Chapitre 11

La mention de son nom ramena brutalement Marinette à la réalité.

Elle se retourna si brusquement qu'elle manqua de tomber par terre. Elle battit des bras dans tous les sens, tanga à droite et à gauche dans une parfaite imitation d'un flamant rose ivre, avant de finir par se stabiliser. Lorsqu'elle releva enfin la tête, ce fut pour croiser le regard sévère de sa professeure de physique.

« M-Madame Mendeleïev ? », balbutia-t-elle, prise de court, tout en passant vivement ses mains sur son visage pour effacer les traces de ses pleurs.

« Je vous croyais au lit avec quarante de fièvre », lui fit remarquer son interlocutrice en croisant les bras.

« Ah, euh, oh, oui, exactement ! », approuva Marinette dans un splendide exemple de répartie crédible. « J'étais juste sortie, heu... prendre l'air. C'est ça. Prendre l'air. Et maintenant, je vais rentrer tout de suite chez moi ! Au rev- »

« Je ne crois pas », la coupa Mme Mendeleïev d'un ton autoritaire. « Vous avez raté beaucoup d'heures de cours sans la moindre justification. Si vous continuez à vous absenter sous de faux prétextes, je me verrais dans l'obligation de convoquer vos parents. Ce n'est pas ce que vous voulez, je suppose ? »

Une exclamation affolée s'échappa des lèvres de Marinette.

« Non ! », s'écria-t-elle en agitant les mains devant elle. « Ce n'est pas la peine ! Vous n'avez vraiment pas besoin de les convoquer ! »

« C'est bien ce qu'il me semblait », répondit son interlocutrice. « Et donc, vu que vous m'avez l'air en pleine forme, je vous conseille de ne pas aggraver votre cas et de retourner en cours. »

Stupéfaite, Marinette la fixa avec des yeux ronds comme des soucoupes.

« M-Maintenant ? », bredouilla-t-elle.

« Maintenant. »

Marinette resta figée sur place. Retourner en cours ? Rien ne lui paraissait moins urgent que ça. Elle devait rentrer chez elle. Parler avec Tikki. Comprendre pourquoi Chat Noir avait disparu de nouveau et retourner l'univers entier et au-delà pour tenter de le ramener à elle.

Elle ne pouvait pas se permettre de perdre de précieuses heures à suivre un cours de physique dont elle se moquait comme de sa première paire de chaussettes.

« Je ne peux pas ! », protesta-t-elle dans un cri de désespoir. « Je dois... Je... Mes affaires sont toutes chez moi. Il faut au moins que j'aille les récupérer avant ! »

« Je suis sûre qu'Alya se fera un plaisir de vous prêter de quoi prendre des notes », répliqua implacablement Mme Mendeleïev.

Marinette resta silencieuse un instant, l'esprit tournant à toute vitesse à la recherche d'une échappatoire. Mais l'expression inflexible de sa professeure la découragea rapidement. À court d'arguments, elle ne vit pas d'autre solution que de hocher lamentablement la tête en guise d'approbation.

C'est sous l'escorte vigilante de Mme Mendeleïev que Marinette se mit en route en direction de son école. Elle avançait d'un pas pesant, les épaules voûtées par un profond sentiment d'accablement et le cœur lourd de tristesse.

Mais alors qu'elle faisait route aux côtés de sa professeure, une illumination la frappa soudain.

Dans son obsession à chercher son coéquipier sur le champ de bataille ou à tenter de le contacter à l'aide de son yo-yo, elle avait oublié un fait essentiel : qui disait école disait Adrien, et qui disait Adrien disait Chat Noir.

Il n'en fallait pas plus à Marinette pour sentir l'espoir revenir dans son cœur, tel une miraculeuse étincelle qui se serait allumée au milieu des ombres.

Finalement, sa chance ne l'avait peut-être pas abandonnée.




