Chapitre 8
Marinette rentra chez elle auréolée d'un exaltant sentiment de victoire. Maintenant qu'elle avait réussi à mettre la main sur une copie du Livre Sacré, plus rien ne lui semblait impossible. La solution pour ramener Chat Noir était là. Elle en était sûre.
Galvanisée par cette conviction, elle grimpa quatre à quatre les marches menant à sa chambre et se rua sur son ordinateur pour y télécharger les photos. Elle se mit ensuite aussitôt au travail, scannant avidement du regard chaque document qui s'affichait sous ses yeux.
Hélas, elle se heurta rapidement à une difficulté majeure.
Maître Fu ne lui avait jamais montré que quelques paragraphes du Livre Sacré, les rares jours où il se montrait d'humeur à partager son savoir. Marinette avait toujours été intimement convaincue qu'il lui dissimulait volontairement les autres informations dont il disposait et que le reste du précieux ouvrage avait d'ores et déjà été dûment traduit par ses soins.
Il n'en était rien.
Les seules pages auxquelles s'était attelé le vieil homme étaient celles concernant le miraculous de la Coccinelle, celui du Papillon, ainsi que quelques recettes de potion magiques. Toutes les autres n'étaient qu'un amas de caractères indescriptibles qui n'avaient de sens que pour leurs auteurs.
Marinette avait envie de hurler.
Certes, tout espoir n'était pas perdu. Entre les photographies des pages du Livre sacré et celles des documents de Maître Fu, elle avait tout ce dont elle avait besoin pour pouvoir traduire le précieux ouvrage à son tour. Seulement déchiffrer le livre serait un travail long et laborieux, et chaque minute qui passait jouait contre elle.
Mais elle n'avait pas le choix. Il fallait qu'elle avance, coûte que coûte.
C'était sa seule chance de pouvoir retrouver Chat Noir.
Les heures, les jours défilèrent.
Marinette consacrait chaque seconde de son temps libre à la traduction du Livre Sacré. Dès qu'elle avait un instant entre deux cours, dès qu'elle pouvait échapper à ses corvées quotidiennes, elle se ruait sur sa tablette avec l'avidité d'une droguée en manque. Elle traduisait diligemment le moindre mot, vérifiait consciencieusement la moindre phrase, refusant de courir le risque de laisser échapper un indice crucial.
Entre son obsession pour un vieux livre mystique et celle pour un garçon qui n'existait pour personne d'autre qu'elle, ses amis en venaient à douter de sa santé mentale.
(Et en toute honnêteté, elle en doutait parfois elle aussi.)
Mais au final, rien ne pouvait la détourner de sa mission. Peu importaient les regards incrédules d'Alya lorsqu'elle refusait des sorties entre amies pour se ruer vers la bibliothèque la plus proche, peu importaient les expressions déçues de ses parents quand elle affirmait ne plus vouloir les aider à la boulangerie ou qu'elle esquivait chaque fête de famille.
Il fallait qu'elle trouve un moyen de ramener Adrien.
Il le fallait.
La détermination de Marinette à retrouver son coéquipier n'avait d'égale que sa terreur à l'idée de l'oublier un jour.
Ses souvenirs de lui disparaissaient à une vitesse alarmante. Une vitesse bien, bien trop rapide pour être naturelle. Un jour, c'était la couleur de ses cheveux qui lui échappait. Le lendemain, la nature de l'arme avec laquelle il se battait quand il était Chat Noir. Puis le son de sa voix, la date de son anniversaire, sa matière préférée...
Parfois la mémoire lui revenait, parfois non.
Rien ne semblait pouvoir arrêter ce terrifiant processus. Marinette avait beau tenter de retenir ses souvenirs, c'était comme tenter d'attraper de l'eau à pleines mains. Elle s'en saisissait, s'y accrochait de toutes ses forces, mais ils lui glissaient immanquablement entre les doigts.
Pour tenter de contrer le sort, Marinette prit rapidement l'habitude de noter tout ce dont elle pouvait se rappeler d'Adrien.
