Asmin parcourt l'entrée du regard.
Plus personne.

Il se précipite sur le côté et longe la salle, cherchant toujours son noiraud du regard.
Matt et Julia, assis sur un rebord le regardent passer.
- Asmin !

Le brun se retourne vers la grande blonde.
- Là bas ...
La jeune femme lui indique le sentier.
Sans attendre, Asmin se précipite dans la direction indiquée.

Sa course lui permet d'apercevoir le bout du sentier à chaque fois un peu plus, dévoilant devant lui une silhouette. Un sourire apparaît sur ses lèvres en reconnaissant la fine silhouette de Charlie.
Sourire qui disparaît lorsqu'il découvre où se tient celui-ci.

Le noiraud est debout sur les immenses rochers. Plusieurs mètres plus bas, l'immensité noire et calme du lac semble l'observer.
- Charlie ! Attends !

Le regard du plus frêle des deux se tourne doucement. Ses yeux sont baignés de larmes mais plus aucun sanglots ne se fait entendre.
Son regard est vide, comme perdu dans une transe de désespoir.

Un bruit de verre sous le pied d'Asmin lui fait baisser le regard jusqu'à l'horreur absolue.
Le bout d'un fragment de bouteille ensanglanté à ses pieds.

Horrifié, Asmin remonte son regard vers les bras de Charlie.
Sa peau pâle est rouge maintenant.
Le sang ruisselle à ses doigts, tombant goutte après goutte sur le bitume gelé par l'hiver.

La tête du brun tourne, le faisant chanceler.
Asmin avale difficilement sa salive et tente de reprendre contenance.
Sa voix devient plus calme, ne souhaitant pas brusquer Charlie.

- Charlie...descend s'il te plaît. Je veux te parler. Écoutes ce que j'ai à dire...

Le regard de Charlie le quitte à nouveau pour fixer le lac à ses pieds.

- S'il te plaît, écoutes moi d'abord !
Je suis désolé de mettre si mal débrouiller et si mal exprimer !

Aucune réponse.
- Je...Je veux pas être celui qui a pitié de toi. Je veux pas être celui qui te dira simplement d'arrêter de te faire du mal sans chercher à comprendre ce qui ne vas pas.

Un pas en avant sur la roche.
- Charlie ! Je veux ...
Asmin prend son courage à deux mains :
- Je veux te prendre dans mes bras, là tout de suite. Je veux pouvoir embrasser ton front, tes joues, tout et te murmurer que tout va bien. Je veux pouvoir dormir avec toi ce soir, et me réveiller à tes côtés le lendemain. Je veux pouvoir te présenter à mes amis pas comme le petit Charlie qui n'a personne d'autre autour de lui mais comme celui qui m'aura intrigué, intéressé, puis emporté dans un sentiment nouveau.

Le regard de Charlie se redresse vers l'horizon.
- Charlie je veux pas être juste un ami, je veux être celui qui a le droit de t'aimer plus qu'il ne faut. T'étais ce petit mec bizarre que Louis nous a ramené. Qui avait l'air fragile, seul.
Qui s'est accroché à moi ce soir là quand je l'ai ramené. Et qui m'a donné envie de faire plein d'autres détours pour que ce moment dure plus longtemps. Celui qui souriait si bien, qui était si beau à chaque fois. Pas d'une beauté éclatante mais d'une beauté douce qu'il faut prendre le temps d'observer pour en apercevoir la profondeur. J'ai pris le temps de t'observer Charlie ces derniers jours. Et j'ai aimé ce que j'ai vu.

Charlie tourne à nouveau son regard vers Asmin.
- Je t'en supplie Charlie descends ! Je veux pouvoir te dire la suite.

Mais Charlie ferme les yeux et tombe vers l'arrière.
- NON !

Asmin l'attrape et le tire vers lui, retombant lourdement sur le bitume.
Charlie perd trop de sang, et perd connaissance.
Le jeune brun sort son portable, les mains tremblantes.
- Une ambulance, une ambulance...VITE !

Attendant la réponse des urgences, Asmin tient Charlie contre lui.

                  *************

Tremblant de froid, Asmin observe sa tentative d'arrêter les saignements.
Son pull entourant le premier bras, son t shirt le deuxième, Asmin tient fermement Charlie contre lui, dans le froid hivernal.
Ses yeux se ferment de fatigue, épuisé par le froid qui mord son torse et ses bras sans relâche.

Lorsque l'ambulance apparaît au loin, Asmin s'est recroquevillé au dessus de Charlie, endormi par la morsure impitoyable de l'hiver.
Un dernier murmure caresse l'oreille de Charlie ce soir là:
- Accroches toi Charlie, je t'en supplie, accroches toi.

By the psycho