Chapitre 20
— Patron ! hurlé-je, déboulant dans sa chambre d'hôpital.
Monsieur Song et ses hommes, Monsieur Lee et ses hommes, tous sont dans la pièce, assis ou debout, avec un visage d'enterrement.
— Ah, pardon, m'excusé-je, tout en m'inclinant. Bonjour. Comment va-t-il ?
— Il a enfin ouvert les yeux, mais il est toujours sous calmants, explique Minhyuk, appuyé contre l'un des murs, les bras croisés. La balle n'a touché aucun organe vital, mais il a trop bougé après le coup de feu.
— Il a vraiment eu de la chance, conclut Monsieur Song.
— Oui... Je suis soulagé de constater qu'il va bien, soufflé-je.
— On ne peut encore rien dire pour le moment, mais lorsqu'il s'est réveillé, il nous a dit ne plus sentir son bras.
— Minhyuk, appelle soudain le grand boss.
— Oui ?
— Une piste ?
— Pas encore.
— Comment ? s'écrie-t-il, levé en quatrième vitesse, les doigts à présent accrochés au col de la veste de Minhyuk. Tu ne te sens pas concerné par cette affaire, c'est ça ?
— Patron, calmez-vous, s'il vous plaît !
— Tu te fous de ma gueule, hein ? Ce flingue, ce n'est pas un modèle répandu chez les yakuza ! Notre clan est le seul à l'utiliser ! Tu veux me faire croire que c'est une simple coïncidence ?
— J'attends d'avoir des preuves formelles, informe-t-il, la mâchoire serrée. Encore un peu de patience, s'il vous plaît.
D'un grognement mécontent, Monsieur Song quitte la pièce et alors que Monsieur Lee allait le suivre, je retiens ce dernier de justesse.
— Boss ! Attendez ! Si vous avez quelqu'un en vue, dites-le-moi !
— Tu as raison...
Tourné vers moi, il me regarde avec sérieux durant de longues secondes, avant de parler à nouveau.
— Jooheon, tu es le seul à qui je peux en parler...
— Dites-moi.
— Oh, bonjour, entend-on, dans le couloir.
Ni une ni deux, rongé par la curiosité, Minhyuk s'élance et rejoint rapidement le grand boss.
Hyungwon est arrivé et ne s'attendait manifestement pas à voir autant de monde. Les mains dans les poches et l'air toujours aussi blasé, il essaye de se la jouer respectueux.
— Bonjour. Vous devez être l'ami de Changkyun. Hyungwon, c'est ça ? demande Monsieur Song, souriant.
— C'est bien ça.
— Il s'est endormi, mais vous pouvez toujours le voir. Et ne vous inquiétez pas pour les hommes devant la porte, pouffe-t-il. Ils sont là simplement en cas de besoin.
— D'accord.
— J'ai cru comprendre que vous lui aviez de nombreuses fois sauver la mise. J'aimerais donc vous remercier de l'avoir fait, confie-t-il, presque sincère.
— Je ne l'ai pas fait pour avoir des remerciements, mais de rien, place Hyungwon, avant de s'incliner une dernière fois, pour rejoindre la chambre du patron.
— Nous y allons, déclare ensuite le plus vieux. Minhyuk, tâche de vite régler cette histoire.
Le regard froid et sérieux du grand boss est le plus flippant de tous. Je serais Minhyuk, je me serais déjà chié dessus.
— J'y compte bien, Monsieur Song. Bonne journée.
Il faut qu'on règle cette histoire au plus vite... Je ne laisserai pas cette ordure courir en liberté plus longtemps ! Il mérite de crever.
— Monsieur Lee ! lancé-je, en le voyant partir.
— Tu saignes, va te faire soigner, m'ordonne-t-il. Téléphone-moi quand tu as fini.
Il part avant même une réponse de ma part.
Peu importe... Tant qu'il me tient informé, moi, ça me va.
J'espère qu'il a de bonnes pistes. J'ai besoin de savoir. J'ai besoin de connaître l'identité de ce fils de pute.
— D'accord. Merci !
Je vais attendre que le médecin ait fini dans la chambre. Je sais qu'il est parfois indélicat, mais il fait bien son travail. Je suis habitué avec lui.
Les gars de Monsieur Song sont flippants... Moins que lui, mais flippant quand même.
Debout à leurs côtés, j'attends la sortie du Doc, l'oreille attentive à la conversation.
