Chapitre 38

Hermione se réveilla le lendemain avec l'estomac noué. Le temps était étrangement chaud pour la saison et ses paumes moites lui donnèrent du fil à retordre pour boutonner sa robe. Elle se tenait devant une psyché qui avait été posé dans un coin de la tente. Elle voyait son reflet dans une robe bien ajustée, offerte par l'une de ses suivantes et son visage se crispa nerveusement.

Le lendemain, c'était son premier jour en tant que professeur et elle allait passer toute la matinée d'aujourd'hui à revoir son plan de cours jusqu'à ce qu'il soit parfait. Elle ne le voulait pas trop difficile, comme ce que Voldemort lui avait enseigné, mais elle voulait aussi les mettre à l'épreuve. Plus important encore, elle voulait leur apprendre quelque chose d'utile, quelque chose qui leur serait nécessaire pour survivre.

Dans son dos, Voldemort était occupé à enfiler un pantalon. Son dos pâle ressortait jaune clair sous les rayons du soleil qui se glissaient par la porte de la tente. La ceinture enserra ses hanches quand il ferma le dernier bouton. Il leva ensuite les mains et les passa dans ses cheveux. Hermione soupira et il lui jeta un regard.

— Tout va bien ? demanda-t-il.
— Ça va... marmonna la jeune femme, se débattant avec le lacet dans son dos. Je suis juste un peu nauséeuse. J'ai sans doute bu trop de vin hier soir.

Une pensée traversa la jeune femme.

— Je crois que je vais arrêter de boire, ajouta-t-elle.

Sa grossesse avançât, pas encore suffisant pour que ce soit visible, mais la moindre goutte d'alcool pourrait leur causer du tort.

— Pourquoi ? demanda Voldemort alors qu'il mettait sa chemise en place.

Hermione ouvrit et ferma la bouche.

—  Parce que c'est mauvais pour moi.
— Le vin rouge, c'est bon pour le cœur, renifla Voldemort.
— Je préfère garder la tête claire, ajouta la jeune femme rapidement. Je ne vous serais d'aucune utilité si je suis bourrée.
— Donc... demanda lentement le Lord. Lequel de deux ? Tu ne veux plus boire parce que c'est mauvais pour toi ou parce que tu veux garder l'esprit clair ?

La jeune femme hésita et lui jeta un regard par-dessus son épaule à travers le miroir.

— Les deux, répondit-elle en ne pouvant pas empêcher le chevrotement dans sa voix.

Voldemort demeura silencieux un moment. Il récupéra sa robe de sorcier et la tint un moment, observa le tissu noir alors que la jeune femme finissait de s'habiller.

— Tu es nerveuse, dit-il.
— Pour l'enseignement de demain ? Oui, en effet.

Hermione se sentit soulager qu'ils changent de conversation.

— Tu n'as aucune raison de l'être. Tu es plus que capable de soutenir un simple poste d'enseignant.
— Je suppose.
— Et si quelqu'un dit le contraire, tu sais comment leur faire comprendre que non.
— Hm ? Comment ? demanda Hermione en passant ses mains dans ses mèches brunes, les étirant un peu qu'elles reforment des boucles.
— La discipline, bien entendu, répondit Voldemort. Lance un Crucio de temps en temps et ils comprendront rapidement où est leur place.
— Ah.

La jeune femme grimaça à la mention d'un Sortilège Impardonnable. Elle sursauta quand le Lord apparut derrière elle devant le miroir. Il se tenait juste assez près pour qu'elle puisse voir ses yeux bleus, mais assez pour qu'il puisse la toucher.

— Tu le ferais, n'est-ce pas ? demanda-t-il à voix basse.

Hermione déglutit.

— Oui, je pense, mon Seigneur...

Elle pivota et lui fit face. Il la regardait fixement, non pas comme s'il voulait la regarder dans les yeux, mais plutôt à travers elle. Immédiatement, des pensées inadéquates et des hypothèses sautèrent à l'esprit d'Hermione.

— Tu ne dois pas être effrayée pour montrer ta supériorité à eux, dit le sorcier. Ils sont ici pour servir.
— Je les garderai sous contrôle. Promis, assura la jeune femme.

