Chapitre 6
-Je vais tout te dire Natsu, je marque une pause en prenant une inspiration, je vais te raconter mon passé, lui annoncé-je.
Son silence et son attention m'indique qu'il est prêt à m'écouter, alors je commence.
-Ma mère et moi, avant de déménager et nous installer ici, habitions à Hargeon avec mon père, vers le bord de la mer. Nous avions tout pour être heureux, et nous étions assez aisés niveau argent, mais ça n'était pas le cas, je marque une pause, Natsu est très attentif, ça ne l'était pas parce que depuis mes neuf ans, mon père frappait ma mère. Il l'insultait et lui disait qu'il fallait qu'elle reste à sa place, c'est-à-dire à la maison, mes larmes coulent, j'essayais de m'interposer mais c'était inutile, je ne comprenais pas pourquoi il disait ça, je ne savais rien de l'histoire. Puis il s'est aussi mis à me frappait et, plus je grandissais, plus il me frappait violemment, comme maman, je retiens un sanglot, il m'enfermait dans la cave pendant des heures sans que je sache comment maman allait. Il disait que tout était de ma faute, je prends une profonde inspiration pour tenter de me calmer, je n'en pouvais plus, on n'en pouvait plus. Il nous faisait du chantage. Il nous disait que si on en parlait à qui que ce soit, il tuerait Lévy et d'autres personnes. Lévy a toujours tout su mais je lui ai fait promettre de ne rien dire à personne. C'est juste à la rentrée des vacances de Toussaint que nous sommes parties de cet enfer, je ne voulais pas laisser ma meilleure amie, ma sœur, mais elle m'a dit que je devais partir pour ma sécurité et celle de ma mère, alors nous sommes parties même si j'avais peur pour elle et elle avait peur pour moi...
Je baisse la tête et essaye de calmer mes sanglots, mes mains tremblent. Je revois tous ces souvenirs, que j'aimerais oublier, défiler dans ma tête. Je lève enfin la tête, Natsu me regarde fixement sans rien dire, je peux quand même déceler de la tristesse sur son visage. Mon regard dérive sur mon poignet blessé à cause de cet accident.
-Jusqu'à l'accident, il ne nous a pas retrouvé mais et on avait enfin une vie calme et sans problème, je ne peux plus retenir mes larmes et éclate en sanglots, mais c'est lui, je suis sûre que c'est lui qui l'a tué. Les problèmes nous rattrapent toujours...
Je vois trouble, les larmes me brouillent la vue. Je ne peux plus supporter toute cette pression en moi, toute cette détresse. C'est comme si, à travers mes larmes, tout ce qui est enfouit en moi sortait.
-Ça va aller Lucy, je t'aiderais, je suis passé par là et je t'ai déjà promis que je ne te laisserais jamais seule, je te protégerais, me rassure-t-il en m'enlaçant doucement.
Je dois être en train de mouiller son t-shirt tellement je pleure. Il pose sa main sur ma tête et tente, du mieux qu'il peut, de me rassurer, de me réconforter.
-Elle...elle a voulu me dire quelque chose juste avant de...de, essayé-je de prononcer, et ce qu'elle voulait me dire c'est qu'elle m'a écrite une lettre lorsqu'on est arrivées ici, elle explique à l'intérieur que mon père était violent parce que....parce
Tout ça, c'est trop. Je ne pensais pas que révéler tout ça me mettrait dans un état pareil. Je n'arrive plus à articuler quoi que ce soit. Je suis prise de spasmes et j'ai du mal à respirer, une envie de vomir me revient encore.
-Chuuuut Lucy, ça va aller d'accord ? Si tu ne veux pas parler, je peux lire la lettre. Enfin seulement si tu es d'accord, me propose-t-il.
Je hoche la tête. C'est plus simple pour moi. Je ne suis plus capable d'expliquer quoi que ce soit ce soir. Je suis fatiguée de tout ça. J'aimerais aller dans un autre monde. Un monde sans problèmes, sans tout ça. Un monde où on serait enfin tranquilles.
