Trois semaines plus tard
POURQUOI !! MAIS POURQUOI !! Je ne suis qu'un idiot ! Nan mais sérieusement, qu'est ce qui m'a pris ! Je suis fou ! Malade ! Insensé ! Mais pourquoi j'ai fait ça ! Sur un coup de tête en plus ! L'invité à la patinoire en plein été ! Mais quelle idée saugrenue ! Et pas seulement la patinoire, tout ! POURQUOI MONDE CRUEL ET INSENSIBLE ! BRISEUR DE CŒURS ET D'ÂMES SENSIBLES ! MONDE DE MALHEURS ET DE MISÈRES ! INSOUTENABLE VIE !
Conscience : Tu as fini ?
Moi : Quoi ?
Conscience : Quoi, quoi ? Tu as des airs de drama depuis que tu es rentré à la maison.
Moi : Mais parce que la situation est dramatique !
Conscience : Que d'exagération !
Moi : Tu ne comprendras jamais rien ma parole !
Qu'est-ce que j'ai bien pu faire au bon Dieu pour avoir une chance pareille ! C'est vrai quoi, elle aurait pu dire non et ça se serait arrêté là après un gros blanc malaisant mais rapide parce que Yumi a toujours eu la langue bien pendue. Elle ne peut pas s'arrêtée de parler pendant plus de cinq minutes. Aller à la patinoire pendant les vacances de Noël, c'est pas si bête que cela comme idée mais pas en été ! En plus comment trouver une patinoire maintenant. C'est pas le plus répandu à cette période de l'année. Et aussi de là à aller demander d'y aller en lui disant que c'était juste pour la remercier que je voulais l'inviter et non pour une autre raison quelque peu embarrassante. En tout cas mon excuse est passée comme une lettre à la poste parce que Yumi m'aide beaucoup, mais alors vraiment beaucoup... Normalement, la jeune femme devait juste m'aider au lycée, elle m'accompagne à mes différents courts et puis ça s'arrête là. Mais cette femme, qui sans nul doute la plus gentille femme que la terre est connue, m'aide également en dehors des cours. Quand je sors généralement ou plutôt, elle m'accompagne pour que les personnes à qui je dois parler puissent me comprendre. Pour les cours aussi, souvent elle me raccompagne pour m'aider à réviser mes cours et m'expliquer ce que je n'ai pas compris. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai appris que Yumi avait sauté plusieurs classes et qu'elle était la première promotion. Au début, m'avait-elle dit, elle voulait faire un grand métier, faire des recherches pour faire avancer la science. Et c'est vrai qu'elle aurait pu faire tout ce qu'elle voulait et ne pas se retrouver avec moi à longueur de journée. Mais elle aurait réfléchi plus sérieusement à la fin de son lycée et en aurait conclu qu'elle voulait aider les personnes en difficulté familiales, professionnelle ou encore scolaire. Elle avait donc commencé des études pour devenir DEES, soit éducateur spécialisé ou plutôt éducatrice dans son cas. Au cours de ses études, elle sait prise de passion pour les enfants et a donc combiné les deux envies pour se spécialiser chez les enfants. Ses ambitions m'ont vraiment touché. Elle m'a livré encore tant d'autres choses sur son enfance. Ça me fait tellement plaisir quand elle me raconte ce genre de choses. Cela me permet de m'évader de ma propre enfance malheureuse. Dans tous les moments que je traverse, elle est à mes côtés, comme une ombre bienveillante qui veille sur moi chaque jour depuis notre rencontre. Sa venue dans ma triste existence m'a apporté une vague de fraicheur, de renouveau, de bonheur. Son métier n'est peut-être le plus reconnu dans le monde, mais, pour moi, c'est celui qui m'a permis de garder la tête hors de l'eau et d'avoir une vie à peu près normale. Cette femme... Cette femme, tout le monde peut la prendre pour quelqu'un de « normal » entre guillemets, et ce malgré ses magnifiques cheveux bleus. Mais... Elle est beaucoup plus que ça. Cet être est d'une gentillesse incommensurable, d'une bonté extrême et d'une écoute maladive. Elle fait passer le bonheur de ses patients avant le sien et s'en occupe comme ils étaient ses propres enfants.
