La blessure de Minerva

Elles avaient fini par parvenir à destination et Minerva s'était assise, ou plutôt écroulée devant le feu, totalement fracassée par les nouveaux événements. Elles étaient arrivées alors que Bane ouvrait la réunion et expliquait les clauses de neutralité qu'il avait signées avec le ministère.

A présent, Minerva cherchait une position pas trop douloureuse pour ses pauvres membres courbaturés, tout en examinant sa baguette abîmée d'un air soucieux et en écoutant attentivement la conversation :

- Il y a une chose que j'aimerais éclaircir tout d'abord, répliqua Severus à Bane. Vous dîtes être restés neutres, pourtant vous avez accueilli une sorcière recherchée parmi vous.

- En cela nous n'avons brisé aucun de nos engagements, expliqua le centaure. Aucune clause du traité signé avec le ministère ne nous interdisait d'accueillir des sorciers, tant qu'ils n'étaient pas classés indésirables bien sûr. Or, ce n'est pas le cas d'Aliena.

- Comment cela se fait-il d'ailleurs ? Demanda Gilda Marty intriguée.

Minerva connaissait la réponse mais n'avait pas l'énergie de la donner, d'autant que ce n'était pas à elle que l'on avait posé la question. La jeune fille qui s'était approchée de Gilda lui répondit doucement :

- Je ne faisais pas partie de la liste des jeunes à arrêter, puisque j'avais fini mes études. J'ai failli être raflée avec mon frère mais nous avons été séparés et j'ai été cachée avant d'être identifiée.

- Même avec ça, répondit la jeune femme. En temps que née-moldue...

Aliena Levy secoua la tête et répondit :

- Je ne le suis pas, contrairement à Jo. Nous n'avons pas la même mère, la mienne était une sorcière employée du ministère et elle est morte quand j'avais deux ans, pendant un attentat contre Milicent Bagnold perpétré par les mangemorts. En fait, Jo ne devrait même pas être considéré comme un né-moldu car notre père a des sorciers dans sa généalogie, son père notamment. C'est un cracmol en fait... Enfin, ce n'est pas le débat mais ça explique qu'on soit venus sur le quai malgré les avertissements, on pensait qu'on n'était pas concernés... Une belle erreur.

- Vous n'êtes donc pas recherchée, conclut McGonagall.

- Difficile de dire ce qui serait arrivé si j'avais tenté de revenir chez moi. Ma belle-mère a été assassinée par les mangemorts et mon père envoyé à Azkaban.

Tout le monde frémit et les douleurs dans le dos de Minerva se firent plus fortes. Par Merlin, elle n'avait plus l'âge de ces acrobaties, et encore moins celui d'affronter toutes ces émotions.

- Pour en revenir à notre problème, poursuivit Bane. Nous en sommes au point où nous devons décider si nous prenons le risque de rompre notre neutralité. C'est une décision très grave qui sera lourde de conséquences.

Non loin de Bane, sa centaure, noire avec la poitrine dénudée, hocha vigoureusement la tête. Une autre centaure d'un certain âge, celle-là vêtue d'un haut de veste et que Minerva ne connaissait pas prit alors la parole :

- Notre neutralité sera rompue tôt ou tard, dit-elle doucement. Bane, tu sais parfaitement que notre territoire est convoité par des créatures de l'ombre. Nous serons envahis, et dans peu de temps. Des détraqueurs arrivent chaque jour plus nombreux dans le coin. Quant-aux accromentules, vous avez repoussé deux intrusions ces derniers jours.

- Mais si nous provoquons le ministère, cela précipitera les événements.

- Qu'avons-nous à perdre ? Intervint le centaure qui couvait du regard Aliena Levy. Seuls nous ne pouvons nous défendre. Qu'une invasion ait lieu dans six jours, six mois ou six ans, ce sera du pareil au même. Nous serons exterminés si nous n'acceptons pas d'aide.

- Nous savons depuis des mois, renchérit un vieux centaure. Que notre territoire constitue une zone stratégique car il permet d'accéder directement à Poudlard. Or Celui dont on ne doit pas prononcer le nom veut contrôler totalement cette école. Il ne laissera pas un peuple neutre à ses abords.

Bane réfléchissait intensément. Sa centaure lui lançait des regards inquiets et se mordait la lèvre comme si elle avait voulu dire quelque-chose. Malgré sa fatigue, Minerva remarqua qu'elle jetait de fréquents coups d'œil hostiles à Aliena. Elle parla avant même d'avoir réfléchi à ses propos :

- Vous voudriez bien la livrer aux mangemorts, pas vrai ? Dit-elle d'une voix dure à la centaure en lui lançant un regard sévère.