Portée par ce nouvel élan, Marinette parcourut rapidement les derniers mètres qui la séparaient de son école. Mme Mendeleïev la suivit tant bien que mal, et ne la laissa qu'une fois l'entrée de l'établissement passée (non sans la mettre une dernière fois en garde sur l'immense montagne de désagréments qui l'attendait si elle avait le malheur de s'éclipser avant la fin de la journée).

Marinette acquiesça distraitement, tout en parcourant les alentours du regard. La cour était noire de monde. Cela ne pouvait signifier que deux choses : et d'une, la récréation n'était pas encore finie, et de deux, si Adrien était là, il ne se trouvait qu'à quelques mètres d'elle tout au plus.

Le cœur battant à tout rompre, Marinette continua de scanner la foule à la recherche de son coéquipier.

Elle était proche, si proche de le revoir...

Mais lorsqu'elle son regard se posa sur les silhouettes familières de Nino et Alya, elle sentit son cœur se décrocher dans sa poitrine. Ses deux amis bavardaient avec animation au pied des escaliers, seuls, sans la présence d'Adrien aux côtés de Nino.

Et Adrien passait toujours ses pauses avec Nino.

Marinette le savait. Elle avait étudié avec trop d'attention l'emploi du temps de l'amour de sa vie pour ne pas avoir fait attention à ce genre de détails. Elle avait analysé ses déplacements, catalogué ses habitudes, tout ça dans l'espoir de déterminer le créneau horaire idéal pour lui confesser ses sentiments.

(Ou pour, à défaut de mieux, passer un peu de temps avec lui entre deux cuisants échecs à lui avouer ce qu'elle éprouvait pour lui).

Alors certes, Marinette savait également qu'il pouvait y avoir des tonnes d'explications logiques pour expliquer pourquoi Adrien ne se trouvait pas dans la cour à cet instant précis. Il était peut-être retenu par une énième séance photo organisée par son père. Il s'était peut-être absenté pour aller aux toilettes. Il était peut-être coincé dans lesdits toilettes, tambourinant contre la porte pour demander de l'aide.

Mais les dernières minutes (les dernières heures, journées, semaines) avaient épuisé les ressources mentales de Marinette.

Elle avait l'impression d'être passée dans une essoreuse. Elle se sentait secouée, usée, rincée. Épuisée. À fleur de peau.

Elle n'avait plus la force être optimiste.

Tournant légèrement la tête sur le côté, Marinette jeta un bref coup d'œil à l'entrée de la cour. Rien ne la tentait plus que de rebrousser chemin pour aller se réfugier chez elle. Dans la solitude de sa chambre, elle pourrait s'écrouler, hurler sa colère et son chagrin, puis panser lentement ses plaies et reprendre sa quête.

Mais alors que Marinette s'apprêtait à braver le courroux de Mme Mendeleïev en s'éclipsant une fois de plus, Alya remarqua sa présence et l'interpella joyeusement. La jeune héroïne ne put retenir un soupir résigné. C'était raté. Autant échapper sa professeure de physique était jouable, autant se soustraire à la curiosité d'Alya était, d'expérience, autrement plus délicat.

Jamais sa meilleure amie ne la laisserait en paix si elle soupçonnait que quoi que ce soit n'allait pas.

Plaquant un sourire artificiel sur son visage, Marinette se força à redresser ses épaules et se dirigea vers Alya et Nino. Après tout, peut-être n'était-ce pas plus mal qu'elle se retrouve forcée de parler tout de suite avec eux, essaya-t-elle de se convaincre. Tôt ou tard, il faudrait bien qu'elle affronte la vérité. Autant le faire ici et maintenant.

