Chapitre 11

PDV Raphaël

Après qu'elle soit partie, il me faut encore quelques secondes avant de réagir. Je pars moi aussi en courant, laissant tout derrière moi. De tout manière personne ne viendra ici nous les prendre. Je dévale les escaliers, traverse les couloirs et rejoint la sortie. Elle est juste devant moi, immobile et je m'arrête à mon tour. Je remarque alors qu'elle tremble.

- ASTRÉE ! Je cris pour qu'elle se retourne.

Elle le fait, mais je remarque alors que ses yeux sont perdus dans le vide. Elle s'est retournée, mais ne semble pas vraiment chercher d'où vient l'appelle. Je me précipite vers elle, mais avant que je ne l'atteigne elle s'effondre au sol. Je m'accroupis à côté d'elle et vérifie ses signe vitaux comme appris durant mes cours de premiers soins. Je m'assure que tout soit normal avant d'essayer de la réveiller.

- Hey, Astrée, princesse, réveille toi.

Je suis trop calme et je le sais, mais c'est comme ça que je réussi à garder le contrôle, en éteignant mes émotions pour ne garder que le rationnel. De toute manière, il n'y a aucune raison de paniquer, elle va bien, son souffle est régulier et son pouls est normal.

Les gens commence à se rapprocher pour voir ce qu'il se passe. Il faut que je fasse quelque chose. Je ne peux pas laisser un attroupement se créer autour d'elle, se serait encore pire. Je la prends dans mes bras et me dirige vers chez moi. Je ne peux pas la laisser ici et encore moins à l'infirmerie. Vu la peur qu'elle a face à une personne, il ne faut pas qu'elle se réveille entourée d'une foule.

Elle n'est pas très lourde, elle est même trop légère, mais ce n'est pas étonnant vu sa maigreur. Je ne sais pas si elle mange le matin et le soir, mais je vais au moins essayer de faire en sorte qu'elle se nourrisse plus le midi.

Après quelques minutes on arrive chez moi. Je la dépose sur ses jambes, la soutenant d'un bras pour pouvoir dévérouiller et ouvrir la porte. Je reprend Astrée dans mes bras et une fois rentré, je referme la porte avec mon pied. Je me dirige rapidement vers ma chambre et la dépose sur mon lit. Je reprends ses signes vitaux juste pour être sûr avant d'aller chercher une serviette humide.

PDV Astrée

Je me réveille la tête lourde. J'ai l'impression qu'elle est dans la brume. Tout se mélange sans rien donner de cohérent. J'attends encore quelques minutes, je crois, avant de retrouver un semblant de conscience. Je me rappelle alors de tout ; Raphaël, ma course, mon malaise. Je me suis évanouie sur l'asphalte dans l'entrée de l'école.

Ma tête à cognée le sol, ça c'est sûr. Elle repose présentement sur un oreiller alors que je suis couchée sur un matelas. Une serviette froide est posé sur mon front. J'ouvre les yeux et me redresse pour savoir où je suis, mais ce que je vois me fige. Ce n'est pas l'infirmerie comme ça le devrait. Je suis sur un vrai lit dans la chambre d'un garçon.

La porte de la chambre s'ouvre à cette pensée laissant apparaître... Raphaël ? Qu'est-ce qu'il fait ici ? Qu'est-ce ce que je fais ici ? Lorsqu'il remarque que je suis réveillée, il se précipite vers moi, mais je l'arrête avant.

- Recule !

Il hésite. Il ralentit son mouvement, mais continue à avancer lentement. Je recule jusqu'à la tête du lit, recroquevillée pour être la plus petite possible.

- Maintenant ! Je lui dis cela d'une voix forte, mais tremblante de peur. Il m'écoute quand même allant s'asseoir au pied du lit.

- Regarde, je reste ici, je ne bouge plus. Dit-il les mains levées. Est-ce que tu peux me dire comment tu te sens, si tu as mal quelque part, ou si tu te sens nauséeuse ?

Je lui fais signe que non avant de gémir en appuyant mes mains sur ma tête. Elle a visiblement cognée plus fort que je le pensais.

- Merde ta tête ! Je n'y ai pas pensé, désolé. Est-ce que tu veux de la glace? Me demande-t-il. Attend, je vais t'en chercher. Il n'attend même pas ma réponse qu'il est déjà reparti.

