Chapitre 2

Point de vue de Hiruto Odayaka

Je m'écroule sur mon lit. Je suis littéralement mort de fatigue... Je me vois les traits fatigués de mon visage dans un grand miroir. Mes cheveux noir charbon sont en bataille malgré le fait qu'ils soient lisses comme de la paille. Mon égratignure à la joue a été rejointe par des bleus disposés un peu partout : un ou deux sur le ventre, un sur la joue, et un dernier au niveau de la cheville. Et une seule pensée se tourne et retourne dans ma tête : Comment en suis-je arrivé là ?...

1 mois plus tôt

Je suis plongé dans un épais manuel relié de cuir. Un manuel de néerlandais... J'ai toujours été passionné par les langues, mais actuellement plus particulièrement celles du nord. Je connais le japonais sur le bout des doigts, du langage les plus soutenu à celui le plus familier, mais aussi le français où je commence à maîtriser le langage soutenu. Et à présent, je suis très attiré par le néerlandais. Je sais déjà dire bonjour "hallo", au revoir " tot ziens", comment vas-tu ? "hoe gaat het ?", je m'appelle Hiruto " mijn naam is Hiruto". Mon siège était à roulettes et je pouvais tourner sur moi-même. Mais là, il semblait résister. Peut-être avait-il commencé à rouiller ?

Un bruit sourd retentit, mais je n'arrive pas à savoir d'où il provient... Quand je relève les yeux l'instant d'après une personne est devant moi. Ses cheveux étaient grisonnants, ses sourcils épais, pas du tout dans le style japonais qu'on voit habituellement, ses yeux noirs reflètent une douceur infinie. Sa carrure est celle d'un athlète de haut niveau. Le jeune homme me regarde dans le blanc des yeux... Son regard finit par osciller entre mon manuel, à présent posé sur mes genoux, et moi. Cet homme, a toujours été la seule personne avec qui je me suis vraiment bien entendu. Ses mains ont commencé à bouger rapidement dans tous les sens, mais tout est parfaitement maîtrisé. J'ai compris... Mon père veut me voir... Je lui fais un rapide signe de tête en signe d'approbation. Il part en fermant la porte derrière lui. Je vais devant mon grand miroir et attrape mon gel et m'en mets abondamment sur les cheveux. Mon père a toujours détesté mes cheveux, le fait qu'ils soient hirsutes et impossibles à coiffer je suppose, étant donné que lui aime que tout soit en ordre et parfaitement organisé. Je les ai hérités de ma mère, mais contrairement à moi... Eh bien... Elle arrive à les dresser, ou au moins éviter les épis.

Je suis dix minutes plus tard, quand j'ai été assez satisfait de ma coupe de cheveux, devant la porte du bureau de mon père. Immobile, j'ai mon poing au niveau de ma tête, prêt à toquer. J'ai toujours haï les moments où mon père me convoque dans son bureau. Le même bruit sourd retentit, celui que j'avais entendu quand M. Li a annoncé qu'il allait entrer dans ma chambre, quand je pose trois fois rapidement et de manière répétée de petits coups de mon poing contre la porte de chêne. Je descends ma main sur la poignée en attendant une réponse, mais en mon for intérieur, je sais que je ne peux rien entendre. La poignée en or se met à ployer sous le poids d'une main se trouvant de l'autre côté de la porte. Un visage souriant apparait sous mes yeux. Un sourire d'une blancheur éclatante s'étale sur le visage de mon père. D'un rapide signe de tête, il m'invite à m'assoir en face de son bureau sur un des immenses fauteuils de cuirs noirs avec des bordures noires qui parcourent la pièce. Je l'observe pendant qu'il déroule une grande bande blanche qui utilise pour projeter ses dossiers Powerpoint ou encore Word. Il semble très joyeux, ses yeux ternes, abîmés par l'abus de l'utilisation de son ordinateur dû à son travail, pétillent à présent. Sa bouche s'étire régulièrement en un sourire en coin. Il allume le vidéoprojecteur et un document Word apparait. Ah, et, oui... J'ai peut-être oublié de préciser que je suis malentendant... C'est pour cela que je n'entends que des bruits sourd à longueur de journée.  Mon père n'a jamais réellement compris la langue des signes... C'est pourquoi, je ne le vois pas beaucoup et qu'il est si distant avec moi... Même si je suis sûr que malgré son attitude distante, il m'aime comme ma mère...

A nouveau ce même bourdonnement sourd se fait entendre et peu de temps après une grande femme avec longs cheveux noir, qui sont jalousés par de nombreuses femmes, reliés en une longue tresse descendant jusqu'au bassin, entre. Ses beaux yeux noirs brillent de malice derrière ses lunettes or et rose. Ses cheveux sont rattachés avec un élastique orangé orné d'une petite fleur de cerisier. Ses vêtements sont à la mode du moment, un beau skinny taille haute noir, un body avec des imprimés fleuris et pour finir une pochette assortie à ses lunettes en bandoulière qui s'accorde parfaitement avec sa veste en jean bleu clair. Son style est totalement décalé par rapport à celui de mon père, lui qui est toujours très strict, sans accessoires et fioritures.

