3. Eau douce
Le lendemain, en se réveillant, la première chose que fit Peter fut donc de réveiller Jean et Tina, la petite rousse asthmatique, pour une ronde de recherche d'eau douce. Ils étaient peu bavards, en partie à cause du réveil, et d'autre part parce qu'ils n'avaient pas encore mangé. "Les ressources de l'île ne sont pas inépuisables", avait dit Ari.
Le petit groupe sillonna la forêt, passa à une dizaine de mètres du campement initial. Ils virent les autres regroupés, enroulés dans des couvertures de survie, devant les tipis de toile cirée. Ils n'avaient toujours pas réussi à faire du feu. Le sentiment de triomphe que ressentit Peter se dissipa bien vite lorsqu'il aperçut la vingtaine de gourdes pleines posées sur une table de branchages. Ils cheminèrent en sens inverse, assoiffés et découragés.
Soudain, Tina buta contre quelque chose et tomba à genoux. Lorsqu'elle fut relevée, elle examina ce qui l'avait fait tomber. Elle écarta des lierres et des ronces, et ce qu'elle découvrit la fit hoqueter. Peter se retourna, et s'agenouilla à côté d'elle. Elle avait trébuché sur une dalle de métal rouillé et de pierre, ronde et orné d'un signe gravé. Le signe représentait une sorte de spirale, ou plutôt un serpent qui s'enroulait autour d'une espèce de statuette inca.
- Qu'est-ce qu'il y a là-dessous ? Demanda Jean, étonné.
Ils firent tourner la dalle, remplis d'espoir. Elle était totalement rouillée et fichtrement bien serrée, mais au bout d'un quart d'heure d'efforts, ils firent sauter la pièce métallique.
- De l'eau, murmura Tina. Elle plongea la main dans la cuve, qui s'étendait plusieurs mètres sous la surface.
- Tu as pris des gourdes, au moins ? S'inquiéta Peter en se tournant vers Jean.
- Non, je suis parti chercher de l'eau sans récipient, marmonna le garçon en sortant cinq gourdes de sa sacoche.
Après les avoirs remplies, ils rentrèrent sur le campement annoncer deux bonnes nouvelles. Crystal était toute seule dans un coin, elle marmonnait des paroles incompréhensibles sous la surveillance discrète d'un garçon aux cheveux bouclés. Ari s'agitait autour du feu en faisant de grands gestes, et Carmen, une blonde de seize ans la suivait, elle voulait visiblement lui dire quelque chose. Peter trouva la scène assez drôle : Ari qui courait autour du feu en agitant les bras, et Carmen, qui ouvrait la bouche pour parler chaque fois que la brune s'arrêtait.
Finalement Peter alla voir pour tenter de calmer Ari.
- Nom de nom de nom de nom de nom... Raaaah ! Rallume-toi, bidule truc de flammes ! Non mais QUI devait s'occuper du feu ?!
- Euh... Ariane, je... Ariane ? Crystal a... Crystal...
- Woh ! Cria Peter.
Les deux filles s'arrêtèrent et se tournèrent vers lui.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Le feu ! QUI était missionné pour le feu ?
- Euh... Je sais plus. Il est éteint, mais c'est pas grave, on va le refaire. Il faut mettre un tour de garde pour ranimer le feu, la nuit. Et toi Carmen ?
- C'est Crystal ! Elle a pété un plomb et elle a attaqué Louis !
- QUOI !?
Peter fut le premier à reprendre ses esprits.
- Oh génial, on a une malade mentale dans l'équipe.
Cette remarque lui valut une gifle d'Ari. L'adolescente se précipita vers Crystal, qui marmonna de plus belle. Carmen s'éloigna en direction d'une cabane pas très haute et y entra : Peter pensa que c'était sans doute là que se trouvait Louis. Il préféra se diriger vers Ari et Crystal. Le garçon qui surveillait de loin s'était approché, sûrement pour pouvoir intervenir. Ari parlait à toute vitesse, et Crystal hochait ou secouait parfois la tête, les yeux dans le vague. Finalement, Ari s'écarta et revint vers Peter.
- Je ne pense pas qu'elle soit particulièrement dangereuse, mais il va falloir la surveiller. Souvent. Tout le temps, peut-être.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Peter, avide d'informations.
- Louis aurait dit quelque chose... JE NE SAIS PAS QUOI, ajouta-t-elle en le voyant ouvrir la bouche. Mais elle a vu rouge. et elle s'est jeté sur lui, elle a sorti une pierre tranchante, JE NE SAIS PAS NON PLUS OU ELLE L'A TROUVÉE. Elle a fait de grandes estalfiades sur ses bras et son cou, même sur son visage. Ils l'ont arrêtée au bout d'environ cinq minutes, mais... C'est cinq minutes de trop.
Peter hocha la tête et suivit Ari jusqu'à la cabane assez basse. A l'intérieur se trouvait effectivement un garçon avec des cheveux noirs et une peau dorée couvertes de longues griffures sanguinolentes. Carmen était assise à côté, elle aidait un type avec des cheveux châtains bouclés et des yeux noirs à bander les plaies.
- Il va falloir qu'il mange plus ? Interrogea Ari.
Le garçon -Peter comprit que c'était le médecin- hocha silencieusement la tête. Il continua à mettre des pansements. Carmen saisit un bol de soupe et une cuiller et commença à faire avaler de la soupe de manioc au garçon -quel était son nom, déjà ? Se demanda Peter. Ah oui, Louis-.
Ari et Peter sortirent de la cabane et redescendirent la courte échelle tressée dans des lianes et de la ficelle. Le garçon qui surveillait Crystal s'activait à présent autour du feu.
- Au fait, dit Peter. On a trouvé de l'eau...
Et il raconta l'histoire de la cuve souterraine, fermée par une dalle rouillée et couverte d'un symbole étrange. Pour illustrer ses propos, il dessina le symbole dans le sable. Ari l'observa un instant puis secoua la tête.
- ça me dit quelque chose, mais impossible de me rappeler quoi.
Déçu, et un peu étonné, Peter rejoignit le garçon qui essayait de faire du feu pour l'aider.
Soudain, un cri déchira le silence.
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