Chapitre 12 - FIN

Marinette ignorait combien de temps Adrien passèrent ainsi, perdus dans leur étreinte. Les minutes, les secondes n'avaient plus de sens. Elles disparaissaient, diluées dans ces baisers qu'ils s'échangeaient avec tendresse.

Le rappel à la réalité fut quant à lui bien plus brutal. Il se manifesta sous la forme d'une sonnerie stridente, qui résonna dans toute la cour pour signaler aux élèves la fin de la récréation.

Adrien et Marinette sursautèrent violemment. Les joues rouges et les yeux écarquillés de surprise, ils restèrent un instant figés sur place, immobiles comme un animal pris dans la lumière des phares.

Adrien fut le premier à se ressaisir.

« On devrait y aller avant qu'on vienne nous chercher », suggéra-t-il avec un petit sourire en coin.

Marinette hocha la tête en souriant à son tour.

« Oui », approuva-t-elle.

Adrien s'écarta de sa coéquipière et tendit la main vers elle, l'invitant silencieusement à la prendre dans la sienne. Marinette s'exécuta en rougissant délicatement et entrelaça ses doigts avec les siens. Tous deux se dirigèrent ensuite vers leur salle de classe, marchant côte à côte.

Marinette avait l'impression de vivre un rêve éveillé.

Combien de fois avait-elle espéré qu'un tel moment puisse arriver un jour ? Et la réalité était bien plus belle que tout ce à quoi elle aurait pu songer. Jamais son imagination n'aurait pu retranscrire avec autant de précision la douceur de la paume d'Adrien contre la sienne, la chaleur de sa peau, la façon dont il caressait délicatement le dos de sa main avec son pouce.

C'étaient mille et un petits détails qu'elle découvrait tour à tour, et qui faisaient bondir son cœur d'allégresse.





Il ne fallut que peu de temps aux deux adolescents pour atteindre leur destination. Adrien ouvrit la porte et lâcha les doigts de Marinette, tout en se fendant d'une légère révérence pour l'inviter à passer. Marinette s'avança avec un petit rire, amusée par ses facéties, avant de se figer brusquement en découvrant l'expression de ses camarades de classe.

Tous, absolument tous les regards étaient rivés sur eux.

Marinette ne pur retenir un grognement de contrariété.

C'était à prévoir. Adrien et elle n'avaient pas franchement été des modèles de discrétion, il était logique que leur comportement ait attisé la curiosité de leurs amis. Elle n'aurait malgré tout pas été contre un peu de tranquillité supplémentaire, le temps de savourer pleinement ses retrouvailles avec son coéquipier (et, accessoirement, d'imaginer une histoire crédible pour expliquer leurs effusions).

Tant pis. Le mal était fait.

Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'Adrien et elle réussiraient à gérer la situation au mieux.

Marinette échangea un dernier sourire avec son coéquipier et se dirigea rapidement vers sa place. Elle sentait peser sur elle les yeux de ses camarades. Alya, en particulier, la couvait d'un regard de prédateur. Ses yeux brûlaient de curiosité derrière ses lunettes et sa bouche était pincée en une fine ligne, comme pour tenter de retenir une volée de questions.

À peine Marinette s'était-elle assise sur sa chaise que sa meilleure amie se penchait déjà vers elle.

« Marinette », commença-t-elle d'une voix pressante, « qu'est-ce que- »

« Alya, est-ce que vous avez quelque chose d'intéressant à partager au reste de la classe ? », la coupa sévèrement Mme Mendeleïev. « Quelque chose en rapport avec le cours ? »

Alya se redressa vivement, l'air contrite.

« Non, Madame. »

« Alors concentrez-vous sur ce que je vous explique et arrêtez de bavarder », assena la professeure d'un ton sec.

Alya s'empourpra légèrement devant ce rappel à l'ordre et hocha la tête en guise d'assentiment. Mme Mendeleïev la jaugea un instant du regard, puis, satisfaite, reprit le fil de son discours là où elle l'avait interrompu.