Elle acheta un cahier dans lequel elle se mit à consigner la moindre information à son sujet. Elle y écrivit son nom de famille, sa taille, ses activité extrascolaires, ses jeux de mots préférés, narra chacune de leurs batailles, décrivit son style de combat, parla des moments privilégiés qu'ils passaient de temps à autre au sommet de la Tour Eiffel... À cette liste impressionnante s'ajoutaient des dessins, des schémas ou même des échantillons de couleur et de tissus. Rien n'était de trop. Elle noircissait des pages et des pages entières dans le seul espoir de maintenir à flot sa mémoire défaillante.
Sa croisade pour réunir son monde avec celui d'Adrien était devenue une course contre le temps. Chaque minute passée sans lui était une bataille perdue face au néant qui engloutissait sa mémoire. Elle avait oublié le son de sa voix, et ne se rappelait désormais plus de la couleur de ses cheveux que parce qu'elle le lisait dans son carnet qu'elle consultait quotidiennement avec une ferveur quasi religieuse.
Un matin, Marinette se réveilla avec la curieuse sensation d'avoir oublié quelque chose.
Un rêve qui achevait de glisser vers le monde des songes, peut-être ? Un rendez-vous dans les heures à venir ? Ou encore un exercice à rendre pour aujourd'hui et qu'elle aurait négligé de noter dans son agenda ?
Impossible à dire.
Secouant la tête, Marinette sortit de son lit. Si elle ne s'en rappelait pas, c'est que ce n'était probablement pas si important que ça. Elle mit son téléphone dans sa poche, étouffa un profond bâillement et traversa sa chambre sans un regard pour le cahier qui trônait sur son bureau.
Ce n'est qu'à mi-chemin de la cuisine que la mémoire lui revint brutalement.
Elle eut à la fois l'impression qu'on lui versait un seau d'eau glacée versé sur la tête et qu'une décharge électrique parcourait chaque centimètre carré de sa peau.
« Adrien ! », laissa-t-elle échapper dans un hoquet horrifié.
Adrien.
Chat Noir.
Le cœur battant si fort qu'il semblait vouloir jaillir de sa poitrine, elle fit demi-tour et monta quatre à quatre les marches menant à sa chambre. Elle ouvrit la trappe dans un violent « BOUM » et se précipita sur son carnet qu'elle ouvrit de ses mains tremblantes.
Les larmes aux yeux, elle se laissa tomber à genoux.
« Adrien... », répéta-t-elle d'une voix étranglée, faisant courir ses doigts sur les pages qu'elle avait remplies de dizaines et dizaines de détails à son sujet.
Elle avait envie de vomir.
Comment avait-elle pu l'oublier complètement ?
Un lourd sanglot secoua son corps. Elle avait l'impression qu'il s'éloignait d'elle encore un peu plus. Jamais la menace de le perdre définitivement ne lui avait parue aussi vive, aussi concrète, aussi terrifiante.
Jamais elle n'avait éprouvé un pareil sentiment de terreur. C'était comme si la peur s'était incarnée dans son corps, monstre hideux qui se glissait sous sa peau, dévorait ses entrailles. Elle tremblait de tous ses membres et c'est le cœur brisé qu'elle s'effondra à terre, en larmes.
Les jours qui suivirent, Marinette prétexta un mauvais coup de froid pour pouvoir passer ses journées à travailler sur le Livre Sacré. Chaque seconde comptait désormais. Hors de question pour elle de consacrer le moindre instant à faire autre chose que chercher un moyen de retrouver Adrien.
Les seuls moments où elle s'autorisait à mettre ses travaux de côté étaient ceux qu'elle consacrait à la lecture du cahier parlant de son coéquipier.
La frayeur qu'elle s'était faite en oubliant complètement Adrien avait été un avertissement suffisant concernant sa mémoire. Son alarme matinale s'accompagnait maintenant d'un message lui intimant de lire son précieux carnet avant de faire quoi que ce soit, et Tikki avait pour consigne de veiller à ce qu'elle n'y manque pas.
Elle se mettait ensuite au travail avec une ardeur désespérée, tenaillée par la peur abjecte de ne pas trouver de solution à temps.
Un après-midi, alors qu'elle venait de consacrer des heures à arranger entre eux des bouts de phrases plus alambiqués les uns que les autres, elle se redressa avec un froncement de sourcils perplexe. Ce petit paragraphe niché en fin de livre avait attiré son attention car il lui avait semblé y reconnaître l'idéogramme associé aux boucles d'oreille de la Coccinelle, mais maintenant qu'elle l'avait traduit, elle n'était toujours pas sûre d'en saisir correctement le sens.
