CHAPITRE IV

CHAPITRE IV

Une fois leur commande passée, Marinette et Chat Noir se lancèrent dans plusieurs sujets de discussions. Même si à vrai dire, c'était le félin qui parlait le plus. Marinette, elle, ressentait toujours cette profonde peur en elle. Cette peur de se faire découvrir. Cette peur que quelqu'un ne vienne vers elle et ne l'appelle « Marinette » au lieu de « Ladybug ». Si pour le moment, tout le monde avait eu l'air de ne pas remarquer la véritable identité de la coccinelle, cette dernière ne pouvait guère s'empêcher d'angoisse au possible. Elle ne désirait qu'une chose : ouvrir sa sacoche qu'elle tenait toujours en bandoulière, pour pouvoir parler à Tikki pour se rassurer. Malheureusement, elle ne pouvait le faire ici. Les gens « normaux », si l'on pouvait les appeler ainsi, ne connaissaient pas l'existence des Kwamis. S'ils venaient à voir une petite créature sortir de sa sacoche et se mettre à parler, Marinette ne pouvait qu'imaginer leur stupeur. C'était donc impossible de discuter avec Tikki. Du moins, pas ici et pas pour le moment.

La bleutée inspira profondément pour se donner du courage. Tout allait bien se passer. Elle ignorait un peu comme cette soirée allait se dérouler, mais elle tentait de se convaincre que tout irait bien. De toute façon, tout DEVAIT aller bien. Une catastrophe n'était pas permise. Elle ne pouvait se permettre de révéler son identité.

Marinette jeta un coup d'œil à Chat Noir qui continuait de parler. Elle n'écoutait plus vraiment ce qu'il lui disait, mais se demandait en revanche comment le garçon faisait pour être aussi détendu. Il n'avait pas du tout l'air de craindre que quelqu'un ne remarque sa véritable identité.

Ce fut à ce moment que Marinette fut piquée par une pointe de curiosité. Malgré tout ce qu'elle avait pu dire à Chat Noir, sur le fait qu'elle ne voulait pas qu'ils découvrent leur identité respective... elle ne pouvait le nier : elle désirait sauvagement savoir qui se trouvait derrière ce masque noir. Elle voulait savoir. Elle en avait besoin.

Marinette sursauta lorsqu'un verre se posa bruyamment devant elle. Et revint à la réalité pour remarquer que le barman leur avait apporté leurs boissons. La jeune fille le remercia d'un bref signe de tête avant de prendre son verre et d'en prendre une gorgée. Elle avait choisi un jus de pamplemousse : son jus de fruit préféré.

Du coin de l'œil, l'apprentie styliste remarqua que Chat Noir regardait son verre de vodka avec envie. Elle fut prise d'un haut-le-cœur : le verre était assez grand et était presque rempli à la moitié. Comment Chat Noir pouvait-il, mon dieu, boire autant d'alcool fort et rester parfaitement droit sur ses jambes ? C'était incompréhensible.

Le jeune blond remarqua que sa partenaire fixait son verre, et se mis à rire.

« Tu fixes mon verre avec envie on dirait. Tu en veux une gorgée ?

- Non ! Absolument pas ! Je me demandais juste comment tu allais faire pour tenir avec autant d'alcool fort dans le sang.

- Secret professionnel, murmura Chat Noir en lui faisant un clin d'œil. »

Et mon dieu, quel clin d'œil. A ce simple geste, Marinette sentit son cœur rater un battement. Il l'avait fait de façon si... séduisante. Elle sentit une fois de plus ses joues s'empourprer et s'empressa donc d'avaler une grande gorgée de son jus. Malheureusement, elle manqua de s'étouffer avec et fut prise d'une quinte de toux. Gênée, elle se dépêcha de retrouver une respiration normale et se passa une main derrière la nuque.

« Du coup, continua Chat Noir, toujours avec son sourire éclatant. Tu ne m'as pas répondu.

- Hein ? »

Perdue, Marinette comprit rapidement que Chat Noir avait dû lui poser une question dans les minutes précédentes, mais que perdue dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu.

Qu'avait-il dit déjà ?

« Heu, excuse-moi. Je n'écoutais pas vraiment... Tu peux répéter ? »

Chat Noir pris une gorgée de vodka, ce qui lui arracha une grimace. L'alcool venait de lui brûler la gorge et descendait rapidement le long de son œsophage et dans son estomac, ce qui lui procura une violente mais agréable bouffée de chaleur.

« Je te demandais ce que tu pensais de cette soirée. »

Quoi, c'est tout ? Cette question était terriblement bateau. Malgré tout, Marinette haussa les épaules et sourit à son coéquipier.

