la troisième prophétie
Soudain une voix, la dernière qu'il s'attendait à entendre, retentit derrière lui sur le ton le plus sûr qu'il ne lui avait jamais entendu.
- Moi, j'ai des renseignements à donner.
La salle fut parcourue d'un murmure que les Carrow réprimèrent d'une exclamation menaçante et Severus, le plus calme du monde malgré son trouble, se retourna lentement vers le professeur Trelawney.
Celle-ci s'était avancée au milieu de la salle en traversant les rangs de la maison Poufsouffle, seconde maison plus clairsemée de l'école depuis la nuit précédente, et lui faisait face droite comme un I.
- Sibylle, lui dit-il d'une voix posée.
A présent les murmures s'étaient tus et tous observaient l'enseignante, les Carrow avec méfiance, Severus d'un regard insondable et tout le reste de l'école avec angoisse, ou satisfaction pour certains Serpentards.
- Bien, dit-il. Qu'avez-vous à nous dire ?
Il avait parlé d'un ton froid, dur, en s'avançant légèrement. Sibylle ne bougea pas d'un centimètre et répondit :
- Tout ce qui s'est passé cette nuit n'est que le résultat d'une obscure machination. Et aussi vrai que vous n'avez pas assassiné le professeur Dumbledore et que le professeur McGonagall ainsi que tous les élèves disparus sont en sécurité, vous en étiez largement complice.
Comme si cette déclaration avait déclenché un phénomène surnaturel, elle poursuivit soudain d'une voix rauque et désincarnée, le regard totalement absent :
« Dans cinquante jours précisément, la dernière bataille avant une nouvelle ère aura lieu ici-même. Celui qui la gagnera sera le maître de la mort et en maîtrisera les trois pouvoirs dont le premier n'est pas celui que l'on croit. Le parasite sous sa Cape d'obscurité sera le premier à mourir et sera suivi de près par celui qui n'aura pas gagné la Baguette. »
Avec un hoquet, Trelawney reprit soudain conscience devant l'assemblée muette de stupéfaction. Severus n'hésita pas un seul instant et pointa sa baguette sur elle, la menaçant :
- Être professeur ne vous autorise pas à provoquer le directeur Sibylle. Incarcerem !
Une corde jaillit et s'enroula brusquement autour de Sibylle, se resserrant d'un coup sec qui la fit tomber à terre. Elle poussa un cri de terreur et, sur un signe de Severus, les Carrow la sortirent de la pièce pour la conduire dans les cachots.
Il marcha à pas lents et remonta sur l'estrade d'où il toisa l'assemblée un long, le visage insondable et profitant de la frayeur que l'arrestation venait de provoquer. Malgré l'horreur qu'il ressentait à l'idée de ses propres actes, il savait qu'il ne pouvait se permettre la moindre clémence envers Sibylle Trelawney sans que cela n'éveille les soupçons. Pire encore, elle venait de débiter une véritable prophétie, obscure mais vérifiée.
Il devait donc prévenir le Seigneur des Ténèbres sans délai. Un instant, il envisagea de liquider les Carrow et faire croire à un accident mais se ravisa. Il y avait des centaines de témoins et cela attirerait aussi rapidement qu'immanquablement les soupçons.
Élèves et professeurs étaient aussi pâles les uns que les autres, Filius à présent semblait prêt à exploser. Comprenant qu'il ne tiendrait plus longtemps et souhaitant éviter une seconde arrestation, Severus ordonna d'une voix froide :
- Si personne d'autre n'a quoi que ce soit à dire, la journée peut commencer. Les cours se tiendront à neuf heure.
Tête baissée, les élèves se dispersèrent lentement, suivis de leurs enseignants. Seul Filius resta dans la salle. Severus lui adressa un regard interrogateur mais le petit sorcier attendit qu'ils soient totalement seuls pour parler :
- Pas de petit-déjeuner ce matin, fit-il remarquer de sa voix flûtée qui résonnait plus durement qu'à l'accoutumée. C'est la quatrième fois cette année. Pour vingt élèves qui ont fui, vous donnez aux autres l'envie de faire de même.
- Filius, répliqua le directeur. Si le bien-être de ces enfants vous importe autant je vous conseille de me parler sur un autre ton. Il serait fort regrettable pour eux qu'un troisième professeur quitte son service.
Mais Filius ne se démonta pas et répondit :
- Qu'avez-vous fait de Minerva, Severus ? Et que comptez-vous faire de Sibylle ?
