Chapitre II. Ermites

Hello hello ! Ça va chez vous ? De mon côté tout va bien. Je vous reviens avec un nouveau chapitre un peu plus court. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

Bonne lecture. 🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿🍿

     
Point de vue Georges

Ça fait deux mois que nous sommes installés à Puerto Ayora. Alan m’a aidé à nous faire de nouveaux papiers. Maintenant je suis Antonio Suarez Alvaro. Ma fille est Martha Suarez del Carmen.
Il m’a procuré deux cryptophones, un téléphone satellite dont l’abonnement est à son nom et des armes. Je garde les munitions dans la cave.

Alan est un vieil ami de Séverine. Ils se sont rencontrés à l'université. Il l’a beaucoup aidé à échapper à ses truands, à ces monstres qui la poursuivait. Même si ils ont eu raison d’elle.
Il nous a toujours aidé et je lui en suis très reconnaissant.

Je fais attention à tout pour ne pas nous faire repérer cette fois. Je ne sais pas combien de temps nous allons rester ici. Ce qui est sûr, c’est que je veux que Severina ait une vie normale, qu’elle ait des amis, qu’elle aille à l’école, qu’elle s’amuse comme une enfant normale. Ça a toujours été notre rêve avec Séverine. Maintenant qu’elle n’est plus là, ça me pèse, tout me pèse. J’ai l’impression de suffoquer. Je ne suis pas à la hauteur. Je me rends compte à chaque jour qui passe, que j’ai besoin d’elle.

Je me surprends à l’appeler, à attendre qu’elle rentre, les yeux braqués sur l’horloge. Mais elle ne vient pas. Elle ne reviendra pas et je ne peux même pas aller la voir, ni lui apporter des fleurs. Elle est seule à des milliers de kilomètres. Ma sœur a dû retourner à Kinshasa et Zoé ne peut pas lui apporter des fleurs sous peine d’attirer l’attention de ces gens.

La savoir seule et abandonnée me torture.
Pour me soulager, je lui parle sur l'une de ses photos. Sur celle où, elle portait sa robe d’été bleu ciel que je lui avais achetée à Madagascar. Avec des boucles d’oreilles créoles dorées. Son sourire est à couper le souffle et son regard est juste envoûtant. Lui parler me fait du bien, mais me rend triste également.

Je pleure beaucoup, mais je fais attention à ne pas le faire devant la petite. 

Pour essayer de me changer les idées, je réfléchis sur comment réaliser notre rêve à Séverine et moi. Je cherche comment donner une vie normale à notre fille.

Soudainement, mon cœur crise dans ma poitrine. Des gouttes de sueur parcourent mon visage. Mes mains moites  saisissent le Glock 40 qui est dans le grand vase en céramique sur le meuble près de la porte d’entrée. D’un pas prudent je me dirige vers la source du bruit qui vient de me prendre le peu de  paix que j’avais. Je m’efforce de calmer ma respiration.

Une fois à l’embrasure de la porte, ma pression redescend quand je constate que ce n’est que le sifflement de l’autocuiseur. Je pousse un soupir de soulagement en m’appuyant contre la porte de la cuisine.  Je regagne le séjour et m’affale sur le canapé essayant tant bien que mal de calmer les battements rapides dans ma poitrine. Je n’y arrive pas.

Je ressens une gêne dans le ventre. Ma poitrine se comprimé de plus en plus. Je me sens angoissé. J’essaie de comprendre pourquoi je suis dans cet état et soudain…

—Severina !

Je me lève rapidement et prends deux par deux les marchés qui mènent à l’étage. J’ouvre la porte et ma pression redescend doucement. Elle dort paisiblement.

L’image de cet homme marchant vers elle cette nuit-là me hante. Je suis traumatisé à l’idée que cela puisse se reproduire et je n’ose même pas imaginer ce qu’il aurait pu lui faire. 

Elle dort et sa respiration est calme et régulière. Mais l’état de sa chambre témoigne de ses états d’âme. Tout est saccagé une fois de plus. Des jouets cassés, des éclats de verre au sol, un vrai désastre.
Seule Priscille échappe au carnage à chaque fois.
Encore ce dessin, celui d’un homme à l’œil bandé. Et comme à chaque fois, il est perforé. 

Je ramasse délicatement les morceaux de verre pour éviter qu’elle ne se coupe en marchant.

Je passe mon poignet droit sur les yeux pour tenter de les sécher. Je n’y arriverai pas, c’est trop. J’ai l’impression de perdre la tête. J’arrive à peine à dormir et malgré tout, je dois rester fort pour elle.

Elle n’a plus dit un mot depuis notre dernier soir à Mexico. Elle est devenue agressive. Elle cogne, casse, hurle, s’agite. Il lui arrive de se faire mal. 

Voir ma fille dans cet état me rend malade. Je suis à bout de force, complètement épuisé mentalement. Je suis constamment tendu, sur le qui vive. Le moindre bruit met en alerte. Il m’arrive parfois de faire plusieurs aller retour entre le séjour et la chambre de ma fille pour vérifier que tout va bien.