Non pas que ma mère soit distante avec moi ! Bien au contraire, dès qu'elle est à la maison, elle veut absolument tout savoir sur ma vie à l'école. Surtout depuis que j'ai été obligé de lui dire définitivement pour mon harcèlement. Parce qu'après avoir appris pour mon premier jour, ma mère a sans cesse voulu savoir si les problèmes au lycée continuaient. A chaque fois, je mentais car en voyant l'état dans lequel cela la mettait alors qu'elle pensait que cela ne mettait arriver qu'une journée... Que dire de son niveau d'angoisse en sachant que c'était tous les jours. Donc en apprenant que je lui avais menti pendant plusieurs jours, ma mère est entrée dans une colère noire. Ce n'était vraiment pas beau à voir, j'en ai encore des frissons. Ma mère a même voulu porter plainte contre Subaru, mon harceleur. Heureusement, j'ai réussi à la calmer et finalement, après une longue discussion j'ai survécu avec la promesse de toujours parler de mes problèmes, de ne plus jamais lui mentir et de l'annoncer à mon père. Et ça, ça a été le pire moment de ma vie, pire que la colère de ma mère... Je suis rentré dans le bureau de mon géniteur avec cette dernière qui nous servirait de traductrice pour une discussion plus rapide. C'est là que j'ai maudit celle qui m'a donné la vie. Pourquoi m'obliger de lui annoncer étant donné que j'avais besoin d'elle pour parler lui parler correctement. Elle aurait pu le faire elle-même. C'est déjà assez difficile une seule fois. Mon père était donc tranquillement en train de travailler sur ses partitions, je me suis tourné vers ma mère et j'ai vu ses yeux briller d'un amour tendre et pur ainsi que d'une terrible envie d'aller lire par-dessus son épaule. Car pour elle qui est cantatrice, c'est une véritable torture de ne pas savoir ce qu'écrit son compositeur et chef d'orchestre. Sans doute à cause du bruit, mon père s'était levé et se retrouvait devant nous, les bras croisés sur son torse. Ma mère discuta rapidement avec lui et je dus raconter mon histoire. A la fin de mon récit, une aura noire et glaciale se dégageait de mon père. Ses yeux s'étaient fermés lentement, les poings s'étaient refermés si fort qu'on voyait ses jointures devenir blanches. Sa main s'était posée sur mon épaule et me poussait vers l'extérieur de la pièce. Une demi-heure plus tard, ma mère ressortait du bureau. Elle m'avait rapidement expliqué que mon père était entré dans une colère noire après avoir entendu mes paroles. Il avait même voulu le compte de Subaru tout seul mais qu'elle finalement réussi à le faire changer d'avis.
Cette journée avait vraiment été riche en émotions. Et je ne vais pas en garder que de bons souvenirs. Heureusement que Yumi était là pour me soutenir. Yumi... Rendez-vous... Patinoire en été... EN ETE !! MAIS POURQUOI MONDE CRUEL !!!
Conscience : Et c'est reparti pour un tour...
Deux jours plus tard
Ça y est... c'est la grand jour... Le jour de ma sortie avec Yumi à la patinoire... Bon normalement tout est prêt : sac à dos avec mon passe Navigo, mon argent, ma pièce d'identité, etc. Je me suis habillé de façon très classique, un shorty noir avec des converses également noires et un tee-shirt blanc, parce qu'on va se mentir, mais cette année au Japon il fait une chaleur étouffante. Je descends les escaliers pour me rendre dans le salon. Je sors enfin de chez moi pour aller prendre le bus qui me conduira directement à la patinoire. Le trajet du bus n'est pas particulièrement long, mais à cause du stress, j'ai l'impression que les secondes deviennent des minutes, les minutes se transforment des heures, alors que je voudrai que cela se termine le plus rapidement possible. Pendant ce temps de libre, je pense tranquillement (enfin tout est relatif) aux différentes directions que pourraient prendre nos diverses discussions. Le problème, c'est que là tout ce qui vient à