« Je ne sais pas trop. C'est... cool.

- Tu es sûre ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

- C'est juste que... »

La bleutée ne termina pas sa phrase. Elle craignait que Chat Noir ne la prenne pour une poule mouillée. Après tout, lui semblait ne pas du tout craindre le fait que quelqu'un puisse le reconnaitre sous sa véritable identité. Tandis qu'elle, elle était terrorisée à chaque regard lancé de travers, à chaque parole dite un peu trop fort.

« Que... ? l'encouragea Chat Noir.

- J'ai peur, non je suis terrifiée, que quelqu'un ne découvre qui je suis vraiment. »

Le héros se retint de rire une nouvelle fois. Il savait que sa Lady avait toujours été très préoccupée par le secret de leurs identités, mais il ne se l'imaginait pas aussi anxieuse. Pour être honnête, elle lui rappelait quelqu'un. Une fille maladroite et terriblement anxieuse au moindre de ses faux pas. Ce soir, Ladybug lui rappelait Marinette.

« Tu ne devrais pas.

- C'est facile pour toi ! On dirait que tu t'en fous ! De toute façon, tu te fiches bien de tout ça ! Tout ce que tu attends, c'est de découvrir qui je suis ! Tu ne penses pas une seule seconde aux conséquences que ça pourrait avoir ! s'énerva Marinette, agacée. »

Chat Noir eut un mouvement de recul et une moue peinée s'afficha sur son visage. Aussitôt, la jeune femme regretta ses paroles. Elle avait été beaucoup trop froide à son goût. Ce n'était pas dans ses habitudes. Etait-ce la bière qui lui faisait cet effet ? Qui la rendait agressive ?

Prise de remords, elle ouvrit la bouche, la referma pour l'ouvrir à nouveau quelques secondes plus tard, et tendit la main vers Chat Noir, sans pour autant le toucher.

« Ex-excuse moi... »

Le visage attristé de Chat Noir se changea rapidement en un air amusé.

« C'est pas grave. Je comprends. Je comprends ta peur. Tu as toujours été stricte sur ce côté secret de nos identités. Alors je peux comprendre. Mais ne t'inquiète pas, Bugaboo. Ça va aller. Je suis là pour te protéger des regards trop insistants, ronronna Chat Noir en s'avançant légèrement vers la jeune femme aux cheveux bleutés avant de lui effleurer la main. »

Stupide chat.

Marinette lui sourit péniblement. Ce brusque contact l'avait fait déglutir avec peine. Son épiderme s'était enflammé au simple frôlement des doigts de son partenaire. Mais pourquoi se mettait-elle dans des états pareils ? C'était Chat Noir, bon sang ! Son coéquipier, son partenaire ! Son AMI ! Rien de plus. Enfin, c'était ce qu'elle essayait de se persuader. Avec grande difficulté.

Par réflexe, elle retira sa main et se mis à rire nerveusement. Finalement, peut-être aurait-elle dû prendre une boisson alcoolisée. Cela lui aurait surement permis de se sentir mieux. Plus détendue. Plus... bref.

Chat Noir, quant à lui, retourna à sa boisson si désirée. Il apporta le verre à ses lèvres et se mis à siroter sa très chère vodka.

Perdue une fois de plus dans ses pensées, Marinette se mis à détailler le jeune homme. Ses boucles blondes lui tombaient sur les oreilles et sur les côtés de son visage. Ses yeux verts étincelaient. Sa mâchoire carrée bougeait lentement au rythme des gorgées qu'il prenait de sa boisson.

Le regard de la styliste s'attarda alors sur ses lèvres. Délicatement posées contre le bord du verre, elles semblaient... désirables. Lorsque Chat Noir reposa son verre, il se passa la langue sur sa lèvre supérieure, ce qui eut pour effet d'électriser Marinette. Elle sentit son pouls s'accélérer et se força à détourner le regard pour ne pas que sa raison ne parte en vrille.

Chat Noir était... terriblement... attirant. En particulier ce soir. De plus, les vêtements qu'avaient choisis le félin ne l'aidaient guère. Elle s'imaginait déboutonner sa chemise... caresser sa peau qui paraissait si douce. Si duveteuse.

C'était affreux. Si elle continuait ainsi, Marinette ne terminerait jamais la soirée. Il fallait qu'elle trouve une solution. Une solution pour éviter de fantasmer sur Chat Noir.

Attendez, quoi ?

Venait-elle vraiment de penser qu'elle FANTASMAIT sur Chat Noir ?

