Chapitre 34

                

                                      

                              

Cette rue est si déserte, que personne n'a eu le temps de passer pour voler le téléphone posé au sol...

                       

— C'est bien son portable, élucidé-je, après l'avoir ramassé.

                 

Pile devant le bar où se trouve Hoseok.

De plus en plus divertissant...

Moi qui trouvais justement que mes journées étaient trop calmes en ce moment.

                           

— Merde, grogne Sunyoung. Qui ça peut être ?

— Hyunwoo, l'interpellé-je, hypnotisé par la lumière forte du néon placé devant le bar. Il doit y avoir un flic qui file Hoseok dans le coin, trouve-le. Il a dû voir quelque chose, fais-le parler.

— Bien.

                                  

Il s'éloigne sans rien ajouter, après un regard vers son collègue, qui lui demande silencieusement de me protéger du mieux possible.

                  

— Hyun, m'écris-je, avant qu'il parte trop loin. Fais-le parler, dans les limites du raisonnable. Je n'ai pas envie de créer de problèmes inutiles avec eux, ni entre nos clans. Je sais que tu es un bulldozer, alors vas-y doucement.

                            

Il se crispe en entendant mes paroles, après s'être stoppé, mais ne traîne pas à redémarrer, dans un hochement de tête discret.

                    

— Entendu, patron.

— Et magne-toi, ordonné-je, pour conclure. Sunyoung, on y va.

— J'arrive !

                   

Ce dernier trottine pour me rattraper et me suit en silence, attentif à ce qu'il se passe autour de nous.

                                

— Bonj–

— Où est Hoseok ? soufflé-je, d'une voix grave et posée, au réceptionniste.

— À-à l'étage.

                                    

Il n'essaye même pas de mentir, ni de nier ?

Jooheon l'aurait-il effrayé à ce point ?

Incroyable... Je ne l'avais jamais vu aussi déterminé. Il en serait presque efficace.

Impressionnant...

                    

— Patron, laissez-moi passer devant, marmonne mon garde du corps éphémère, tout en s'avançant pour me dépasser, alors que j'allais prendre les escaliers.

— C'est à moi que tu parles, Sunyoung ?

                               

Intimidé par mon ton calme, mais imposant, il me laisse monter le premier et me suit gentiment.

                               

— E-excusez-moi.

                 

Arrivé au premier, je sors mon téléphone et compose le numéro de notre cher Seokkie.

Deux tonalités suffisent avant d'entendre que le son provient de la dernière pièce de l'étage. Je raccroche rapidement, alors qu'il venait de décrocher, et ouvre timidement la porte d'un grand coup de pied.

Il a déjà eu beaucoup de visite d'après ce que je vois. La porte ne sert plus vraiment à grand-chose, au vu de son état.

                                   

— Salut ! placé-je, avec entrain. Ça faisait longtemps.

               

Hoseok est tout crispé, assis sur ce canapé, les mains nerveusement agrippées à ses cuisses.

Il me regarde avec une telle haine dans les yeux, que ça m'en ferait presque rire.

                                  

— Qu'est-ce qui t'arrive, c'est quoi cette tête ? posé-je, taquin.

                  

La main dans la poche et l'autre bien attachée par le foulard médical, je l'observe paniquer à vue d'oeil.

                                 

— Enfoiré ! gronde-t-il, sortant et pointant son arme sur moi.

                  

Il n'a qu'à peine le temps de la lever, que déjà, je la lui fais lâcher d'un rapide coup de pied.

               

— Ne sors pas d'arme devant moi si tu n'as pas le cran de t'en servir, claqué-je, la mâchoire serrée.

— Tu te fous de moi ? s'écrie-t-il, d'une respiration saccadée.

— Pourquoi aboies-tu ainsi ? Ne sois pas triste. Tu n'es pas très intelligent, mais ça arrive, m'enquis-je, après m'être assis face à lui, sur la chaise ramenée plus près.

— Répète un peu, pour voir ?

— Mais avec grand plaisir, Seokkie, souris-je. Tu n'es qu'un abruti. Un con, tout juste bon à avaler les merdes qu'on lui raconte.

                                      

Sous la colère grandissante en lui, il se redresse et lève le poing, pour l'abattre sur mon visage.

Par chance, mes réflexes sont encore assez bons et je l'évite de justesse. Il crie de frustration et grogne lorsque Sunyoung s'interpose entre nous, pour tenter de le maintenir éloigné.

                          

— Qu'est-ce que tu fous ? gronde mon garde.

