Chapitre 4
— Debouuuut !! hurla Raphaël en sautant sur le lit de fortune d'Alice.
Cette dernière grogna en ouvrant difficilement les yeux. Dehors le soleil commençait à peine à se lever ce qui la fit soupirer.
— Sérieux, Raph, t'as vu l'heure ?! Même le soleil galère à se lever !
— Désolé 'Lice, va falloir que tu t'y fasses, c'est les premières heures les moins chaudes, justement parce que le soleil dort encore ! Allez debout flemmarde, Kat t'attend !
Inutile d'insister, Alice avait pleinement conscience que le jeune garçon ne la lâchera pas tant qu'elle n'aurait pas rejoint son amie. Elle se redressa donc en baillant et se dirigea vers la grotte-cuisine où l'attendait Katrina.
— Salut Ali ! Bien dormi ? s'enquit cette dernière dès qu'elle aperçut Alice.
— Coucou ! Bof, j'ai vraiment eu du mal à m'endormir et j'ai dû me réveiller une bonne dizaine de fois ensuite...
— C'est normal moi aussi j'ai eu du mal à m'habituer au début. On finit par s'y faire tu verras..!
— Hm j'espère que t'as raison, je ne pense pas tenir longtemps ce rythme sinon... Besoin d'aide ?
— Non t'inquiètes, j'ai presque fini. Par contre attends avant d'aller te recoucher, j'aimerais te montrer un truc.
*
— Wow, murmura Alice les yeux écarquillés. C'était le seul mot qu'elle avait trouvé pour décrire le spectacle qui s'offrait à elle. Katrina et elle se trouvaient en haut de l'une des montagnes qui entouraient la Fosse. Le sable s'étalait à perte de vue tandis que le soleil se levait lentement à l'horizon, teintant le ciel et le désert d'un orange vif. On apercevait une ville à un peu moins d'un kilomètre plus loin. La Ville pensa Alice.
— C'est beau, hein, sourit Katrina que le soleil levant colorait en orange.
Cela rappelait à Alice les soirées d'été qu'ils passaient en famille, sur la plage, elle et son frère dansant au son de l'harmonica que leur père faisait chanter et leur mère, dansant à coté. Elle se souvenait comment tout semblait si simple à cette époque, où la vie suivait son court, lentement, et gaiement, où la nourriture était simple à trouver, qu'elle avait juste à venir quand elle entendait le typique "à table !" de sa mère. Où elle vivait une vie simple avec toute sa famille. Elle se rendit compte qu'ici, les trois personnes qui l'avaient accueillis constituaient sa seule famille. Une famille où chacun devait trouver sa place pour faire avancer le groupe, et il fallait qu'il avance, le groupe. Alice comprit que sans les autres, elle n'irai pas loin sur cette nouvelle terre. Elle prit conscience qu'elle avait besoin de cette famille.
— Oui, répondit Alice dans un souffle. C'est vraiment très beau.
*
Il devait être midi environ, le soleil était à son zénith, brûlant sans répit celui qui osait s'aventurer dehors. Pourtant, cela faisait bien six heures que Mick et Raphaël étaient partis à la ville. Alice repensa à la nuit dernière et à l'étrange cicatrice que Mick portait. La marque ne semblait pas vieille — d'une semaine tout au plus. Elle espérait que la blessure ai été un accident mais au fond d'elle, elle ne le croyait pas vraiment. Et comme il ne semblait pas y avoir d'autres animaux que des humains sur cette terre... Elle secoua la tête, se concentrant sur les couvertures que Katrina lui avait demandé de recoudre. La jeune blonde était à coté d'elle, aux prises avec une chaise qu'elle essayait vainement de retaper. La chaise n'était vraiment pas en bon état mais Katrina semblait tellement sûre d'elle qu'Alice n'osait pas lui expliquer que "rendre à cette chaise sa beauté d'antan" comme elle l'avait expliqué, relevait du miracle.
