Chapitre 14
Lorsque je me suis couchée ce matin, une seule question retentissait en boucle. À quelle heure me lèverai-je ? J'ai parié vers quatre heures de l'après-midi. Je saisis mon cellulaire et bingo, pile à l'heure !
Je saute hors de mon lit d'un bond et file à la douche. Vingt minutes plus tard, je suis en train de préparer mon petit-déjeuner.
Mon index presse le bouton de la machine à café. Le liquide noir fumant coule dans la tasse grise dans un brouhaha. Je papillonne sur les réseaux sociaux, puis sur ma boite e-mail professionnelle.
Bientôt cinq heures.
La réunion des modérateurs mise en place par Alfonso va démarrer. Ma présence est obligatoire. Nous allons aborder plusieurs sujets ; notre rôle aux côtés de Bec et nos nouvelles idées pour améliorer la modération. Habituellement, ce genre de réunion dure moins de trente minutes. Après, je m'occuperais de mes commandes, avant de manger et de retourner sur l'ordinateur pour modérer le stream de Bec.
Pour ne pas allumer mon pc trois heures avant le live, j'assisterai à la réunion par téléphone. Il me reste assez de batteries pour tenir au moins une heure.
Rachid, Alfonso, Bec et Maggie sont déjà en vocal. Je les rejoins en silence, tout en buvant une gorge de café.
— Qui est-ce qui boit, là ? s'agace Alfonso. Ah bah toujours la même qui dérange, n'est-ce pas, Alyssia ?
Mes lèvres se pincent sous la surprise et la gêne. Mince, j'avais oublié qu'il n'aime pas entendre les gens boire. La prochaine fois, je m'en souviendrai.
— Désolée.
— Ouais bon, réplique-t-il sèchement. On en était où, Maggie ?
Cette dernière exprime ses pensées concernant la modération. Elle aborde un sujet majeur qui est le spam. Par la suite, Rachid explique les soucis auxquels il fait face. Ne pouvant être là quand il le voudrait, il préférerait mettre de côté la modération. Cela embête Alfonso, qui l'apprécie énormément.
— De toute façon, je ne suis pas souvent là, assure Rachid d'une voix lasse. Ça ne change rien.
Léane nous rejoint et s'excuse de son retard. Elle est suivie de près par Sevan qui, lui, ne s'excuse pas.
N'ayant rien à dire, je laisse la parole à mes camarades. Ils abordent des sujets auxquels je suis d'accord. Alfonso note tout, nous questionne en profondeur pour faire son rapport à Bec dans la soirée. C'est peiné que certains quittent le vocal.
— Rachid va nous manquer, bafouille Maggie.
— Il n'est pas mort et pas encore parti, se moque Alfonso avant de retrouver un semblant de calme. Sev, on part sur Rocket League ?
Ah. La réunion va peut-être se rallonger... Même si je pense que cela n'est pas une bonne idée. Quoi que, ce ne serait que le temps de terminer mon petit-déjeuner.
— Je peux vous regarder pendant que je finis mon café et mon beignet ? questionné-je les deux hommes restant dans le vocal. Après, j'irais travailler.
Tous les autres sont partis et le jeu est déjà lancé pour les deux joueurs. Cela ne me dérange pas le moins du monde. J'apprécie lorsque nous sommes en petit comité.
— Depuis quand as-tu un boulot, toi ? m'interroge Alfonso railleur.
La blague est drôle, j'y ris de bon cœur. Son humour, toujours plaisant, est le bienvenu. Ça détend l'atmosphère.
— Ah bah, je vois qu'on a son petit préféré ! s'outre Sevan de sa voix puissante. Lui, tu ne lui fais pas la gueule !
Oh, touché en plein cœur. Il a raison. S'il m'avait fait cette blague, je l'aurais insulté.
— C'est vrai, avoué-je maladroitement en écorchant son prénom. Ce n'est pas contre toi, Sevan, c'est juste que je connais Alfonso un peu plus... Je sais qu'il rigole. Toi, je ne te connaissais pas du tout et via l'écrit, c'est compliqué.
Obligée de me justifier. Et ce, face à Alfonso qui se fera une joie de se moquer.
— T'en fais pas, j'ai compris...
Une toux l'interrompt.
— Je suppose que si je demande des informations, on va m'envoyer chier ? nous interroge Alfonso. Parce que votre histoire m'intrigue, là.
Sevan ne lui a rien dit ? C'est un bon point.
— Exactement, tu fais preuve d'intelligence, mon pote.
Le sujet est vite abandonné pour le silence, à mon grand détriment. Parfois, des bruits de manettes sont audibles. Ils ont lancé, visiblement en silence, une partie du jeu de voiture. Malheureusement pour moi, je m'attendais à assister à un live privatisé. L'un des deux pourrait me partager son écran, c'est un minimum !
— Mais non ! hurle Sevan.
Bon sang, il m'a foutu une de ses trouilles. Un peu plus et je faisais une crise cardiaque. Je me demande bien la raison d'un tel cri.
— Sérieux, mais non ! chante Alfonso d'une voix aiguë. J'pouvais pas la mettre, il m'a bump.
Si la chanson me dit vaguement un truc, Sevan est sur la même longueur d'onde de son pote. Il prend la relève sur un timbre de voix bien trop aiguë pour lui.
— Dites, quelqu'un pourrait faire un live ? hésité-je en terminant mon café, désormais froid.
— Ah oui, j'en lance un !
Sevan se dévoue. C'est un acte intrigant et plaisant. Connaissant Alfonso, il m'aurait envoyé chier !
— À ce sujet, c'est quand que tu stream, Sev ?
Ce dernier soupire.
— Je te l'ai déjà dit, Alfonso. Quand j'aurais fini de tout préparer.
— Ah ! Mais tu n'as toujours pas de graphiste ?
Mes poils se hérissent tandis que j'avance jusqu'à mon bureau.
— J'en ai trouvé une ! Je ne pas encore accepté le devis, parce que le montant est élevé pour moi.
— C'est-à-dire, élevé ? le questionne-t-il, intéressé.
Pendant qu'ils parlent de ce sujet, je me fais toute petite. Je crains qu'Alfonso me questionne sur mon refus. Même si je n'ai pas à ma justifier, il est capable de me tirer les vers du nez.
— Bah, elle ferait les scènes en trois semaines pour 560 euros. Pour l'instant, je ne peux pas mettre une telle somme. Je verrai d'ici deux-trois mois.
Quoi ? Se moque-t-il de nous ? Ayant suivi une rapide formation de graphiste, avant de me lancer pleinement dans l'illustration, je connais le milieu.
— T'es sûr qu'il n'y a aucune erreur ? m'inquiété-je. Tu as demandé quoi pour un tel prix ?
— Ouais, marmonne-t-il. Juste mes trois scènes animées simples ; Le stream commence, en discussion et Hors ligne. J'ai demandé une couleur rouge foncé, avec des motifs fins argentés. Je verrais pour les emotes avec un illustrateur, plus tard.
Sa description est nette. Je visualise déjà un semblant de rendu.
Finalement,j'aurais pu accepter. Ça m'aurait pris à tout casser deux heures. Le finallui aurait sûrement plu. Il serait en train de streamer pour le bonheurd'Alfonso.
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