Marinette se retint de se frapper le crâne contre le rebord du comptoir. Que lui arrivait-il exactement ? Qu'était-il en train de se passer ?

Il fallait que quelque chose se passe. Que quelqu'un ne vienne la sortir de ce pétrin. Sinon, elle allait finir par devenir folle.

Et puis, comme si quelqu'un avait entendu ses prières désespérées, une voix, aidée par un micro, s'éleva, cachant la musique et les bavardes des invités.

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Je vais vous demander de vous rapprocher de l'estrade pour accueillir comme il se doit, Ladybug et Chat Noir. Il est temps de les remercier pour tout ce qu'ils font pour nous depuis des années. »

C'était la voix de Monsieur Bourgeois. Le Maire.

Marinette commença à s'affoler. Elle n'avait pas prévu qu'elle devrait monter sur une scène devant des dizaines et des dizaines de personnes.

La jeune fille se retint se foutre une gifle. Cela ne lui posait aucun problème lorsqu'elle était Ladybug. Pourquoi diable se montrait-elle si timide ce soir alors qu'elle était censée être Ladybug ?! Plus était qu'elle avait 21 ans. Elle aurait dû finir par s'habituer à cette sorte de célébrité. Malheureusement non. Lorsqu'elle n'était pas complètement sous son alter-ego, Marinette se sentait toujours fragile, perdue, piégée. Et ce soir ne faisait pas exception à la règle.

« Je crois qu'on nous attend, ma Lady, ronronna Chat Noir avec des étincelles dans les yeux.

- Je-je crois, oui. »

Chat Noir attrapa son verre de vodka et le vida d'une traite. Les yeux de Marinette s'écarquillèrent et elle souffla.

« Tu es certain que tu vas être en mesure de parler avec tout l'alcool que tu viens d'ingérer ? le sermonna Marinette, davantage inquiète qu'énervée.

- Tu t'inquiètes trop ! N'oublie pas que je suis Chat Noir. Rien ne m'arrête, fanfaronna son camarade et se donnant une légère tape sur l'abdomen. »

La jeune femme leva les yeux au ciel, et se leva de son siège après avoir elle aussi terminé sa boisson. Elle se dirigea, non pas sans une certaine appréhension, vers la scène, là où tout le monde les attendaient. Des regards se fixèrent sur elle et elle eut soudainement terriblement chaud. Elle lança quelques sourires et gestes de main aux personnes qui l'acclamaient, avant de prendre une profonde inspiration et de gravir les marches qui la séparaient de la scène où trônait le maire. Suivie de près par Chat Noir, elle alla se poster près de Monsieur Bourgeois et lança un sourire à la foule. Son coéquipier s'empressa de la rejoindre, et s'inclina démesurément devant les invités, en clamant haut et fort qu'il était fier qu'une telle foule soit là pour entendre ses exploits. Marinette aurait voulu lui dire de se calmer, de ne pas trop en faire, mais Chat Noir resterait toujours Chat Noir. A quoi s'attendait-elle ? Elle ne pouvait pas le changer.

Le maire admira un instant les deux héros, avant de reprendre la parole.

« Ladybug. Chat Noir. Je vous remercie chaleureusement pour votre venue ce soir. Cela compte beaucoup pour moi, et pour nous tous. Je voudrais sincèrement vous remercier pour ce que vous faites. Vous sauvez Paris tous les jours. Vous risquez votre vie pour les citoyens de la ville. Jamais, au plus grand jamais, nous ne pourrons vous dire à quel point nous sommes reconnaissants. »

Les invités se mirent alors à applaudir et à clamer le nom des deux jeunes adultes. Marinette fit un « salut » de la main en souriant, pendant que Chat Noir bombait une fois de plus le torse et souriait exagérément.

Monsieur Bourgeois se tourna alors vers Marinette et lui tendit le micro.

« Je suppose que vous avez préparés un discours. Nous vous écoutons, sourit Monsieur Bourgeois en reculant légèrement pour laisser la place à la coccinelle qui détenait désormais le micro. »

Un discours ?

UN DISCOURS ???

Marinette sentit la panique s'influer en elle. Elle n'avait préparé aucun discours. Elle ne pensait pas qu'elle devrait faire un speech devant tout le monde. En temps normal, en tant que Ladybug, cela ne l'aurait pas effrayé. Après tout, elle avait bien déjà fait plusieurs interviews à  la télé. Mais comme dit précédemment, ce soir elle se sentait comme étant Marinette. La timide Marinette. Pas comme Ladybug.

Oh, misère.

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