Mais alors qu'elle traversait la cour, Marinette ne pouvait ignorer une autre part d'elle-même, envahissante et impétueuse, qui bouillonnait d'un sentiment de rage impuissante. Au fond, à quoi bon s'acharner à agir normalement ? Elle ne savait même pas si ça valait la peine d'aller discuter avec Alya et Nino. Elle savait déjà ce qui allait se passer. Elle allait leur demander s'ils avaient vu Adrien, ils allaient lui répondre qu'ils n'avaient aucune idée de qui elle parlait, et elle allait serrer les dents et prétendre que tout allait bien alors que son monde s'écroulait une fois de plus.

Lorsque Marinette arriva devant Alya et Nino, ces derniers l'accueillirent avec de joyeuses paroles de bienvenue. Elle se força à leur sourire en retour, mais elle avait plus l'impression que son visage se tordait dans une grimace grotesque qu'autre chose. Alya ouvrit la bouche pour s'adresser à elle, mais elle ne lui en laissa pas le temps.

« EstcequevousavezvuAdrien ? », lança-t-elle d'un bloc.

« Adrien ? », répéta Nino, confus.

Marinette retint difficilement un éclat de rire nerveux.

Sa maîtrise d'elle-même lui glissait entre les doigts.

« Je sais, je sais », s'exclama-t-elle en levant les bras d'un geste exaspéré. « Vous ne savez pas qui c'est, il n'y a jamais eu d'Adrien ici, et non, ce n'est pas le nom d'un nouveau. »

Alya et Nino échangèrent un regard perplexe. Marinette serra les poings de toutes ses forces pour tenter de garder son calme, enfonçant ses ongles dans la chair tendre de ses paumes. La douleur ancrait à la réalité, l'empêchant provisoirement de s'effondrer sur elle-même.

« Heu, Marinette, est ce que tout va bien ? », commença prudemment Alya, et il fallut toute la volonté du monde à la jeune héroïne pour ne pas éclater en sanglots sur le champ.

Voilà, le moment qu'elle redoutait tant était arrivé. Ce moment où ses amis allaient lui annoncer qu'ils ne connaissaient personne du nom d'Adrien, et où son cœur allait éclater de nouveau en mille morceaux.

« Parce que si tu parles de notre Adrien, il était là il y a tout juste deux minutes », ajouta Nino en réajustant machinalement sa casquette du bout des doigts. « Il te cherchait, d'ailleurs. »

Marinette eut à la fois l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac et de respirer pour la première fois depuis qu'elle avait perdu son coéquipier de vue.

Elle tendit les mains vers Nino et le saisit brusquement par le col de son T-shirt.

« Il est parti par ? », lui hurla-t-elle en le tirant violemment vers elle.

Nino laissa échapper un glapissement de surprise et s'agrippa machinalement à ses poignets pour s'empêcher de tomber. Les yeux exorbités, il ouvrit la bouche pour répondre, quand...

« Marinette ? »

Marinette tourna la tête à toute vitesse en direction de la voix.

Cette voix...

Ses immenses yeux bleus s'écarquillèrent lorsqu'elle découvrit qui venait de l'interpeler. Un garçon de son âge, blond, aux traits angéliques et aux yeux verts, et qui s'avançait vers elle d'un pas pressé, le regard rivé au sien.

Le monde se mit à vaciller autour d'elle.

Adrien.

C'était Adrien.

Elle relâcha Nino si brusquement que ce dernier faillit chuter une fois de plus et se précipita vers son coéquipier.

Jamais Marinette n'avait couru aussi vite. Elle traversa la cour à toute vitesse et se jeta au cou d'Adrien avec tant de force qu'elle manqua de le faire basculer à son tour. Il tituba légèrement en arrière, et elle sentit ses muscles se tendre sous ses doigts alors qu'il retrouvait son équilibre.

Ses mains se posèrent machinalement sur sa taille, comme il l'avait fait mille fois pour Ladybug en tant que Chat Noir, et il n'en fallut pas plus à Marinette pour fondre en larmes.

Il était là. Il était bel et bien là.