— Alors, ces premiers jour ? La questionna Katrina.
— Mh, à part que j'ai l'impression d'être dans un four H24, que Mick se comporte comme si j'étais la dernière des abruties et que je connait autant le nombre de grains de sable de ce foutu désert, que ce que j'y fout, ça passe.
Katrina la scruta, surprise par le ton agressif qu'elle avait employé. Alice se sentit tout de suite honteuse. Katrina n'y était pour rien dans ce qu'il lui arrivait, elle essayait même de l'aider ! De plus elles étaient dans le même bateau.
— Désolé ! S'excusa t-elle donc. Je suis à cran en ce moment et un peu fatiguée aussi... Ça va déjà mieux que les premiers jours, en tout cas. Elle repensa au premier jour, ce matin où elle avait ouvert les yeux sur un monde totalement inconnu. Elle frémit : ce jour-là elle n'avait presque pas paniqué malgré le fait qu'elle était complètement déboussolée. Mais ce jour-là, elle ne savait pas le temps qu'elle passerait dans ce désert, elle ne savait pas à quel point la vie était dure ici, elle ne savait pas à quel point elle était mal. À quel point ils étaient mal...
— Non, c'est moi qui suis désolée, répondit sa copine. C'était idiot, ma question !
— Tu sais quand vont rentrer les garçons ? S'enquit Alice, désireuse de changer de sujet.
— Quand le soleil commencera à se coucher, je pense. Comme d'habitude, en fait.
Alice revit les blessures de Mick. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander qui avait pu le lui faire.
— Kat ?
— Mh ?
— L'autre soir, alors que j'essayais de dormir, j'ai aperçu le bras de Mick... Je... Enfin... Comment il s'est fait ça ?
Katrina se retourna vers elle et la fixa de ses yeux bleus.
— On les appelle les Utopistes. Même si il n'y a rien d'idyllique dans ce qu'ils pensent. Pour eux, il faut profiter de la vie ici et chercher une solution ne sert à rien. C'est pour "profiter de la vie" qu'ils se soûlent et se droguent. Mais en soi, c'est leur problème. Le hic, c'est qu'ils veulent que les autres pensent comme eux et là ça coince parce que tout le monde ne pense pas comme eux. À commencer par nous. C'est pour ça que c'est la guerre entre eux et nous. Le deuxième hic, c'est qu'ils possèdent la ville et qu'ils ne sont pas très prêteur donc on est obligés de se servir sans leur accord. Enfin, Mick et Raph sont obligés de se servir sans leur accord. Mais de toute façon, la ville n'appartient à personne !
— C'est donc les Utopistes qui ont fait ce que Mick a sur le bras, résuma Alice en s'attaquant à une deuxième couverture.
— Oui, les Utopistes ont toujours recours à la violence quelque soit le problème. Et il se trouve que leur principal problème soit nous...
— Donc ceux qui habitent à la ville, c'est les Utopistes. On a un nom aussi ?
— Les Utopistes aiment nous appeler les "Envahisseurs" ou les "Annexeurs". Quand c'est pas les "troubleurs de fête". On n'utilise aucun de ces noms, et aucun autre non plus. Tu nous appelles comme tu veux !
— "Les troubleurs de fête", répéta Alice, amusée.
Elle ne comprenait pas comment des personne vivant sur la Terre de Feu pouvaient ne pas vouloir savoir comment ils étaient arrivé là. Elle bâilla et dit :
— Je vais installer les couvertures dans le dortoir. Tu auras besoin que je t'aide pour le repas ?
— Non, ne t'inquiètes pas, répondit Katrina.
— D'acc, si tu as besoin de moi je serai sûrement sur la montagne d'en face.
— Ça marche ! Ne reste pas trop au soleil, quand même !
— Oui maman. Oh et arrête avec cette chaise, c'est impossible de la réparer !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top