— Dégage, toi ! crie Seok, retirant très facilement la poigne qu'il avait sur son t-shirt.

— Sun, éloigne-toi.

                                

Le dos à présent bien calé contre le dossier de la chaise, tout comme Seok sur celui du canapé, nous nous défions mutuellement du regard.

C'est si amusant... Il est si frustré, effrayé et perdu. Ce petit lapin tout tremblant me ferait presque de la peine.

Il s'est toujours forcé à faire le dur, je ne sais pour quelle raison.

Comment ne pas voir qu'il se force, par peur de souffrir, voire de mourir ?

Il me fait vraiment pitié.

Il n'a pas les épaules pour être un yakuza. Je ne sais même pas comment il est entré dans ce monde.

                                   

— J'aime tellement te taquiner, petit Seokkie, soufflé-je du nez. Mais bon, nous ne sommes pas là pour ça, pas vrai ?

                       

De plus en plus nerveux, il se contente de m'observer, les dents mordillant violemment sa lèvre inférieure et le regard froid plongé dans le mien.

                                        

— Jooheon a disparu après t'avoir rendu visite, expliqué-je alors, sérieux.

                          

Ses sourcils froncés me prouvent déjà bien des choses.

                  

— Sérieux ? Jooheon ?

— Il a disparu après avoir fait tomber son portable, juste devant le bâtiment. Tu ne sais rien ?

— J'en suis pas sûr, soupire-t-il, tout en se frottant la nuque. Mais ça doit être les deux types embauchés par Minhyuk.

— Ses fameux nettoyeurs ?

— J'en sais rien et je connais pas leurs noms, dit-il, blasé. Ils s'occupent des affaires délaissées par le clan.

— Ah, tu parles des gars avec les cheveux colorés ?

— Exactement. Ils ne font pas partie du clan et font un peu ce qu'ils veulent.

— Des mercenaires, marmonné-je. Ils bossent sur contrat ?

— J'en sais rien.

                                  

Vraiment inutile jusqu'au bout.

           

— Ce sont eux qui ont engagé ton tueur à gages, avoue-t-il, après de longues secondes de silence.

— Je pensais que tu n'aurais pas les couilles pour m'en parler, ricané-je.

— De toute façon, tu étais déjà au courant, non ? grogne-t-il.

— Oui, mais je ne savais pas tout. Tu remontes dans mon estime, petit Seok, confié-je, la tête penchée et un sourcil arqué. Tu as plus de cran que je n'aurais pu le penser. Même si ton plan a foiré, c'était bien tenté.

— Tu peux faire le malin, Changkyun, pouffe-t-il, dédaigneux. Mais tu n'en as plus pour longtemps, toi non plus.

                               

Un idiot, peut-être, mais un idiot réaliste.

Je réponds à la première sonnerie lorsque Hyunwoo tente de me joindre.

                           

— Alors ? Tu as quelque chose ? posé-je, les prunelles sombres plantées dans celle de Hoseok, toujours aussi nerveux.

— Oui, un des policiers est sur la trace des hommes qui ont probablement enlevé Jooheon.

                   

Aurait-il parlé au lieu d'utiliser la violence ?

Jooheon et lui commencent à réagir de façon presque intelligente, c'en est presque effrayant.

                

— C'est-à-dire ?

— Ils ont repéré deux types assommant et embarquant un homme au téléphone. En se rendant sur les lieux, ils ont eu le temps d'apercevoir une camionnette. Ils ont relevé le numéro de plaque et sont en train de le pister. Qu'est-ce que je fais ?

                 

Ça, c'est très intéressant. On commence enfin à réellement avancer. Avec un peu de chance, tout se finira dans un jour ou deux.

Mon corps ne peut en être que content.

Mort ou vivant, j'aurai enfin l'occasion de me reposer.

Oui, j'ai vraiment hâte que tout ça se termine, d'une façon comme d'une autre.

                

— Prends son numéro et sa position actuelle. Au nom de l'entraide entre anciens collègues, il peut bien faire ça pour toi, pas vrai ? m'amusé-je à dire. J'arrive.

— Patron.

— Toi, tu restes ici et tu le surveilles, ordonné-je, en quittant la chaise sur laquelle j'étais assis.

— Je veux vous accompagner !

— J'te demande pas ton avis, claqué-je, après avoir ouvert la porte sur le point de lâcher à tout moment. D'après toi, Seokkie... Qui va réussir à rester le plus longtemps en vie, entre toi et moi ?

                 

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