CHAPITRE II
CHAPITRE II
Marinette (ou devrait-on dire Ladybug ?) marchait d'un pas angoissé le long d'un trottoir encore éclairé par les rayons réconfortants du soleil. Chance était que c'était encore l'été et qu'il ne faisait donc pas nuit avant environ 21h. Heureusement pour la jeune fille, car elle détestait marcher seule dans Paris la nuit. Elle avait beau être l'héroïne de la capitale de France, elle n'en restait pas moins une proie alléchante pour tous les pervers et psychopathes pouvant se promener dans les ruelles sombres de la ville.
Marinette avait la gorge nouée et peinait à marcher correctement avec ses talons. Quelle idée saugrenue avait-elle eu encore là ? Porter des talons alors qu'elle n'était même pas capable de rester droite lorsqu'elle portait des basquettes. Malgré tout, la bleutée avait décidé de tenter de garder la tête haute et d'avancer fièrement. Elle était Ladybug après tout. L'intrépide, la courageuse, Ladybug. Ce soir, elle n'était plus la fille timide et maladroite que tout le monde connaissait. Elle allait devoir mettre sa peur de côté. Sa peur des interactions sociales et ses craintes de faire une affreuse boulette.
L'apprentie styliste serra la lanière de son petit sac à main entre ses doigts, comme pour se donner du courage. Ses phalanges en devinrent rapidement blanches, mais cela n'avait pas l'air de réellement la déranger. Marinette était préoccupée mais nourrissait également une certaine impatience. En effet, elle s'était persuadée qu'Adrien serait présent à ce bal. Elle l'espérait si fort qu'elle avait fini par s'en convaincre.
Car à l'idée de ne pas voir le beau blond aux yeux verts, le cœur de la jeune femme manqua un battement. Evidemment il y aura Alya, sa meilleure amie toujours fidèle à son poste, mais elle ne pourra malheureusement pas lui parler de façon « naturelle ».
Dans le pire des cas, il y aurait Chat Noir. Enfin, quand Marinette pensait au pire, ce n'était pas vraiment péjoratif. Elle se comprenait. Mais connaissant le flegme et la beauté du héros, ne fera que se faire draguer toute la soirée. Voir même, il draguera toute la soirée. A cette pensée, Marinette soupira, frustrée. Etait-ce de la jalousie qu'elle ressentait au fond de sa poitrine ? Non, impossible. Elle n'était pas amoureuse de Chat Noir ! Mais force était d'avouer qu'avec le temps, elle avait appris à mieux connaitre son partenaire. A l'apprécier à sa juste valeur. Elle s'était mise à rigoler à ses blagues, aussi bêtes et insipides soient-elles. Elle le considérait comme un ami, un très bon ami même. Elle savait que le félin désirait plus, mais elle avait toujours été très claire concernant leur relation : tout, absolument tout entre eux, devait rester strictement professionnelle. Mais alors pourquoi, grand dieu pourquoi, son cœur tambourinait-il de la sorte à l'idée de voir le matou ce soir ?
Marinette soupira une fois de plus avant d'ouvrir délicatement la fermeture éclair de son sac. Tikki releva la tête, un air surpris peint sur son visage.
« Ça ne va pas ? s'enquit la Kwami d'une voix douce.
- Si... enfin je crois. C'est juste que... enfin.. je ne sais pas trop à quoi m'attendre ce soir.
- Détends-toi Marinette, ça va aller ! Sois toi-même et puis c'est tout.
- Mais Tikki, c'est n'importe quoi enfin ! Je ne peux PAS être moi-même ! Je suis censée être Ladybug ! »
Marinette regretta immédiatement ses paroles dures et froides. Elle serra les dents et jeta un regard d'excuse à son amie.
« Dé-désolée...
- Ne t'inquiète pas. Mais sache juste que Ladybug est une partie de toi depuis de longues années maintenant. Alors je te le répète : sois toi-même ! »
Tikki marquait un point. La bouche de la jeune femme s'entrouvrit mais aucun son ne s'en échappa. Elle devait se l'avouer, sa Kwami avait raison. Inéluctablement raison. Avec les années, son alter-ego était devenu une partie d'elle-même. Elle était Marinette ET Ladybug. Prétendre que l'une n'est pas l'autre, était une piètre erreur.
