tremblement du garçon, la contraction de ses muscles le poussa à l'orgasme à son tour. Le plus puissant depuis... depuis si longtemps qu'il ne s'en souvenait pas.

Dorian et Simon restèrent parfaitement immobile durant un long moment, le souffle court, les yeux liés comme hypnotisés l'un par l'autre. Son pouce glissa hors des lèvres du garçon sans résistance, et sa bouche se referma avec un pincement lorsqu'il sentit Dorian se retirer doucement de lui. Il l'observa retirer son préservatif dans un silence légèrement tendu, chacun perdu dans ses propres pensées.

En fin de compte, il n'y avait rien à dire de plus.

~

Dorian s'écroula sur le matelas, les bras en croix, la respiration haletante et ruisselant de sueur. Même les fissures qui parcouraient le plafond de sa chambre semblaient former un tourbillon au-dessus de lui tant sa tête tournait.

Bordel, songea-t-il en sentant la langue de Sin tracer une ligne sur son aine, remontant jusqu'à son nombril avant de redescendre. Et descendre encore.

« Ça suffit, laisse-moi faire une pause, soupira Dorian avec un gémissement plaintif, projetant ses bras contre ses yeux. Je suis trop vieux pour enchaîner comme ça, tu vas avoir ma mort sur la conscience.

– Non ! Encore !

– J'ai besoin de fumer une clope...

– Tu fumeras quand on aura fini.

– Tu as déjà dit ça la fois d'avant. Et encore avant aussi. »

Ignorant le grognement frustré du garçon, Dorian posa une main sur sa tête pour le repousser, puis lui tourna le dos pour attraper le paquet de cigarettes qui traînait au sol. Un juron s'échappa de ses lèvres lorsqu'il peina à allumer la flamme de son briquet mais, une fois qu'il eut expiré sa première bouffée de tabac, il se rallongea correctement sur son lit et laissa docilement Simon reposer sa tête contre son torse. En temps normal, il s'efforçait de le repousser lorsqu'il se mettait à le câliner de la sorte, traçant les lignes de sa poitrine du bout de l'index, mais il se sentait bien trop exténué pour se battre avec lui.

« T'es pas sensé être en cours, à cette heure-ci ?, marmonna-t-il en tapotant le filtre de sa cigarette au-dessus du cendrier qu'il gardait constamment sur la table de nuit. »

Simon releva légèrement la tête vers lui, juste assez pour croiser son regard. C'était suffisant pour que Dorian ait le temps de regretter cette question avant que le garçon ne le plaque contre l'oreiller tandis qu'il s'installait à califourchon sur son ventre.

« J'y suis. »

~

« Allez, Marcel. Plus que quatre petites marches et tu vas pouvoir t'affaler dans ton panier. »

Le carlin soufflait comme un bœuf. Il détestait, redoutait les deux jours que Sarah venait passer chez eux chaque fois. C'était toujours synonyme de torture pour lui.

Tous les dix mètres, il posait ses fesses au beau milieu du chemin et, le souffle court, refusait d'avancer durant de longues minutes. Au départ, Sarah avait bien tenté de le prendre dans ses bras, mais dès qu'elle tentait de le soulever, il se mettait à agiter ses petites pattes dans les airs et à se tortiller comme lorsque quelqu'un tentait de lui donner un bain. Alors, finalement, sa maîtresse avait simplement tiré sur sa laisse et l'avait traîné comme un poids jusqu'au perron de la maison de son père. Mais devant les petites marches qui le séparait encore de la porte d'entrée, Marcel avait semblé aussi abattu que si elle avait exigé de lui qu'il l'accompagne immédiatement dans une randonnée de vingt kilomètres en pleine montagne ; découragé, il s'était traîné jusqu'à la pelouse et s'était affalé dans l'herbe humide de rosée – ou de sa propre sueur, il n'en était pas certain.

« Tel maître tel chien, soupira Sarah à voix haute en allant remplir sa gamelle d'eau fraîche pour la lui apporter dehors. T'es aussi en forme que mon père, et toi, t'as pas l'excuse de fumer comme un pompier. »

Marcel se moquait éperdument de ce qu'elle pouvait bien raconter, bien trop occupé à avaler le contenu de sa gamelle à une vitesse prodigieuse. Au moins une chose pour laquelle il était doué, songea-t-elle en lui grattant une oreille.

Lorsqu'elle releva les yeux, cela dit, elle perdit le fin sourire qui ornait ses lèvres en croisant le regard insistant que lui adressait une jeune fille depuis la rue. Elle semblait un peu plus âgée qu'elle, mais seulement de quelques années. Ses cheveux roux ondulaient jusqu'à disparaître sous l'épaisse écharpe mauve qui remontait jusqu'à son petit nez couvert de tâches de rousseur, et ses mains étaient profondément enfoncées dans les poches de sa large veste en jean trop grande pour elle, couvrant presque totalement son short. Ses longues jambes blanches étaient enserrées par un collant noir disparaissant dans d'épaisses bottes vernies aux lacets défaits. Elle était vraiment jolie, mais quelque chose, peut-être au sein de ses yeux bruns, semblait si froid que sa beauté en était quelque peu abîmée. Plus elle l'observait, moins Sarah la trouvait attirante, en fin de compte.

Finalement, la jeune fille détourna le regard et reprit sa route sans un mot, sans un sourire, sans même un signe de tête. Son nez disparut dans son écharpe tandis qu'elle poussait le portail de la maison voisine, et Sarah fut incapable de la conserver dans son champ de vision plus longtemps.

Elle n'avait jamais vu les voisins de son père. Il avait marmonné quelque chose, un jour, à propos de déjeuner particulièrement bruyants qu'ils organisaient chaque dimanche, mais elle supposait qu'il faisait encore trop frais pour qu'ils s'installent dans le jardin.

Elle entendit la porte d'entrée de la maison voisine s'ouvrir et une voix féminine saluer gaiement l'arrivée de la jeune fille rousse.

« Lola ! Entre, entre, ma chérie. Simon est dans sa chambre, si tu veux le rejoindre avant que nous ne passions à table. Tes parents ne devraient plus tarder, hm ? »

Sarah releva la tête en voyant Marcel tourner la sienne en direction de la clôture, tendant l'oreille. La porte claqua.

Simon est dans sa chambre.

Sarah leva les yeux en direction des fenêtres du premier étage, incapable de deviner si l'une d'entre elles donnaient sur la-dite chambre. Alors, les bruyants voisins de son père avaient un fils, et une vie sociale bien remplie...

Marcel pencha la tête vers la droite en voyant sa maîtresse se relever. Une lueur d'interrogation passa brièvement dans ses yeux globuleux avant qu'un moineau daignant se poser à quelques mètres de lui ne lui fasse oublier jusqu'à la présence même de la jeune fille. Il lui avait déjà tourné le dos pour observer le volatile lorsqu'elle se retourna pensivement vers la maison de Dorian et rentra d'un pas lent à l'intérieur.

C'était probablement une mauvaise idée, mais...


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