Je prends le temps d'observer où je me trouve. La chambre est plutôt ordonnée. Une pile de linges pliés attend d'être rangée sur une chaise à côté d'un bureau noir. Trois des murs sont blanc et le troisième et gris pâle. Le lit où je suis est bleu foncé et gris, la même teinte que le mur. Des cadres photos avec ceux qui doivent être sa famille et ses amis se trouvent sur une étagère. Une guitare est posé sur un trépied dans un autre coin. Tout semble avoir une place et y être sagement rangé.

Raphaël revient une poche de glace à la main, me faisant sursauter. Il s'approche de moi pour finalement arrêter son mouvement et se diriger plutôt vers la table de chevet. Je le regarde faire sans trop comprendre avant de réaliser qu'il a déposé la glace pour que je puisse la prendre moi même. Je la dépose à l'endroit qui, je suis sûre, à cognée le sol, pendant qu'il se rassoit au bout du lit.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé Astrée ?

Encore et toujours cette question.

- Rien.

Je n'aurais peut-être pas dû dire ça, Raphaël commence à s'énerver.

- Ok là tu vas arrêter de mentir ! Ce qui s'est passé ce n'est pas rien ! Paniquer pour un je ne sais quoi, ce n'est pas rien!  S'évanouir, ce n'est pas rien ! Arrête de dire n'importe quoi et explique moi ! Cri-t-il

Je le regarde bouche-bée. Je ne m'attendais pas à ça. Je baisse la tête tandis que des larmes commence à couler sur mes joues. Tout ce qu'il a dit est vrai et c'est ça qui est dur.

- Hey ! Ne pleure pas ok, je veux juste que tu comprennes que ce n'est pas normal. Que tu...

- Haptophobe. Je lui murmure.

- Quoi ?

Il n'a pas compris (avec raison) alors je répète.

- Je sais que ce n'est pas normal. Je suis haptophobe donc toute mes réactions sont anormales.

- Ok et pourquoi t'es-tu évanouie tout à l'heure ? Me demande-t-il.

- Je ne suis pas uniquement haptophobe. J'ai aussi été diagnostiquée anthropophobe, claustrophobe, agoraphobe, anxieuse et sujette aux attaques de panique. Tout à l'heure c'était une attaque de panique qui a mal virée. J'ai tendance à m'évanouir quand ma crise dégénère. Je lui répond.

Je ne sais pas trop pourquoi je lui dis, mais je le fais. Maintenant, je vais devoir en assumer les conséquence. Lui, il me regarde sans bouger depuis. Il ne fait rien et semble assimiler les informations que je viens de lui donner.

- Est-ce que tu pourrais m'expliquer ce que ça signifie exactement ?

J'aurais dû m'en douter, il ne doit pas connaître plus de la moitié des termes que j'ai utilisés.

- Tu connais probablement déjà la claustrophobie, la peur des endroits clos et l'agoraphobie, la peur des foules. Il hoche la tête alors je continue. L'anthropophobie, c'est la peur des gens, c'est une sorte de phobie social et l'haptophobie, c'est la peur d'être touché, c'est la pire, parce que c'est la plus forte chez moi. Tu peux facilement comprendre que l'addition de tout ça avec l'anxiété, c'est un mélange catastrophique.

Il semble réfléchir. Il ne dit rien et me fixe avant d'avoir une illumination.

- C'est pour ça que lorsque que j'ai voulu... tantôt, tu as reculé brusquement.

Je hoche de la tête. Il a compris que je n'étais pas capable de supporter l'idée même d'être touché. Un sourire s'étend alors sur son visage.

- Merci de me l'avoir dit Astrée.

Je ne répond rien, restant assise à la même place en fixant mes mains. Qu'est-ce que je peux répondre à ça, il m'a un peu forcée, mais en même temps je crois qu'il méritait de comprendre au moins un peu.

- Je vais te laisser te reposer. Je vais être en bas si tu as besoin de quelque chose. Oh, et la porte se barre de l'intérieur si tu veux. Me dit il avec un petit sourire.

Il s'en va pour sortir et lorsqu'il ferme la porte, je le retiens.

- Attend! Il se fige et se retourne vers moi. Ne ferme pas la porte, s'il te plait.

Il est surpris, mais ne dit rien. Il a probablement compris que c'est lié à ma claustrophobie et il ressort alors en laissant la porte ouverte. Je me couche et ferme le yeux. Je ne suis pas vraiment à l'aise dans le lit d'un garçon, mais je suis vraiment trop fatiguée pour réfléchir correctement.

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