Chapitre 10

                        

Je n'aurais jamais cru qu'il puisse tomber aussi facilement dans le panneau, mais cette expression énervée sur son visage, bon sang, qu'est-ce que c'était excitant.

J'ai pratiquement cru qu'il allait me frapper.

Mais même si je sais combien cette idée peut être jouissive, je suis content qu'il ne l'ait pas fait. Ça m'aurait fait chier de devoir le virer...

Qui aurait cru que Son Hyunwoo puisse imprimer une expression sur ce visage fait de glace.

C'était si satisfaisant et excitant, bon Dieu.

              

— Ça va aller, patron ? pose Jooheon, une fois la voiture démarrée.

— Pourquoi ça n'irait pas ?

— Parce que vous n'aimez pas Minhyuk et que moins vous le voyez, mieux vous vous portez.

— Est-ce si évident ? soufflé-je, fixant d'un air blasé l'extérieur du véhicule. Il faudra que je fasse preuve de plus de discrétion dans ce cas. Merci de m'avoir prévenu.

                

Les sourcils froncés, cet idiot réfléchi quelques secondes, avant de laisser tomber.

            

— De rien...

               

Je suis bien trop excité, je vais devenir dingue avant de finir la journée. Mon cul me démange.

Putain... Pourquoi me faire ça justement aujourd'hui ?

Le karma semble s'acharner en ce moment, je devrais peut-être tenter d'être quelqu'un de bien, au moins le temps de quelques minutes, histoire de faire pencher la balance en ma faveur.

             

— Bon, eh bien, c'est parti.

             

Comme une réponse du karma lui-même, je n'ai pas le temps de foutre un pied dans le bâtiment, que déjà, la raison de mes emmerdes arrive.

               

— Alors, pas trop nostalgique de revenir ici ? place Minhyuk, avec cet air hautain qui m'insupporte par dessus tout.

— Vous n'imaginez pas à quel point.

                           

Les mains dans les poches, l'air suffisant, correctement placé à un mètre devant moi pour faire savoir au monde combien il est plus important que moi, ce cher Monsieur Lee, continue d'avancer dans les couloirs de l'immeuble, suivi par deux gardes du corps.

Au moins, grâce à lui, mon excitation a partiellement disparu. Comme quoi, il peut aussi être utile, parfois.

                 

— Tu m'en vois navré, continue-t-il. Surtout que tu semblais ne plus jamais vouloir voir Hoseok.

             

C'est toi qui m'as fait venir ici exprès, espèce d'ordure.

              

— Je vous en prie, ce n'est qu'un détail.

               

Arrivé dans un bureau vide appartenant à je ne sais qui, je l'observe s'asseoir avec fierté dans un grand siège en cuir, dans une lenteur énervante à souhait.

             

— Que me vaut l'honneur de cette invitation ? demandé-je ensuite, rejoignant la desserte pour me servir un désagréable verre d'alcool. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de vous voir ici.

— Et ça te dérange ?

              

Pourquoi tant d'agressivité ?

As-tu à ce point peur de moi ?

                 

— Mais pas du tout, voyons. Je vous sers quelque chose à boire ?

— Et toi alors ? On ne te voit plus au quartier général.

                   

Ce sera donc un verre de whisky...

                  

— J'ai beaucoup de travail. Je n'ai pas le temps de passer vous dire bonjour et vous m'en voyez vraiment désolé.

— Beaucoup de travail, ça je n'en doute pas, raille-t-il, faisant tournoyer sa chaise d'une très irritable façon. On m'a mis au courant pour tous tes trafics d'argent.

                  

Même cette ordure n'arrive pas totalement à me faire oublier le regard de mon garde du corps.

Qu'est-ce que je ne ferais pas pour partir d'ici tout de suite...

                

— Je pense en faire largement profiter tout le clan, alors j'imagine que ça ne pose pas de problème, soufflé-je, d'une nonchalance que j'espère insolente.

