8. Guérison
La scène était étrange, elle pouvait même paraître comique. Une fille plus blanche que son tee-shirt, une veste à moitié déchirée enroulée autour de l'avant-bras, suivie par un garçon maigre, titubant sali, oui, ça pouvait faire rire.
Sauf qu'en réalité, c'était tout sauf drôle. Ari pâlissait de plus en plus ce qui commençait à sérieusement inquiéter Peter. Il la laissait faire car il savait qu'elle n'aurait de toute façon pas voulu de son aide.
La course dura au moins une heure. Enfin, c'est ce qu'estima Peter. Il avait depuis longtemps perdu la notion du temps. Parfois, Ari devait faire une pause pour reprendre son souffle. Elle observait son bras, et Peter devait faire un effort pour ne pas vomir. Il se demandait si lui n'aurait pas tout de suite tourné de l'œil, et il se sentait encore plus honteux.
Pourtant, ils arrivèrent à destination, à savoir sur le campement. Ari tomba à genoux sur le sable, et s'affala sur le côté sans desserrer la veste de son bras.
Un attroupement se formait petit a petit autour d'elle, des questions étaient murmurées, les mêmes ; "qu'est ce qui se passe ? qu'est ce qui se passe ?" et Jason, le fils d'un ambulancier qui s'occupait habituellement de l'infirmerie, braillait :
- LAISSEZ-MOI PASSER ! LAISSEZ-MOI VOIR ! LAISSEZ-MOI FAIRE !
Au bout d'un moment, envahi par ce brouhaha qui grimpait, par la colère et la peur, Peter hurla :
- WOOOOOOOOOOOOOOOOOH !!
Tous les regards se tournèrent vers lui dans un silence de mort.
- C'est pas en hurlant qu'on va la soigner ! S'exclama-t-il.
Ils hochèrent la tête.
- Tu proposes quoi, alors ?! Rétorqua Nathan.
- De se calmer, et euh... De faire un peu confiance à Jason.
- Un peu ?! s'offusqua ce dernier.
- Qu'est-ce que tu peux faire pour la soigner ? Demanda Peter sans se préoccuper de la remarque.
- Ben... On peut tenter l'opération très délicate d'avancer la flèche à travers son bras pour casser la pointe avant de retirer la hampe. Après on peut normalement, bander la blessure, et voilà. Et euh... Carmen peut s'occuper de trouver les bonnes plantes.
- Comment elle pourrait faire ça ? Rétorqua Peter.
Carmen, rouge tomate, s'avança.
- Ma mère a une pharmacie, et elle garde un grand herbier dans l'arrière-boutique, avec le nom latin des plantes, une vraie plante séchée, et...
- OK.
Elle se retira, toute rouge. Peter vit Nathan le regarder d'un air accusateur et se demanda pourquoi.
Il entendit vaguement Jason demander qu'on emmène Ari dans l'infirmerie. Peter ne s'en souciait pas, il voulait juste digérer ce qui venait de se passer. Il se laissa tomber assis à côté du feu, qui brûlait faiblement.
- On fait quoi ? Demanda timidement Tina, en regardant deux garçons suivis par Jason et Carmen qui emmenaient Ari à l'intérieur de la tour basse.
- Qu'est-ce que j'en sais ! Rétorqua sèchement Peter.
Elle pâlit et piqua du nez.
- Calme-toi ! Craqua Nathan. C'est pas parce que Ariane est blessée que tu dois nous hurler dessus !
- ça n'a aucun rapport !
- Oh que si !
Peter soupira. Il réfléchit.
- Vous faites comme d'habitude et c'est tout.
La bande d'ado se dispersa en murmurant, sûrement pour se dire que Peter était complètement fou. Il ne resta que Sam, qui fixait Peter d'un air gêné.
- Quoi encore ?
- Ben... On est censés travailler sur les plans du système de poulies pour l'acheminement de l'eau tu te souviens ?
Peter n'avait absolument pas la tête aux plans du système de poulies pour l'acheminement de l'eau, mais il suivit quand même Sam dans une cabane, dans laquelle ils travaillaient ensembles.
Il ne cessait de se faire rappeler à l'ordre, de se tromper dans les calculs, les mesures, les traits, à tel point que Sam finit par jeter son crayon sur la table. Il rebondit trois fois avant de rouler sur le sol.
- On n'arrive à rien ! T'es pas concentré !
Peter soupira et s'assit par terre.
- Je sais que c'est pas de ta faute, mais si c'est parce que tu penses à Ariane, dis-le. Explique-moi, je comprends plus rien ! Qu'est-ce qui s'est passé dans la forêt ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ? je sais pas, je veux comprendre ! Je peux peut-être t'aider, tu sais !
Voir Sam s'énerver, étrangement, le calma.
- Euh...
- Tu n'as pas besoin qu'Ari te dicte tes propos.
- Le point d'eau. Les autres, ils prennent de l'eau là aussi. On s'est croisé, si je puis dire...
- C'est eux qui lui ont fait ça ?
- Non. Des archers inconnus, anonymes, jamais vus. Je ne pense pas qu'ils soient... Comme nous, enfin, des ados quoi...
Sam frissona.
- Tu peux aller la voir, si tu veux. J'ai l'impression d'avoir deux fois plus de travail que si tu n'étais pas là.
Peter hocha la tête et partit en courant vers l'infirmerie.
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