-Pendant ce temps tu peux aller prendre ta douche, ça te fera du bien, me conseille-t-il, et je vais préparer à manger.
Je me lève alors et me dirige vers la salle de bain. Lorsque je ferme la porte, je grimace en voyant à travers le miroir mon bleu sur la tempe droite, c'est vraiment laid, je ferais presque peur. Je finis par me déshabiller, l'état de mon corps n'est pas mieux, je n'avais pas fait attention les jours précédents, mais j'ai une coupure sur l'avant-bras gauche et des bleus un peu partout. Le bandage sur la cuisse gauche est la blessure qui me fait le plus souffrir. Je l'enlève, lorsque Lévy me l'a refait hier, je n'ai pas osé regarder mais c'est une brûlure et elle est plutôt imposante. Je vais en garder des cicatrices c'est sûr, je serais marqué à vie par ce qui a tué ma mère. Ce qui veut dire qu'à chaque fois que je les verrais, ça me rappellera cet accident et la mort de maman....
Je pleure toujours, n'arrivant pas à stopper ces larmes. Je suis d'un pathétique, franchement, je me fais de la peine à moi-même. Heureusement que Natsu est là, avec moi dans l'appartement, sinon je ne sais pas si j'aurais tenu le coup. C'est en grande partie grâce à lui que je suis encore là aujourd'hui. Je lui en suis tellement reconnaissante. Lorsqu'il m'a raconté son histoire, je me suis dit que, dans cette épreuve, il a été tout seul, pendant trois ans, alors je n'ai pas à me plaindre. Je suis entourée de ma meilleure amie, son copain et Natsu. Si aucuns d'eux n'avait pas été présents, je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui.
Je prends ma douche en repensant à tout ce qui s'est passé depuis l'accident. C'est quand même une sacrée coïncidence que le petit copain de ma meilleure amie soit une personne qui se trouvait dans le même lycée et dans la même classe et c'est encore plus bizarre que son meilleur ami soit le garçon qui m'intriguait le plus... Je me souviens que, quand je suis arrivée au lycée, c'est la première personne que j'ai regardée. Il était là, devant le lycée avec Gajeel et il me regardait aussi. C'était une sensation étrange, mais agréable.
Je mets, en guise de pyjama, un legging noir avec un t-shirt à manche gris foncé. Je sors de la salle de bain pour aller rejoindre Natsu. Une odeur délicieuse me prend au nez et je dois dire que cette odeur me donne faim, pour une fois. Je me dirige vers la cuisine, Natsu est dos à moi, en train de cuisiner mais entendant mes pas, il se retourne et me demande si je vais mieux. J'acquiesce et m'approche de l'odeur. Des pâtes bolognaises donnant l'eau à la bouche se trouvent dans la casserole.
-J'espère que t'aimes, me dit-t-il.
-Euh oui ne t'inquiète pas, ça à l'air délicieux !
-Merci Luce ! me sourit-il.
-Arrête avec ce surnom ridicule ! le réprimandé-je.
Il rigole comme un gosse et part mettre la table. Je vais l'aider pour gagner du temps. Nous mangeons ses délicieuses pates dans le plus grand des calmes.
-Ça va tes bandages ? Tu veux que je te les refasse ? me demande Natsu alors que nous débarrassons.
-Non c'est bon, je vais y laisser sans bandage pour que ça cicatrise plus vite, refusé-je.
Il acquiesce et met les pates restantes dans le frigo. La lettre me revient en mémoire. Je n'ose pas lui demander s'il l'a lu. J'ai peur de ce qu'il va dire, je ne sais pas pourquoi.
-Tu sais Lucy à propos de la lettre, commence-t-il, je l'ai lu et je comprendrais que tu ne veuilles plus jamais en parler.
Je ne sais pas s'il lit dans mes pensées, mais ce garçon a un don, ce n'est pas possible, je ne vois pas autre chose. Mais, comme il l'a deviné, je ne veux plus en parler. Il sait et c'est déjà une bonne chose, mais pour l'instant, je ne me sens pas prête à parler de ce monstre qui a gâché sa vie !