— Tu n'apportes même pas un bouquet de fleurs ? entends-je le boss râler. Tu es décidément trop méchant avec moi.
Oh ! Il n'est plus inconscient !
Enfin une bonne nouvelle !
— On m'a dit que tu n'étais pas encore réveillé.
Le bruit d'une chaise qu'on tire violemment se fait entendre dans la pièce.
Toujours aussi indélicat ce Doc.
— Tu sais qui c'est ?
— Tant de suspects et trop peu de preuves, marmonne Changkyun. J'ai bien cru que j'allais crever sur ce sol dégueulasse. Je n'y ai jamais cru, tu sais... Mais le truc de la vie qui défile, c'est pas des conneries... C'était impressionnant.
Qu'est-ce que j'aurais fait s'il était mort ?
Que serais-je devenu ?
Il m'a déjà sauvé la vie plus d'une fois et moi, je ne suis même pas capable de lui rendre la pareille...
— Cette situation m'a permis de comprendre que je n'avais aucuns bons souvenirs. Absolument aucun, murmure-t-il, d'un long soupir.
Aussi fou soit-il, il reste un être humain, avec ses forces et faiblesses...
Qui aurait cru qu'il ait besoin de pratiquement perdre la vie, pour comprendre la valeur de celle-ci ?
— Tu as de ses nouvelles ?
— De qui ?
— Hyunwoo... Il était avec moi lors de la fusillade. Tu l'aurais vu... Il était tout tremblant, c'était adorable.
Il semble tenir à Hyunwoo bien plus que je n'aurais pu le penser.
— Il est venu me voir après s'être coupé le petit doigt.
— Hyungwon... Tu ne sais pas faire ce genre de choses, pas vrai ?
— Bien sûr que non. Je lui ai dit qu'il aurait dû aller à l'hôpital, mais il tenait absolument à venir me voir. Il voulait s'excuser, parce qu'il n'avait pas su te protéger. Comme si j'avais quelque chose à voir là-dedans...
— Quel idiot.
Je n'aurais pas dit mieux...
Un idiot un peu trop têtu et loyal.
Sans doute autant que moi.
— Tu sais, je crois qu'il tient vraiment à toi, Changkyun.
— Tu m'en diras tant.
— Je te laisse, soupire le Doc, l'air agacé et quelque peu peiné. Tu as encore besoin de repos. Arrête les conneries pendant un moment, ok ?
— Tu m'en diras tant.
Qu'est-ce qu'il peut être agaçant.
On sait tous que tu tiens à ton garde du corps...
Ça fait plus de quatre ans maintenant, que je travaille à tes côtés, pourtant, je suis certain que tu ne ferais pas la moitié de ce que tu as fait pour lui, si ça me concernait.
Enfin... Peut-être que si, en fin de compte.
Il cache tellement bien ses émotions.
Il m'a déjà aidé à me sortir de mauvaises passes. S'il n'avait pas été là, je serais sûrement en prison, voire même mort.
Je ne pourrai jamais assez le remercier pour ce qu'il a fait pour moi.
Tout le monde le traite avec irrespect, alors qu'au fond, c'est quelqu'un de bien.
Non, en fait, je suis certain qu'il m'aiderait, si jamais à l'avenir, je devais encore avoir des problèmes.
— Docteur ! m'écris-je, lorsqu'il referme la porte de la chambre. Je crois que j'ai besoin de vos services...
— Tu ne t'arrêtes donc jamais ? soupire-t-il, les yeux levés au ciel.
Désolé, je le regarde avec une moue triste, ce qui le fait à nouveau rouler des yeux.
— Cet abruti est entouré d'abrutis, s'agace-t-il. Suis-moi.
Lui aussi, sous ses airs je-m'en-foutistes, se cache un homme qui aime aider les autres.
Il ne serait pas docteur, si ça n'avait pas été le cas.
— Merci, Doc !
***
Bon... Maintenant que ça, c'est fait, il est temps pour moi de penser aux choses sérieuses...
Le coeur battant à un rythme effréné, je prends mon téléphone et compose le numéro du boss Lee.
— T'es où ? pose Minhyuk, l'appel à peine accepté.
— Toujours dans l'hôpital. Je fais le chemin pour sortir. Alors, dites-moi tout, dis-je, sans perdre de temps.
— Pour l'instant, je ne vois qu'une seule possibilité, s'enquit-il, sans attendre. Et c'est Hoseok.
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