l'esprit se sont des discussions qui virent au drame et qui empoisonnent notre merveilleuse qui m'apporte que de bonheur. Tout ça pour un pu**** de rendez-vous à la patinoire en plein été. Enfin cela aura peut-être l'avantage de me rafraichir, même si la piscine aurait été plus efficace. Un arrêt passe et un scénario me vient à l'esprit, autre arrêt passe puis un scénario germe dans ma boîte crânienne et ainsi de suite jusqu'à que j'arrive à destination. Le point de rendez-vous est tout simplement l'arrêt de bus, pour plus rapidement nous retrouver. J'avoue que moi cela m'arrange, au moins je suis directement arrivé. Malheureusement pour moi, j'ai dû prendre le bus après le sien car elle est là, assisse, les jambes croisées, ses pieds bougeant au rythme d'une musique qui m'est inconnue, des écouteurs dans les oreilles. Elle porte un débardeur orange pastel avec un short fluide aux motifs floraux, ses cheveux simplement attachés en une queue de cheval haute. En guise de chaussures de simples sandales noires qui englobent ses pieds. Je descends du véhicule, la boule au ventre, avec la peur de l'avoir fait attendre trop longtemps dans le froid. Dès qu'elle m'aperçoit elle retire ses écouteurs et un sourire illumine son visage. Un magnifique sourire plein de joie, les lèvres légèrement brillantes, comme si elle venait de mettre une sorte de gloss ou autre chose dans ce genre-là. Sa main droite s'agite en signe de bonjour silencieux. Un sourire étire également mes lèvres. Le sien est tellement sincère, heureux, vivant et éclatant. Un sourire qui rend ta vie plus belle, plus réjouissante et plus rose. Un sourire qui chasse tous tes malheurs, tes problèmes, tes réflexions, tes inquiétudes, tes angoisses, bref, tout ce qui te tracasse. Je m'approche d'elle et lui dit la phrase typique lors d'un rendez-vous et quand tu arrives en deuxième :
Ça va ? Tu n'as pas trop attendu ?
Réponse typique :
Non ça va. Je suis vraiment contente que tu m'aies invité, c'est gentil de ta part. Bon... En revanche je ne sais pas trop voire pas du tout patiner, donc ça va pas être fameux.
Pas de soucis ! Je suis dans le même cas que toi, donc on risque de bien se marrer avec nos chutes !
Elle se met à pouffer, la main devant la bouche pour cacher son rire. Je suis très déçu de ne pas pouvoir l'entendre. Et même si un gros vieux rire de cochon, il doit surement être magnifique. Oui, un gros vieux rire de cochon peut être très beau ! Elle replace timidement une de ses mèches bleus rebelles derrière son oreille pour dissimuler sa gêne. Ça lui fait une mimique vraiment mignonne, surtout que ses joues ont pris une légère teinte rosée, même si c'est peut-être à cause de la chaleur. On entame notre marche vers la patinoire dans un doux silence. Nos trajets, qu'ils soient à pied, en voiture ou encore dans les transports en commun, se font généralement ainsi. Un silence doux, paisible, pas besoin de faire un long monologue, juste la présence de l'autre nous suffit. Nos corps sont si proches que nos doigts s'effleurent de temps à autre, provoquant d'agréables frissons dans tout mon corps. Plus on se rapproche de notre destination, plus je sens Yumi se tendre près de moi. Son regard devient fuyant et ses doigts commencent à se tortiller dans les sens.
Yumi ? J'espère que tu n'es pas en train de stresser à cause de la patinoire ? Tu sais c'est pas grave si tu es nulle, je suis le même bateau que toi.
Oui, mais tu sais la dernière fois que je suis allée à une patinoire c'était avec une amie de longue date que je venais de retrouver... Et je crois que je suis tomber environ une bonne dizaine de fois...
C'est pas grave tu ferais mieux aujourd'hui.
Donc elle s'inquiète juste pour son nombre chutes. Pauvre Yumi tu stresses pour rien... C'est au bout d'un quart d'heure de queue que nous pouvons enfin acheter nos tickets d'entrée.
