(ce chapitre sera peut-être un peu horrifiant. La faute à mon imagination !!) 

- je déteste la nuit, marmonna Nathan.

Peter hocha doucement la tête. Il ne trouvais pas ça très rassurant, lui aussi.
- Moi aussi ! Renchérit Carmen.
Percy secoua la tête sans se prononcer. Quant à Ariane, elle était plongée dans ses pensées tandis que Sam et Ashley restaient côte a côte, silencieuses.

- Qu'est-ce qu'on va faire ? Murmura soudain Ashley. Je ne vois pas de solution.
- Moi non plus, acquiesça Peter.
- On va rester là. Et j'ai un bon objectif de survie pour le court-terme : se taire et dormir.

Peter ne dormait pas, pourtant. Il regardait le ciel nocturne à travers le dense feuillage des arbres. Le visage souriant de Tina dansait dans sa tête... Finalement, Tina Mubble fit son entrée dans la clairière. Avec un léger sourire aux lèvres, les mains nouées dans le dos et un pas aérien. 

- Salut, dit-elle avec un grand sourire. 

- Tina, s'étrangla Peter. 

Elle élargit son sourire, qui se transforma en un demi-rictus. Peter ne savait pas quoi dire, il voulait s'excuser, la retrouver, réveiller Nathan, Carmen, Ashley, Sam, Ari et Percy pour leur montrer Tina, Tina qui était vivante, finalement. Tina qui ne lui pardonnerait pas. Il se redressa dans son sac de couchage, balbutia des monosyllabes dénuées de sens, avant de finalement dire d'une voix larmoyante : 

- Tina, je suis désolé. Ce n'est pas de ma faute... Je ne pouvais pas savoir... C'est pas moi, je suis désolé, c'est pas moi... 

- Si, dit-elle d'un ton glacé, avec un accent de cruauté appuyé par un rictus féroce. Tu savais. Tu pouvais deviner. Tu savais, tu savais et tu m'as laissée mourir. 

Peter se rendit compte qu'elle pleurait. Mais ses larmes laissées des traces foncées sur ses joues. En fait, elle pleurait du sang. Alors, tout se passa très vite. Peter voulait s'extirper de son sac de couchage et courir, courir le plus loin possible, tandis que les globes occulaires de Tina noircissaient, pourrissaient avant de se détacher de leurs orbites et de rouler à terre. Elle dénoua ses mains, révélant un long couteau de boucher aiguisé. A l'orée de la clairière, on distinguait des silhouettes nouvelles. Avec un coup au cœur, Peter les reconnut. 

Alix Arrow, la frêle jeune fille avec qui ils avaient eu une altercation au point d'eau. Elle avait dû succomber à ses blessures. 

Maxence Donen. La montagne de muscles, tué en même temps qu'Alix. 

Elliot Thurtle, le garçon inconnu qu'il avait vu en morceaux. 

Il y avait aussi une fille que Peter ne connaissait pas, qui avait un énorme couteau comme celui de Tina planté dans la poitrine. Ils avançaient comme des zombies, lentement mais sûrement, compte tenu du fait que la fermeture éclair du sac de couchage coinçait. 

Tina s'accroupit près de Peter, et au lieu de le tuer, le gifla suffisamment fort pour qu'il... Se réveille en sursaut. 

- Désolée, fit Ari en s'asseyant en tailleur. Tu hurlait, tu gémissait, et c'était totalement ridicule donc j'ai dû te réveiller. Te secouer comme un prunier n'a pas trop eu d'effet, donc j'ai eu recours à la gifle. Pardon.

Peter se redressa sur ses coudes et balaya la clairière du regard. 

- Tu es la seule a être réveillée, observa-t-il. 

- Peut-être parce que j'étais la seule à être assez tracassée pour ne pas dormir ? Répliqua-t-elle avec un accent de défi dans la voix. 

- Désolé. 

- Tu n'as pas à t'excuser. 

- Si. Enfin, c'est surtout parce que je ne sais pas quoi dire d'autre. 

Elle sourit et leva les yeux vers le ciel. La lune était déjà haute dans le ciel de nuit.

- C'est la pleine lune remarqua-t-elle. 

Peter chercha quelque chose d'un minimum intelligent à dire, mais ne trouva pas et préféra se taire. 

- Quelle heure est-il ? Demanda-t-il, et il regretta aussitôt sa question. Personne n'avait l'heure, ici. On se repérait grâce à des cadrans solaires de fortune. 

- Aucune idée, dit Ariane avec une pointe d'agacement. 

Il y eut un temps de silence, pendant lequel chacun gardait les yeux rivés sur des directions opposées : Le ciel pour Ari, le sol pour Peter. 

- Je me sens coupable de la mort de Tina, reprit Peter au bout d'un moment. 

Ariane le fixa avec de l'étonnement, et aussi - ce qui vexa Peter - de la suspicion. 

- Pourquoi ? 

- C'est moi qui l'ai laissée partir. Nathan a insisté, et je l'ai laissée partir avec lui. Je m'en veux. Je m'en veux énormément. 

- Putain, grogna-t-elle et elle se mordit instantanément la lèvre inférieure. Peter songea que Putain ne devait pas faire partie de ses habitudes de langage. 

- C'est pourtant pas ta faute, dit-elle. Nathan se sent coupable, moi-même je me sens coupable. On pense tous que tout est de notre faute, alors que c'est le hasard qui l'a voulu. 

- Mais bordel, le hasard ne pend pas une gamine !! 

- Calme-toi. C'est le hasard qui l'a laissée partir... Et puis, quelqu'un en a profité pour l'assassiner. 

Peter hocha la tête, et Ari regarda une dernière fois la lune avant d'aller se recoucher. Le garçon attendit quelques minutes, puis attrapa son sac à dos. A tâtons il trouva le carnet d'Ari, dérobé plus tôt, et prit aussi une lampe de poche. Il les glissa sous son pull, puis s'extirpa de son sac de couchage et se dirigea vers la plage. 

La clairière était en bordure de plage. La plage était une étendue de sable blanc, bordée de rochers. Peter s'assit sur un gros rocher, et sortit le cahier et la lampe pour les poser sur le rocher. Il coinça la lampe entre ses dents, et ouvrit le carnet d'un coup sec, manquant d'arracher la couverture. 

Ariane avait une écriture soignée, ne faisait ni ratures, ni fautes d'orthographe ou de syntaxe. Son journal était agréable à lire. Elle expliquait avoir reçu ce cahier le jour de ses quatorze ans, soit huit mois auparavant. Elle parlait plus d'Agatha Christie que d'elle, ce qui n'étonna pas Peter. S'il n'avait pas eu cette lampe-torche dans la bouche, il aurait de toute évidence sourit. 

Après vingt pages de lecture, il s'arrêta. D'une part, il se sentait coupable, d'autre part il était fatigué. Alors il regagna son sac de couchage, rangea le cahier et la lampe dans son sac à dos et s'endormit.