_ « Inanna. À toi de nous faire lire ton poème. »  Lui dis sa professeure d'arts

Inanna se leva timidement puis elle marcha jusqu'à la scène. La professeure, Madame Hastings, avait donné un exercice particulier à ses élèves pour qu'ils pussent exprimer leurs sentiments autrement que dans le théâtre.

Inanna se mit derrière le pupitre, elle sourit nerveusement, faisant ressortir ses adorables fossettes sur ses joues.

_ « Avant de lire, présente nous le thème. »

_ « Euhm.. Je préfère garder le suspense. »

_ « Bien. Vas-y. »

_ « Okay.. » elle souffle  « Petite, je pensais que le monde était un endroit inoffensif dans lequel nous vivons heureux. Je pensais que cet endroit inoffensif, paisible aux airs divins tolérait les différences de chacun, acceptaient l'identité de chaque être humain qui y vivait et qu'il aidait ces personnes à accepter ces différences. Nous sommes tous différents. Oui, mais je ne parle pas de ces différences. Pas de ce genre. Nous n'avons certes pas les mêmes qualités et les mêmes défauts mais mon point n'est pas ici. Hier, j'ai vu mon papa pleurer dans les bras de mon autre papa. Il se cachait, ayant peur que je le vois aussi dévasté. Il a dit qu'il n'était pas accepté tel qu'il était partout il pouvait se trouver. Il se sentait beaucoup trop marginal pour ce monde. Mon papa a également tenté de se suicider, un jour. Car ils avaient réussi à le convaincre qu'il ne méritait pas d'être ici. Il était trop différent. Mon papa Seth est une personne très sensible. Très susceptible. Oui, j'avais mal de le voir dans un état si déplorable. Je vous pose une seule et unique question. Pourquoi est-ce que la différence vous fait aussi peur. » Elle inspira longuement « Pourquoi l'a repoussez-vous au lieu de l'accueillir dans vos bras afin de rendre ce monde meilleur ? Pourquoi avez-vous peur d'elle ? Mes papas sont deux être humains, comme vous. Ce sont des hommes. Des hommes qui s'aiment, qui se chérissent jusqu'à la mort. Pourquoi ne pas tolérer le fait que deux hommes s'aiment ? La tradition vous tient encore par le cou ? La religion, également ? Au diable les lois sociales. Acceptez de changer ce monde en acceptant toutes les différences qu'elles soient raciales, qu'elles soient de genre.. Je crois toujours que le monde peut être le monde que j'imaginais petite. Un endroit presque d'acceptation, de tolérance. Un endroit où toutes les différences ne posent aucun problème. Je suis la fille de deux hommes. Nous sommes au vingt-et-unième siècle et vous n'arrivez à tolérer quelque chose comme ça. Au diable vos traditions, vos.. règles. La chose que vous ne pouvez plus tolérer aujourd'hui est de continuer de vivre dans une société fondée sur des règles qui incitent la marginalisation des différences. Merci. »

Elle descendit du podium puis elle retourna s'asseoir, sans faire un seul bruit. Sa professeure l'observa avec un petit sourire.

_ « Si tout le monde pouvait penser comme toi, Inanna, nous aurions fait de grand progrès sociaux. Mais n'oublie pas que l'Homme est une espèce stupide. »

_ « Je sais, Madame. »

_ « J'ai beaucoup aimé, c'était très beau. »

_ « Merci, Madame. » dis-je en souriant

_ « J'ai une question assez indiscrète.. Si je peux me permettre.. As-tu déjà été harcelée à cause de l'homosexualité de tes parents ? »

_ « Non madame. Le fait d'avoir des parents du même sexe me rend.. disons plus forte. Je rends ce fait, qui est un défaut pour la société, en une chose qui me rend plus forte. »

_ « Merci, Inanna. »