CHAPITRE XI
CHAPITRE XI
Je t'aime.
Ces mots résonnaient dans la tête de Chat Noir. Ladybug l'aimait. Du moins c'était ce qu'elle lui avait dit avant de sombrer dans le sommeil. Le jeune homme ne savait pas vraiment si elle avait dit cela sous le coup d'émotion, ou si elle le pensait vraiment.
Il aurait dû être comblé. Heureux. Le plus heureux des hommes même. Il avait couché avec la femme qu'il aimait depuis des années. Et pourtant, il y avait toujours cette part de doute qui subsistait en lui. Cette part d'angoisse qui lui tordait les tripes et refusait de le laisser dormir comme sa compagne. Il avait peur. Peur que Ladybug n'ait été trop influencée par l'alcool et qu'elle n'ait fait cela avec lui que pour assouvir ses pulsions sexuelles. Ou pire, qu'elle ne l'ait fait juste pour lui faire plaisir. Pourtant, la jeune femme semblait vraiment avoir été heureuse de ce moment d'intimité passé avec lui. Se pourrait-il qu'elle l'aime vraiment ? Que ses mots soient sincères ? Que quelque chose soit possible et envisageable entre eux ?
Peut-être, mais seulement voilà ; ni l'un ni l'autre ne savait qui ils étaient réellement. Et ils ne pouvaient établir une relation basée sur l'ignorance et le mensonge. Chat Noir voulait connaître l'identité de sa partenaire. Il ne pourrait pas vivre quelque chose avec Ladybug s'il continuait à ignorer qui elle était vraiment. Le héros s'était toujours demandé pourquoi Ladybug insistait tant sur ce secret d'identité. Ils étaient à présent tous les deux majeurs, ils œuvraient ensembles depuis des années. DES ANNÉES. Et pourtant, la jeune femme n'avait rien lâché. Elle n'avait pas cédé. Hors de question pour elle de se dévoiler à son coéquipier.
Mais cette nuit, les choses semblaient si simples. Ladybug était endormie à côté de lui. Il n'avait qu'une chose à faire pour connaître enfin la vérité : lui enlever son masque. Ses mains le brûlaient, le démangeaient, et il devait rassembler toute la volonté du monde pour ne pas céder à la tentation. S'il faisait ça, Ladybug ne lui pardonnerait jamais. Et pourtant. La tentation était si forte. Trop forte.
Le félin inspira profondément, mais ne fit aucun geste. Il se perdit simplement dans la contemplation de Ladybug, endormie à ses côtés. Les cheveux, auparavant en chignon, était détachés et lui retombaient légèrement sur le visage. Ses traits étaient apaisés. A vrai dire, c'était la première fois que Chat Noir voyait ce côté de sa partenaire. Un côté doux, sensible, attachant. Ces facettes lui plaisaient. Et il aurait aimé les découvrir plus tôt.
Capitulant et refusant de mettre son plan à exécution, il se contenta d'écarter quelques mèches de cheveux de jais du visage de Ladybug, et déposa sur ses lèvres un dernier baiser, avant de s'endormir à son tour.
***
Marinette ouvrit péniblement les yeux aux premières lueurs de l'aube. Un mal de tête foudroyant l'assomma directement, et elle maugréa quelque chose qu'elle ne comprit pas elle-même. En jetant un coup d'œil à la pièce où elle se trouvait, elle paniqua pendant un bref instant, ne reconnaissant absolument pas la chambre dans laquelle elle venait de passer la nuit. Cependant, un léger bruit de respiration à côté d'elle, lui fit comprendre qu'elle n'était pas chez elle, mais chez Chat Noir. Et soudainement, tout lui revint en mémoire. La soirée. Le discours. L'alcool. La danse. La fuite. Le baiser. Le taxi. Le lit...
Mon dieu.
Avait-elle vraiment couché avec Chat Noir ?
A en juger son corps nu et celui de son partenaire, elle devait bien admettre que oui. Elle venait de passer la nuit avec son plus fidèle coéquipier.
Une nouvelle vague de panique s'influa en elle, et Marinette se dépêcha de porter sa main à son visage, avant de soupirer de soulagement. Son masque était toujours là. Elle ne l'avait pas perdu durant leurs ébats et la nuit. La catastrophe aurait été monstrueuse si elle était venue à révéler son identité à Chat Noir.