— Mais sinon, je crois savoir que Monsieur Song est venu te rendre une petite visite, s'enquit-il, une fois mon cul confortablement posé dans le siège face au sien. Pourquoi ?

                  

Voilà donc la raison de cette invitation. Comme cela est étonnant.

Ce petit Minhyuk semble vraiment effrayé. Je verrais presque ses petites oreilles se baisser au-dessus de sa tête.

Il pourrait être mignon, s'il ne passait pas son temps à aboyer comme un petit chihuahua en manque d'attention.

Pas très impressionnant, pour un chien des Enfers.

Mais je devrais malgré tout me méfier de lui... Après tout, il n'y a rien de plus dangereux qu'un homme jaloux.

                   

— Rien de spécial. Monsieur Song et ses habituelles visites de routine, conclus-je, tout en consommant cette nouvelle cigarette allumée il y a peu, entre quelques gorgées d'alcool fort.

— Changkyun, continue le petit animal, les doigts entrelacés et les coudes posés contre le bois du bureau.

                

Cet air très sérieux aurait pu m'effrayer. Dommage pour lui, le peu de spiritueux coulant déjà dans mes veines me rend calme et apaisé.

                

— Ne pense pas que j'ignore le passé qui vous lie... Mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour autant que je te suspecte de vouloir tenter quelque chose avec lui, pour me faire dégager de mon siège. Ça va peut-être t'étonner, mais j'aime particulièrement ton côté désintéressé, termine-t-il, un sourcil arqué de façon narquoise tout en terminant cul-sec sa boisson.

— Ravi d'entendre que je suis totalement innocenté.

— Tu as un peu de temps libre, maintenant ?

— Oui, pourquoi ?

— Allons faire honneur au nouveau supérieur de ton ancien amant. Tout le monde est déjà présent, il ne manque plus que nous, propose-t-il, en se levant pour rejoindre la porte.

— Je vous suis.

             

              

***

                  

                    

Je n'assiste jamais à ce genre d'événements, alors pourquoi diable lui ai-je dit oui ?

C'est déjà d'un ennui mortel en temps normal, mais alors, avec cette envie de me faire prendre, ça en devient carrément de la torture.

Être entouré de tous ces hommes ne fait que m'exciter un peu plus. Et vraiment, peu importe à quoi j'essaye de réfléchir, tout ce à quoi je pense, c'est le regard sombre et énervé de mon garde du corps.

Je vais devenir fou si je ne baise pas aujourd'hui et je déteste devoir faire ça seul.

Bordel, que tout ça m'agace.

Bon, ça suffit, j'ai déjà été assez patient aujourd'hui, j'en ai fini avec toutes ces conneries. Mon cul attendra bien sagement une queue plus tard, pour l'instant, il en va de mon état mental. Je me barre d'ici.

             

— Joo ? l'appelé-je, une fois trouvé près du buffet, en train de discuter avec je ne sais qui. On y va.

                 

Sans plus de réflexion, il engouffre son restant de nourriture dans la bouche et salue comme il peut, la personne à ses côtés. J'avance déjà vers la sortie avant même qu'il me suive et pour ainsi clore ma journée karma, je rencontre la personne que j'évitais, plus par flemme qu'autre chose.

                      

— Tu comptais repartir sans dire bonjour à ton vieil ami ?

                

N'oublie pas Changkyun, tu dois apprendre à mieux gérer tes réactions.

J'observe ainsi, l'homme élégant planté devant moi, après m'être tourné, non sans un soupir discret. Les mains dans les poches et un sourire terriblement agaçant, Lee Hoseok prend plaisir à m'irriter plus que je ne le suis déjà.

Comment un homme si élégant peut aussi être si frustrant ?

                 

— Je te signale que tu te trouves sur mon territoire. Te promener ici sans mon autorisation, ce n'est pas très poli.

                

Je m'accoude à la voiture, tout en évitant difficilement de soupirer une nouvelle fois.

