Provocations
Severus frappa à la porte de l'appartement à une heure avancée de la soirée, il faut dire que l'entrevue avec Dumbledore avait été longue et fastidieuse, même si elle avait porté ses fruits. Aussi à part une grosse fatigue, il ne se lisait rien de négatif sur son visage quand Gilda vint lui ouvrir.
-Alors? Demanda t-elle avec inquiétude.
Il lui fit signe d'attendre quelques secondes et alla s'asseoir dans le canapé, l'air cassé. L'anxiété de la jeune femme redoubla d'intensité.
-Tu ne vas pas bien? Demanda t-elle.
-Si... Marmonna Rogue d'une voix sourde, c'est les nerfs... Bien la première fois que j'attrape la migraine...
Gilda choisit de ne plus faire de commentaire malgré son inquiétude, elle s'assit près de lui et attendit qu'il soit en état d'en dire plus.
Severus passa plusieurs fois la main dans ses cheveux, puis il releva la tête et Gilda remarqua qu'il avait l'air ému.
« Ouille, que s'est-il passé ? » Pensa t-elle sans oser le dire toutefois.
-Bon, déclara Severus d'une voix ferme, je recommence demain avec Potter, et il a intérêt à se tenir à carreau. Moi aussi d'ailleurs...
Il jeta à sa compagne un regard sarcastique et faussement fâché, avant d'ajouter :
-Vous m'en aurez fait quand-même, professeur Marty.
Gilda lui répondit par un sourire contrit, un peu ironique à vrai dire.
-Est-ce indiscret si je vous demande comment les choses se sont passées ? Demanda t-elle, tout de même d'une petite voix.
-Non, mais bien parce que c'est vous professeur Marty.
Il lui sourit et expliqua :
-Potter et ses amis sont venus toquer à ma porte avant le dîner, lui n'en menait pas très large et Weasley surveillait Miss Je-sais-tout. Ils ont tourné autour du pot un bon moment et puis Potter a lâché d'un coup : « je suis venu présenter mes excuses pour ce qui s'est passé l'autre fois »... Alors visiblement il n'avait pas tout raconté aux deux autres oiseaux et puis... Bon j'ai exigé qu'on se rende immédiatement dans le bureau de Dumbledore. Lui nous a servi de témoin à peu près impartial, je dis bien « à peu près ». Et puis on a passé un accord de bonne conduite, il a intérêt de s'y tenir et de faire son bouleau ! Bon, j'ai quand-même du promettre de ne pas faire d'allusions à son père....
-Et bien il faudra t'y tenir. Répondit Gilda.
Severus hocha la tête à l'affirmative :
-Je pense que ce sera moins difficile maintenant, répondit-il, mais j'espère qu'il ne va pas se montrer insolent.
-Pourquoi le serait-il ? S'il s'est engagé je pense qu'il respectera sa parole, cela semble faire partie de son amour propre.
Severus acquiesça mais sembla peu convaincu, et Gilda espéra de tout son cœur ne pas l'avoir froissé.
Même si cela ne semblait pas être le cas car il se pencha vers elle pour l'embrasser sur la tempe dans la foulée. Elle eu un sourire et se blottit contre lui, nichant son visage dans le cou de son compagnon qui lui passa la main dans le dos.
Lorsque Gilda s'endormit à ses côtés ce soir là, il était déjà tard et contrairement à lui elle avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil.
Le lendemain, un incident se produisit en cours : tous les Serpentards de cinquième année rendirent copie blanche à l'examen, Malefoy en tête. Quant-à ceux de troisième année qu'elle avait juste après, ils restèrent passifs tout le cours, sans prendre de notes ni écouter. Gilda comprit très vite qu'elle avait à faire face à un mouvement aussi délibéré que général.
Mais elle n'eut pas le temps de prévenir Dumbledore, celui-ci l'attendait à la sortie de sa classe accompagné d'un Severus totalement excédé. Et pour cause, les futurs ASPIC de Serpentard venaient de boycotter ses deux cours, réduisant le nombre déjà peu élevé de ses élèves à ce niveau.
-Mais il y a plus grave Severus, intervint le directeur après son récit, cette provocation en duel par Malefoy est bien plus dangereuse.
-Ignacius Malefoy t'as lancé un duel ? S'affola Gilda.
Severus secoua la tête :
-Lucius Malefoy, répondit-il, parce qu'il estime que j'ai trahi notre amitié en te fréquentant. Voyons les choses du bon côté, tout Poudlard est au courant à présent.
Gilda secoua la tête, elle n'en revenait pas :
-Comment est-ce possible ?
-Severus, ne prenez pas le risque d'accepter, conseilla Dumbledore, rien ne vous y oblige.
