CHAPITRE VII
CHAPITRE VII
Quelques regards curieux, d'autres déplacés, se dirigeaient vers Chat Noir. Malgré le fait qu'il y ait une foule spectaculaire sur la piste, le héros n'était pas passé inaperçu. Et pour cause : il dansait depuis une bonne vingtaine de minutes avec Eva, et affichait, malgré lui, un air renfrogné. A vrai dire, le blond n'avait strictement aucune, mais alors aucune, envie de danser avec la rouquine. Mais celle-ci avait tellement insisté qu'il avait fini par accepter pour s'en débarrasser le plus vite possible.
Or, ces vingt minutes avaient été, et étaient toujours, les plus longues de sa vie. Chat Noir n'en pouvait plus d'entendre les paroles d'Eva, qui ne cessait de clamer haut et fort qu'elle le désirait et souhaitait passer la nuit avec lui. Il était clair que la demoiselle n'avait pas vraiment froid aux yeux et ne semblait nullement intimidée par ce que l'on pourrait penser d'elle. Au contraire. La rouquine se montrait de plus en plus entreprenante au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Ses mains, qui étaient au début restées sur les épaules de Chat Noir, se baladaient désormais sur son torse. Et notez qu'elle en avait profité pour déboutonner deux boutons de sa chemise. Eva n'attendait qu'une chose : que le héros l'embrasse. Qu'il ne se jette sur elle, qu'il la plaque contre un mur et qu'il la fasse sienne.
Mais l'envie ne semblait guère partagée. Chat Noir soupira, mais continua cependant à danser. Malgré tout, il jetait sans cesse des coups d'œil furtifs dans la salle, scrutant le moindre recoin à la recherche de Ladybug. Mais aucune trace de la jeune femme aux cheveux de jais. Avait-elle déserté l'endroit ? Aurait-elle osé partir sans le prévenir ?
Chat Noir se souvint alors à quel point Ladybug avait semblé stressée et mal à l'aise. De plus, elle avait beaucoup bu. Elle n'était donc pas sobre et pouvait se mettre inconsciemment en danger.
De plus en plus préoccupé, Chat Noir se crispa et ne fit plus du tout attention à Eva, qui roulait des hanches devant lui. Voyant qu'il ne le regardait plus, Eva passa son index sous le menton du héros et le força à la regarder dans les yeux.
« Je ne t'excite pas ne serait-ce qu'un peu ? souffla la rouquine avec un sourire en coin. »
Surpris, Chat Noir écarquilla les yeux et ne trouva rien à réponse. Cette fille était définitivement trop osée. Beaucoup, beaucoup trop osée. Et pour répondre à sa question, non, elle ne l'excitait pas. Pas du tout même. Tout ce qu'il voulait, c'était retrouver Ladybug et s'assurer au moins qu'elle allait bien.
Eva se mit alors sur la pointe de ses pieds et vola un baiser à Chat Noir. Le félin sentit des lèvres chaudes se déposer furtivement sur les siennes. Le jeune homme fut tellement surpris qu'il ne repoussa pas Eva. Il ne réagit que lorsque celle-ci quémanda de sa langue l'accès à sa bouche. Sentant que la situation dérapait, Chat Noir fronça les sourcils et repoussa violemment la rouquine, qui afficha un air très contrarié. Le blond s'essuya les lèvres d'un revers de main et foudroya sa camarade du regard.
Loin d'être décontenancée et découragée, Eva se rapprocha à nouveau de Chat Noir en exagérant ses mouvements de hanche pour qu'il puisse admirer sa magnifique chute de rein.
« Tu es timide, Chat Noir... ? »
L'interpellé porta une main à son visage et s'essuya le front, avant de se racler la gorge et de reboutonner sa chemise correctement.
« Ce n'est pas le soucis. Laisse-moi tranquille, Eva. Je n'ai plus aucune envie de rester avec toi ce soir. »
La rouquine éclata de rire, avant d'inspirer profondément. Elle semblait prendre la situation à la rigolade, ce qui eut don d'énerver Chat Noir.
« Allons. Si tu veux, j'ai une chambre pas loin de cette salle des fêtes. On pourrait.. s'y retrouver et faire tout un tas de choses amusantes. Qu'en dis-tu ? »
Cette fois, Chat Noir vit rouge. De toutes les filles qu'il avait repoussées au cours de sa vie, celle-là était la pire. Il grinça des dents et sentit la colère s'influer dans ses veines. Il serra les poings, ferma les yeux, et souffla. Il commençait sérieusement à perdre son sang-froid. Eva lui mettait les nerfs en pelote, et le mot était faible.
« N-O-N. »
Le héros avait prononcé ce mot sur un ton si froid, qu'Eva finit par baisser la tête et détourner le regard. Chat Noir la transperça une dernière fois de ses prunelles vertes, avant de se détourner.
Il devait retrouver Ladybug.
Et vite.
*****
Marinette, elle, était toujours assise contre son arbre et discutait avec Tikki. Elle n'avait plus vraiment conscience de ce qu'elle disait à cause de l'alcool qui avait pris totalement ou presque possession de son corps et de ses pensées. Malgré tout, il lui restait tout de même assez de lucidité pour parler convenablement avec sa minuscule amie.
Marinette avait tout expliqué à sa Kwami. Et la petite coccinelle semblait préoccupée.
« Tu sais, Marinette, tu devrais être honnête envers toi-même.
- Mais je suis honnête !