La jeune femme jeta alors un coup d'œil à l'intéressé. La bouche légèrement entrouverte, les cheveux en pagaille, Chat Noir dormait sur le dos, une main sur son torse, l'autre sous l'oreiller qui se tenait sous sa tête. Marinette put alors une fois de plus contempler sa musculature, et elle se rendit compte à quel point elle avait été chanceuse. Chanceuse de coucher avec un apollon tel que lui.
Mais... cette nuit torride allait-elle réellement aboutir à quelque chose ? Marinette ne se voyait toujours pas révéler sa véritable identité à Chat Noir. Si le félin pensait surement le contraire –elle n'avait guère besoin de lui demander pour le savoir-, elle néanmoins, refusait encore de se dévoiler au grand jour.
Avec un soupir, la bleutée s'extirpa du lit le plus doucement possible, et alla récupérer ses affaires. N'ayant pas d'autres vêtements que sa robe, elle fut obligée de la remettre. La tenue était toute froissée et traînait sur le sol de la chambre. Elle se dépêcha également de renfiler sa culotte et de remettre son soutien-gorge qui, eux aussi, avaient été abandonnés dans un coin de la pièce. Une fois rhabillée, Marinette était prête à quitter la chambre pour aller chercher sa sacoche et parler avec Tikki, mais une voix grave l'interrompit.
« On part sans prévenir, ma Lady ? »
La concernée sursauta et fit volte-face. Chat Noir s'était redressé sur les coudes, l'air encore endormi. Il lâcha un bâillement et finit par s'asseoir sur le côté du lit. Notez qu'à part son masque, le jeune homme était encore nu. Complètement nu. A cette vision, Marinette sentit le rouge lui monter aux joues et elle détourna le regard. Maintenant qu'elle était parfaitement sobre et maitre de ses pensées, voir Chat Noir nu de la sorte la mettait quelque peu mal à l'aise.
« Hum... est-ce que tu pourrais, heu... enfiler quelque chose ? S'il te plait ? balbutia Marinette, terriblement gênée. »
Chat Noir éclata de rire et sauta du lit avant de se diriger vers l'armoire près de laquelle se tenait sa coéquipière. Il la frôla et Marinette fut obligé retenir un frisson et d'empêcher son regard de descendre... en bas.
« Ça n'a pas eu l'air de te gêner de me voir à poil hier soir.
- Ça n'a rien à voir ! »
Nouvel éclat de rire. Marinette maugréa et leva les yeux au ciel, avant de s'éloigner et d'aller se rasseoir sur le lit. Elle prit sa tête entre ses mains, et lâcha un las et profond soupir.
« Chat Noir. Il faut qu'on parle. »
Un torrent de stress s'immisça immédiatement dans les veines du félin. Elle regrettait, il en était sûr. Pour elle, tout cela n'avait été qu'une erreur. Une affreuse et douloureuse erreur.
Sentant sa gorge se nouer et son estomac se retourner, Chat Noir finit d'enfiler ses vêtements et alla rejoindre sa partenaire. Il s'assit à côté d'elle, et se contenta de fixer le sol. Il redoutait les paroles qui allaient suivre.
« Écoute... commença Marinette d'une voix peinée. Il faut que je te dise que—
- Tout ça n'était qu'une erreur. Je sais, pas besoin de te fatiguer à le dire.
- Quoi ?! Non !! »
Marinette plaqua sa main devant sa bouche et détourna le regard. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle voulait juste s'enfuir, loin d'ici. Et ne jamais y remettre les pieds. Elle aurait voulu que ce gala n'arrive jamais. Pas parce qu'elle regrettait ce qui s'était passé avec Chat Noir, mais parce que... parce que leur histoire était impossible, tout simplement.
« Non, Chat Noir. Ce n'était pas une erreur. Tout ce que j'ai ressenti hier et cette nuit, tout ce que j'ai vécu avec toi, ce... c'était réel et sincère. Je te le promets. Mais...
- Mais quoi ? »
La voix du matou se faisait pressante, ce qui donnait encore plus envie à Marinette de s'enterrer. Elle fut prise d'un sanglot et sa bouche se mit à trembler furieusement. Elle sentit une larme solitaire couler sur sa joue et tourna la tête violemment pour ne pas que Chat Noir la voit.
Oups.
« Pourquoi est-ce que tu pleures... ? s'enquit le jeune homme d'une voix douce en tendant une main vers sa Lady. »
Aucune réponse. Juste un reniflement.
« Ladybug...
- Les héros ne peuvent pas aimer. Pas comme ça. »
Chat Noir arqua les sourcils et reposa sa main sur le matelas. Que voulait-elle dire par là ?
