Chapitre 5

Nous arrivons, trop vite à mon goût, devant la porte d'entrée. Je respire profondément pour me préparer. Je tourne le regard vers Natsu, il me sourit, surement pour m'encourager. Voyant que je ne suis toujours pas très bien, il m'attrape la main et me la serre.

-Ça va aller, tente-t-il de me rassurer.

-Oui, essayé-je de me convaincre moi-même.

Au fond de moi je ne veux pas y retourner, mais je ne peux pas continuer à vivre ainsi, chez Gajeel. Lui et Lévy ont besoin de leur intimité et je dois avancer et passer à autre chose, même si c'est difficile. Je dois remonter la pente comme elle aurait voulu que je le fasse.

Il me devance et ouvre la porte. Je prends une dernière inspiration et entre, suivie de Natsu. Lorsque je regarde l'intérieur de l'appartement, je peux voir que Gajeel et Lévy ont enlevés toutes ses affaires, ses vêtements, ses bijoux, tout. Je vois qu'il reste quand même un carton par terre.

-Tiens vous voilà, constate Lévy en venant du couloir menant aux chambres.

Je ne réponds pas trop occupée à regarder autour de moi. Le voir sans toute ses affaires change tout. Même si je la vois toujours dans la cuisine ou assise sur le canapé en train de lire un livre. Il me faudra du temps pour me remettre, mais j'y arriverai.

-On a descendu cinq cartons dans ta cave, annonce Gajeel en me rendant les clés.

-On a enlevé tous les vêtements et objet lui appartenant qui ne te serviront à rien, déclare Lévy sceptique.

-Merci, merci beaucoup, dis-je avec émotion, je vous en serais toujours reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour moi, les larmes apparaissent aux coins des yeux.

Gajeel s'avance et me sourit. Je crois que je ne m'y habituerais jamais de la voir comme ça. Je l'imaginais tellement froid et distant avec tout le monde... Mais il ne faut jamais se fier aux apparences.

-C'est normal blondie, j'aide les amies de ma femme, il me chuchote ensuite sans discrétion, déjà qu'elle en a pas énormément, taquine-t-il Lévy.

-Et je t'entends tu sais, s'énerve Lévy rouge de colère.

Elle se radoucit immédiatement en me voyant sourire à la blague de son copain. Gajeel part vers la porte d'entrée et se retourne avant de franchir le seuil.

-Lévy je t'attends dehors, son regard se détourne ensuite vers Natsu et un sourire apparaît sur ses lèvres, et ne faites pas trop de bruit, vous n'êtes pas tout seuls, dit-il en faisant un clin d'œil.

Je vois Natsu commencer à avancer vers lui. Gajeel, quant à lui, sourit mesquinement puis s'enfuit comme un lâche. Lévy les regarde, blasée de leurs comportements. Elle se tourne vers moi et vient m'enlacer.

-Lucy, tu appelles si tu as un problème, mais je pense qu'avec Natsu, elle tourne le regard vers lui, tout ira bien.

Lévy a toujours le don pour gêner les gens, c'est dingue. En fait, c'est la même que Gajeel, ils sont exactement pareils tous les deux, mentalement bien sûr. Même si je pense que Lévy est quand même un peu moins gamine que son copain.

-Tu sais, me chuchote-t-elle, dis-lui ce que tu ressens pour lui.

Je me défais d'elle et la regarde, étonnée et encore plus gênée. Je pense qu'en ce moment-même, je dois être rouge comme une tomate.

-Mais qu'est-ce que tu dis ? questionné-je.

-Arrête de faire l'innocente, je sais tout, dit-elle en faisant un clin d'œil et en souriant.

Elle marche vers la sortie et s'arrête au même endroit que son copain.

-On se voit dans trois jours de toute façon, dit-elle dans un sourire, ah en fait Lucy, ce carton je n'ai pas voulu le descendre car c'est toutes les photos et je ne sais pas si tu voulais les garder et on n'a pas touché au bureau.

-D'accord ! Merci mille fois, la remercié-je encore en la saluant de la main.

Elle part en fermant la porte, me laissant seule avec Natsu, un blanc s'installe. Je ne sais pas s'il a entendu ce que Lévy m'a dit, mais en tout cas, je n'espère pas ! En fait, moi-même, je ne sais pas ce que je ressens pour lui. C'est vrai qu'il a été présent à mes côtés depuis l'hôpital et on s'est énormément rapprochés. J'apprécie beaucoup sa présence et quand il n'est pas là, c'est comme si un manque se créait au fond de moi, c'est étrange. Est-ce que c'est de l'amour ? Ça, je ne le sais pas, je n'en ai pas la certitude.

-Lucy ? demande subitement Natsu.

-Oui ? répondis-je aussitôt.

-Je dois aller chez moi chercher des affaires propres, tu veux venir avec moi ou rester un moment seul ? me demande-t-il.

-Je vais rester ici, annoncé-je.

Il acquiesce et part aussitôt, disant qu'il sera de retour dans une heure, environ.

Me retrouver seule ici me fait bizarre, mais je pense que j'en ai besoin. Je dois et veux savoir ce qu'elle voulait me dire lorsqu'elle parlait de son bureau. Ce dernier, comme d'habitude, est rangé à la perfection, maman n'a jamais voulu que j'y touche. En même temps, c'était l'endroit où elle travaillait et où elle passait une grande partie de son temps. Je m'approche et une fois devant j'ouvre le premier tiroir, il n'y a rien d'intéressant, rien que des papiers. Le second, rien non plus. Lorsque j'ouvre le troisième et dernier tiroir, quelque chose attire mon attention. Une enveloppe avec marqué mon nom dessus.

