Chapitre 14
PDV Astrée
Une autre journée commence. Je ne sais pas trop comment réagir face à ce qu'il c'est passé hier. Je ne peux pas l'ignorer, même si j'en meurs d'envie, je sais qu'il me retrouvera. Je sais aussi que je ne veux pas aborder le sujet, mais je ne pense pas qu'il aura oublié. Je déteste perdre le contrôle sur ce qu'il se passe et pourtant, je ne maîtrise rien depuis depuis que je le connais.
C'était tellement plus facile avant.
- Hey !
Je sursaute et lève la tête sur une fille de ma classe. Elise, je crois ou quelque chose comme ça. Elle est penchée sur mon bureau, me regardant fixement avec un grand sourire. Si j'aurais pu me tromper avant, je suis maintenant sûre qu'elle me parle, mais pourquoi...
Je reste dans bouger à la regarder autant qu'elle m'observe et attend la suite.
- C'est vrai, on ne se connait pas et tu dois me prendre pour une folle à venir te voir comme ça. Je m'appelle Eloïse. dit elle en me tendant la mains
Bon, je l'avais presque, mais ça ne m'indique pas ce qu'elle me veut. Je ne sais pas trop quoi faire, j'observe sa main avant de rediriger mon regard vers son visage.
- Moi c'est Astrée.
Comprenant que je ne lui serrerai pas la mains, elle la baisse tout en gardant le même grand sourire.
- Je sais ! On est dans la même classe. Dit-elle avant d'enchaîner. Je voulais savoir si tu voulais partager notre chambre à mon amie Camille et moi pendant le voyage. On est juste deux et il nous manque une personne pour faire approuver notre groupe. Puisque j'ai remarqué que tu étais seule, je me suis dis que tu n'avais peut-être pas d'équipe et je n'ai surtout pas envie de me retrouver avec les deux pestes de la classe. Oh ! Et ne t'inquiètes pas, on te laisserait un lit pour toi toute seule. Quand dis-tu ?
Elle a débité le tout tellement vite que je n'ai pas eu le temps comprendre l'entièreté de son discours, mais j'ai retenue l'essentiel ; elles me laissent un lit. Je n'aurais pas à me soucier des contacts. Je n'ai beau pas les connaître, ça réglerait un de mes problèmes.
- Ok.
- Super ! On pensait se faire des soirées cinémas. Si tu veux, on pensait apporter du pop-corn, des bonbons et autres. Même si c'est un voyage scolaire, il faut bien profiter du fait qu'on aie pas de parents ou de frère dans les pattes, non ?
Je hoche la tête pas trop sûre de la suivre. Elle ne me connaît pas et pourtant, elle me propose de m'inclure dans leur projet comme si de rien était. C'est quand même un peu étrange...
***
En montant les escaliers, j'appréhende notre rencontre. Que va-t-il dire ? Que va-t-il faire ? Je suis partie assez brusquement hier, trop rapidement pour réellement savoir ce qu'il en pense.
Lorsque j'ouvre la porte il est déjà là, avec ma barquette de frites.
- Hey ! Ça va mieux, pas trop mal à la tête ?
Je le contourne pour aller m'asseoir et commence à manger. Je le fais autant pour ne pas lui répondre que parce que ces petits bâtonnets sont vraiment addictifs. Il attend tout de même ma réponse qui vient après la troisième frite
- Ça va.
- Cool ! C'est une bonne chose. Tu ne dois pas trop t'être cognée la tête alors.
J'hoche de la tête un peu distraitement. De toute manière, ce n'est pas comme si j'allais savoir ce qu'il s'est passé lorsque je me suis évanouie.
- Aussi, je voulais savoir, tu fais partie du groupe du voyage de la semaine prochaine?
- Oui... pourquoi?
Sa question est étrange. En fait, c'est plus le moment où il la pose qui est étrange Il semble heureux de ma réponse. Beaucoup trop enthousiaste.
- J'en fais aussi parti, je suis dans le 03. Je n'ai toujours pas de coéquipier pour le projet de philosophie, est-ce que ça te dérangerait qu'on se mette ensemble? Je n'ai vraiment pas envie de me retrouver avec quelqu'un que je ne connais pas.
Je ne sais pas trop, je pensais travailler seule, mais je ne veux pas non plus qu'il se retrouve dans une mauvaise position par ma faute. Je ne pensais pas avoir l'opportunité de travailler avec quelqu'un, j'ai donc d'emblée préparé mes idées pour un travail individuel. Je suis tellement isolée qu'il était presque sûr que c'était ce qu'il allait se passer. Pourtant, il est là, à guetter une réponse de ma part.
- C'est que... Je pensais me mettre seule.
Il perd alors automatiquement son sourire. Ses émotions se lisent sur son visage et sa bouille d'enfant déçu brise le cœur.
- Oh ! ok... Je vais aller voir quelqu'un d'autre alors.
Je devais garder mes distances, rester dans mon coin. Je voulais juste finir l'année sans aucun problème et le plus important, je ne devais pas m'attacher, j'ai trop de problème pour me le permettre. Lui, il est arrivé et a tout bousillé. Je ne voulais pas, j'ai tout fait pour l'empêcher, pour empêcher que je ne m'attache. Pourtant, c'est arrivé. Je l'apprécie plus que je le devrais, juste un peu, mais c'est déjà trop. Ça me contraint à faire attention à lui, alors que je ne suis même pas capable de le faire avec moi même.
Argh, je me déteste pour ce que je vais faire...
- Non ! C'est bon on peut travailler ensemble.
Il me détaille, surpris, essayant de déceler un certain mensonge dans ma voix, mais il n'y trouve rien. Je vais probablement le regretter, mais je suis sérieuse.
- Mais... Tu es sûr ? Tu as dis que...
- Qu'on allait travailler ensemble.
Je ne sais pas pourquoi j'insiste ça. Non, c'est faux, en fait je sais pourquoi. C'est à cause de ce lien entre lui et moi pourtant si minuscule, mais qui fait exprès de me rappeler qu'il est bien là. De ces sentiments que j'ai développés au fur et à mesure que les jours passaient en sa présence.
- Ok. Veux tu que je commence à faire des recherches, pour essayer de trouver un sujet ou tu l'as déjà fait ? Me demande-t-il de nouveau enthousiaste.
- On regarde chacun de notre bord et on verra après.
Il commence alors à parler du projet, des visites, des activités, mais je ne l'écoute plus vraiment. Je suis de retour dans ma tête avec mes problèmes, mes inquiétudes mes souvenirs, mon fouillis mental. Toutes ces chose que je garde pour moi-même et que personne ne pourra jamais voir.
Je ne gère plus rien, tout est trop compliqué et je hais ça. Ça fait trop de chose en même temps. Il ne peut pas se rapprocher de moi encore plus. Il va tout découvrir et ça va recommencer comme à la maison, comme ce que j'ai fui. Mais je ne peux pas le blesser, j'en serais incapable maintenant.
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