« On ne doit pas connaître l'identité l'un de l'autre. C'est formel. Nous ne pouvons donc pas entamer une relation, Chat Noir. Tu comprends ça, pas vrai ? »
Et voilà. Il en aurait mis sa main à couper. Chat Noir avait visé juste : Ladybug n'était toujours pas prête à révéler son identité.
Le jeune homme pris une grande inspiration, et se leva devant la jeune héroïne, avant de lui soulever le menton.
« Si toi, tu n'es pas prête pour me dire qui tu es vraiment, d'accord. Mais moi, je suis prêt. Tu mérites de savoir. »
Sur ces mots, Chat Noir porta ses mains à son masque et commença à dénouer la ficelle qui le tenait en place sur son visage. Marinette agrandit les yeux de terreur et se jeta sur lui pour l'en empêcher.
« Chat Noir, non !! »
Marinette poussa le blond si fort qu'il tomba à la renverse en un cri, et se retrouva sur le dos du sol de sa chambre, avec Ladybug quasiment allongée sur lui. La coccinelle se confondit en excuse et se releva précipitamment. Elle allait cependant, par la suite, incendier le félin lorsqu'une sonnerie se fit retentir.
« C'est quoi ça ? dit-elle en se relevant.
- On dirait un téléphone. »
Effectivement. Et c'était la sonnerie de Marinette qu'on entendait. Elle commença à paniquer et se tourna vers Chat Noir qui, heureusement pour elle, n'avait pas eu le temps d'enlever son masque.
« Heu... je reviens ! Reste-là, je t'en prie, je t'en conjure ne fais rien de stupide ! »
Malgré ses supplications, Chat Noir attrapa fermement le poignet de Marinette et l'empêcha de partir. Il la regarda avec une intensité démesurée, et la jeune femme se sentit défaillir.
« Non. N'y va pas. »
Silence. Marinette avait une légère envie de vomir en comprenant ce qui était sur le point de se passer. Et elle avait l'impression que même avec tous les efforts du monde, elle ne pourrait empêcher le destin de faire ce qu'il avait à faire.
« Laisse-moi te montrer qui je suis.
- Chat Noir—»
Marinette paniqua.
Trop tard.
Il avait enlevé son masque.
Et Marinette eut l'impression qu'une cascade glacée venait de s'écouler dans ses veines. Devant elle ne se tenait plus le héros de Paris. Non, devant elle se tenait un jeune homme qu'elle connaissait bien. Trop bien même.
Elle crut d'abord à une blague. Ou à un rêve. Oui voilà, c'était un rêve. Un foutu rêve. C'était impossible que ça soit autrement ! Chat Noir ne pouvait pas... enfin... ce n'était pas... possible ?!
La styliste crut qu'elle avait s'évanouir. Voir mourir, là tout de suite, sur place. Sa tête explosa de l'intérieur, ses oreilles se mirent à bourdonner furieusement, et elle se sentit pâlir. La pièce tournoya autour d'elle et Chat Noir, pris d'inquiétude, se déplaça lentement vers elle.
« Ladybug... ? »
Lorsque le jeune homme voulut la toucher, Marinette eut un brusque mouvement de recul et agrandit ses yeux d'effroi. L'espace d'un instant, Chat Noir pensa qu'il avait fait une erreur. Ladybug ne semblait pas heureuse. Loin de là même.
« Tu... tu... enfin tu... tu es... »
Adrien. Adrien Agreste. Chat Noir était Adrien.
C'était trop, beaucoup trop pour la jeune femme. Elle fut obligée de s'asseoir par terre et commença à se balancer d'avant en arrière en gémissant. Sa tête la faisait souffrir, son ventre également. Elle semblait en proie à une réelle crise de panique, et ne parvenait plus à se raisonner. Elle fut obligée de se mordre la langue pour ne pas vomir sur le sol de la chambre du jeune homme. Elle grelottait, claquait des dents.
Elle était en état de choc.
Adrien, qui commençait sérieusement à s'inquiéter pour sa santé mentale, s'accroupit devant elle et posa une main sur son bras.
« Ladybug... est-ce que ça va ? »
Marinette fixa Adrien pendant de longues secondes, avant de se mettre à pleurer. Ce n'était pas quelques larmes cette fois-ci. C'était un véritable torrent salé qui se déversait sur ses joues. La jeune femme ne pouvait plus s'arrêter de sangloter, elle ne parvenait plus non plus à respirer convenablement. Pris de panique, Adrien l'attrapa et la serra dans ses bras le plus fort possible. Il voulait lui transmettre de sa chaleur, il voulait la rassurer. Pourquoi se mettait-elle donc dans un tel état ?