- Il ne vous appartient pas de le savoir. Ces deux enseignantes sont renvoyées pour des manquements graves au règlement de l'école.
- Sibylle n'a manqué à aucun règlement ! S'écria Filius. Elle vient d'être prise d'une transe prophétique !
- Accompagnée de quelques phrases singulièrement provocantes, répliqua Severus. Vous me l'accorderez. Quant-à Minerva...
Sa dernière phrase acheva de faire perdre à Filius sa dernière retenue, il hurla d'une voix suraiguë :
- Comment pouvez-vous oser prendre un tel prétexte pour faire disparaître deux de vos collègues Severus ?! Alors que vous-même avez assassiné Albus Dumbledore et trahi toute l'école l'an dernier !
Mais il n'eut pas le temps de dégainer, Severus le désarma et le suspendit par les pieds avec deux informulés.
- Vous avez dépassé les limites Filius, lui dit-il tandis qu'Alecto entrait dans la Grande salle.
Et il l'enchaîna également d'un coup de baguette avant de le bâillonner par le même procédé. La mangemort à côté de lui sourit de manière malsaine :
- J'ai toujours rêvé d'envoyer ces deux-là aux accromentules, dit-elle avec délectation.
- Un seulement, répliqua Severus.
Alecto écarquilla les yeux d'une air surpris et contrarié, il ajouta aussitôt :
- Trelawney a sorti une vraie prophétie après sa première tirade d'idioties, le Seigneur des Ténèbres doit être prévenu car c'est lui qui décidera de quoi faire. Surveillez le château et cette fois-ci ne vous faîtes pas avoir surtout. Trelawney doit absolument rester sous notre contrôle.
Il désigna Filius, enchaîné à l'envers, d'un signe de tête :
- Je m'occupe de celui-ci immédiatement.
- Attend Severus, juste une seconde... Depuis le temps que j'en rêve...
Alecto tira sa baguette et la pointa sur Filius avec un sourire sadique :
- Endoloris !
Le sorcier hurla sous sous bâillon et s'écroula par terre en se tordant malgré les chaînes qui l'enserraient. Severus la laissa faire quelques secondes pour ne pas éveiller les soupçons puis l'arrêta :
- Stop, sinon les accromentules n'en voudront pas.
- Déjà qu'il n'y a pas grand-chose à manger... Ricana Alecto.
Elle rangea sa baguette et Severus pétrifia Filius avant de le faire léviter hors du château. Quelques minutes plus tard, il entrait dans la Forêt interdite. Il ne lui fallut que quelques minutes de marche avant qu'il ne rencontre le centaure Magorian qui l'arrêta. C'était parfait :
- Qui est-ce ? Demanda le Centaure en désignant Filius.
- Un allié, répondit Severus. Ce n'était pas prévu mais je n'ai pas eu le choix.
Il rangea la baguette de Filius dans la poche de son veston, là où il était sûr qu'elle ne pouvait tomber, leva le sortilège de lévitation tout en le soutenant pour éviter une chute et ajouta :
- Minerva le connaît bien, dîtes-lui qu'il y a eu de graves incidents ce matin, que Sibylle est en très mauvaise posture sans que je puisse grand-chose pour elle. Et que Filius ici présent à subi le sortilège du doloris par Alecto Carrow. Le reste, il vous le racontera éveillé.
Magorian acquiesça et chargea Filius inconscient sur son dos. Severus partit sans attendre afin d'avoir le temps de donner un peu le change auprès des accromentules. La veille, il s'était servi de quelques poulets du château pour simuler le premier arrivage et cela avait marché comme sur des roulettes, même si contrairement à ce qu'il affirmait, il n'aurait jamais osé demander du venin en échange et s'était contenté de refourguer les proies à quelques accromentules subalternes qu'il avait rendues confuses jusqu'à leur faire imaginer une attaque de Minerva sur leur toile. La disparition d'Aragog avait ses avantages : il n'était plus obligé de traiter avec la colonie entière.
Cette fois-ci, c'est un blaireau qui tomba sous un sectusempra de sa part et il se dirigea vers une toile différente de celle de la veille. Fractionner les informations était vital s'il voulait berner son monde.
La toile la plus proche de la lisière appartenait à une femelle que Severus traita avec le même sortilège de confusion avant de la laisser se régaler de « chair humaine ».
Puis il se dépêcha de prendre le chemin du retour, inquiet à l'idée de ce qu'il pouvait se passer au château.
C'est alors que sa marque se mit à le brûler intensément...
Le Seigneur des Ténèbres voulait le voir.
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