« Tikki, est-ce que tu te rappelles d'une Ladybug en Chine, quelque part vers le 11ème, 12ème siècle ? », demanda-t-elle en parcourant de nouveau ses notes du regard.
« Oh oui, très bien. Je n'ai eu qu'une seule porteuse en Asie dans ces périodes-là », confirma aussitôt son amie. « Pourquoi ? »
« Eh bien, je suis tombée sur un passage qui raconte un truc plutôt bizarre », expliqua Marinette. « Ça parle d'une vallée hantée par un esprit maudit. La Ladybug de l'époque s'en est débarrassé en utilisant son Miraculous Ladybug sur une amulette enchantée, seulement... »
Elle s'interrompit un instant, le temps de consulter de nouveau ces quelques lignes qui l'intriguaient tant.
« ...seulement ? », l'encouragea Tikki.
« Seulement, si j'ai bien compris, cette amulette n'était pas son Lucky Charm », reprit finalement Marinette. « C'était une vieille relique qui était gardée dans un temple voisin depuis je ne sais combien de temps. Mais pourtant, ça n'a pas empêché son pouvoir de fonctionner ! Son Miraculous Ladybug a... je ne sais pas, absorbé la magie de l'amulette, et ça a permis de chasser l'esprit maudit de la vallée. »
L'air très intéressée, Tikki voleta près de son épaule pour jeter un rapide coup d'œil au texte.
« Ohhh, c'est donc ça qu'il s'est passé ? Je n'avais jamais vraiment compris. »
« Attends, tu veux dire que tu n'étais pas au courant ? », releva Marinette en lui jetant un regard interloqué.
« Non », répondit Tikki en secouant la tête avec impuissance. « Les Gardiens ont toujours préféré qu'on en sache le moins possible sur nos pouvoirs, au cas où nos miraculous tombent entre de mauvaises mains. Et en ce qui concerne la Ladybug de l'époque, elle était très sérieuse et très compétente, mais... disons que ma relation avec elle n'a rien à voir avec celle que j'ai avec toi », ajouta-t-elle. « Elle me voyait surtout comme un outil pour accomplir sa mission. »
Le cœur de Marinette se serra devant cette confidence.
« Oh, Tikki, je suis désolée », laissa-t-elle échapper dans un souffle.
« Il ne faut pas », répliqua son amie. « Elle n'était pas méchante, tu sais ? Elle m'a toujours traitée correctement. Elle n'avait juste pas du tout la même façon de voir les kwamis que toi. Mais assez parlé de ça ! », s'exclama-t-elle alors que Marinette ouvrait la bouche pour protester. « Est-ce que le Livre Sacré donne d'autres détails à propos de cette histoire d'amulette ? »
« Eh bien, la personne qui a rédigé ce paragraphe suppose que si le pouvoir Miraculous Ladybug est utilisé sur un objet magique, il peut se nourrir de son énergie pour se déclencher même sans Lucky Charm », répondit Marinette. « Il faut juste que l'objet en question est un lien avec le problème que Ladybug essaye de résoudre. Ah, et il est précisé que l'amulette a été détruite dans le processus, donc c'est un pouvoir à utiliser avec précaution. C'est tout », conclut-elle dans un soupir.
Mais contrairement à elle, Tikki semblait transportée par ces informations.
« C'est génial ! », pépia-t-elle en pirouettant joyeusement dans les airs.
Marinette haussa un sourcil intrigué.
« Tu crois ? », demanda-t-elle d'un ton dubitatif.
« Oui ! », confirma Tikki en hochant la tête avec enthousiasme. « Je pense que tu viens de trouver la solution à ton problème ! »
« Je ne vois pas comment », confessa Marinette, toujours aussi perdue.
Découvrir cette nouvelle facette de ses pouvoirs était certes intéressant, mais elle ne comprenait pas en quoi ça pouvait l'aider à retrouver Adrien. Elle n'avait pas d'objet magique sous la main autre que son propre miraculous, et tenter l'expérience sur un autre de ces précieux bijoux magiques était rigoureusement hors de question.
(Surtout compte tenu du fait que le meilleur candidat au poste serait la bague du Chat Noir. En admettant qu'il soit possible d'en absorber l'énergie, elle n'osait pas imaginer les cataclysmes qu'engendreraient la destruction d'un artefact aussi puissant, instable et dangereux.)