Marinette pouvait dire sans le moindre doute qu'être ainsi réduite au silence frustrait Alya au plus haut point. Du coin de l'œil, elle pouvait la voir s'agiter sur son siège et jeter vers elle des coups d'œil incisifs. Hélas pour son amie, leur professeure de physique était visiblement déterminée à ne pas laisser passer la moindre incartade. Elle ignorait si c'était parce qu'elle l'avait surprise en flagrant délit d'école buissonnière, mais Mme Mendeleïev la surveillait avec une attention particulière, empêchant ainsi Alya de lui adresser la moindre parole.

Les minutes défilèrent dans un silence tendu, qu'interrompait seulement la voix de leur professeure.

L'impatience d'Alya était de plus en plus palpable. Ses doigts tambourinaient contre la table, un tremblement fébrile agitait sa jambe, et le regard qu'elle posait sur Marinette dès qu'elle en avait l'occasion était si perçant que cette dernière avait l'impression d'être une malheureuse créature sous le microscope d'un scientifique avide de découverte.

Rarement elle avait vu Alya bouillir à ce point d'excitation. Elle pouvait presque la sentir vibrer sur son siège.

Enfin, au bout de ce qui parut certainement une éternité à son amie, une sonnerie stridente annonça la fin des cours. Le son résonnait encore dans les couloirs qu'Alya se tournait déjà vers Marinette, le regard brûlant.

« Marinette, est-ce qu'on peut se parler en privé ? », lui demanda-t-elle impatiemment.

Marinette échangea un bref coup d'œil avec son coéquipier. Le moment n'était pas idéal. Ils n'avaient pas encore eu le temps de s'accorder sur une histoire crédible pour expliquer leur comportement.

« Eh bien, je voulais parler à Adrien... », commença-t-elle dans l'espoir d'obtenir le répit nécessaire à l'élaboration de l'excuse idéale.

« Oh, ce n'est pas grave, il peut venir lui aussi », riposta Alya sans se laisser démonter. « C'est même mieux, en fait », ajouta-t-elle en jaugeant son ami d'un regard perçant.

Alors qu'Adrien se tortillait sur son siège, mal à l'aise, Marinette laissa échapper un soupir résigné. Elle connaissait Alya. Il était inutile de chercher à argumenter avec elle quand elle était dans un état pareil. Elle ne laisserait ni rien ni personne se mettre entre elle et l'information qu'elle convoitait.

Tant pis.

Adrien et elle sauraient certainement s'en sortir. Après tout, improviser dans les situations critiques avait toujours été leur grande spécialité.

Marinette hocha la tête à l'attention d'Alya, lui signifiant son accord pour l'interrogatoire qu'elle lui réservait. Sa meilleure amie ne perdit pas une seconde. Elle fourra sans ménagement ses affaires dans son sac et les traîna Adrien et elle dans le couloir.

Toute la classe les suivit, avide d'en apprendre plus sur les récents événements.

Marinette et Adrien étaient à peine sortis de la salle qu'Alya se tournait déjà vers eux. Un large sourire illuminait son visage, preuve de la satisfaction qu'elle éprouvait devant ce rapprochement tant attendu entre ses deux amis, mais c'est avec des yeux brûlants de curiosité qu'elle s'adressa à eux.

« Bon, c'était quoi, tout à l'heure ? », leur lança-t-elle d'une voix vibrante d'excitation.

« Je vais vous dire ce qu'il s'est passé », intervint Chloé d'un ton hautain, tout en se ruant aux côtés d'Adrien pour passer son bras sous le sien. « Dupain-Cheng a clairement agressé mon Adrichou. Je vais appeler mon père et il fera mettre cette boulangère en prison ! », conclut-elle en sortant son téléphone de sa poche.

« Chloé, Marinette ne m'a pas agressé », protesta Adrien en se dégageant de la poigne de son amie. « Tout ce qui s'est passé entre nous était parfaitement volontaire. »

Chloé cligna des yeux, stupéfaite, avant de se remettre à pianoter sur son téléphone.

« Rectification », reprit-elle sans se démonter. « Je vais appeler mon médecin pour qu'il t'examine au plus vite. Tu es clairement dans le déni. Ensuite j'appellerai mon père et il fera mettre la boulangère en prison. »

« Tu ne vas appeler personne », répliqua Adrien d'un ton autoritaire. « Ma relation avec Marinette ne te regarde pas. »

Bouche bée, Chloé le regarda fixement.