- Ce serait sans doute une option raisonnable, répliqua celle-ci froidement. Mais non. Je suis simplement inquiète et atterrée que Wallian ait commis une telle imprudence...

Reportant son attention sur Aliena, Minerva sursauta en remarquant un détail qu'elle n'avait pas saisi tout d'abord : la jeune femme était enceinte. Par Merlin, cela voulait-il dire que ?

Elle eut la réponse rien qu'en regardant le jeune centaure à côté d'Aliena. Oui, c'était cela, indéniablement.

Gênée, elle voulu changer de position et étouffa seulement à moitié un cri de douleur quand ses deux épaules se rappelèrent à son bon souvenir.

- Quelque-chose ne va pas Minerva ? Lui demanda Severus.

- Le sort de stupéfixion des Carrows m'a laissée extrêmement courbaturée, répondit-elle les dents serrées.

- Stupéfixion ?

Severus paraissait inquiet. Il fit un signe à la sorcière qu'on avait présentée à Minerva sous le nom de Federica Scott et tous deux se levèrent pour venir l'examiner.

- Veuillez nous excuser deux secondes, dit Severus aux centaures. Mais à l'âge du professeur McGonagall et avec sa vieille blessure de Quidditch, son état est un peu inquiétant.

- Je vais m'en charger, dit doucement Federica en relevant le professeur, aidée de Gilda qui s'était jointe à eux et en l'entraînant à l'écart.

A leur grande surprise, la centaure de Bane se joignit à elles.

- Notre campement est un peu plus loin, dit-elle doucement. Vous pourrez l'allonger dans une hutte.

Elle les guida sur une centaine de mètres jusqu'au campement du clan de Bane et Minerva prit conscience de son état en constatant qu'elle avait bien de la peine à marcher et à garder son équilibre. Il lui fallait le soutien des deux autres pour tenir debout. A son grand soulagement, elles finirent par entrer dans une hutte assez grande où un centaure d'une quatorzaine d'années fabriquait des flèches en silence.

- Bonsoir Ardashir, lui dit la centaure mi sévère – mi bienveillante.

- Mère, répondit l'adolescent.

Il jeta un regard surpris aux trois sorcières qui suivaient sa mère en clopinant. Mais celle-ci n'y fit pas attention et désigna un lit de feuilles sèches où Gilda et Federica étendirent Minerva. Celle-ci gémit encore une fois et Federica Scott l'examina sérieusement, une baguette à la main.

- Qu'est-ce que c'était cette blessure de quidditch ? Lui demanda t-elle au bout d'une minute.

- Un cognard en plein sur le dos, répondit Minerva en serrant les dents. Il a touché les vertèbres et m'aurait brisé la nuque à quelques centimètres près. Je suis tombée de mon balais et deux sorts de coussinage m'ont évité de m'écraser vingt mètres plus bas, mais leur combinaison m'a durablement abîmé la cage thoracique.

- je comprends donc mieux votre état, souffla Federica d'une voix qui laissait entendre qu'elle n'avait jamais vu ce genre de choses.

Avec sa baguette, elle effleurait le corps de Minerva en fronçant les sourcils, marmonnant de temps à autre une incantation ou deux.

l'enseignante ne connaissait pas bien la médicomagie, mais elle était sûre que Poppy Pomfresh n'avait pas ce genre de techniques. Cela dit, Federica Scott la soignait efficacement et ses courbatures disparaissaient une à une. Malgré cela, la sorcière gardait un visage inquiet. Lorsqu'elle eut fini et que Minerva voulut se lever, elle l'arrêta :

- Restez en repos, lui dit-elle fermement. Vous avez fait une belle réaction au sortilège de stupéfixion et mes charmes n'ont pas fini d'agir. Mrs Mal... Gilda va rester auprès de vous. Moi je retourne aux négociations.

Et elle sortit en les laissant seules, Minerva jeta à Gilda un regard complice.

- Vous direz que je vais mieux. Lui dit-elle d'un air entendu.

Mais Gilda l'arrêta d'un geste :

- Pas question Minerva. On vous a recommandé du repos alors vous allez me faire le plaisir de rester sagement allongée.

- Je me sens parfaitement bien.

- Federica est une guérisseuse douée. Si votre état l'inquiète, vous devez en tenir compte. Maintenant restez sage.