La jeune femme renchérit d'un hochement de tête vigoureux mais Rogue les arrêta tous les deux :
-On en a déjà parlé, répliqua t-il à Dumbledore, refuser me ferait perdre tout crédit et nous rabaisserait pour toujours aux yeux de la société sorcière. Albus, je ne peux pas faire autrement, sinon Gilda, Sebastian, Moon et moi allons en pâtir.
-Nous ne pouvons pas prendre le risque de vous perdre Severus, pas maintenant.
Dumbledore rajouta plus bas :
-l'Ordre du Phoenix a besoin de vous.
Gilda tenta également de le raisonner :
-Ce n'est pas à Lucius de te provoquer de toute façon, et tout le monde le sait. Et puis ces coutumes sont désuètes à présent, inutile d'aller te faire tuer.
-Si je refuse Gilda, je pers tout honneur et toi aussi ! C'est comme si je niais que nous sommes ensemble, aux yeux des autres cela revient à faire comme si je t'abandonnais... Ou comme si nous n'avions eu qu'une aventure passagère tout juste bonne à faire jaser.
Il se pencha vers la jeune femme qui lui lançait des regards furieux :
-En même si ce n'est pas vrai, mon attitude pourrait servir de prétexte à d'autres pour commettre toute une foule d'exactions contre toi ou tes enfants.
-C'est ridic...
-Vois par toi-même, la réaction des Serpentards ne te suffit donc pas ? Si nous ne réagissons pas vite, tu vas sembler une femme qui jongle entre deux partis, une profiteuse ou une...
-Putain ?
Gilda avait prononcé ce mot sur un air de défi, comme si elle le mettait à l'épreuve :
-Oui, répondit Severus, c'est cette image que beaucoup auront de toi.
-Ce n'est pas un duel qui changera les choses Severus ! Ce n'est pas en allant te faire tuer que...
-Un duel, c'est un geste d'honneur, celui qui l'accepte devient exempt de tout soupçon de manœuvre malhonnête... Et puis, je n'ai pas l'intention de me faire tuer.
-Severus, intervint Dumbledore, vous savez aussi bien que moi que Lucius Malefoy est plus puissant que son frère.
-Je connais Lucius, et même mieux que vous deux réunis, répliqua Rogue, et je l'ai vu de nombreuses fois à l'œuvre, je sais comment l'avoir.
Devant son air buté, Dumbledore sembla abandonner la partie. Mais Gilda refusait de lâcher l'affaire. Elle s'approcha de Severus et le supplia :
-N'y réponds pas, ce n'est pas la peine... Le jeu n'en vaut pas la chandelle, il t'attire peut-être dans un piège ou un guet-apens... Je crois que...
Mais elle ne put finir sa phrase car elle se sentit soudain très confuse... Un instant c'était comme si une porte s'était ouverte avant de claquer à nouveau sur ses gonds dans sa mémoire... Pourquoi venait-elle de parler de guet-apens ? Elle savait que cela lui rappelait quelque chose... Mais quoi exactement ?
Son trouble dut se voir sur son visage car Severus lui lança un regard interrogateur, elle ne pouvait s'exprimer toutefois, malgré l'envie qu'elle en avait. Tout ce qu'elle put dire fut :
-Severus, je connais les Malefoy pour être déloyaux, et je ne crois pas que le père Malefoy aie le moindre intérêt à un duel contre toi... Il a probablement d'autres plans en tête.
-Et souvenez-vous que notre position est très délicate en ce moment. Ajouta Dumbledore. Si Lucius Malefoy vous tuait dans une embuscade, il ne serait sûrement pas inquiété par la justice...
-Je prends le risque, d'ailleurs je n'ai pas vraiment le choix si je veux tirer cette affaire au clair.
-Severus...
-Tout se passera bien Gilda ! Ne t'en fais pas...
Il se pencha vers elle et l'embrassa sur le front.
-Je te promets que ça ira... Maintenant il faut que j'y aille...
Gilda le regarda s'éloigner dans le couloir la peur au ventre, il fallait qu'elle dise, qu'ils sachent ce qui se passait...
Mais avant qu'elle n'ait pu décider quoi que ce soit, Dumbledore l'attrapa par le bras :
-Qu'avez-vous Gilda ?
Il avait du lire en elle qu'elle était troublée, la jeune femme ne savait toutefois comment répondre, aussi elle bredouilla :
-Je sens juste quelque-chose, je crois que Severus va tomber dans un piège... Une impression de... déjà vu.
Dumbledore n'en écouta pas plus, il fit signe à Gilda de le suivre et ils s'enfermèrent dans la salle de classe à présent désertée.
-Gilda, il faut que j'utilise sur toi la legilimencie, et vite avant que ton souvenir ne rentre à nouveau dans l'ombre.
La jeune femme aurait voulu protester, refuser ou même s'enfuir, mais la peur pour Severus la retint. Elle s'assit sur une chaise face à Dumbledore. Bien que ses traits expriment toute la réticence que lui inspirait la legilimencie, elle ne bougea pas lorsque le directeur leva sa baguette....
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top