-Je vais aller prendre ma douche, à moindre que tu ne veuilles pas rester toute seule, me demande Natsu.
-Non non vas-y ne t'inquiète pas, accepté-je, je ne vais quand même pas t'empêcher de te laver !
Il part alors vers la salle de bain sans dire un mot de plus. Mes yeux tombent sur le carton que Lévy n'a pas enlevé, celui avec les cadres photos et autres souvenirs. Je pose sur la petite table du salon et m'assois sur le canapé. Lorsque j'ouvre le carton, la première photo qui attire mes yeux est une photo de Lévy et moi aux côtés de maman, lorsque nous avions cinq ou six ans. Je souris en revoyant ce cadre, la photo était magnifique, j'ignorais tout et j'étais innocente avec Lévy. J'aimerais tellement retourner en ce temps-là.
Pendant plus de dix minutes, je regarde les cadres et tout le contenu du carton. J'en remets même en décoration dans tout l'appartement, sur les meubles. Mine de rien, ça me fait du bien de revoir ces photos. Evidemment, je suis triste mais, ça me permet de faire un pas en avant.
La porte de la salle de bain s'ouvre. Je le vois sortir, les cheveux mouillés avec un chandail montrant ses muscles et un jogging gris clair. Je crois que je ne m'en étais jamais rendue compte mais, il est vraiment beau. Vraiment très beau ! Je crois que je suis en train de rougir, je sens mes joues chauffer alors je tourne les yeux.
Lorsqu'il remarque les cadres photos, il sourit tout en tournant la tête vers moi.
-Il est vingt et une heure trente, tu veux faire quoi ? me demande-t-il.
-Télé ? proposé-je.
Il sourit et acquiesce puis s'assoit près de moi sur le canapé. J'allume la télé et on tombe sur un film d'action qui est pas mal, je dois l'avouer.
-Merci, annoncé-je soudainement.
Il tourne la tête vers moi et me regarde avec un air interrogateur.
-Pourquoi ? demande-t-il un peu perdu.
-D'être ici avec moi, de prendre soin de moi, je te suis énormément reconnaissante. Tu es là, alors que tu pourrais être avec les gens que tu apprécies, avoué-je en baissant la tête.
-Tu sais que tu n'as pas besoin de me remercier ! Et si je suis là, c'est que je t'apprécie, non ? avoue-t-il en me souriant tendrement.
Sa remarque le fait chaud au cœur. Il est tellement attentionné et gentil. Natsu est un garçon en or ! je l'enlace doucement et humecte son odeur. Oui, je sais, on dirait une psychopathe !
-Je t'apprécie plus que tu ne le pense, chuchote-t-il pour lui-même.
Mon cœur se serre. On desserre l'étreinte et il me fixe. C'est comme si, une fois de plus, tout autour de nous disparaissais. C'est comme s'il restait plus que nous deux dans ce monde. Malheureusement, il brise ce moment en regardant l'heure. Il est presque minuit.
-Tu veux dormir ? me demande-t-il.
Je baille au même moment, il a le bon timing ! Il rigole devant ma bouille d'enfant et éteint la télé. Une fois devant la porte de ma chambre, aucun de nous deux ne sais quoi faire ou quoi dire.
-Bon et bah, bonne nuit Lucy, me dit Natsu gêné.
Il commence à se diriger vers la chambre d'amis, mais je lui attrape le poignet de sorte à la retenir. Lorsqu'il se retourne, j'ai l'impression de voir de l'espoir dans ses yeux.
-Tu...tu peux dormir avec moi ? demandé-je timidement, à voix basse.
-De quoi ? Je n'ai pas entendu ce que tu as dit, rétorque-t-il.
-Je t'ai demandé si ça te dérangeait de dormir avec moi, dis-je d'une voix plus forte.
Il rougit, c'est la première fois que je le vois rougir. Il est trop mignon, on dirait un enfant.
-Je veux bien, accepte-t-il, le rouge aux joues.
C'est alors qu'on s'est endormit, tous les deux, dans ma chambre, côte à côte.
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