- Non, tu ne l'es pas, répliqua doucement Tikki avec un léger sourire. »
La jeune femme lâcha un profond soupir et repense au début de sa conversation avec Tikki. La Kwami avait raison. Elle se dissimulait dans un piètre mensonge et se voulait complètement la face. Si elle s'était sentie si mal à l'aise ce soir, ce n'était finalement pas à cause de la peur d'être démasquée. Non, la soirée avait pris une tournure inattendue lorsque Chat Noir avait fait son apparition. A partir de là, tout était parti en vrille. Et Marinette ne savait plus vraiment quoi penser. Son partenaire la mettait dans un état psychologique incompréhensible et surtout indescriptible.
Que devait-elle faire exactement ? Aller voir Chat Noir, s'excuser et reprendre là où ils s'étaient arrêtés ? Non, impossible. C'était inconcevable. Tous ses efforts durant toutes ces années pour garder une distance professionnelle entre eux, étaient sur le point de voler en éclat en une seule soirée. C'en était pathétique. Risible. Si Marinette n'était pas aussi désespérée, elle en aurait surement rigolé. Mais voilà, la jeune femme n'était clairement pas d'humeur à plaisanter.
Subitement, Marinette vit Tikki se cacher en vitesse dans sa sacoche, et la jeune styliste comprit vite pourquoi. Quelqu'un approchait. Marinette referma sa sacoche, toussota, et posa sa tête contre le tronc de l'arbre avant de fermer les yeux. Si elle faisait semblant de dormir, peut-être la laisserait-on tranquille.
Or, les bruits de pas ne cessaient de se rapprocher, et les brindilles craquaient de plus en plus prêt.
« Ma Lady ? »
Cette voix. Et ce surnom.
Il n'y avait qu'une seule personne pour l'appeler ainsi.
Chat Noir.
Marinette rouvrit les yeux pour se retrouver devant Chat Noir, qui se tenait debout devant elle, les yeux reflétant une certaine inquiétude. Il lui tendit alors la main pour l'aider à se relever. La jeune femme hésita un instant, comme si ce simple contact allait rallumer ce feu en elle et que tout allait à nouveau repartir en grand n'importe quoi.
Mais voyant le visage implorant de son coéquipier, Marinette abdique et finit par attrapa la main du héros pour se relever. Une fois sur ses jambes, Chat Noir la lâcha rapidement, comme pour lui montrer qu'il avait compris la leçon.
Un long silence s'installa entre les deux jeunes adultes. Un silence pesant, lourd de sens.
« Je voudrais te dire que—
- Je voudrais te dire que— »
Oh génial. Ils venaient de prendre la parole en même temps en utilisant les mêmes mots. Marinette fut prise d'un rire nerveux, et Chat Noir se gratta la nuque comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il était gêné. L'apprentie-styliste déglutit et fit signe à Chat Noir de continuer.
« Heu vas-y, je ne voulais pas t'interrompre.
- Non heu, c'est pas important, enfin si mais... balbutia le jeune homme, terriblement mal à l'aise. »
Il soupira. La situation était vraiment pitoyable.
« Je voulais juste te dire que je suis désolé pour tout à l'heure. »
Les yeux de Marinette s'agrandirent sous l'effet de la surprise. Chat Noir lui expliqua alors qu'il n'aurait pas dû s'emballer, qu'il n'aurait pas dû « jouer » avec elle de la sorte. Il comprenait qu'il l'avait mise mal à l'aise et voulait réellement s'excuser. La dernière chose qu'il désirait, c'était mettre mal à l'aise sa Lady.
Marinette, une fois que le héros eut fini son monologue, lui sourit franchement.
« Non, chaton. C'est à moi de m'excuser.
- Pourquoi est-ce que tu devrais t'excuser ? »
Aucune réponse ne lui parvint.
Je suis désolée de m'être enfuie comme une lâche, je suis désolée de ne pas assumer, désolée de ne pas comprendre, désolée de ne pas avoir réalisé. Je suis désolée, désolée de ne pas avoir compris que je t'aimais.
Mais ces mots, elle les avait gardés pour elle. Elle se les était répétés dans sa tête, mais n'avait pas eu le courage de les prononcer à haute voix. Marinette détourna le regard, incapable de regarder son coéquipier dans les yeux plus longtemps. Derrière eux, la musique crachée par les enceintes faisait toujours rage. Mais ce son résonnait comme un lointain souvenir. Désormais, il n'y avait plus qu'eux deux qui comptaient.
Marinette eut soudainement une poussée de courage et elle inspira profondément, avant d'attraper la main de Chat Noir. Elle ne savait pas trop ce qui lui prenait, mais sa discussion avec Tikki l'avait rasséréné. Si elle voulait que les choses, elle devait admettre, et surtout, être honnête avec elle-même. Et cela commençait par accepter ce qu'elle ressentait pour Chat Noir.
Evidemment, Adrien était toujours là dans un coin de sa tête. On ne peut guère effacer des années et des années d'amour en une seconde. Mais disons donc que Chat Noir avait, lui aussi au cours des années, pris une place importante dans son cœur. Ce soir, elle avait devant elle un homme attirant qui lui plaisait, et elle devait bien admettre que passer un peu de temps en sa compagnie ne pourrait pas lui faire de mal.
Les yeux bleus de la jeune femme se mirent à pétiller et ce fut à son tour de sourire à pleines dents. Même si elle se sentait encore vacillante à cause de l'alcool et de l'émotion, elle avait repris du poil de la bête et commença alors à entraîner Chat Noir vers l'entrée de la salle des fêtes. Elle avait clairement pour but de se rattraper et de ramener le héros à l'intérieur.
A mi-chemin, elle se tourna vers Chat Noir.
« Prêt pour une petite danse, chaton ? »
Si le jeune homme fut d'abord étonné, un sentiment intense de soulagement et de satisfaction l'envahit, et il hocha la tête.
« Je ne demande que ça, ma Lady. »
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