« C'est ridicule », s'exclama-t-elle finalement. « Totalement ridicule ! »

Le regard inflexible d'Adrien la défiait de poursuivre. Chloé serra rageusement les poings autour de son téléphone, les joues rouges de colère.

« Totalement ridicule », répéta-t-elle avec un reniflement outragé. « SABRINA ! », aboya-t-elle à l'attention de son amie avant de tourner les talons et de s'éloigner à grands pas, entrainant Sabrina dans son sillage.





Chloé partie, toute l'attention se porta de nouveau sur Marinette et Adrien.

« Bon, reprenons là où on en était », leur lança Alya d'un ton décidé, poings posés sur les hanches. « Je suis absolument ravie pour vous, mais je suis aussi absolument certaine que j'ai raté un truc. Aux dernières nouvelles vous étiez, je vous cite, ''juste des amis'' », rappela-t-elle en mimant des guillemets avec ses doigts. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Derrière elle, les autres élèves laissèrent échapper un murmure d'approbation. Tous étaient visiblement avides de savoir comment les choses avaient pu évoluer à ce point entre Marinette et Adrien.

Les deux héros échangèrent un bref regard. Ces dernières minutes leur confirmaient que personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit d'anormal. Leurs camarades étaient visiblement persuadés qu'ils avaient bel et bien cohabité tous les deux dans un même univers durant ces derniers mois. Tant mieux. Ils n'allaient pas les contredire.

Adrien haussa un sourcil interrogateur à l'attention de Marinette, lui demandant silencieusement si elle avait un plan concernant la suite de la conversation. La jeune fille hocha brièvement la tête en réponse. Elle avait déjà une idée de ce qu'elle allait pouvoir raconter à Alya. D'expérience, elle savait que les meilleurs mensonges contenaient une part de vérité. Elle avait la menace omniprésente que représentait le Papillon, elle avait la disparition d'Adrien.

Elle pouvait broder quelque chose à partir de là.

« Eh bien, il y a eu une attaque de super-vilain tout à l'heure... », commença-t-elle précautionneusement, l'esprit tournant à toute vitesse à mesure qu'elle imaginait les détails de son histoire.

« Un super-vilain ? », répéta Alya, surprise. « Tu veux parler de celle qui enfermait les gens dans leurs reflets ? »

« Non, non, je veux parler d'un autre super-vilain, qui a attaqué juste avant », rectifia Marinette.

Elle n'avait pas d'autre choix que d'inventer une nouvelle akumatisation. Les pouvoirs de l'adversaire contre laquelle elle s'était battue aujourd'hui n'expliqueraient pas pourquoi elle avait dit à Nino et Alya qu'elle pensait qu'ils avaient oublié Adrien.

Il lui fallait une autre excuse.

« Mais il n'y a pas eu d'autre vilain juste avant », intervint Nino alors que les autres élèves échangeaient des regards perplexes. « La dernière attaque date d'il y a trois jours. »

« Oh, ça n'a pas duré très longtemps, et il n'est pas allé très loin non plus », éluda Marinette en agitant négligemment la main dans les airs. « C'est peut-être pour ça que le Papillon a tout de suite enchaîné avec un autre akuma. Il devait être frustré que le premier ait si peu marché. »

« Il s'est passé quoi, du coup ? », demanda Alya d'une voix intriguée.

« Et comment ça se fait qu'on n'ait rien vu ? », ajouta Alix en penchant la tête d'un air perplexe. « Je n'étais même pas au courant qu'il y avait déjà eu une attaque avant celle de tout à l'heure. »

« Moi non plus », renchérit Kim.

Autour de lui, les autres élèves hochèrent la tête en signe d'approbation.

Marinette prit une profonde inspiration et reprit le fil de son récit.

« Eh bien, comme ma fièvre était tombée, j'ai décidé de revenir en cours pour l'après-midi », expliqua-t-elle d'une voix posée. « J'étais en retard », comme d'habitude », ricanant Kim), « et j'étais presque arrivée quand j'ai vu un vilain entrer dans notre salle de classe. »

Des exclamations fusèrent aussitôt autour d'elle.

