Chapitre 3

Je suis à la table familiale en compagnie de M. Li qui me sert une spécialité française, un pot-au-feu. En voyant le repas, je déglutis, non pas à cause du plat en lui-même, car j'ai toujours aimé le pot-au-feu, c'est même une spécialité française que j'affectionne tout particulièrement, mais je crains que mon majordome remarque mon bleu à la joue. J'ai réussi à un peu le camoufler grâce au fond de teint de ma mère, que j'ai trouvé dans sa coiffeuse.

Mais deux présences manquent dans la pièce, ce qui m'arrange grandement au fond, et c'est bien la première fois. Mes parents, car ce sont bien eux, les deux personnages absents, ont toujours été très attentifs au moindre de mes problèmes ou besoins. Ils auraient donc sûrement remarqué mon bleu à la joue.

    M. Li me regarde bizarrement depuis un bon moment à présent. Je me rends compte que je suis couché sur la table et que j'ai repoussé mon assiette encore remplie de pot-au-feu dont le fumet envoûtant qui qu'on que le sentait. Comprenant mon erreur, je reprends rapidement mon assiette et commence à manger petit à petit réprimant une grimace de douleur à chaque fois que je mets quelque chose dans ma bouche. Une main se pose sur mon épaule... Mon regard se dirige alors vers une grande femme, qui n'est autre que ma mère. En voyant qu'elle a capté mon regard, elle se met à faire de rapides gestes avec les mains. Je suis toujours aussi surpris de voir à quelle vitesse elle peut aller quand elle utilise le langage des signes. En plus sa vitesse d'apprentissage a été, elle aussi, d'une rapidité sans égale :

Salut mon chéri ! Comment vas-tu ? Sais-tu si Yuma a touché à mon fond de teint ? Je l'ai trouvé sur ma coiffeuse. Le repas ne te plait pas ? Pourtant tu adores le pot-au-feu...

Je me suis figé sur ma chaise. Je n'ai pas rangé le fond de teint de ma mère après l'avoir utilisé... Mais quel idiot !

Conscience : Putain ! Mais t'es con mec ! Tu ne pouvais pas penser à le ranger ce fond de teint !

Moi : Eh oh baisse d'un ton avec moi, je suis ton supérieur "hiérarchique" !

Conscience : Du con je fais partie de toi ! N'empêche ta mère à un beau cul !

Moi : Gros pervers...

Sans m'en rendre compte je me suis levé et je suis sorti de table. Je me retrouve dans ma chambre en pleurant à chaudes larmes. Mais pourquoi suis-je si différent de tout le monde ? Et pourquoi ce monde ne peut-il pas m'accepter tel que je suis ? Je n'ai jamais rien demandé à personne, je veux juste pouvoir vivre une vie normale...

Point de vue de Izumi Odayaka :

Je regarde mon fils, le sourire aux lèvres après lui avoir parlé de mon fond de teint. C'est mon préféré quand même ! Je n'aurai pas puni Yuma de toutes les façons. Le teint d'Hiruto se fait de plus en plus pâle, comme-ci j'avais dit quelque chose de mal. Et puis tel un automate, il se lève de sa chaise et sort de table en ayant à peine touché à son pot-au-feu. Surprise par sa réaction, je me tourne vers M. Li, notre majordome, qui a un mouvement d'épaule vers le haut, comme pour dire qu'il ne sait rien et que cela ne sert à rien de lui poser quelques questions que ce soit.

Un bruit de porte qui s'ouvre retentit dans la pièce et une petite tignasse blonde, un peu rondelette avec de magnifiques yeux chocolat, entre dans la salle à manger. La jeune femme respire la joie de vivre, et ce petit être s'appelle Yuma. Nous l'avions vue, mon mari et moi, avant que Hiruto naisse, errer dans les rues de Rome. Elle ne devait pas avoir plus de sept ans et c'est d'ailleurs sa présence qui nous a donné envie d'avoir un enfant, et ça malgré le fait que ce soit une grossesse avec des difficultés. Je me suis toujours sentie coupable car le seul enfant que j'ai eu s'est retrouvé avec une mal audition...  Mais pour revenir à notre petite Yuma, elle n'a jamais su son véritable âge alors nous lui avons donné comme date d'anniversaire le 3 mai 1995, le jour et le mois en honneur à la date de notre rencontre.

-        Yuma, sais-tu si Hiruto a un problème ? lui demandai-je

-        Je ne sais pas... répondit-elle d'une petite voix aigüe, mais je l'ai vu près de votre coiffeuse en train de toucher à votre fond de teint préféré, Izumi-sama.

-        Combien de fois vais-je devoir te répéter de me tutoyer et d'enlever le sama ! répliquai-je légèrement agacée, mais en ce qui concerne Hiruto je vais aller le voir. Merci !

-        De rien Izumi-sa... Euh Izumi.

Et c'est sur ces bonnes paroles, que je me suis dirigée vers la chambre de mon fils. Arrivée devant la porte de la chambre accessoirisé d'un écriteau où y était écrit "Frappez puis entrez sans attendre ma réponse car de toutes les façons je ne pourrais pas vous répondre..." (Et tout cela écrit dans plusieurs langues), j'ai, comme écrit sur le panneau, frappé trois petits coups légers sur la porte avant d'entrer. Je vis alors mon fils chéri avachi sur son lit pleurant à chaudes larmes. Prise de panique, je me suis précipitée vers lui et l'ai enlacé tendrement. Surpris, Tian sursaute et me regarde avec des yeux larmoyants. Je libère mes mains pour faire quelques signes :

Qu'est-ce qu'il y a mon trésor ? Tu sais que tu peux tout me dire... Et si ça peut te rassurer, je ne te punirai pas pour avoir pris mon fond de teint.

