2. Division
Le soir, le repas ne fut guère mieux : une épaisse bouillie de fruits à peu près comestibles que Jean, un garçon aux cheveux châtains et au caractère réservé, avait essayé de cuisiner, mais ce n'était pas excellent. Ari mit de la bonne volonté et fini son bol sous le regard ahuri de Peter. Lorsqu'elle vit son expression, elle lui chuchota à l'oreille :
- Pete, tu sais qu'Alban et sa bande vont virer tous les faibles demain ? C'est-à-dire moi, tous les trop jeunes, les types pas doués ou les filles pas assez fortes... Et même toi, ajouta-t-elle en enfonçant un index dans la poitrine du garçon.
Après qu'elle ai dit cela, Peter finit son assiette, et en reprit même une seconde fois. En effet Alban était le garçon blond et désagréable. Peter n'était pas étonné des certitudes d'Ari ; elle avait sûrement surprit une conversation. Il se coucha. Il faisait froid, bien qu'il soit sur une île paradisiaque. Peter était sûr que ses orteils s'étaient changés en glaçons. Il se retourna, provoquant les grognements d'Ari et s'endormit au bout d'une longue heure de gigotage aigu.
Le lendemain, Peter se rendit compte qu'Ari avait raison. Alban et ses sbires se réunissait pour une messe basse devant les tipis. Peu rassuré, Peter fit le point sur les provisions, et aussi sur les ados présents. Soudain, Alban se leva brusquement, et se place au centre du campement.
- écoutez-moi ! claironna-t-il.
Les ados l'entourèrent, étonnés, intrigués.
- Nous sommes quarante. Nous sommes trop pour un seul camp. Mieux vaut que nous soyons divisés en deux... (il baissa la tête, comme pour faire penser que cette décision lui pesait.) Donc...
Un sourire mauvais éclaira son visage.
- Ariane, Peter, Jean, Crystal,...
Il énuméra une quinzaine d'autres noms.
- Ceux-là, vous quittez le camp. Les autres vous restez ici.
La quinzaine de jeunes qu'Alban avait énumérés n'en croyaient pas leurs oreilles.
- C'est injuste ! S'écria Ari.
- Ne discute pas. Tout le monde veut de moi comme chef, non ? Répliqua Alban.
- Pas du tout ! s'exclama Peter à son tour.
Mais ceux qui avaient obtenu le droit de rester hochèrent la tête en silence. Et le blond s'était bien débrouillé : il avait fait en sorte qu'il y ait tout juste plus de personnes dans son camp .
- Faites vos affaires, dit-il d'un ton supérieur.
Une demie heure plus tard, la quinzaine de rejetés marchait en file indienne à travers la forêt, guidés par Ari. Peter s'était attendu, bien sûr à être rejeté par le grand blond insupportable, mais pas de manière aussi violente et injuste. Il rejoignit Ari en tête de file.
- Tu en penses quoi ? L'interrogea-t-il.
- Qu'il va falloir s'en sortir à dix-sept, répondit la jeune fille sans ralentir l'allure.
- Et à part ça ? Par exemple... Concernant Alban ?
- Je ne sais pas ce qu'il mijote, Pete, mais ce n'est pas bon pour nous. Dit-elle en se tournant un bref instant vers lui.
Au bout d'une heure de marche difficile, ils débouchèrent sur un amas de rocher formant une grotte qui surplombait une magnifique plage de sable blanc.
Ari rassembla les jeunes autour d'elle. Elle donna des missions, telles qu'explorer la grotte, les alentours, construire un second campement ; Peter fut missionné sur cette dernière tâche avec cinq autres adolescents. Ari avait conseillé de construire des cabanes en hauteur, pour éviter le froid, la pluie, d'éventuelles bêtes sauvages.
Il conçut les plans, et les autres s'occupèrent de la construction. En début d'après-midi, ils étaient tous rassemblés devant la grotte, étendus sur le sable.
L'après-midi fut consacrée à l'installation. Peter n'eut qu'à dérouler son sac de couchage à côté de celui d'Ari, poser son sac, replier ses vêtements correctement et accrocher la lampe torche à une branche de la charpente. Ensuite, il marcha le long des flots. Le bateau qui les avait emmenés sur l'île n'était pas non plus caché à l'arrière de l'île, hors de vue du campement initial. Peter s'y attendait, bien sûr, mais il fut un peu déçu, et son niveau d'angoisse monta d'un cran. Il retourna sur le camp. Sept d'entre eux étaient allés chercher du bois, du manioc ou quelque chose à manger. Peter voulait se sentir utile, alors il aida une fille avec des grains de beauté partout et Jean, qui avait été rejeté, bien sûr, à faire le feu. Au bout de quelques heures, ils y parvinrent. Peter se sentit d'autant plus satisfait qu'aucune fumée ne montait en spirale, de l'autre côté de l'île.
Le soir, ils mangèrent une purée de coco et d'un fruit comestible et caoutchouteux trouvés sûr l'île. Le dîner fut accompagné de quelques bonnes nouvelles : du bois, un peu de manioc, peut-être du crabe dans les rochers, et Crystal, une fille aux cheveux d'ébène avec des yeux azur avait réussi à voler quelques pommes et du jambon au campement initial.
Peter ne faisait pas entièrement confiance à la voleuse, car il avait l'impression qu'elle aurait voulu garder son butin pour elle. Il décida de la tenir à l'oeil. Mais les dix-sept ados avaient un gros problème : ils n'avaient toujours pas trouvé une source d'eau douce...
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