« Quoi ? »

« Un vilain ? »

« Mais comment- »

« Il n'y a pas eu de - »

Marinette leva la main pour demander le silence. Tous se turent immédiatement.

« J'ai vu un vilain rentrer dans notre salle de classe », répéta-t-elle, « du coup je me suis cachée derrière les escaliers le temps de voir ce qu'il se passait. Il y est resté deux ou trois minutes, puis il est ressorti, l'air très en colère. J'ai attendu qu'il s'éloigne, puis je me suis dépêchée d'entrer pour voir si vous alliez bien. »

« Et il nous était arrivé quoi ? », demanda Mylène en tordant ses mains avec inquiétude.

« Au début, vous aviez tous l'air normal », répondit Marinette. « Là où les choses sont devenues bizarres, c'est quand je vous ai demandé où était passé Adrien, parce qu'il n'était pas là. Vous... vous n'aviez aucune idée de qui je pouvais parler. Vous l'aviez tous oublié. C'était terrifiant... »

Captivé, son auditoire buvait ses paroles.

« Je ne l'ai compris qu'en l'entendant hurler dans les couloirs de l'école, mais le super-vilain était un mannequin jaloux d'Adrien. Il voulait le faire disparaître de la surface de la Terre », expliqua-t-elle avec un frisson d'horreur qu'elle n'eut pas besoin de simuler tant cette perspective la terrifiait. « Il l'effaçait des mémoires de toutes les personnes qu'il touchait, et il le cherchait pour l'effacer, lui », conclut-elle d'une voix tremblante.

Des hoquets horrifiés s'élevèrent autour d'elle.

« J'imagine que ça explique pourquoi on ne se rappelle de rien », déclara Max d'une voix blanche, les yeux rivés sur la tablette qu'il tenait en main. « Statistiquement, les vilains qui altèrent la mémoire sont les plus susceptibles de laisser leurs victimes complètement amnésiques. »

« Mais du coup, qu'est ce qui était arrivé à Adrien ? », demanda Nino, avec l'expression de ceux qui posent une question dont ils ne sont pas certains de vouloir d'entendre la réponse.

« Heureusement, il n'était pas dans notre salle de classe quand le vilain a attaqué », répondit Marinette.

« J'étais sorti pour aller aux toilettes », intervint son coéquipier, sautant sur l'occasion. « Un vrai coup de chance. »

« On est tombés l'un sur l'autre avant que le vilain ait pu nous apercevoir et on s'est enfuis », poursuivit Marinette. « Chat Noir et Ladybug nous ont vus et nous ont mis en sécurité le temps de réussir capturer l'akuma. »

« Du coup, vous n'avez rien vu de la bataille ? », demanda Alya.

« Rien du tout », confirma Marinette en secouant la tête, aussitôt imitée par Adrien.

Une moue déçue se dessina sur les traits d'Alya.

« Mais tu pourras toujours demander plus de détails à Ladybug et Chat Noir la prochaine fois que tu les verras », suggéra innocemment Adrien.

Alors qu'Alya relevait la tête, une nouvelle lueur d'espoir dans le regard, Marinette ne put retenir un sourire amusé. Nul doute que les deux héros de Paris se feraient un plaisir de confirmer leur récit.

« On a été séparés à la fin de l'attaque », poursuivit-elle. « Ensuite il y a eu cette autre alerte, et j'ai eu peur qu'Adrien ait été pris de nouveau pour cible. Je ne le retrouvais pas, j'ai cru qu'il avait disparu », ajouta-t-elle, sans feindre l'émotion qui fit trembler sa voix.

Adrien prit sa main dans la sienne et la serra doucement en signe de réconfort. Marinette lui jeta un regard reconnaissant, puis reprit le fil de son récit.

« J'ai cherché Adrien partout, j'ai eu si peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. J'étais tellement soulagée quand je l'ai revu dans la cour, je... je... Enfin, voilà », conclut-elle en rougissant, renonçant à revenir sur ces retrouvailles dont ses camarades avaient tous été témoins.

« Awww », soupirèrent en cœur Rose, Mylène et Juleka.

