J’étais couchée sur mon lit, le regard vide et l’esprit embrumé par mon chagrin. Combien de temps gisais-je ainsi sur mon vieux matelas, telle une fleur décatie sans l’ombre d’une vie ? Vingt minutes ? Trente minutes ? Peut-être même qu’une heure soit déjà passée…

Pour le moment, je ne regardais que mon armoire en bois, scrutant avec lassitude chaque parcelle de la porte en chêne. Un léger soupire m’échappa alors, je levai les yeux et les plongeai dans le blanc immaculé de mon plafond, pour finalement sentir une douceur me caresser les joues. Quelques secondes s’écoulèrent, avant que je ne me décide à porter ma main avec nonchalance jusqu’à mon visage pour éponger les perles salées qui venaient de ruisseler sur l’épiderme de ma peau, aussi léger qu’une bruine.

Sentant mes yeux picoter à nouveau, je me redressai et jetai un regard abattu par la fenêtre de ma chambre. Quelques astres déjà faisaient leur apparition, englobant le ciel de tout part par la seule puissance de leur brillance chimérique. Les opales étaient innombrables, toutes personnes à l’esprit sensé le sauraient, mais ce n’était pas mon cas. J’étais de loin une personne sensée, la preuve en était que je comptais déjà ma soixantième étoile. Avec un peu de chance, ces petits moutons galactiques et éthérés m’aideraient à trouver le sommeil.

Cent étoiles. Cent cinquante étoiles. Je sentais mes paupières s’affaiblir, mais pas se fermer. Trois cents étoiles. Je vins m’appuyer contre mon mur. Cinq cents étoiles. Je n’arrivais toujours pas à m’endormir, même avec l’aide de toutes ces petites gemmes dans le ciel.

Alors comme ça, Morphé ne voulait pas de moi non-plus ?