Nous arrivons devant le comptoir où se trouve une jeune femme qui doit nous donner nos patins. C'est un personnage bien particulier d'ailleurs. Elle est grande et très fine. Jusque-là, tout ce qu'il y a de plus normal. Mais quand tu lèves les yeux, tu te retrouves face un visage fin avec de magnifiques yeux bleu électrique et des cheveux... Bah ils sont plus qu'étranges. D'accord ceux de Yumi aussi mais là c'est du lourd quand même. Le côté gauche est blond, ce qui doit être sa couleur naturelle et le côté droit est d'un rose vif ! Le rose le plus vif qu'on puisse imaginer ! Dans un sens on dirait Cruella D'Enfer, mais avec des couleurs différentes. Mais ça rendait quand même moins bien que le noir et blanc et surtout que le rose jurait affreusement avec le beau bleu de ses yeux. Yumi lui dit nos pointures avec un regard neutre, absolument pas dérangée par l'excentricité de la jeune femme. Cette dernière commence à parler à un jeune homme qui était juste à côté d'elle et que je n'avais pas remarqué. Pourtant, lui non plus ne passait pas inaperçu. Il a les cheveux violets et des yeux bleu foncé. Mais le plus étrange chez lui, se ne sont pas ses cheveux violets mais les lunettes qu'il porte sur son nez. Un côté est carré et l'autre rond, ce qui est pour le moins très original. Le jeune homme va dans une pièce adjacente et revient avec deux paires de patins, une de 39 et une de 35. Oui, oui, 35 est la pointure de Yumi. Elle a vraiment de tout petits pieds. On s'installe tranquillement sur un des nombreux bancs de libre pour mettre nos patins. Chose faite, nous retrouvons quelques minutes plus tard sur la glace, près du bord de peur de tomber comme une grosse bouse si on s'éloignait trop de la barrière protectrice.
Vas-y Hiruto, lance-toi ! Je te suis !
Quoi ?! Mais vas-y toi !
Non, non, non ! Honneur au plus jeune !
Les dames d'abord !
Mais tu es le plus jeune !
Lassé de comportement de la jeune femme, je me dirige vers le centre de la patinoire, en faisant en sorte de ne pas tomber de façon lamentable. Sérieusement cette fille veut juste que je m'affiche devant tout le monde si je tombe ! C'est pas cool ! Après j'ai de la chance, il n'y a pratiquement personne, mais un peu quand même. J'avance doucement et de manière pas du tout fluide. Je mets mes pieds en canard (CANARD !!!! @Miyuji-sama), afin de commencer tranquillement à patiner. Etonnamment je prend rapidement le coup de main, garde l'équilibre presque parfaitement et commence à patiner de plus en plus rapidement. Je fais le tour de la patinoire et retourne vers Yumi qui n'a toujours pas bougé. Ses bras étaient accoudés contre la barrière en plastique transparente. Attristé de la voir toute seule avec pour seule compagnie une barrière en plastique peu sociable, je lui dis :
Yumi viens, ce n'est pas si difficile ! Regarde, c'est facile ! C'est une question d'habitude !
Elle me lance un regard dubitatif... C'est vrai ses dix chutes... Ok... Cela va être une belle galère... En plus c'est moi qui l'aie invité alors je ne vais pas m'amuser tout seul pendant qu'elle me regarde. Je prends mon courage à deux mains, je l'ai invité alors j'assume !
Tu veux que je t'aide ?
Elle éclate de rire dès j'ai fini de dire ma phrase. C'est fou ce que les filles peuvent être blessantes.
Excuse-moi, mais t'es pas sérieux ? C'est bien toi qui il y a à peine trente minutes disait qu'il n'arriverait même pas à se détacher de la barrière ? Non ?
Mes joues prennent une teinte rouge vif. Elle n'a pas tort... Il y a à peine une demi-heure, j'aurai presque pleuré de peur. Oui, je suis une âme sensible, et alors ! D'accord... J'exagère... Je me serai juste fait dessus.
Bah et alors ? Je me suis lancé et c'est super bien ! Faut que tu réessayes. Je te tiens les mains si tu veux.
Sans me répondre elle tend les mains devant elle. Je prends celles-ci dans les miennes et la tire délicatement hors de portée de la barrière. Je me dirige vers le centre de la piste de glace à reculons, Yumi, face à moi, trébuchant presque à chaque pas. Nous patinons doucement et au bout qu'un quart d'heure, la jeune femme accepte enfin de lâcher une première main. Même si elle reste maladroite dans ses mouvements, ceux-ci dégagent une grâce naturelle qui m'envoûte un peu plus chaque instant. Et du coup, plus de Yumi en vue. Je baisse les yeux et la trouve affalée sur le ventre sur la glace. Son visage est pâle, elle se redresse sur ses genoux et finit par se relever les jambes tremblantes. Elle retire les résidus de glace sur son pantalon et se frictionne les épaules. Elle m'inquiète vraiment... Je la vois se diriger lentement vers la barrière en plastique et s'y adosser, le regard perdu dans le vague. Perdu dans mes pensées, je faillis tomber à cause du peu de personnes qui apprennent à patiner et qui me foncent dedans, sans aucun respect. Ma vie est vraiment tragique !! Même s'il n'y a quasiment personne dans une patinoire, j'arrive presque à tomber à cause d'eux... Bref... Je m'adosse moi aussi contre le bout de plastique froid, et attends qu'elle souhaite prendre la parole et ainsi m'explique la raison de sa peur exagérée. Je jette fréquemment des coups d'œil à la jeune femme qui se trouve à côté de moi, prêt à écouter. Au bout de cinq minutes, elle réagit et dit :
On devrait peut-être y aller... Je suis un peu fatiguée.