Alya, quant à elle, pianotait fiévreusement sur son téléphone.

« Je n'arrive pas à croire que j'ai raté un akuma », déclara-t-elle d'une voix où la contrariété se disputait à l'enthousiasme. « Il faut absolument que j'écrive un article là-dessus. Mes lecteurs ne vont pas en revenir ! »

Marinette et Adrien échangèrent un regard paniqué. Non. Non, non et mille fois non. Il était hors de question qu'Alya publie le moindre mot au sujet du prétendu vilain dont le jeune homme avait été victime. À part eux, seul le Papillon pouvait savoir que cette attaque n'était qu'une pure invention. S'il venait à en entendre parler, cela attirerait inutilement son attention sur Adrien.

(Et Marinette ne doutait pas un instant que le Papillon était un fervent lecteur du Ladyblog. Après tout, pourquoi se priverait-il d'une précieuse source d'informations sur ses ennemis ? Surtout quand Alya affichait ouvertement son ambition de démasquer un jour les super-héros ?)

« Alya, tu ne dois surtout pas parler de cette histoire dans le Ladyblog », lui dit Marinette d'un ton pressant.

« Mais pourquoi ? », lui demanda son amie en haussant un sourcil interloqué.

« À cause de mon père », intervint Adrien. « Il est très, très protecteur avec moi. Il n'a jamais aimé l'idée que j'aille à l'école, il est toujours prêt à sauter sur la moindre occasion de me scolariser de nouveau à la maison. Tu sais comment il est », ajouta-t-il à l'attention de Nino, cherchant son soutien.

« C'est vrai », approuva ce dernier sans la moindre hésitation. « S'il pouvait, il te garderait sous clef toute la journée. »

« S'il apprend que j'ai été attaqué alors que j'étais en cours, il se servira de ce prétexte pour essayer de me retirer de l'école. Il ne doit pas en entendre parler. Alya, s'il te plaît », conclut-il d'une voix suppliante.

« Pour Adrien », renchérit Marinette sur le même ton.

Sur le visage d'Alya, la perplexité avait fait place à la compassion.

« Je comprends... », murmura-t-elle en regardant Adrien d'un air désolé. « Le travail d'un journaliste est de dire la vérité, mais surtout de savoir faire bon usage des informations qu'il découvre », poursuivit-elle d'un ton convaincu. « Je ne veux pas que tu te retrouves dans une situation difficile à cause de moi. Je ne dirais rien. »

« Merci, Alya », répondit Adrien avec un soupir soulagé.

Son amie lui sourit en retour.

« Bon, maintenant que tout est réglé, on y va ? », s'exclama Marinette en tirant légèrement Adrien par la main. « On ne va pas rester toute la journée au milieu du couloir. »

Les deux héros amorcèrent un mouvement en direction de la sortie, mais la voix d'Alya interrompit leur retraite.

« Une minute ! », intervint-elle, le regard pétillant de malice. « Tout ça est très intéressant, mais ça n'explique pas comment vous êtes passés du stade de simples amis à celui de ''on s'embrasse passionnément au milieu de la cour''. »

« On n'était pas en train de s'embrasser passionnément au milieu de la cour ! », protesta Marinette, mortifiée.

« Vous étiez totalement en train de vous embrasser passionnément au milieu de la cour », riposta platement Alix.

Les joues brûlantes, Marinette enfouit son visage entre ses mains. Jamais elle n'avait été aussi embarrassée de toute sa vie.

« Alors ? », insista Alya, impitoyable.

Le ton de sa voix était bien trop amusé au goût de Marinette, qui laissa échapper un grognement contrarié. Alya savait. Elle savait que la situation la mettait mal à l'aise. Et elle préférait rire de sa souffrance plutôt que de venir à son aide.

Marinette laissa échapper un soupir résigné. Ces quelques taquineries étaient probablement le prix à payer pour ne pas avoir prévenu Alya plus tôt de l'évolution de sa relation avec Adrien.

(Même si, techniquement, elle n'aurait jamais eu l'occasion de la prévenir plus tôt vu les circonstances. Mais ça, Alya ne pouvait pas le savoir.)

