Chapitre 5
« Arrête avec tes propositions douteuses, ça fait dix ans que je te répète ne pas être gay ».
Qui aurait cru que cet animal fou puisse te faire changer d'avis ?
Moi, bien évidemment.
À la seconde où j'ai remarqué ce petit être se bagarrer dans mon bar, je savais qu'il te plairait. Avec son enfance douloureuse et ses cicatrices adorables et excitantes.
Je te connais par coeur à présent, Chae Hyungwon.
Me remercieras-tu pour mon rôle de Cupidon ?
Je ne le crois pas, mais qui sait ? On ne peut jamais savoir à l'avance ce que l'avenir nous réserve, pas vrai ?
Est-ce que tu m'aurais dit, il y a de cela un mois, que tu changerais d'avis ?
Pendant dix ans, j'ai tenté désespérément de te voir changer, sans résultat.
Qu'a-t-il de plus que moi ? Peux-tu me le dire ?
Peux-tu me dire également pourquoi ai-je fait ça pour toi ?
J'ai la réponse à la dernière question, Hyungwon... Veux-tu l'entendre ?
Je voulais voir comment tu allais te l'approprier et, surtout, je voulais savoir combien ça me ferait mal.
J'ai surestimé ma capacité à encaisser la douleur. Comme quoi, on ne se connaît jamais vraiment.
Assis sur la chaise de mon bureau, une cigarette entre les doigts, j'observe la vue depuis la fenêtre. Après quelques coups sur la porte en bois, quelqu'un entre.
— Vous avez fini, patron ? questionne Jooheon.
— Non, regarde, marmonné-je, blasé. J'ai encore le cul à l'air et une queue à l'intérieur, ça ne se voit pas ?
Tu vois bien que mon invité est parti, non ?
— P-pardon, murmure-t-il, gêné.
Mignon, mais pas très réfléchi.
Lorsque je me retourne, je suis étonné de ne pas voir une personne, mais deux, debout devant la porte fermée de mon bureau. Les deux hommes face à moi courbent l'échine en croisant mon regard et attendent que je daigne parler.
J'observe d'un oeil affamé, tout en terminant ma cigarette à peine entamée, l'inconnu collant pratiquement le mur, de sa colonne vertébrale dressée à la perfection.
— Et lui, qui c'est ? posé-je à Joo, tout en observant l'armoire à glace postée à ses côtés.
— Votre nouveau garde du corps, s'enquit-il. Il est sorti de prison il y a un mois. Il était chargé de récupérer l'argent qu'on prête, mais il était nul à ça. Il n'est pas très bavard, alors on s'est dit qu'il pourrait simplement utiliser ses muscles pour la bonne cause. Il semble être quelqu'un de confiance, conclut-il, d'un haussement d'épaules.
Il sera digne de confiance, le jour où je l'aurai décidé.
— Laisse-nous.
— Vous laissez ? répète-t-il, perdu. Oh, d'accord.
Il s'exécute une fois l'information arrivée à son petit cerveau et quitte le bureau, sans d'autres paroles.
Ça fait un moment maintenant que je n'avais plus croisé d'armoire aussi belle.
Une mâchoire taillée dans le marbre, un joli nez, de beaux sourcils légèrement épais, des lèvres pulpeuses, parfaitement taillées pour les fellations et un regard... Un regard si froid, si impénétrable... Tout le contraire de moi.
J'en viendrais presque à frissonner.
— Assieds-toi.
Sans un mot, il s'exécute et s'assied dans le canapé installé face au bureau. Je ne tarde pas à m'asseoir à mon tour, sur le sofa face à lui et, fasciné, ancre mon regard dans le sien.
Il est très impressionnant.
Il pourrait me faire tellement souffrir...
J'ai une envie folle qu'il me prenne et me fasse mal.
— Ton nom ?
— Son Hyunwoo.