Complètement perdue dans ses pensées, Marinette ne se rendit pas compte qu'elle était arrivée devant la salle des fêtes. Elle déglutit péniblement et sentit son pouls s'accélérer dangereusement. Un torrent d'angoisse vint inonder ses veines et elle se sentit sur le point de défaillir. Elle resta plusieurs minutes ainsi, figée devant l'entrée, hésitant entre rentrer et s'enfuir.
« Ladybug ? Il y a un problème ? »
Ce fut la voix rauque du vigile qui raisonna la jeune femme. L'homme baraqué et habillé de noir se tenant à l'entrée de la salle, avait haussé un sourcil et affichait un air interrogateur. Surprise, Marinette se força à lancer un rire nerveux.
« Heu oui ! Enfin non ! Non, non, tout va bien. »
Génial. Si elle commençait la soirée à balbutier de la sorte, elle n'était clairement pas sortie de l'auberge.
Prenant finalement son courage à deux mains, Marinette inspira et avança vers la porte. Le vigile s'écarta et s'inclina légèrement devant elle. La bleutée eut l'impression d'être une altesse que l'on saluait poliment. Elle se retint de reprendre l'homme sur son comportement pour lui assurer qu'il n'avait pas à en faire des tonnes. Mais elle n'osa cependant pas.
« C'est un plaisir de vous recevoir ce soir, mademoiselle Ladybug. »
Marinette ne trouva rien à répondre et se contenta donc d'un léger sourire. Elle posa ses doigts sur la poignée de la porte et l'ouvrit. A peine ce geste eu-t-il été effectué qu'elle le regretta aussitôt. Elle qui pensait qu'arriver en avance était une bonne idée pour se familiariser avec l'endroit, c'était raté. La salle était déjà pleine à craquer ou presque. Des enceintes crachaient de la musique beaucoup trop forte à son goût. Elle avait l'impression d'être dans une boite de nuit, pas dans un gala destiné à la commémoration de deux héros.
Instinctivement, Marinette chercha sa meilleure amie du regard, mais ne la trouva pas. En revanche, une jeune blonde aux yeux bleus, elle, ne la loupa pas.
« Ladybug ! Tu es venue ! Oh je suis tellement contente de voir que tu as accepté l'invitation de mon père ! C'est génial de t'avoir ici ! Dis, on peut faire un selfie ? Je sais que je t'en demande un à chaque fois, mais je m'en lasse pas ! Regarde, j'ai même créé un dossier sur mon portable avec toutes les photos de nous ! Et puis— »
Chloé. Chloé Bourgeois. Marinette se retint de se frapper le crâne contre un mur, ou alors de lui foutre une gifle d'un revers de main. Avec l'âge, la fille du maire –qui avait été, précisons-le, une fois plus élu- ne s'était pas adoucie. Et malheureusement pour Marinette, son admiration envers Ladybug, elle, n'avait pas changé. Tout comme son désir de sortir avec Adrien en fait. Adrien. En pensant au jeune mannequin, Marinette entrevue une porte de sortie.
« C'est gentil Chloé, mais dis-moi, tu ne voudrais pas rester avec Adrien ce soir ? Je sais que tu l'aimes bien. »
Une moue peinée s'afficha sur le visage de Chloé.
« Il ne viendra pas. Il a une séance photo de prévue.
- A cette heure ?
- Les célébrités sont les célébrités, que veux-tu que je te dise ! Bon, on la fait cette photo ? »
Marinette se gratta la nuque et toussota, gênée. Elle cherchait désespérément un moyen de se tirer de là. Soudain, son regard croisa celui du bar et elle trouva là une excuse parfaite.
« Heu, excuse-moi Chloé, mais peut-être pourra-t-on prendre la photo plus tard ? Là je-j'ai très soif, je prendrais bien un soda.
- Mais.. tous les invités ici ne sont que des boulets ! Je veux rester avec toi ! »
Marinette soupira, exaspérée. Chloé se comportait comme une gamine immature, alors qu'elle 22 ans.
« Tiens, en parlant de boulet, tu n'aurais pas vu Marinette par hasard ? Je ne sais pas si elle compte venir. »
La jeune femme manqua de s'étrangler avec sa salive et se mis à faire de grands gestes tout en commençant à reculer.
« Heu n-non ! Mais je crois qu'elle ne peut pas venir ! Enfin je pense ! Enfin je crois ! Heu je... bref, j'y vais ! »
L'apprentie styliste déguerpit sans demander son reste et se retrouva rapidement devant le comptoir du bar. Le serveur la regarda avec des yeux brillants et étincellants, et commença à lui proposer toutes les boissons qui étaient à sa disposition. Malgré le fait que Marinette ait dit qu'elle ne prendrait qu'un soda, elle avait compris qu'elle ne pourrait se calmer toute seule. Elle opta alors pour une bière. L'alcool l'aidera surement à se détendre.
