Chapitre 26
Enfermé dans cette petite pièce étouffante, je fais les cent pas, les nerfs bouffés à petit feu par la peur.
Je sursaute violemment lorsque je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, faisant résonner la musique de l'appel, dans le silence morne de l'endroit.
Angoissé par tout et n'importe quoi, je panique lorsque le nom de l'un de mes hommes s'affiche sur mon smartphone.
— Dokyeom ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Pa–Patron, bégaie-t-il, d'un ton angoissé. Je suis vraiment désolé... Deux types nous sont tombés dessus.
Sa voix larmoyante ne me dit rien qui vaille.
Je lui réponds ainsi, l'estomac noué.
— Et Kyungsoo ? Il est sain et sauf ?
— Il était sur le point... De se faire tirer dessus, articule-t-il, difficilement. J'ai été obligé de... Pardon... Je suis vraiment désolé, patron... Pardonnez-moi.
Ses toussotements font à leur tour écho dans la pièce. Ils semblent tous les deux mal-en-point.
Ils auraient pu finir bien pire, c'est déjà une bonne chose.
— Quand sont-ils arrivés ?
— Je ne sais plus trop, je me suis évanoui. Je viens tout juste de reprendre connaissance.
Ils ne déconnent vraiment pas...
Putain !
Dans un bruit assourdissant, je sursaute à nouveau lorsque la porte se fait totalement détruire.
Je vais crever tout seul de peur avant que quelqu'un ne le fasse à ma place !
Instinctivement, alors que la porte est prête à céder, j'attrape l'arme coincée à l'arrière de mon pantalon et la braque vers l'entrée.
Une batte de baseball finit par passer le trou qu'elle a elle-même fait dans le bois gardant cet endroit clos, avant qu'un bras ne passe à son tour au même endroit.
— Voilà donc pourquoi la porte est fermée. Il y a quelqu'un là-dedans, ricane la personne de l'autre côté. Qui c'est ?
— C'est plutôt à moi de vous poser la question, aboyé-je, le corps tremblant.
Lorsque l'entrée est finalement dégagée, celle-ci laisse entrer deux personnes. Deux grands types pas vraiment faits pour être yakuza...
L'un d'eux porte des lunettes de soleil, tandis que l'autre, celui avec le plus d'assurance, porte sa batte de baseball nonchalamment sur l'épaule.
Ils s'avancent tous deux vers moi et reste planté là, à un petit mètre.
— Mmh ? marmonne celui aux cheveux bleus. Tiens donc, je me disais bien que je t'avais déjà vu quelque part. Mon Cher Monsieur Lee. Bonjour !
Son sourire en coin est affreusement énervant. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour le lui enlever.
— Si tu savais tout le mal qu'on a eu à te retrouver, soupire-t-il, faussement triste. Personne ne savait où t'étais. Mais dis-moi... Que t'arrive-t-il ? Pourquoi me tiens-tu ainsi dans ton viseur ? Tu n'as pas à avoir peur. Tu as juste commis une petite erreur, confie-t-il, d'un flegme et sourire insupportables.
Qu'est-ce qui m'empêche de leur tirer dessus, ici même et maintenant ?
Tant de choses, putain...
— Tu n'as malheureusement pas réussi à faire disparaître Changkyun définitivement. C'est vraiment dommage.
À présent assis sur l'accoudoir du canapé dans lequel je me trouve, le gars aux cheveux bleus continue son monologue.
— Nous avons dû nous charger personnellement de faire taire le seul qui était au courant de ce lamentable échec. Tu n'as donc plus aucun souci à te faire. Merci qui ?
Il lance ensuite sa batte à son collègue, qui la réceptionne sans mal, et sort un paquet de je ne sais quoi de sa poche arrière.
La mâchoire crispée et les doigts serrés autour de l'arme que j'ai fini par baisser, je l'observe, l'air je l'espère, menaçant.
— T'en veux ? me demande-t-il.
Des Choco pie...
Ce connard, déguste tranquillement ses biscuits, alors qu'il vient de tuer un gars...
Ils ne semblent pas le moins du monde affectés par l'acte qu'ils viennent de commettre.
Ils ont tellement l'habitude d'ôter la vie d'êtres humains, que cela ne leur fait plus rien du tout.
Comment peut-on en arriver là ?
— Non, claqué-je, tendu et stressé.
— Tant pis. Tu sais où se trouve Changkyun ?
— Non.
— Chez son ami le médecin, répond-il de lui-même. D'après mes infos, ses cicatrices se sont à nouveau ouvertes après avoir prématurément quitté l'hôpital.
— Si tu le sais, pourquoi tu ne vas pas le buter toi-même ? grogné-je.
— C'est ce que je pensais faire, figure-toi. Mais je me suis fait engueuler par notre boss. Il m'a dit que c'était au responsable de cette affaire de s'occuper de ça, confie-t-il, d'un haussement d'épaules. Je crois bien que cette histoire ne se terminera pas tant que toi, tu n'y mets pas un terme.
Comment j'ai pu croire un seul instant que j'allais m'en tirer de cette manière ?
Comment ai-je pu être aussi bête et naïf ?
Quel abruti...
Je n'ai que ce que je mérite.
— T'as juste la trouille de te mouiller, rien de plus, bluffé-je.
— C'est à moi que tu dis ça ? pouffe-t-il, tout en se levant pour s'asseoir sur l'une des chaises placées non loin de là, accompagné de son collègue. À moins que ce soit un message adressé à mon patron ? Enfin bref, peu importe. Dis-moi, Monsieur Lee Hoseok... Juste pour être sûr... Tu n'as pas fait exprès de le laisser en vie, n'est-ce pas ?
— Pourquoi j'aurais fait une chose pareille ?
— On est d'accord.
Avant même de finir sa phrase, alors que je pensais avoir encore une infime chance de m'en sortir, le plus assuré des deux, sort son téléphone de sa poche et tapote quelques secondes dessus.
Une voix finit par sortir de l'appareil.
Un enregistrement.
— J'ai rien de plus à vous avouer, laissez-moi maintenant !
— Non, répète ce que tu viens de dire.
— J'ai reçu pour ordre... De ne pas viser ses points vitaux.
— Et ensuite ?
— De... De ne pas le poursuivre si jamais il essayait de s'enfuir.
— Bien. Qui t'a dit ça ?
— Seok...
— J'entends rien !
— Hoseok !
Mon sang ne fait qu'un tour en entendant les aveux du tueur à gages, à présent mort.
Je ne vais sans doute pas tarder à le rejoindre, d'ailleurs... Ça m'apprendra à vouloir jouer au plus malin.
De toute manière, j'ai déjà tout perdu il y a bien des années. À quoi bon vivre, si c'est pour vivre cette vie ? Hein, Hoseok ?
C'est ce que tu essaies de te faire croire, pas vrai ?
Le rire très peu discret de l'homme aux cheveux bleutés me sort de mes pensées.
Un rire moqueur, hautain.
— Dire que tu as tout fait pour l'épargner, souffle-t-il du nez. Si tu savais comme notre patron a été déçu par ton comportement. Il t'écoute au téléphone depuis tout à l'heure, au fait, confie-t-il, alors que son collègue sort ce dernier, d'un même mouvement. Tu ne veux pas lui dire bonjour, juste par politesse ?
— Toujours en train d'écouter aux portes, à ce que je vois, grogné-je, fatigué de ce jeu ridicule.
— Depuis quand tu te permets de me parler sur ce ton, Hoseok ? entends-je, via les haut-parleurs de l'appareil.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top