Ma mère vient se poster près de moi et m'embrasse sur la joue, projetant autour d'elle un doux parfum sucré. Une première diapositive apparait... Je retiens mon souffle de peur de ce qu'il peut apparaître sur l'écran. Il y a une image d'un grand bâtiment entouré d'une magnifique grille vert bouteille. Un écriteau avec de jolies lettres cursives et dorées sur un fond noir indiquait "LYCEE ITORY".

Je me tourne vers ma mère avec un regard on ne peut plus interrogateur. Elle me fait rapidement des signes :

C'est ton nouveau lycée... Je sais que c'est la première fois que tu vas en cours dehors mais ne t'inquiète pas. Ce lycée est très bien avec un très bon commentaire et quotas de réussite au bac. Les professeurs sont déjà au courant de ta mal audition. C'est une décision que nous avons prise pour ton bien pour que tu t'intègres un peu plus au monde extérieur, alors nous ne reviendrons pas sur notre décision, même si tu protestes. Je suis désolée de t'infliger ça, mais pense tout de même que c'est pour ton bien...

Je la regarde, un air ahuri plaqué sur ma figure. Une bonne dizaine d'émotions se bousculent dans ma tête : la surprise d'apprendre que je vais aller au lycée, une sensation de solitude de devoir aller dans un endroit inconnu où je ne connais personne, mais aussi la joie de pourvoir justement rencontrer de nouvelle personnes, l'angoisse face à la réaction des autres avec mon handicap ou la jalousie de savoir que mes parents vont continuer à faire leur tour du monde sans moi. Car même si mes parents m'aiment énormément, je sais qu'ils ne sont pas capables d'arrêter leur carrière à Tokyo. Mais... Attends... Mais cela veut dire que je vais me retrouver tout seul dans une immense ville que je ne vis que depuis quelques mois. Mais je ne me suis jamais retrouvé seul de toute ma vie moi ! A moins que M. Li ne reste avec moi... Oui, je pense que ça va être ça. Mais quand même, j'ai trop de mauvais souvenirs ! Je me suis retourné vers ma mère le regard flamboyant :

Pourquoi ? Pourquoi je dois aller dans un nouveau lycée ? Je ne suis pas en retard sur le cursus scolaire et M. Li est très content de mes moyennes qui sont dans toutes les matières en dessus de dix-sept ! Et tu ne peux pas me dire qu'il est mauvais professeur ! De plus c'est le seul en qui j'ai vraiment confiance ! Et pour revenir sur le fait d'aller dans une école, nous savons tous très bien comment cela s'est terminé la dernière fois. On sait tous comment ils traitent les malentendants... Et ce n'est pas très joli à voir...

A présent, mes yeux sont implorants et de plus en plus humides. Je tourne vers mon père, qui me fait un signe de tête négatif. Il a fait son choix et il ne revient jamais sur une de ses décisions. Je me dirige vers la porte, la colère qui bouillonne en moi menaçant de sortir et d'exploser sur n'importe qui, n'importe où et n'importe quand. Comment ont-ils pu me faire une chose pareille ? C'est cruel ! Pourquoi veulent-ils que j'aille dans un lycée à ce point ?

Conscience : Allons, allons... Vois le bon côté des choses, tu vas pouvoir reluquer les jolies petites japonaises en uniforme moulant !

Moi : Nan mais ça ne va pas de parler comme ça ! Surveille ton langage ! D'autant plus que si je vais dans un lycée, c'est pour étudier et pas pour me rincer l'œil...

Conscience : Ouais... Peut-être... Mais cela ne t'empêche pas de mater leur cul en te mettant tout au fond de la classe. Mais hormis ça, c'est une bonne idée faudrait tenter au moins une année, juste une. Après tout tu n'as rien à perdre...

Moi : Je te corrige tout de suite sur les filles : JE NE SUIS PAS UN GROS PERVERS EN CHALEUR !!! Mais je connais déjà le monde pour avoir essayé d'aller en cours et c'est partout pareil... Je me ferais martyriser une nouvelle fois par d'autres gens et dans une autre école... C'est ça qui va vraiment changer.

Conscience : Essayes je te dis ! Tu n'as rien à perdre (nda : techniquement si, tu peux perdre ta dignité mec). Et puis d'accord tu es différent, mais tu peux quand même vivre ta vie comme tu l'entends.

Moi : Ma vie... Vivre ma vie ? Ok... Mais de toutes les façons je n'ai pas le choix... Mais attends tu viens de dire quelque chose d'intelligent, donc ça veut dire que tu n'es pas qu'un gros pervers et un idiot !!

Fin du flashback

Comment en suis-je arrivé là ? Eh bien comme ça... La confiance que j'avais réussi à retrouver après ma mauvaise expérience se retrouve de nouveau mise en lambeaux... En une seule journée... Je commence à pleurer dans mon oreiller, les cerisiers en fleur en cette période derrière ma fenêtre se balançant en gré du vent...

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