« Eh bien, si tu te sers de ton pouvoir sur quelque chose ayant appartenu à Adrien, tu pourras peut-être réunir de nouveau vos deux univers ! », expliqua Tikki d'une voix surexcitée. « Après tout, quoi de plus magique qu'un objet appartenant à un garçon d'un autre monde ? », ajouta-t-elle. « En plus, on pourrait difficilement faire mieux en termes d'objet qui soit en lien avec ta situation. Je suis sûre que ça peut marcher ! » conclut-elle triomphalement.
Un violent sentiment de désespoir glaça les entrailles de Marinette.
« Alors c'est fini ! », s'exclama-t-elle en se laissant retomber lourdement contre sa chaise, les larmes aux yeux. « Je ne le reverrai jamais ! »
« Pourquoi ? On vient juste de découvrir qu'on avait peut-être une solution », lui demanda son kwami d'un ton perplexe.
« Tikki, Adrien a disparu de notre monde », répliqua Marinette en détachant chaque syllabe. « Il n'y a plus aucune trace de lui. Comment est-ce que tu veux qu'il reste le moindre objet lui ayant appartenu ? »
« Eh bien, tu en as peut-être un en ta possession », lui expliqua posément son amie.
Marinette la fixa avec des yeux ronds comme des soucoupes.
« Quoi ? »
« C'est toi qui es au centre de tout, dans cette histoire de fusion et de séparation d'univers », répondit Tikki. « Notre monde a effacé quasiment toute trace d'Adrien et de Chat Noir, mais il n'a pas tout effacé. Pas encore. La preuve, tu te rappelles encore de lui ! »
« Voilà qui va m'aider... », fit remarquer Marinette dans un éclat rire amer.
À moins de pouvoir extraire ses souvenirs de sa boîte crânienne et de les convertir en un objet tangible, elle ne voyait pas comment cette information allait pouvoir lui être utile.
« Tu as encore des souvenirs de lui parce que tu es le dernier lien entre lui et notre monde », insista patiemment Tikki. « S'il doit exister encore une chose ayant appartenu à Adrien quelque part sur cette Terre, alors c'est un objet qui est en ta possession. »
Marinette fit machinalement l'inventaire de ce qu'elle avait sur elle. Des vêtements qu'elle avait confectionnés elle-même, des élastiques achetés dans un supermarché du coin, des chaussettes offertes par son grand-père au Noël précédent. Ses poches étaient vides et le seul bijou qu'elle portait était son miraculous.
« Je suis sûre de ne rien avoir à Adrien sur moi », répondit-elle en secouant la tête avec impuissance.
Mais Tikki secoua la tête à son tour.
« Je ne parle pas forcément d'un objet qui serait sur toi, mais d'un objet qui lui appartenait et qu'il t'aurait confié », expliqua-t-elle. « Quelque chose qu'il t'aurait prêté, ou un cadeau. Il faut que tu le trouves avant qu'il ne s'efface à son tour. »
Cette nouvelle déclaration plongea Marinette dans un silence songeur. Quelles étaient les probabilités pour qu'Adrien lui ait offert quoi que ce soit avant de disparaître et qu'un pareil objet ait survécu au travail d'effacement auquel s'employait son univers ?
Probablement minuscules.
Mais l'espoir était là. Tenace.
Elle s'y agrippait de toutes ses forces. Même si les chances de retrouver son coéquipier étaient infimes, il était hors de question de laisser tomber.
L'esprit tournant à toute vitesse, Marinette promena son regard autour d'elle dans l'espoir que sa mémoire la gratifie d'une illumination. Parmi tous les objets accumulés autour d'elle, peut-être en reconnaîtrait-elle un comme provenant de son partenaire.
Mais rien à faire. Ses souvenirs restaient obstinément confus.
Malgré tout...
« ...si j'utilise mon pouvoir sur des objets au hasard et que parmi eux il y en a un qui a appartenu à Adrien, ce n'est pas grave si je ne me rappelle pas, non ? », demanda-t-elle à Tikki d'une voix pensive. « L'important, c'est que ça marche. »
« Exactement ! », l'encouragea son amie.
Un sourire triomphant se dessina sur les lèvres de Marinette. Non seulement Adrien et elle étaient camarades de classe, mais en plus ils étaient assis l'un derrière l'autre en cours. Les chances pour qu'ils se soient échangés des affaires à un moment ou à un autre étaient non négligeables.