Les mains dans les poches à mon tour, je souris avec discrétion.

               

— Ne te fâche pas pour si peu, Seokkie, ça fait ressortir tes rides.

—  C'est de te voir devant moi, avec ton air suffisant qui me donne des rides, raille-t-il. J'imagine aussi que baiser autant que tu le fais dois te redonner une seconde jeunesse... Je suis désolé, je ne suis pas aussi facile que toi. Mais ça va, il paraît que tu t'es calmé ces derniers temps. Est-ce que tu arrives à gérer le manque ? Fais attention à ta belle peau, tu ne voudrais pas finir comme moi, ricane-t-il, tout en me fuyant du regard.

— Tu t'inquiètes pour moi, petit Seok ? posé-je, m'avançant vers lui.

                    

La panique que je lis dans son regard est si adorable.

Le nez pratiquement collé au sien, je continue de lui répondre, amusé.

                   

— Ne t'en fais pas, je suis toujours pleinement satisfait. Mais si toi, susurré-je, au creux de son oreille, tout en caressant son sexe docilement coincé dans ses vêtements. Tu as tant de mal à oublier mon cul, je t'en prie, passe à la maison quand tu veux. Je t'y attends les jambes écartées.

— N'espère pas trop pouvoir rester longtemps où tu es, espèce de dépravé, grogne-t-il, immobile, la mâchoire contractée.

— Ne sois pas si rude, Seokkie, ça ne te réussit pas.

                      

D'un regard vers Jooheon – coincé derrière le plus musclé depuis le début de notre entrevue –, je lui fais comprendre que la discussion est terminée et, sans un mot, mon bras droit me rejoint, pour ouvrir la portière de la Maserati.

Je grimpe immédiatement à l'intérieur de celle-ci et ouvre la fenêtre pour faire mes adieux à ce cher adversaire de toujours.

                     

— Bonne journée, Seok. Et à très bientôt, conclus-je, suivi d'un petit signe de main.

                      

Ne réponds pas, Hoseok, tu as raison... Je ne peux que te comprendre.

                   

— Comment vous pouvez rester aussi calme avec lui ? gronde Jooheon, à peine le véhicule démarré. Vous devriez nous demander d'aller lui régler son compte à lui et ses hommes, c'est tout ce qu'ils méritent. Ça éliminerait la mauvaise herbe du clan Phantom.

— Pourquoi donc devrais-je faire ça ?

— Parce qu'il vous manque de respect. Il vous traite comme un moins-que-rien, alors qu'il est votre égal. Vous devriez le lui faire comprendre une bonne fois pour toutes, patron.

— Tu es adorable. Mais ne t'inquiète pas pour ma fierté, elle est intacte. Fais attention à rester à ta place, toi aussi, soufflé-je, fixant le paysage citadin.

— Pardon, patron, je me suis emporté, marmonne-t-il, l'air boudeur. C'est juste que je n'aime pas qu'on vous manque ainsi de respect. Quand vous serez second du clan Seven, plus personne ne pourra rien vous dire, sans conséquence !

— Tu es vraiment naïf, mon petit Heonnie.

                  

Il se retient de me contredire, ses petites mimines agrippées avec force au volant.

Je sais que c'est difficile, Jooheon, mais les règles sont les règles.

                   

— J'ai faim.

— Vous voulez manger quoi en particulier ? questionne sans attendre, le petit idiot naïf au volant. Je peux faire un détour avant de vous ramener, si vous voulez.

              

Je sais ce que je veux manger. Le problème, c'est que ça ne se trouve pas partout.

Ah...

Quoique...

                   

— Non, ça va. Je vais rentrer.

— Mais ? Vous êtes sûr ? entends-je, alors que la portière est déjà refermée derrière moi.

            

Je n'attends pas que la voiture redémarre pour m'avancer vers cet idiot que je pensais réfléchi.

              

— Je croyais t'avoir dit, un long moment.

              

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