« Adrien... »
La façon dont Ladybug prononça ce nom fit comprendre au concerné qu'elle le connaissait bien plus que comme étant une simple connaissance. Elle semblait clairement bouleversée. Choquée.
Le jeune mannequin s'éloigna doucement et essuya les larmes sur les joues de sa Lady avec son pouce. Il lui sourit d'une façon qu'il espérait tendre, pour tenter de la mettre en confiance.
« Adrien... tu... je...
- Tu me connais, pas vrai ? On se connait. Dans la vraie vie je veux dire. N'est-ce pas ? »
La réaction de Ladybug ne laissait place qu'à peu de doutes. Au vu de ses pleurs et de sa panique incontrôlée, elle devait surement bien le connaître.
Et soudain, ce fut le flash. Un gros, un terrible flash. Et ce fut au tour d'Adrien de se sentir nauséeux et d'avoir le vertige. Il fixa Ladybug dans les yeux et s'attarda sur chaque trait de son visage. Ses cheveux. Ses yeux. Son sourire. Sa moue. Ses traits. Son nez. Ses lèvres.
Tout correspondait.
Cette fille. Cette fille qu'il aimait, il la fréquentait quotidiennement depuis des années. Comment diable avait-il pu être aussi aveugle ? Comment avait-il pu passer à côté de tant de choses durant tout ce temps ?
La situation était à mourir de rire. Mais ni Adrien ni Marinette n'avaient envie d'en plaisanter dans l'immédiat.
Malgré tout, Adrien avait compris. Il leva ses mains pour enlever le masque présent sur le visage de Ladybug. Celle-ci ne fit aucun geste pour l'en empêcher.
Le rideau était tombé.
Lorsqu'Adrien se retrouva avec le masque rouge et noir entre ses doigts, il poussa un soupir. Il était soulagé. Soulagé de savoir que c'était elle et pas quelqu'un d'autre.
« Marinette. Ma Marinette...
- Je suis désolée ! Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça ! Désolée de te l'avoir caché ! Je sais que j'aurais dû te le dire quand on a commencé à se tourner autour à ce foutu gala, mais-mais... je sais pas, j'ai paniqué ! Et puis—»
Amusé, Adrien déposa son index sur les lèvres de Marinette et lui lança un sourire. Il fallait vraiment que la jeune femme apprenne à contrôler ses émotions.
« Arrête de t'excuser. Et surtout, arrête de paniquer. »
Adrien semblait gérer la nouvelle bien mieux que Marinette. La jeune femme, elle, avait toujours du mal à réaliser. Les deux garçons qui avaient une place importante dans son cœur et pour lesquels elle se déchirait, n'était en fait qu'une seule et même personne. Et elle avait couché avec Adrien Agreste.
Oh merde.
Ce fut à ce moment que Marinette réalisa tout. Et elle eut l'impression que toutes ces années passées en compagnie de Chat Noir, défilèrent devant ses yeux en quelques secondes.
La bleutée sentit à nouveau les larmes lui piquer les yeux, et elle hoqueta. Mais ce n'était plus des larmes de panique, d'angoisse ou de tristesse. Non, il s'agissait bien là de larmes de joie. Elle se sentait si bête ! Si stupide !
Et si heureuse à la fois.
Tout semblait si simple désormais. Si facile. Elle avait le sentiment que sa vie était devenue un véritable conte de fée.
Soulagée et terriblement heureuse, elle était sur le point d'embrasser Adrien lorsqu'une explosion venant de dehors les fit sursauter. Elle croisa le regard du jeune mannequin et aucun des deux n'eut besoin de prononcer le moindre mot pour qu'ils se comprennent.
Un bref instant de concertation silencieuse, et les deux jeunes adultes comprirent très vite qu'ils allaient devoir remettre leurs "retrouvailles" à plus tard.
« On dirait que le travail nous appelle, s'amusa Adrien en se relevant et en tendant la main à Marinette. »
C'était la première fois. La première fois qu'ils allaient affronter un Akumatisé ENSEMBLES. Vraiment ensembles.
« Prête ? »
Marinette sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine, et elle hocha la tête avant de prendre la main du mannequin. Prête, ça oui elle l'était. Plus que jamais même.
« Prête. »
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