« Tikki, transforme-moi ! »
Durant les vingt minutes qui suivirent, Ladybug s'appliqua à tenter d'utiliser son pouvoir sur le moindre objet ayant pu transiter par son école. Crayons, gommes, livres... toutes ses fournitures scolaires y passaient. Elle les récupérait une par une avant de les lancer vers le plafond en s'exclamant « Miraculous Ladybug ! ».
Mais hélas, chaque fois, ses tentatives d'invoquer son pouvoir se soldaient par un échec. Les objets qu'elle jetait par-dessus sa tête se contentaient de décrire une brève courbe dans les airs avant de retomber sur le sol dans la plus parfaite indifférence.
(Sa tablette ne survécu d'ailleurs pas au processus, mais peu importe.
La colère de ses parents et professeurs n'était que peu de chose par rapport à la mission de sa vie.)
Les minutes et les essais défilèrent sans plus de succès. Ladybug se sentait de plus en plus anxieuse. Ses chances de retrouver Adrien diminuaient au rythme de la pile des objets susceptibles d'être passés entre ses mains. Il ne lui restait désormais plus qu'une règle, une copie double, une poignée de feutres et un porte-clef d'origine inconnue sur lesquels tenter l'expérience.
Jamais garder espoir n'avait été aussi difficile.
Et si rien ne fonctionnait ? S'il était déjà trop tard et que tout objet étant passé entre les mains d'Adrien avait déjà disparu de la surface de cette Terre ? Ou si cette histoire de pouvoir n'était qu'une fausse piste et qu'elle s'acharnait pour rien depuis le début ?
Elle n'était pas sûre de vouloir y songer.
Le cœur au bord des lèvres, Ladybug s'empara d'un des feutres restants et le lança en l'air.
« Miraculous Ladybug ! », s'exclama-t-elle pour ce qui était certainement la millième fois.
Des larmes lui montèrent aux yeux quand le feutre retomba au sol avec un petit claquement sec. Elle s'en empara d'un geste rageur et le lança sur la pile d'objets inutiles entassée dans un coin de sa chambre. Alors qu'elle pivotait de sur elle-même à la recherche d'une nouvelle babiole, son regard tomba soudain sur une petite boîte posée sur son bureau. Une boîte à crayons rouge et noire, gagnée lors d'une tombola.
Et soudain, tel un flash, un souvenir illumina brusquement son esprit.
Elle revit un paquet d'une taille similaire, aux mêmes couleurs, logé dans les mains tendues de Chat Noir.
Un cadeau qu'il lui avait offert le jour de sa disparition.
Un cadeau que, dans sa détresse, elle avait oublié au sommet de la Tour Eiffel.
Le sang de Ladybug ne fit qu'un tour. Il lui fallait ce paquet. Il le lui fallait, maintenant.
D'un bond, elle se rua vers sa mezzanine. Elle grimpa les marches quatre à quatre, manquant de trébucher dans sa hâte. Elle ouvrit la trappe menant à son balcon d'un geste sec, envoya son yo-yo vers la cheminée la plus proche et s'élança dans le vide.
Le vent sifflait à ses oreilles alors qu'elle filait à toute vitesse en direction de la Tour Eiffel.
Jamais elle n'avait été aussi rapide.
Elle voltigeait dans les airs avec une précision surhumaine, grapillant le moindre centimètre, la moindre seconde. À peine avait-elle atteint le sommet d'une courbe qu'elle lançait de nouveau son yo-yo dans un sifflement strident. À peine ses pieds effleuraient-ils un toit qu'elle se jetait de nouveau avant.
Ses muscles la brûlaient, sa respiration se faisait courte, mais elle ne ralentissait pas.
Elle tenait peut-être sa seule chance de ramener Chat Noir.
Hors de question de perdre un instant.
À bout de souffle, Ladybug arriva enfin à destination. Elle atterrit sur la plate-forme où Chat Noir et elle s'étaient retrouvés avant leur dernier combat et se précipita vers le coin où elle avait caché le cadeau qu'il lui avait offert.
Pourvu, pourvu qu'il s'y trouve encore.
C'était le seul espoir qui lui restait.
Note :
Le fameux cadeau ^^
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