            Le jeune garçon me regarde avec un sérieux déconcertant.

Maman, peux-tu me promettre de ne rien faire et de ne rien dire ?

    J'hoche vivement la tête en guise de réponse mais en croisant mes doigts derrière mon dos (OUI !! Je sais je ne suis qu'une enfant... Mais bon ce n'est pas ma fauteeeee...). Il ne me demande que très rarement ce genre de chose, alors additionné avec son air sérieux inébranlable, je suis prise alors d'une profonde angoisse.

Tout a commencé lorsqu'il n'y avait plus personne dans un couloir sombre du lycée. Il y avait un groupe de quatre personnes accompagnées d'un garçon que j'avais vu le matin même, qui se déplaçait avec un air supérieur sur le visage. Ils se sont approchés de moi et ont commencés à me frapper... Au début, c'était juste de petites chiquettes ou claques sur le visage, puis ils sont devenus plus violents. Ils m'ont d'abord attaqué le ventre, puis les jambes et pour finir la tête. Après qu'ils se soient acharnés sur moi, j'ai mis au moins vingt bonnes minutes avant de pouvoir me relever. En arrivant à la maison, j'ai découvert plusieurs bleus au ventre, un à la cheville et pour finir un à la joue. Alors j'ai paniqué et j'ai décidé de mettre du fond de teint sur mes bleus pour les cacher. Mais comprend moi, je ne voulais pas vous inquiétez !

    Je l'ai regardé reprendre son souffle après m'avoir fait part de son récit rempli d'horreurs. Mon fils s'était fait tabasser le jour de la rentrée...

Petit Diable : Où sont ces petits crétins pour que je puisse leur rendre coup pour coup ce qu'ils ont fait à mon fils, mais en cent fois pire... Ils vont tous souffrirent, tellement qu'ils iront pleurer dans les jupes de leur mère...

Petit Ange : Allons, allons Petit Diable, calme-toi... Je suis sûre que nous pouvons régler cette affaire pacifiquement. Par exemple, nous pouvons contacter leurs parents qui leur administreront nue bonne correction.

Petit Diable : Non, moi je suis pour la baston ! Je vais tous les cramer et les envoyer en enfer !!

Petit Ange : Essayons de régler cette affaire sans faire couler le sang...

Petit Diable : Le sang a déjà coulé, alors je dis vengeance et BASTON !!!!

Petit Ange : Version pacifique !

Petit Diable : Version baston !

Petit Ange : Version pacifique !

Moi : STOP !!! FERMEZ-LÀ TOUS LES DEUX !

Voilà... Vous venez de rencontrer Petit Diable et Petit Ange, les deux "esprits" de ma tête. Et je peux vous dire qu'ils sont vraiment épuisants quand ils s'y mettent. Voir même tout le temps.

En tout cas, mon fils se fait tabasser dès son premier jour de lycée, qu'est-ce que je dois faire ? Appeler le directeur de ITORY ou prendre directement contact avec les parents des autres cons... ? Oups, pardon "abrutis » ! Je me remets à observer mon fils : quelques larmes coulent encore sur ses joues et à la suite de leur passage, le fond de teint s'est enlevé, et à présent, on peut clairement voir le gros bleu qui occupe la joue gauche de mon fils. Mais avant que je puisse commencer à parler avec mes mains, mon petit ange (mon fils, pas l'esprit) me devance et me fait comprendre ;

Maman, tu m'as promis que tu ne ferais rien, alors... S'il te plaît tiens ta promesse...

Mais pourquoi ne veux-tu pas qu'on en parle au moins avec le directeur de ton lycée ou encore avec ton père ?

Je vois mon fils secoue négativement la tête :

Non, je ne veux pas avoir de problèmes, ou alors plus que je n'en ai déjà, ou que cela recommence comme en maternelle. Alors s'il te plaît tiens ta langue et ne dis rien, surtout et même pas à papa !

    Je vois la peur sur son beau visage... La peur de vivre la même chose qu'autrefois, mais aussi de nous décevoir. Alors, après cet événement, est-il bien raisonnable de l'avoir inscrit dans une école ? Sans doute pas. Mais maintenant qu'il y est et malgré toutes ces épreuves plus difficiles les unes que les autres, qu'il a déjà subi au cours de sa courte existence, mon fils veut quand même y retourner pour vivre la vie d'un véritable lycéen. Mes yeux se mettent à briller te de petites larmes commencent à couler le long de mes joues contre ma volonté. Prise d'un élan incontrôlable, j'agrippe mon fils, telle une naufragée cherchant sa bouée de sauvetage. Le corps de mon fils se tend à l'instant même où je le prends dans mes bras. Il est vrai que je n'ai jamais été très tactile, juste quelques petits baisers sur la joue par-ci, par-là. Je me suis détachée de lui quelques instants plus tard. Je lui dis juste un mot avant de quitter sa chambre :

D'accord.

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