Chapitre 17
Nous sommes dans le club où travaille Kihyun.
Quelques verres se sont déjà écoulés et je participe de temps en temps à la conversation, amusé par leurs chamailleries.
La sonnerie de mon téléphone coupe l'une de nos discussions et avant même que je décroche, Kihyun m'arrache ce dernier des mains.
— C'est ton boss ? dit-il, en décrochant. Allo ! Salut ! C'est Kihyun. Ton toutou est avec nous, il avait besoin de décompresser ! clame-t-il, malicieux.
— Rends-le-moi.
— J'espère que tu le traites correctement, parce que si ce n'est pas le cas, j'viens te régler ton compte moi-même !
Énervé, je me penche et récupère le téléphone après avoir attrapé son bras pour l'immobiliser et, surpris, il se tourne vers moi, un sourcil arqué, la moue narquoise.
— Allo ? Patron ? Je suis désolé, j'arrive tout de suite.
— Pas besoin ! s'écrie ce dernier, énervé. Reste là-bas pour les dix prochaines années, ça vaut mieux pour toi.
— Aïe, je l'ai peut-être un peu énervé, marmonne Kihyun, l'air coupable, une fois l'appel terminé.
— Je vais y aller.
— Mais, il n'avait plus l'air de vouloir te voir, je me trompe ?
— Il a dit ça sous le coup de la colère.
— Tu sembles bien le connaître, pouffe-t-il ensuite. Bon, reste au moins pour un dernier verre ! Tu dois reprendre le volant ? Un café alors ? J'vais passer commande et pisser, je reviens. Hyungwon, tu l'attaches à sa chaise !
Seul avec le docteur, assis face à moi, je réfléchis à quoi dire, quoi demander, sans trop paraître indiscret. C'est une occasion pour moi d'apprendre à mieux connaître mon boss. Il faut que je tente quelque chose...
— Kihyun semble t'apprécier.
— Ah bon ?
— Tu as l'air de le fasciner. Mais il n'est pas le seul. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui respecte autant Changkyun, sans pour autant le craindre ou le mépriser, souffle-t-il, d'un ton amusé.
— Vous connaissez mon patron depuis longtemps ? essayé-je alors, le regard plongé dans le sien, légèrement enivré.
— Changkyun ? Au moins une bonne dizaine d'années, oui.
— A-t-il toujours été comme ça ? osé-je ensuite.
— Plus ou moins, réfléchit-il, les yeux à moitié-clos, la tête appuyée contre la paume de sa main. Il a toujours été désabusé et désintéressé par la vie. Il n'a jamais réussi à se fondre dans la masse. Il ne s'intéresse à personne et ne pense qu'à son propre plaisir. Il a toujours été quelqu'un de calme et solitaire. On se ressemble beaucoup sur pas mal de points, j'imagine que c'est pour ça qu'on s'est lié d'amitié. Mais s'il est aussi radical dans sa façon de faire et réagir face aux autres, c'est parce que c'est une façon pour lui de se protéger. Il a eu une enfance, disons, compliquée... Je pouvais comprendre ça, je peux comprendre ça, et c'est sûrement pour cette raison que j'arrive toujours à lui pardonner. Que je ne peux m'empêcher de toujours lui dire oui.
Il semble être attaché à lui.
Pas autant que mon patron, mais il semble s'en soucier malgré tout.
Le petit sourire attristé qu'il a aux lèvres est perturbant. Je ne sais pas comment l'interpréter.
— Pourquoi ne l'avez-vous pas arrêté lorsqu'il est entré dans la mafia ?
Vais-je trop loin ? Son expression n'a pas changé, j'imagine donc que ce n'est pas le cas.
— On s'est perdu de vue après avoir terminé nos études. Lorsque je l'ai recroisé, par hasard, quelques années plus tard, il était déjà enrôlé dans cette saloperie, crache-t-il. J'ai tenté plusieurs fois de le raisonner, mais il n'a jamais cessé de répéter que ça devait arriver et que la vie était écrite ainsi... Connerie.
— Il ne semble écouter que vous, vous auriez dû insister un peu pl–
— Pas bientôt finit de raconter de la merde ? entends-je rouspéter, derrière moi.
La tête brusquement baissée par quelqu'un appuyant dessus, je me laisse ensuite pousser avec indélicatesse sur le côté, pour laisser à cette personne la place de s'asseoir.
— Tiens, tiens, tiens, qui voilà ? ricane Kihyun, en revenant. Comment tu nous as retrouvés ?
— Au cas où tu l'aurais oublié, ce club est sur mon territoire, marmonne mon patron, agacé.
— Ah, c'est vrai ! Comment ai-je pu oublier ?
— Tu attends quoi pour aller nous chercher à boire ? grommelle-t-il, en tournant sa tête vers moi.
— J'y vais.
— Je veux de l'alcool fort, crie-t-il ensuite, alors que j'étais déjà près du bar.
Par la suite, Kihyun et Hyungwon ont continué à faire la plupart de la conversation. Tout le monde à continuer à taquiner tout le monde et finalement, une heure plus tard, mon boss s'est levé et m'a ordonné de le suivre.
Cette soirée était perturbante, mais à sa façon, elle était aussi amusante.
Depuis ma rencontre avec Changkyun, c'est bien la première fois que je peux profiter d'une soirée simple et décontractée. J'aimerais vraiment qu'il soit plus à l'aise et sincère avec moi. J'aimerais qu'on passe de nouvelles soirées identiques à celle-ci. J'aimerais qu'on passe du temps ensemble, lui et moi, installé dans son canapé, tout en buvant des bières. J'aimerais parler de tout et n'importe quoi avec lui. Parler à cet homme fascinant et si beau, comme s'il était mon égal.
Oui... J'aimerais beaucoup de choses... Des choses qui me semblent inconcevables, malheureusement.
— Arrête-toi là.
Nous sommes en plein milieu du centre-ville, sur une grande route. Que veut-il faire ici et surtout, à cette heure de la soirée ? Il doit être aux alentours de minuit.
Je n'ai même pas le temps d'arrêter le moteur, garé en double file, que déjà mon boss quitte le véhicule et parcours une dizaine de mètres.
— Où allez-vous ? m'enquis-je, inquiet et perdu, en accourant vers lui.
— Ne te presse pas comme ça, pouffe-t-il. Je ne vais pas disparaître.
C'est parfois l'impression que vous donnez... De bien trop nombreuses fois.
— Suis-moi.
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