« Chère Lucy,

A l'heure où je t'écris cette lettre nous venons d'emménager dans notre appartement à Magnolia. Si tu la lis, c'est sûrement que je ne suis plus de ce monde et je m'en excuse. J'aurais tellement voulu te voir devenir adulte, responsable et surtout te voir fonder une famille puis devenir grand-mère mais cela me sera malheureusement impossible.

Tu dois te douter de la personne qui a fait une telle chose. Je t'écris en partie pour te dire comment tout cela est arrivé car j'estime que tu dois savoir.

Ce mariage entre ton père et moi n'a pas été un mariage d'amour, mais un mariage forcé. Pour tout te dire, mes parents, qui dirigeaient une grosse entreprise, étaient au bord de la faillite. Je devais avoir aux alentours de dix-huit ans à cette époque-là. Puis les Heartfilia sont arrivés. Ils ont proposés un marché à mes parents, qui étaient prêts à tout pour sauver leur entreprise. Ils ont alors proposé de donner tout l'argent nécessaire pour faire revivre l'entreprise et en échange, je devais me marier avec leur fils du nom de Jude. J'étais bien évidemment contre et je me demandais comment mes parents avaient pu me faire ça. Bien sûr, ça n'a rien changé aux choses, je n'ai pas eu mon mot à dire et l'année d'après, j'étais mariée à cet homme que je ne connaissais pas. Il était froid et distant avec moi, il ne m'aimait pas tout comme je ne l'aimais pas. Puis mes parents sont morts et les parents de Jude aussi alors il a hérité de la fortune de ses parents et moi des miens. Avec cet argent, j'ai acheté un hôtel et je suis devenu la gérante. Ça a été un très grand succès et j'ai accumulé beaucoup d'argent. C'est pourquoi j'ai tout mis sur un compte appart que je gardais pour quand j'en aurais besoin. La carte bleue est dans le tiroir central du bureau et elle est opérationnelle, à ton nom, tu n'as plus qu'à l'utiliser. Fais-en bon usage.

Pour en revenir à ton père, il a été très jaloux de voir que je me faisais beaucoup d'argent mais je n'en tenais pas compte. Puis je suis tombée enceinte de toi et neuf mois plus tard, tu es arrivée. Je veux que tu saches que, même si je me suis mariée avec un homme que je n'aimais pas, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie, tu as été et tu resteras ma source de bonheur ! Lui, bien sûr, s'en fichait éperdument que tu sois arrivée. Quand tu es né, il restait encore moins à la maison et travaillait dix fois plus.

Puis tu connais la suite. Je suis désolé de te raconter tout ça mais tu devais savoir. Tu as le droit de connaitre la vérité. Savoir pourquoi tout est arrivé et tout se passe ainsi. Pourquoi tout ce qui a suivi durant ton adolescence est arrivé. Il n'acceptait pas qu'une femme gagne autant d'argent seule.

Sache, ma fille, que je t'aime et que je t'aimerais toujours. Tu restes dans mon cœur. Tu es la personne qui a su éclairer ma vie dans un moment sombre de mon existence. Ne sois pas triste, même si je sais que c'est dur mais, soit forte. Je serais à jamais dans ton cœur.

J'espère que tu trouveras quelqu'un qui t'aime et que tu auras une vie heureuse. Ne te prive pas de bonheur parce que je ne suis plus là. Tu t'entoureras de personnes formidables, j'en suis sûre ! Tu ne seras jamais seule.

Layla, ta mère qui t'aime. »

Mes larmes coulent sans pourvoir s'arrêter. Je ne savais rien de tout ça et je ne pensais pas que ça c'était passé comme ça, cet homme me dégoûte, leurs parents me dégoûtent. Maman a tellement souffert, elle ne méritait pas ça. Quant à cet enfoiré, je payerais tellement cher pour qu'il souffre autant qu'elle a souffert. Il ne mérite pas la belle vie, il mérite la prison et tous les châtiments qui existent. Elle me manque tellement, elle ne méritait pas de mourir...

Je suis assise, par terre, recroquevillée sur moi-même en pleurs. Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position et je m'en fiche complètement.

-Lucy ?

Je ne réponds pas. J'ai envie de ne parler à personne. Ma gorge se serre à chacun de mes sanglots et j'ai envie de vomir. Comment on peut être autant méchant et cruel envers autrui ?

-Lucy, t'es où ? insiste la personne.

Un bruit de sac qui tombe me fait sursauter. Une main se pose sur mon épaule. Natsu me regarde avec inquiétude, il ne sait pas réagir face à la situation.

-Natsu ? dis-je avec une petite voix les larmes coulant toujours sur mes joues.

Il me regarde sans savoir quoi faire. Ses yeux dérivent sur la lettre posée par terre. Il me questionne du regard.

-Ce...C'est une lettre qu'elle m'a écrite, avoué-je.

Il me prend dans ses bras et me berce doucement en me disant des mots doux. Ses bras me réconfortent mais cette envie de vomir ne me quitte pas.

-Tu veux en parler, m'interrompt-il dans mes pensées.

Je me décolle de lui, il a réussi à me calmer, comme toujours. Je dois me calmer et lui avouer. Je me dois de lui en parler parce qu'il l'a fait pour lui. Il mérite de savoir après tout ce qu'il a fait.

-Je vais tout te dire Natsu.

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