Je retrouve ma place sur ce canapé en expirant bruyamment. Je m’essuie tant bien que mal les yeux. Je suis à bout.

Un petit instant de répit et mon cœur repart au galop. On frappe à la porte d’entrée. Je saisis l’arme sous le fauteuil, dans l’ouverture que j’ai faite exprès. Je marche vers la porte et me place à côté de celle-ci mon arme bien positionnée.

—Qui est-ce ? crié-je.

—Le livreur.

Je regarde à travers le judas et je vois un petit jeune dans un uniforme que je reconnais. Chemise grise avec des bandes de biais noire se croisant pour former carré, un pantalon de la même couleur que le haut, une casquette de la même teinte et des baskets blanches.
C’est celui du supermarché où j’ai l’habitude de commander les produits de première nécessité.

Je lui ouvre après avoir coincé l’arme à l’arrière de mon pantalon. Je sors mon porte-monnaie de ma poche italienne. Je règle l’achat et récupère mon paquet. 

—Ça fait quand même plus d’une heure que je vous attends. Vous pourriez faire un effort.

—Désolé m’sieur. C’est à cause du trafic.

—Bien sûr toujours votre trafic. Vous pourriez quitter la boutique plus tôt non ?

—Excusez-moi m’sieur je dois y retourner j’ai d’autres clients à voir.

—Ouais, ouais pauvres clients.

Le jeune homme fait volte-face et ne tarde pas à disparaître. Je referme la porte à double tour et vais ranger les courses.

Je les reconnais tous à leurs uniformes. Il y a ceux du supermarché, ceux du marché aux poissons, celui de la boucherie, celui du magasin d’électroménager,…

Ils sont nombreux, mais tous aussi lents les uns que les autres.

Je me fais tout livrer, sans exception. Nous ne sortons pas par crainte d’être repérés. Nous vivons la peur au ventre, enfermés tels de vrais prisonniers.
Notre prison, elle est à l’intérieur et ses geôliers sont tenaces. J’essaie tant bien que mal de les échapper, mais parfois les chaînes invisibles sont plus solides que les visibles.

 Je finis de ranger les courses et je sursaute presque quand je remarque que Severina est derrière moi.

 —Tu es réveillée ma chérie, est-ce que tu as bien dormi ?

Aucune réponse, même pas un hochement de tête. Elle se tient debout devant la porte, serrant contre elle Priscille et se frottant les yeux de son poing gauche. Ses cheveux en bataille me rappellent qu’il faut que je m’en occupe. Mais encore une fois je ne sais pas quoi faire. Je vais devoir encore me voir des tutos. C’est trop compliqué.

Je passe la porte et elle me suit, traînant presque sa poupée au sol. Elle ne la quitte que rarement. C’était un cadeau de sa mère. 

—Ma chérie va te débarbouiller puis vient manger.

Elle hoche la tête avant de remonter les marches avec nonchalance.

—Et n’oublie pas de te brosser les dents, lancé-je à haute voix pour qu’elle  m'entende.

Elle a tendance à oublier. Je réprime les larmes qui menacent de couler en finissant de mettre la table. J’ai expressément placé une rose rouge au centre dans le but de lui arracher un sourire. Ce sont ses préférées. 

Le plat n’est pas attrayant, une sorte de bouillie gluante jaunâtre. Je ne sais pas trop comment ça s’appelle. Ça ne ressemble à rien. A vrai dire, ça ne donne même pas envie. C’est encore raté. Je porte une cuillère à ma bouche et je grimace aussitôt.

Ma fille ne tarde pas à redescendre. Je n’arrive pas  décrire son expression quand elle voit la nourriture. Des souvenirs de ma femme chantonnant en mettant la table me reviennent. De l'odeur de ses plats, de l'ambiance qu'il y avait à table,... et moi qui suis incapable de cuir un œuf,... Elle était parfaite,... Elle me manque et très souvent je pense à la rejoindre, mais je me ravise quand je pense à notre fille.

Les larmes que je réprimais se mettent à couler. Severina me regarde, et remonte en courant. Je la suis en l’appelant. Je la trouve recroquevillée en pleurs.

—Je suis désolé ma chérie, je suis désolé. On va s’en sortir tu va voir. On va s’en sortir, dis-je en la prenant dans mes bras.

Nous pleurons tous deux. 

Nous aurons encore des biscuits et du lait en guise de déjeuner. Je ne sais pas ce qu’il y aura au dîner, mais ce que je sais, c’est qu’on ne peux plus continuer comme ça. On a besoin d’aide et je suis prêt à faire ce qu’il faudra quoi qu’il en coûte.


Ce chapitre est un peu triste je sais, mais ça va leur aider de faire leur deuil.

Si non qu'est-ce que vous en avez pense?

Je vous remercie d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu.
Je vous dit à bientôt pour la suite

❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️

Instagram :

@conte__moi avec deux sous-tirets.

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