Le dos droit, les mains collées à ses genoux, il me fixe avec un tel sérieux que mon excitation ne fait que grimper crescendo. Sa voix est calme et masculine, j'adore ça. Si seulement je pouvais le faire grogner mon nom.
— Tu sembles nouveau ici. As-tu déjà entendu parler de moi ?
— Oui, quelques fois.
— Qui suis-je ?
— Im Changkyun, numéro deux du clan Helldogs, branche du groupe Seven Dragons.
— C'est tout ce qu'on dit sur moi ? posé-je, suspicieux.
Et il ose hocher la tête.
En voilà déjà une bonne nouvelle. Il ne sait pas mentir.
— Tu as sûrement dû le comprendre, mais j'aime énormément baiser, soufflé-je, écrasant ma cigarette dans le cendrier de la petite table basse, posé au centre. Je ne touche jamais à mes hommes, parce que premièrement, je sais qu'ils n'oseraient pas me faire mal et puis surtout, parce que je ne veux pas qu'un idiot se prenne la tête à éprouver quoi que ce soit pour moi.
Quand exprimes-tu quelque chose ?
Jusqu'où arrive ton self-control ?
— Mais toi... Tu es si beau.
Les jambes croisées, je tends l'une d'elles, nonchalamment, jusqu'à atteindre sa cuisse, que j'écarte d'un mouvement lent. Il ne dit rien et se laisse faire, le visage toujours aussi fermé.
Tout en me léchant les lèvres, un sourire en coin narquois, je finis par me lever, m'approche à pas de félins et, à quelques centimètres seulement de son corps droit et frigide, tombe à genoux sur le parquet. Je ne lâche pas des yeux ses prunelles inexpressives lorsque je détache avec lenteur la ceinture de son pantalon.
Son regard sombre sur moi me brûle le corps. J'aime ça.
Est-ce qu'il me méprise, ou me désire ? Les deux peut-être ?
Traite-moi de n'importe quelle manière, Hyunwoo. Fais ce que tu veux de moi.
Les poings serrés, toujours posés sur ses genoux, je le vois crisper la mâchoire quand ma main glisse dans son boxer.
— Je suis impuissant, lâche-t-il.
Comment peux-tu dire de telles choses, avec ce visage si calme ?
Est-ce une blague de mauvais goût ?
— Tu permets que j'essaye ? tenté-je malgré tout, faisant sortir son sexe de son sous-vêtement.
— Allez-y.
J'écarte un peu plus ses cuisses, l'une de mes mains tenant toujours fermement son sexe au repos et me délecte de son regard brûlant ma peau.
Sa posture est bien trop parfaite. Bien trop honnête.
J'ai tellement envie de le salir, d'enlever cet air de gentil garçon de son visage impassible.
— Tu ressembles à tout, sauf à un yakuza, marmonné-je, avant d'englober sa queue de ma bouche.
Sans rien changer à son comportement, il se noie toujours dans mes prunelles sombres, alors que ma tête s'amuse durant de longues minutes à voyager d'avant en arrière.
Les secondes passent, son regard sur moi ne s'adoucit pas, tandis que sa queue molle, elle, ne frémit pas une seule fois.
Rien n'y fait. Elle ne bouge pas d'un millimètre.
Frustré, la mâchoire douloureuse, je me relève après de longues minutes d'acharnement et m'avance vers mon bureau, pour le contourner et ainsi pouvoir observer l'extérieur du bâtiment, une nouvelle cigarette à la main.
Je n'arrive pas à effacer son regard froid placé sur moi. Il n'a pas sourcillé une seule fois, alors que je l'ai sucé pendant une dizaine de minutes.
Je donnerais tout pour voir son visage déformer par l'envie de me baiser.
— Je suis désolé, entends-je finalement murmurer, derrière moi.
D'un soufflement de nez frustré, je tire une dernière fois sur ma cigarette avant de répondre.
— Un impuissant... Est-ce une façon pour le karma de me rappeler qu'il est préférable pour moi de ne pas toucher à mes hommes ? La vie est décidément bien trop dure. Enfin, sauf pour toi.