Je l'observe surpris de sa réponse. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans sa tête ? La journée s'était plutôt bien passée avant que Yumi tombe. D'accord, ça fait mal de tomber, mais tout de même ! Elle ne saigne pas pourtant. Cela m'a fait mal de la voir réagir comme cela... Ai-je fait quelque chose de mal ou encore dit ? Peut être qu'elle est choquée par sa chute ?
Bien si tu le souhaites...
On retourne voir les personnages singuliers du comptoir, qui nous rendent nos chaussures qui sentent agréablement bon. Ils ont dû mettre un produit particulier dedans, mais maintenant elles sont froides et ça c'est vraiment désagréable. Une fois dehors, Yumi cherche quelque chose dans son sac et en ressort son téléphone avec lequel elle appelle une compagnie de taxis. Je le sais car quelques fois quand je m'ennuie beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, je peux me retrouver à étudier les annuaires téléphoniques de la ville que j'ai réussi à emprunter à la mairie. Après tout avec des parents célèbres, il y a peu de choses que je ne puisse pas avoir surtout en sachant que le maire de Tokyo est un grand fan du travail de ma mère. Du coup, j'ai juste eu à dire que j'étais son fils et le tour était joué. Je suis sorti de mes étrange pensées par la main de mon accompagnatrice qui se pose sur mon épaule.
Tout va bien Hiruto ? J'ai appelé un taxi, le trajet devrait être moins long et surtout moins étouffant par cette chaleur.
Je ne prends pas la peine de répondre et esquisse juste un hochement de tête. Ai-je fait quelque chose qui l'ait touché au point de vouloir passer le moins de temps possible avec moi ? Ou alors, s'est-elle juste rendu compte à quel point ma vie est ennuyante ou que moi-même je suis faible, ennuyeux et sans importance ? Je ne pourrais pas survivre sans elle ! Grâce à elle mes notes ont remonté en flèche, je n'ai plus l'angoisse des heures de récréations où les autres, enfin surtout la bande de Subaru, car sinon la plupart m'ignorent, ma tabassaient jusqu'à plus « soif ». Toutes ces persécutions sont tombées aux oubliettes, oh après, il y a toujours certains lycéens, les plus bêtes, qui me font des doigts d'honneur et qui me tapent sur la tête que Yumi a le dos tourné. Mais c'est largement plus supportable qu'en début d'année. Yumi est mon ange gardien, ma première et unique amie. Elle est toujours là pour me soutenir quand ça ne va pas. Quelques fois, j'ai même l'impression qu'elle fait passer mon bonheur avant le sien. Et cela me touche énormément. C'est la toute première personne en dehors de ma famille, la première personne de l'extérieur qui s'intéresse à moi... Et ça... Je peux l'assurer... ça me réchauffe inexorablement le cœur.
A la rentrée des vacances
Les grandes vacances sont terminées... Il faut reprendre les cours... Depuis que le taxi m'a déposé devant chez moi, je n'ai pas eu de nouvelles de Yumi. Se serait mentir de dire que je ne stress pas. Et puis en plus c'est un jour de rentrée... Et la rentrée, c'est naze !
Je suis donc une énième fois devant ce beau portail vert-bouteille... Mais je suis plus confiant que les fois d'avant, je sens que quelque chose va changer. Et mon instinct... Eh ben, je ne vais pas dire qu'il ne m'a jamais fait défaut, tout simplement parce que j'en sais rien. Désolé de préciser que je suis une personne normale qui n'a pas d'instinct incroyable ou qui sait quand elle est fixée par quelqu'un d'autre. En effet, pour ce dernier, il n'y a qu'une petite partie de la population qui sait quand on les fixe, et je n'en fais pas parti.