Bougonnant et pestant, la vieille femme se rallongea néanmoins. Elle remarqua alors que la centaure de Bane et son fils étaient sortis et murmura à Gilda :

- Vous y croyez vous, à cette alliance ?

- Oui, répondit la jeune femme. Parce que ni les uns ni les autres n'ont d'autre option. Il faut que ça marche...

Comme si l'assemblée regroupée autour du feu avait obéi au souhait profond de Gilda, l'alliance était en train de se conclure lorsque Federica rejoignit le cercle. Bane lui annonça le contenu de l'accord trouvé :

- Le groupe de votre cousine sera accueilli ici, du moins les personnes en état de se battre. L'AD a proposé que les enfants soient cachés dans la Salle sur Demande du château. C'est un endroit sûr.

- Comment pourront-ils y parvenir ? Demanda Federica.

Neville de l'AD lui répondit :

- Nous avons de quoi les faire rentrer dans Poudlard, un dernier passage secret. Pouvez-vous venir avec moi et prendre votre miroir pour contacter la supérieure Angela ?

Federica comprit que, malgré leur alliance, il n'était pas prêt à tout dire à Severus Rogue. S'en félicitant, elle le suivit un peu plus loin dans les bois. Ils marchèrent près de deux cents mètres avant que Neville ne l'arrête, au beau milieu d'une clairière :

- ça ira ici, dit-il. Pouvez-vous jeter un sortilège d'assurdiato autour de nous ? Les centaures craignent que des créatures n'épient nos conversations.

Federica remarqua alors que, en effet, il n'entendaient plus rien du côté du campement centaure. Elle s'exécuta puis sortit de sa poche le miroir à double-sens :

- Angela ! Appela t-elle.

A sa grande surprise, celle-ci apparut aussitôt, les traits tirés d'inquiétude et d'épuisement. Un bourdonnement de fond s'entendait derrière elle et Federica comprit aussitôt que quelque-chose de grave avait eu lieu.

- Que se passe t-il ? Demanda t-elle à sa cousine.

- L'école a reçu des représailles, répondit Angela. Pas de victimes à déplorer à part les abeilles de Djena mais Schwester Athénaïs vient de m'envoyer son patronus avec un message si furieux qu'il a réveillé tout le monde et fait peur aux enfants. Et vous ? Quelles nouvelles ?

Federica lui raconta ce qui était ressorti des négociations et passa le miroir à Neville au moment de parler de leur arrivée.

- Bonjour, dit celui-ci. Connaissez-vous le bar de la Tête de sanglier ?

De l'autre côté de miroir, la supérieure Angela acquiesça.

- Oui, répondit-elle. Abelforth Dumbledore est un ami.

- Dans sa maison, expliqua Neville. Il y a un passage secret qui mène à Poudlard. Utilisez un portoloin pour arriver directement chez lui car Pré-au-lard est très surveillé. Il vous guidera. Je vais envoyer quelqu'un le prévenir. Pourrez-vous agir au petit matin ?

Le visage d'Angela disparut un instant du miroir avant de réapparaître.

- Au matin, oui, répondit-elle. Nephtis et Jaody sont en train de réveiller les quelques enfants qui avaient réussi à se rendormir. Nous ne tarderons pas à être prêts.

- Très bien, répondit Neville. Donc à tout à l'heure.

Il rendit le miroir à Federica qui s'en saisit et dit :

- Le professeur McGonagall a été sérieusement touchée par un sortilège de stupéfixion, il faudra que tu l'examines car je ne suis pas très sûre des soins que je lui ai prodigués, quand bien même elle semble aller mieux. Il y a une blessure magique ancienne dessous.

- Nous verrons ça au matin, répondit Angela. En attendant qu'elle reste tranquille. Je connais Minerva, dis-lui de ma part qu'il n'est pas question de faire des exploits aujourd'hui.

Federica hésita un peu avant de demander :

- Vraiment aucune victime dans l'école ?

- Non, répondit Angela. Et ta famille va bien, Schwester Athenaïs a quand-même eu le soucis de me le préciser dans son message.

- Elle gagnera les élections de la sororité l'an prochain, pas vrai ?

- C'est probable en effet. Tant pis.

Angela la regardait d'un air grave mais déterminé et elle ajouta fermement :

- En ce qui me concerne, la seule chose que j'ai à regretter est de n'avoir pas réussi à sauver Ignacius et Marc.

Là dessus, elle coupa la communication. Federica soupira, rangea le miroir et avec Neville ils reprirent le chemin du campement.

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