Elle se blottit contre son torse, mains compulsivement agrippées à sa chemise. La part encore vaguement en état de réfléchir de Marinette avait conscience que son comportement n'avait aucun sens vu de l'extérieur. Elle ne savait même pas si Adrien savait qu'elle était Ladybug. Si non, il devait certainement la prendre pour une folle.

Mais pour une fois, Marinette se moquait complètement de l'opinion que l'amour de sa vie pouvait avoir d'elle. Tant pis s'il doutait de sa santé mentale. Tant pis si elle trahissait sa double identité par la violence de sa réaction.

Il était là. Rien d'autre n'avait d'importance.

Les mains d'Adrien quittèrent sa taille et Marinette rentra instinctivement la tête entre les épaules, attendant les inévitables questions indignées qui allaient certainement suivre. Mais au lieu de s'écarter d'elle, son partenaire passa au contraire ses bras autour d'elle et la serra de toutes ses forces contre lui.

Il se pencha vers elle, et elle le sentit déposer un léger baiser au sommet de sa tête.

« Marinette... », murmura-t-il d'une voix tremblante. « Ma Lady. »

Marinette laissa échapper un nouveau sanglot. Ou un rire. Ou les deux à la fois. Elle ne savait plus. Elle n'était plus qu'un maelström d'émotions, une boule de nerfs à fleur de peau.

Jamais son cœur n'avait battu aussi fort. Elle avait l'impression que c'était son être tout entier qui tremblait à chaque coup. Son corps était une pulsation, vivante, vibrante, un hymne primal à la gloire de ce garçon qu'elle aimait plus que tout.

Elle redressa la tête vers Adrien. Ses yeux étaient rouges et brillants, et son sourire était gorgé de tendresse. Il leva la main, comme il l'avait fait un peu plus tôt au sommet de la Tour Eiffel, et passa ses doigts sur sa joue pour essuyer une larme.

Et comme lorsqu'ils se trouvaient au sommet de la Tour Eiffel, Marinette sentit un violent frisson parcourir sa colonne vertébrale.

« J'étais sûr que c'était toi... », lui confia-t-il avec émotion. « Dans mon monde, tout était pareil, sauf toi. Tu n'existais pas. Tu n'existais pas, et Ladybug non plus. C'est comme ça que j'ai compris. »

Un faible sourire étira les lèvres de Marinette. Décidément, quel que soit l'univers dans lequel ils étaient, ils trouvaient le moyen de rester sur la même longueur d'onde.

« Pareil pour moi », confessa-t-elle. « Il n'y avait plus d'Adrien Agreste ou de Chat Noir. Personne ne se souvenait de toi. »

Marinette déglutit péniblement pour tenter de chasser la boule qui s'était logée au fond de sa gorge. La terreur qu'elle avait éprouvé à l'idée de perdre son coéquipier restait ancrée à ses os, la glaçant jusqu'aux plus profond d'elle-même.

Il lui faudrait du temps pour réussir à oublier.

« J'ai eu peur », avoua-t-elle dans un souffle. « Tout à l'heure, à la fin du combat, j'ai eu tellement peur quand je ne t'ai pas vu... J'ai cru que mon Miraculous Ladybug avait annulé tout ce que j'avais fait pour te ramener. J'ai cru qu'il avait de nouveau séparé nos univers, et que tu... que tu avais disparu une fois de plus... », conclut-elle d'une voix étranglée.

Un hoquet horrifié s'échappa des lèvres d'Adrien.

« Oh, ma Lady... Je suis désolée », répondit-il d'un ton peiné, tout en la serrant un peu plus fort contre lui. « Je ne voulais pas... Mon garde du corps était sur le point d'appeler mon père pour lui dire qu'il ne me retrouvait pas, j'ai dû me détransformer en catastrophe pour l'en empêcher. Ensuite j'ai été obligé de venir directement ici. Je... Jamais je n'aurai voulu te faire croire que j'avais à nouveau disparu... »

« Je sais, chaton, je sais », soupira Marinette, tête posée contre son torse.