Marinette releva la tête et, faisant de son mieux pour ignorer le sentiment de gêne qui chauffait encore ses joues, afficha une mine détachée.

« Oh, et bien, il ne s'est rien passé de spécial », dit-elle en agitant négligemment la main dans les airs. « On a beaucoup discuté quand on s'est retrouvés coincés ensemble, et une chose en entraînant une autre... »

« Décidément, c'est efficace comme technique », s'esclaffa Nino avec un clin d'œil complice à l'attention d'Alya.

Mais cette dernière ne l'écoutait pas. Elle s'était mise à bondir d'enthousiasme, les yeux rivés sur sa meilleure amie.

« Tu veux dire que tu lui as enfin avoué tes sentiments ? », s'exclama-t-elle d'une voix surexcitée.

Adrien jeta un regard stupéfait à Marinette, qui rougit jusqu'à la racine des cheveux.

Rectification. C'était maintenant qu'elle se retrouvait plus embarrassée qu'elle ne l'avait jamais été dans sa vie.

« Qu'est-ce que tu lui as dit ? », demanda avidement Mylène.

« Oui, qu'est-ce que tu m'as dit déjà ? », renchérit Adrien en haussant un sourcil malicieux, un sourire amusé aux lèvres.

Marinette le fusilla du regard. Oh, ce Chat...

L'expression goguenarde de son coéquipier lui indiquait qu'il s'attendait clairement à ce qu'elle élude cette question embarrassante. Mais dans l'esprit de Marinette, une idée insensée germa. Dire à Adrien ce qu'elle éprouvait pour lui ? Après tout, pourquoi pas ? C'était l'occasion rêvée de lui avouer enfin ses sentiments.

Elle prit une profonde inspiration, redressa les épaules, et, avant que le courage ne lui manque, se tourna vers son partenaire.

« Je lui ai dit qu'il était le garçon le plus extraordinaire que je connaisse », commença-t-elle d'une voix tremblante, plongeant son regard dans celui d'Adrien. « Que personne d'autre n'était aussi gentil, aussi courageux et aussi loyal que lui. Je lui ai dit que ma vie avait complètement changé depuis que je l'avais rencontré, en infiniment mieux. Je... je ne réalisais même pas à quel point j'étais seule, avant. Je ne veux plus de ça. Plus jamais. Je serais perdue sans lui à mes côtés », confessa-t-elle dans un souffle.

Marinette avait l'impression que sa poitrine allait exploser. Son cœur battait furieusement ses côtes, lourd et frénétique à la fois. Ses joues étaient brûlantes, ses nerfs étaient à fleur de peau.

Jamais elle ne s'était sentie aussi vulnérable.

Et paradoxalement, jamais elle ne s'était sentie aussi décomplexée.

Mettre ses sentiments à nu avait quelque chose de libérateur. D'exaltant, même. L'adrénaline pétillait dans ses veines, faisait tourner sa tête, poussait hors de sa gorge des paroles gorgées de tendresse pour les faire cascader de ses lèvres malgré elle.

L'émotion qu'elle lisait maintenant sur les traits d'Adrien ne faisait rien pour atténuer ce sentiment.

Sur le visage de son coéquipier, l'amusement avait fait place à une expression d'une intensité déroutante. Une expression étrange, mi-sonnée, mi-émerveillée, comme s'il avait toujours rêvé d'entendre de telles paroles mais qu'il n'osait pas croire que c'était vraiment en train d'arriver. Ses yeux étaient écarquillés de stupeur – en plus d'être suspectement brillants -, ses joues légèrement rougies, et sa bouche était étirée en un sourire de bonheur incrédule.

Il regardait Marinette avec tant d'adoration que cette dernière se sentit sourire à tour.

Enhardie, elle reprit le fil de son discours.

« Je sais que je ne suis pas parfaite, et je sais qu'il n'est pas parfait non plus – vraiment, tes jeux de mots sont abominables – », le taquina-t-elle, lui arrachant un petit éclat de rire essoufflé. « Mais je pense qu'on est parfaits l'un pour l'autre », conclut-elle enfin.

Un instant de silence suivit cette déclaration.

« Marinette... », murmura Adrien d'une voix émue.