Une fois sa boisson reçue, Marinette alla s'installer dans un coin de la salle et se mis à siroter sa bière, ne la buvant que très lentement. Les invités défilaient et s'enchaînaient devant elle, passaient et jetaient des regards et paroles admiratives envers elle. Mais aucune, absolument aucune trace de son fidèle coéquipier, Chat Noir. Aurait-il été capable de lui poser un lapin ? De finalement décider de ne pas venir ?
A cette idée, les yeux de Marinette s'écarquillèrent brusquement et sa respiration commença à se faire difficile. Imaginer la soirée sans Chat Noir était loin d'être réjouissant. Jamais elle ne pourra supporter toute cette foule l'assaillant de questions pendant plusieurs heures.
Mais qu'est-ce qu'il fiche ?
Stressée, angoissée, paniquée, Marinette finit par vider sa bouteille de bière rapidement, au point qu'elle se mit à tousser. Elle savait qu'elle ne tenait pas l'alcool, et rien que cette bière ne tarderait pas à faire effet sur elle. Malgré tout, elle hésitait entre s'arrêter là et en prendre une seconde.
Alors que Marinette pesait le pour et le contre concernant cette deuxième boisson alcoolisée, quelque chose l'arrêta. Un mouvement. Une forme. Une silhouette. Familière, bien trop familière. Son regard se dirigea vers l'entrée, là où se tenait le nouvel arrivant. Même sans son costume de cuir et ses oreilles de chat, elle aurait pu le reconnaître entre mille. Chat Noir. Cette personne était Chat Noir.
Marinette fut alors divisée entre le soulagement et l'angoisse. Devait-elle aller le voir ? Ou l'ignorer superbement ? Cependant, la bleutée comprit rapidement que lui faire signe n'allait pas être nécessaire : son regard avait déjà croisé les prunelles vertes du héros. Celui-ci lui sourit lorsqu'il le remarqua, dévoilant une rangée de dents blanches éclatantes.
Chat Noir se mis alors à avancer vers elle d'une démarche étrangement féline. Le matou était vêtu d'une chemise bleue nuit, ce qui faisait ressortir son teint pâle et ses yeux verts. Le masque qu'il portait était similaire à celui qu'il ornait lorsqu'il était transformé.
Marinette se demanda un instant où il avait pu le dénicher. Mais qu'importe. Chat Noir continua son avancée, ses prunelles toujours plantées dans celles de Marinette. Lorsqu'il fut finalement arrivé à sa hauteur, il lui prit délicatement la main entre ses doigts avant d'y déposer un léger baiser. Ce simple geste, pourtant anodin, fit frémir Marinette.
« Bonsoir, ma Lady. Tu es très en beauté. »
La concernée fut prise d'un rire nerveux, ce qui eut pour effet de surprendre Chat Noir. Il haussa les sourcils et réitéra son geste. Il avait cru sentir Ladybug frémir sous ses lèvres, et il voulait vérifier à nouveau, voir s'il ne s'était pas trompé.
Essais concluant. La coccinelle frissonna à nouveau.
Satisfait, le blond lâcha finalement la main de sa coéquipière, et regarda autour de lui.
« Belle cohue. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde ce soir.
- Que pensais-tu ? Qu'il y allait y avoir deux trois bédouins perdus dans la salle ? Tu connais ce genre de gala, il y a toujours beaucoup de monde.
- Mmmh, tu n'as pas tort. »
Chat Noir quitta un instant sa chère Lady du regard, pour scruter les alentours. Marinette, elle, en profita pour détailler Chat Noir. Pour être honnête, elle ignorait que son ami avait des goûts de luxe en matière de vêtements. Il était très élégant ce soir, et même... Non. Non non non. Ell n'avait pas le droit de penser ça de son camarade.
Marinette secoua la tête, agacée.
« Evidemment, chaton. J'ai toujours raison, lança Marinette avec un clin d'œil amusé.
- Oui, et puis après tout... Nous sommes les superbes, magnifiques, valeureux et courageux héros de Paris ! s'enquit Chat Noir en faisant rouler ses muscles dans le seul et unique but de se la raconter encore et encore. »
Marinette fut prise d'un fou-rire et secoua la tête.
« Fais gaffe à tes chevilles. »
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