Les deux héros restèrent silencieux un instant, blottis dans les bras l'un de l'autre.

Marinette ferma les yeux, savourant cet instant de félicité. Si elle avait eu l'impression d'avoir ses sens exacerbés lors de ses premières retrouvailles avec son coéquipier ce n'était rien en comparaison de ce qu'elle éprouvait maintenant. Là, c'était simple : plus rien n'existait à part lui.

Elle n'entendait que le battement de son cœur qui résonnait jusque dans sa propre poitrine, ne sentait que son torse ferme qui se levait et s'abaissait légèrement à chacune de ses inspirations, ne respirait que l'air présent dans les quelques centimètres qui subsistaient entre leurs deux corps et qui lui arrivait parfumé par l'odeur de sa peau.

Il était son univers entier.

Sans la moindre équivoque possible.

Au bout d'un moment, Adrien reprit la parole.

« Je pensais à un truc », lança-t-il brusquement, sortant Marinette de sa douce rêverie. « Tu as réuni nos mondes parce que je t'avais donné quelque chose qui m'avait appartenu, c'est ça ? »

Surprise, Marinette releva la tête vers lui.

« Oui, c'est ça », confirma-t-elle.

« Ok, très bien », répondit-il. « Alors... »

Sans en ajouter davantage, il s'écarta légèrement de sa coéquipière.

Marinette ne put s'empêcher d'éprouver un vif sentiment de déception lorsque la douce chaleur des bras d'Adrien la quitta. Elle le vit porter ses mains à son cou pour en extraire une fine chaîne dorée, jusque-là dissimulée par l'encolure de son T-shirt.

Sa curiosité fut aussitôt piquée au vif. Elle avait observé Adrien pendant des heures et des heures, mais jamais elle n'avait remarqué la présence de ce collier sur lui.

Accrochée à la chaîne pendait une bague d'apparence délicate, au métal patiné par les ans. Adrien la récupéra dans sa paume avant de la tendre à Marinette sans plus de cérémonies.

« C'était à ma mère », expliqua-t-il sobrement. « Elle appartenait à sa grand-mère, avant. »

Marinette en resta muette de stupeur.

« J-Je... Je ne peux pas », balbutia-t-elle finalement, tentant de repousser la main d'Adrien. « Ce...C'est un souvenir de ta famille. C'est beaucoup trop précieux. »

« Pas aussi précieux que toi », rétorqua Adrien avec un doux sourire.

Alors que Marinette se figeait de nouveau devant cette déclaration, il prit délicatement sa main dans la sienne et referma ses doigts autour de la bague.

« Si tu préfères, disons que je te la prête le temps de trouver autre chose », poursuivit-il. « D'ailleurs, maintenant que j'y pense, ça me donne l'excuse idéale pour te couvrir de cadeaux », ajouta-t-il avec un clin d'œil espiègle. « Prépare-toi, Marinette ! Tu n'imagines pas tout ce qui t'attends ! »

« Idiot ! », s'esclaffa-t-elle en lui donnant une bourrade affectueuse sur l'épaule.

Mais renonçant à argumenter d'avantage, elle passa la fine chaîne dorée autour de son cou. Le métal de la bague était chaud contre sa peau, et elle se sentit rougir en songeant qu'à peine une minute plus tôt, ce bijou était précieusement logé contre le torse d'Adrien.

Lorsqu'elle releva la tête pour plonger de nouveau son regard dans celui de son coéquipier, elle s'empourpra encore un peu plus.

Adrien la dévisageait avec ce qui était sans le moindre doute une profonde affection, et certainement plus encore. Il glissa une main le long de sa mâchoire. Sa paume était douce, et aussi chaude que cette bague qu'elle gardait désormais dissimulée près de son cœur.

Ses yeux se posèrent brièvement sur ses lèvres, indication évidente de ses intentions. Marinette sentit son pouls s'accélérer.