Visiblement à court de mots, il glissa ses mains de part et d'autre de ses mâchoires et se pencha vers elle pour l'embrasser farouchement. Marinette eut à peine le temps de réaliser ce qu'il se passait que les lèvres d'Adrien quittaient déjà les siennes. Elle laissa échapper un gémissement de protestation, qui finit sur une exclamation étouffée quand Adrien passa ses bras autour d'elle pour la serrer de toutes ses forces contre lui.

Prisonnière contre la surface ferme de son torse, elle n'eut d'autre choix que de glisser à son tour ses mains autour de lui pour lui rendre son étreinte. Le murmure d'approbation qu'il laissa échapper en retour fit doucement vibrer son buste.

Marinette sentit les doigts d'Adrien passer doucement dans ses cheveux, et ses lèvres chercher sa tempe pour y déposer un tendre baiser. Elle ferma machinalement les paupières et se pelotonna de plus belle contre lui. Ainsi enveloppée par ses bras, par sa chaleur, par son affection sans borne, elle se sentait comblée.

Il était humainement impossible d'être plus heureuse qu'elle ne l'était en cet instant même, elle en était sûre.

« Je serai perdu sans toi, moi aussi », lui confessa Adrien dans un souffle. « Je t'aime. »

Ne jamais dire que quelque chose pouvait être impossible, nota le dernier neurone de Marinette qui était encore en état de fonctionner après cette déclaration subite.

Vraiment, ce garçon allait l'achever s'il continuait comme ça.

Je t'aime aussi, aurait-elle voulu lui répondre.

« Yiiip ! », couina à la place sa traître de bouche, manifestement aussi incapable de fonctionner correctement que son cerveau.

Rouge de honte, Marinette plaqua vivement ses mains sur ses lèvres. Pourquoi ? Pourquoi restait-elle incapable de réagir comme un être humain sensé en présence de l'amour de sa vie ?

Adrien la fixa un instant, surpris. Puis il renversa la tête en arrière, et de ses lèvres s'échappèrent le rire le plus franc, le plus clair, le plus merveilleux que Marinette ait jamais entendu. Le jeune homme resta ainsi de longues secondes, riant à gorge déployée, les épaules agitées de secousses incontrôlables et une main fermement posée sur la taille de sa coéquipière pour garder son équilibre.

Marinette sentit son embarra fondre devant une telle manifestation de joie. Finalement, s'il ne fallait que ça pour le faire rire Adrien aussi fort, elle pouvait bien se permettre de se ridiculiser de temps à autre.

Au bout de plusieurs autres dizaines de secondes, Adrien finit par retrouver son calme. Il écrasa une larme qui perlait au coin de ses yeux et posa sur Marinette un regard pétillant d'allégresse. Le sourire qu'il lui adressait débordait de tant d'affection que la jeune fille se sentit le courage de retenter sa déclaration.

De toute façon, qu'avait-elle à perdre ? Le plus dur était déjà fait. Elle avait déjà confié à Adrien à quel point il était important pour elle et elle s'était ridiculisée devant lui sans qu'il s'en formalise le moins du monde. Elle savait qu'il était son partenaire, son meilleur ami, sa moitié, la personne en qui elle avait le plus confiance au monde et avec qui elle partageait un lien dont la force dépassait l'imagination. Elle savait qu'il l'aimait, lui aussi.

Il méritait de savoir que ses sentiments étaient clairement partagés.

« Je... Je t'aime aussi », réussit-elle à articuler d'une voix tremblante, les joues rouges.

Les yeux d'Adrien s'écarquillèrent légèrement de surprise. Son regard s'embua de nouveau d'émotion et son sourire se fit encore plus lumineux, plus large, plus beau. Un petit rire s'échappa de ses lèvres et il se pencha vers Marinette pour la serrer une fois de plus dans ses bras.

Alors que Marinette se félicitait à grand renfort de tapes mentales dans le dos pour avoir réussi à se comporter enfin comme un être humain fonctionnel, une voix émue s'éleva derrière eux.

« Vous êtes vraiment faits l'un pour l'autre », soupira rêveusement Rose, une main posée sur le cœur.