— Voulez-vous toujours de moi comme garde du corps ?
Il est mignon...
Comment peut-il être si chou et effrayant à la fois ?
Il pourrait me faire si mal...
Bon sang, que c'est excitant.
— Bien sûr, ça ne change rien.
Je vais simplement devoir baiser plus souvent pour calmer ma frustration.
Bruyamment, sans même toquer, Jooheon apparaît, d'un entrain m'agaçant fortement.
Je ne sais pas comment la porte tient encore, à force d'être ouverte aussi violemment.
— Patron ? Mingi est de retour dans la planque de Gangnam.
Je remets ma veste de costume, d'un soupir las, et me tourne vers le nouveau collègue de Jooheon.
— Prêt pour ton premier jour ? dis-je simplement, fixant son regard glacial.
Il me répond d'un hochement de tête alors que j'avance déjà vers l'entrée du bureau.
— Emmène-moi donc auprès de cet abruti de Mingi, marmonné-je. J'ai malheureusement des choses à régler avec lui. Jooheon, tu peux rester ici.
Hyunwoo passe ainsi devant moi, d'une marche rapide et assurée, m'ouvre la porte et m'indique le chemin à suivre d'un bref signe de main.
Je lui réponds d'un délicat rire, tout en m'élançant dans le couloir.
— Très romantique, mon coeur en tomberait presque pour toi, soufflé-je, ironique. Mais pour ma sécurité, ne devrais-tu pas passer avant moi, au cas où un piège m'attendrait ?
— Nous ne pouvons faire confiance à personne, explique-t-il, placé en retrait derrière moi. Je préfère assurer vos arrières en cas de besoin. Je vois plus facilement ce qui se passe devant et peut donc agir en conséquence. C'est moins facile lorsque le danger vient de l'arrière.
— Tu es réfléchi, j'aime ça. Tu me donnes envie de te faire confiance.
— Vous pouvez, claque-t-il, d'un ton assuré.
— Chaque chose en son temps. L'adresse est dans le GPS, dis-je, une fois dans la voiture.
Un nouvel acquiescement et le moteur démarre rapidement.
— Vous n'avez pas de problème avec la police ? s'enquit-il, quelques minutes plus tard.
Plus bavard qu'il n'y paraît, donc.
— C'est-à-dire ?
— La personne qui est sortie de votre bureau avant que j'entre... C'était un policier. Vous n'avez pas peur du risque que ça engendre ?
— Tu es adorable, raillé-je. Comment sais-tu que c'était un policier ?
— Il avait une arme dans sa veste, mais ne ressemblait pas à un yakuza. J'ai aussi repéré la voiture de patrouille devant le bâtiment en arrivant. Les voitures noires de cette marque sont prévues pour les policiers.
— Tu t'y connais plutôt bien pour un débutant, conclus-je, soupçonneux, le regard fixe sur son reflet dans le rétroviseur.
— Avant d'aller en prison, j'étais dans la police, explique-t-il, d'un naturel effrayant.
— Pardon ? dis-je, avant de partir d'un rire amusé. Comme quoi, n'importe qui peut réellement devenir yakuza. Peu importe... Tu es observateur, ça pourra sûrement nous être utile. Mais dis-moi, toutes ses questions, ce n'est pas plutôt parce que tu as peur de tomber sur l'un de tes très honnêtes anciens collègues ? questionné-je, amusé.
— Pas spécialement.
— Des recommandations sur des gens intéressants que je pourrais contacter, dans ce cas ?
— Non plus.
Que t'est-il arrivé, pour que tu sois si fermé, belle et grande armoire ?
— Tu me sembles bien inutile, Hyunnie. Étais-tu seulement bon lorsque tu avais encore ton badge ?
— J'ai réussi les épreuves dans les premiers et mes résultats sur le terrain semblaient très satisfaisants.
— On verra d'ici peu ce que tu entends par satisfaisant.
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