Je déambule dans la grande cour du lycée, attendant que la cloche se mette à sonner pour nous annoncer le lever de drapeau avec notre hymne national qui se déroule chaque matin dans chaque lycée de Tokyo. Une tignasse bleue arrive en courant devant moi. Essoufflée, elle pose ses mains sur ses genoux et reprend son souffle. Une fois chose faite, elle dit
Hiruto ! Excuse-moi ! Je suis navrée ! J'aurais t'appeler, enfin t'envoyer un message parce que ça sert à rien de t'appeler... Enfin j'aurai dû t'envoyer un message après notre sortie. Je suis désolée si je t'ai blessé.
Pendant qu'elle continuait de se rependre en excuses, elle s'incline à répétition devant moi. Ses longs cheveux bleus volant dans tous les sens et son doux parfum fruité et sucré s'infiltre dans mes narines. Je finis par poser mes mains sur ses épaules pour faire en sorte qu'elle s'arrête de bouger dans tous les sens et que je puisse lui répondre
Yumi ! Ça va, ok ! Bon j'avoue... Je me suis un peu ... Beaucoup... Bref, je me suis inquiété pour toi mais de te voir là, et en forme, ça me rassure.
Elle s'incline une dernière fois en guise de remerciement juste avant que la cloche sonne et tout le lycée se regroupe comme à l'habitude dans le centre de la cour où se trouve le drapeau. Le drapeau s'élève dans le ciel arborant fière le Japon avec son rond rouge entouré de blanc. Je trouve toujours cette cérémonie ennuyeuse, même si je la respecte parfaitement. Si je ne l'apprécie pas, c'est sans aucun doute parce que je ne peux pas chanter moi-même notre hymne alors que je le connais par cœur comme tout bon japonais. La cérémonie terminée, je m'assoie dans la salle de classe près de la fenêtre, vers le fond, afin de pouvoir observer la cour, les arbres et les oiseaux et le drapeau être balloté par le vent. Mais c'est fou qu'on ne puisse pas voir le symbole de notre pays à travers chaque fenêtre. J'observe généralement l'extérieur quand je m'ennuie, surtout quand Yumi n'arrive pas à tout me traduire ou alors qu'elle copie mes cours quand ceux-ci s'on dit à l'oral. J'aime beaucoup son écriture ; elle est fine et longue, et surtout très lisible. Mon premier cours du jour est celui de mathématiques... On ne va pas dire que j'aime pas cette matière mais le professeur m'insupporte. Il fait exprès de copier le moins possible au tableau pour que je ne puisse pas suivre les cours, contrairement à la philosophie ou encore à la physique chimie ou même les sciences où mes professeurs notent leurs cours au tableau. En apprenant que Yumi allait m'aider lors des cours les professeurs ont tous eut une réaction un peu différente : celui de mathématiques avait lancé un regard noir à la jeune femme, celle de philosophie lui avait adressé un doux sourire et celui qui m'enseigne le français avait commencé à parler avec elle, une vraie pipelette celui-là. D'autres enseignants s'en foutaient royalement comme celui de sport ou celui d'histoire-géographie. Chacun avait réagi à sa manière, avec plus ou moins de gentillesse et de respect envers nous. Même si la plupart ont eu une réaction plus qu'acceptable. Autre chose que je déteste chez mon professeur de mathématiques, c'est sa manie de toujours arriver en retard. D'accord, j'exagère, il n'est pas tout le temps en retard, juste une fois sur deux. Et aujourd'hui est un de ses jours de retard, M. Koumatishi n'est toujours arrivé au bout de quinze minutes. Cinq minutes plus tard, mon cher enseignant daigne enfin se montrer suivi du directeur et d'une jeune fille qui doit avoir mon âge. Elle est seulement assez petite de là où je suis. Ses cheveux sont bruns et une franche cache son front. En dessous de celle-ci, ses yeux d'un beau vert profond sonde la classe, en s'arrêtant quelques secondes sur moi. Elle possède un regard confiant qui nous transperce et semble analyser notre âme, au plus profond de soi. Je glisse un coup d'œil rapide à Yumi et je la vois prendre une expression fermée ; les lèvres pincées. Je me demande qui est cette fille. Au même moment Yumi laisse échapper un cri de surprise, enfin je suppose. Je me retourne vers l'estrade où se trouve l'inconnue et la vois dire
Megumi Katanete.
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