Peter se releva si brusquement que la feuille qu'il tenait sur ses genoux glissa et que son contenu se répandit sur le sable.
- Quoi ?!
Il faisait trop sombre, trop sombre pour distinguer le visage de Nathan. S'il avait su que le garçon pleurait, Peter aurait sûrement été plus doux, plus compréhensif.

- MAIS RÉPONDS ! TU VEUX LA RETROUVER ?!
Peter vit Nathan porter les mains à son visage, avant de répondre ;
- Elle a disparu je...
- tu quoi ?
- On... Enfin on s'était trop enfoncés dans la forêt après avoir longé la plage sur presque un kilomètre. Et là, j'ai trébuché et je me suis empêtré dans le tapis de végétation très dense, il y avait beaucoup de ronces à cet endroit. Quand je me suis relevé, elle avait tout simplement disparu.
Peter hocha la tête en réfléchissant et en marmonnant. Il tourna en rond, cria parfois sur Nathan. Le manège dura une demie heure. Peut-être même plus. Quand finalement, Ariane hurla.
- PETER JONES, STOP ! TAIS-TOI ! JE NE VEUX PLUS T'ENTENDRE ! TU NE VOIS COMMENT NATHAN EST ATTEINT ? TU CROIS QUE ÇA VAUT LE COUP D'EN RAJOUTER UNE COUCHE ?
Peter s'assit et elle se radossa sur le tronc.

- Il faut la retrouver. Quelqu'un sait faire des torches ? Enfin, juste la technique ? Quelqu'un a déjà expérimenté ? Deux ou trois mains timides se levèrent, semblant dire à Peter ; "eh mec, tu vaux rien comme chef".
- On va y aller à quatre, tenta-t-il pour se rattraper.
Ariane haussa les sourcils.
- Qui tu comptes emmener ?
Il fronça les sourcils, comme pour faire le contraire d'Ari.
- Nathan, plus quelques autres... Ashley, Sam, Percy.
Nathan resta debout, les poings serrés, les trois autres se levaient.
Après une fabrication de torches difficile et acharnée, ils avaient deux torches assez grossières, et se mirent en marche.

Ashley et Sam discutaient en queue de file. Nathan ne disait rien, il marchait à la hauteur de Peter, et Percy marchait au milieu, muet et un peu perdu.
Nathan prit rapidement la tête de la petite troupe pour montrer l'endroit, au grand dam de Peter qui leva les yeux au ciel en acceptant. Nathan garda les poings serrés, et pressa le pas.

Enfin, il s'arrêta dans un endroit pas loin de la plage - cinq cent mètres maximum - avec beaucoup de ronces et un tapis d'herbe, de feuilles mortes et d'humus glissant.
- Tu m'étonnes que t'as trébuché, marmonna Ashley.
Et elle se tenait où, précisément ? Demanda Percy.
- Près du buisson... J'ai pas fait trop gaffe, répondit Nathan, toujours au bord des larmes.
Peter leva les yeux au ciel et inspecta l'endroit désigné.
Il y avait un dessin. Un dessin qui indiqua à Peter que le sort de Tina était sûrement déjà scellé.

Peter songea que quoi qu'il ferait il retrouveraient Tina Mubble morte.

Assassinée.

A dix ans.

Car, tracé dans la terre, cet horrible dessin qui devenait familier était parfaitement reconaissable. Le serpent entouré autour de la statuette inca.
Peter le haïssait.

Il se haïssait lui-même.

S'il avait insisté pour les accompagner, peut-être que Tina serait encore vivante.
Il tenta de se convaincre qu'il n'en savait rien, mais... Il se doutait que la rouquine devait reposer quelque part.
- Il y a...

Il ne put même pas terminer sa phrase, la gorge serrée par des émotions contradictoires ; la peur, la colère, la honte, une envie de retrouver Tina très vite. Une part de lui pensait que c'était encore possible.
Nathan déglutit, et hoqueta, laissant libre court à ses larmes. Percy se couvrit la bouche d'une main, les filles commencèrent à échanger des des spéculations précipitées, les yeu écarquillés.

Car Tina Mubble mourrait sûrement.
Quoi qu'ils fassent.