« Avec ta permission, ma Lady ? », murmura-t-il dans un souffle.

« Toujours », répliqua-t-elle sur le même ton.

Le sourire qui illumina le visage d'Adrien était si éclatant qu'il aurait pu éclipser le soleil. Il se pencha vers Marinette, lentement, précautionneusement, regard rivé au sien à la recherche du moindre signe d'inconfort.

Marinette ferma les yeux et leva le visage vers lui. Son cœur battait à tout rompre. L'anticipation faisait pulser des déferlantes d'adrénaline dans ses veines, courir des décharges d'électricité le long sa peau. Elle sentait les doigts trembler d'Adrien contre sa joue, son souffle hésitant caresser ses lèvres.

Et enfin, enfin, sa bouche emprisonna la sienne d'un tendre baiser.

Un nouveau frisson traversa Marinette de la tête aux pieds. Une onde de chaleur. Une déferlante de plaisir.

Elle glissa ses bras autour du cou d'Adrien pour le serrer contre elle, cherchant instinctivement à prolonger cette sensation inédite (mais déjà tellement, tellement addictive). Ses lèvres se rivèrent encore un peu plus aux siennes, se noyant dans leur chaleur, se perdant dans leur douceur.

Visiblement tout aussi avide qu'elle d'explorer cette nouvelle facette de leur relation, Adrien resserra à son tour son étreinte autour d'elle. Il inclina légèrement la tête, ouvrit légèrement la bouche, et Marinette ne put retenir un gémissement de plaisir à peine audible.

Si le paradis devait avoir un goût, ce serait celui des baisers d'Adrien. C'était l'évidence même.

Alors qu'elle s'agrippait au col d'Adrien, froissant le tissu soyeux sous ses doigts, une sensation nouvelle se mit à enfler en elle.

Du bonheur. De l'euphorie à l'état pure.

De petites bulles de joies pétillèrent au creux de son torse, se frayèrent un chemin le long de sa gorge, pour finalement s'échapper en un petit rire d'allégresse qu'elle fut incapable de retenir. Le son s'éleva dans les airs, musical et cristallin, et arracha en retour un gloussement amusé à Adrien.

Lorsque Marinette se rapprocha de lui pour l'embrasser de nouveau, elle le sentit sourire sous ses lèvres. Le bonheur qu'il éprouvait à être avec elle était évident. Cette constatation raviva la propre allégresse de Marinette.

Jamais elle ne s'était sentie aussi légère. Aussi comblée.

C'était comme si le poids de toute ses responsabilités et de toutes ses angoisses avaient été ôtées de ses épaules, la laissant flotter vers les sommets de la félicité. Ici, blottie dans les bras d'Adrien, bercée par le son de son rire et noyée sous ses baisers, elle avait enfin trouvé le seul endroit de tous les univers possibles et imaginables où elle pouvait se sentir en paix. Leurs cœurs qui battaient à l'unisson chantaient la plus belle des musiques, et lui rappelaient à chaque instant que l'amour de sa vie se tenait enfin de nouveau à ses côtés.

Elle n'était plus seule.





Note :

Et voilà, nos deux héros ont enfin droit à leurs retrouvailles ! (Je sais, je sais, tout aurait pu être réglé en 30 secondes si Marinette avait essayé de téléphoner à Adrien dès la fin du combat, mais elle était trop paniquée pour réfléchir correctement. Et qui suis-je pour passer à côté d'une occasion de faire durer un peu le suspens / de martyriser encore un tout petit peu cette pauvre Marinette ? ^^')

Sinon, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! À la base j'avais prévu de finir la fic ici, mais... on ne va pas se mentir, quand il y a ce genre de passage, j'adore voir ce qu'il se passe après. La réaction de la classe.

Donc on se retrouve bientôt pour la suite directe de ce chapitre ^^

À la prochaine ! 

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