Adrien et Marinette s'écartèrent l'un de l'autre, main dans la main, et échangèrent un sourire entendu. Rose avait raison. Ils étaient faits l'un pour l'autre.

Et maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, ils resteraient ainsi, tels qu'ils auraient toujours dû être et tels qu'ils seraient aussi longtemps que la vie le leur permettrait.

Ensemble.




*** FIN ***






Note :

Et voilà, c'en est fini pour cette pas-si-petite-fic ! (12 chapitres alors que je crois que je l'estimais à 6-7, c'est un plaisir de voir que je suis toujours douée pour prévoir la longueur de mes histoires xD )(et encore, ce chapitre n'est pas passé loin d'être coupé en 2. Avec ses 4500 mots environ, il est bien au-delà de mes standards habituels !)

Je suis contente d'avoir pu la finir, j'ai rarement mis autant de temps à écrire une fic ! Mon premier brouillon date d'avril 2021, soit un an exactement avant que je poste ce tout dernier chapitre. Donc ouf ! :D Ça y est c'est fait !

Je suis d'autant plus contente que j'ai aussi rarement eu autant de mal à décrire ce que j'avais en tête. Je voyais où je voulais en venir côté scénario, mais bon ces histoires d'univers parallèles ça ne m'a pas facilité la tâche x) . J'avais peur que mes explications ne tiennent pas la route, qu'elles soient trop embrouillées... Il m'a fallu réécrire plusieurs fois plusieurs passages avant d'arriver à quelque chose qui me satisfasse (et qui, j'espère, vous a satisfait aussi ^^')

Heuuu, que dire d'autre. Non, il n'y aura pas le point de vue de Chat Noir sur ce qu'il s'est passé de son côté après la séparation de leurs univers (enfin rien de plus que ce qu'a dit Adrien en tout cas). Pour moi le récit se suffit très bien à lui-même comme ça, j'ai le sentiment que ça alourdirait l'histoire si j'ajoutais le point de vue de Chat Noir. Il n'y a pas non plus Lila, soit elle n'est pas encore arrivée dans leur classe, soit elle est dans un de ses « voyages », l'épilogue était déjà assez long comme ça ^^' .

Ah, et pour info cette fic a failli avoir 2 autres titres : « Aux confins de la mémoire » et « Bonne dimension ». Je n'arrivais pas à me décider entre les deux, et au final comme Ladybug passe une partie de cette fic à râler parce qu'elle est seule ou à se battre pour ne plus l'être, le titre actuel s'est imposé naturellement. Mais j'aime tout autant les titres alternatifs ^^


Sur ce, merci énormément de m'avoir lue jusqu'ici ! J'espère que cette histoire vous aura plu, de mon côté encore une fois je suis très contente et soulagée de l'avoir enfin terminée ^^ !

Je ne sais pas encore si / quand je posterai de nouvelle fic. J'ai encore des projets en tête, dont entre autres une petite (j'espère x) ) fic dont j'ai commencé la rédaction mais sur laquelle j'avance hyper lentement. J'espère que je pourrais la terminer un jour parce que ça me frustre d'avoir un travail à moitié fait, mais je n'ai aucune idée de quand ^^'

J'ai une autre fic que j'adorerai écrire un jour, mais au vu de ce que j'ai en tête ça serait une fic longue alors je n'ose pas encore me lancer dedans. Pour vous donner une idée vu tout ce que je veux y raconter je l'estime à 20/25 chapitres. Vu mon optimisme béat dès qu'il est question d'estimer la longueur de mes fics ça vous donne une idée du désastre à venir x) .

À une prochaine fois !



En bonus :

Attention, ce qui suit spoile le contenu de ma fic « Nouvelle venue » :








« Nouvelle venue » et « Seule » sont deux fics qui ont comme point commun le fait d'avoir la même idée de base, en inversé : Pour « Nouvelle venue », une fic qui commence avec un Chat Noir sans Ladybug, et pour « Seule », une fic qui commence avec une Ladybug sans Chat Noir.

Je voulais voir ce que je pouvais faire à partir de là, en essayant de faire des histoires complètement différentes l'une de l'autre malgré des idées de départ quasi identiques. Je pense avoir réussi, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. En tout cas, le challenge était fun ^^ !  

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