Elle se dégagea de son regard perçant pour récupérer son sac plein de notes et de livres. Elle s'assit au bord de leur lit, qui n'était qu'un tas de draps en vrac et enfila ses chaussures. La nuit dernière, à cause de la soudain hausse de température, ils avaient viré les lourdes couvertures et avaient dormi uniquement avec le drap enroulé autour des jambes. Elle n'avait pas eu la chance de prendre un bain ce matin, et elle espérait pouvoir se rendre à la cascade pour se débarrasser de cette sueur séchée.

Hermione allait pour quitter la tente quand elle s'arrêta et observa le Lord. Il boutonnait se chemise, concentré. Ses longs doigts se débrouillaient avec les petits boutons d'ivoire noir comme il regardait le tapis. Hermione l'observa un moment avant de lâcher son sac et d'aller vers lui. Délicatement, elle entreprit de boutonner la chemise et il baissa lentement les bras. Tandis qu'elle glissait les boutons d'ivoire dans leurs petits trous, elle observa l'homme avec inquiétude. Ses émotions étaient inciviles, mais elle pouvait sentir qu'il y avait quelque chose qui tournait dans sa tête. Quand elle pencha la tête en guise de question, il secoua doucement la tête. Elle termina ensuite avec les boutons et lissa les plis sur son torse du bout des doigts, puis elle s'appuya contre lui et l'embrassa sur la joue. Ses yeux étaient fermés quand elle recula.

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Quand bien même elle n'était pas officiellement un professeur, Hermione faisait face à ses nouveaux devoirs avec confiance. Ces adeptes pourraient faire partie du plan de Voldemort pour prendre le Ministère – et accessoirement le reste du monde sorcier – mais elle ne pouvait pas s'empêcher de songer au fait qu'une partie de ces personnes allaient vivre leur vie sans jamais connaître les merveilles de Poudlard. Elle espérait qu'elle pourrait, d'une manière ou d'une autre, leur en apporter un peu aujourd'hui. Pour se donner du courage, elle repensa à Harry et à l'Armée de Dumbledore. À ce moment-là, son ami avait beaucoup progressé en magie et était devenu un leader naturel. À présent qu'elle expérimentait la chose elle-même, Hermione se sentait capable de soutenir une classe de la même manière que le professeur McGonagall en personne.

Je peux le faire, songea-t-elle alors qu'elle se rendait aussi vite que sa robe le lui permettait à travers le campement. Elle ne serait pas seule, elle avait cette autre sorcière pour l'aider, dont elle avait appris le nom, Ankaa, récemment. Mais il y avait aussi Barty ; il s'était porté volontaire pour l'aider à enseigner. Hermione savait très bien qu'il faisait cela pour la rendre folle, mais elle nota mentalement de le garder à l'œil lorsqu'elle arrivera.

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Les tentes pour la détente, immense et ronde avec des drapeaux rouges claquant au vent, était coincée au milieu d'un champ de caravanes. Heureusement, celle où Hermione allait enseigner n'était pas loin de la forêt où Voldemort et elle avaient leur tente. Elle louvoya entre les gens occupés à faire leur travail, mais une fois que sa présence fut connue, des cris retentirent pour qu'un chemin lui soit fait. Aussitôt, la foule se scinda et tous s'inclinèrent devant elle à son passage.

Se dépêchant d'entrer dans la tente, la jeune femme fut accueillie par un grand groupe de personnes d'âge varié allant de dix à trente. Bien, on lui avait donné de jeunes adeptes. Elle imagina donc que Mag et les autres adeptes s'occupaient des plus âgés. Tous se tenaient debout et discutaient – les plus jeunes étaient regroupés ensemble, observant avec admirations des plus âgés faisaient semblant de lancer des Sorts Impardonnables les uns les autres dans un semblant de duel.

Hermione fut également accueillie par sa nouvelle camarade d'enseignement, Ankaa, ainsi que par ses suivantes. Quand elle entra, elles se rassemblèrent autour d'elle, lui demandant s'il lui fallait quelque chose ; la jeune femme n'avait pas eu le temps de manger et elle s'était habillée rapidement, donc la plus âgée de ses suivantes, Melantha, ordonna aux jeunes femmes d'aller chercher quelques toasts et de la confiture. Melantha observa ensuite Hermione tandis qu'elle laissait tomber son sac sur un banc et commençait à fouiller dedans.

— Si vous voulez, Ma Dame, je peux vous apporter quelque chose pour vous détendre.

Hermione leva les yeux et hocha la tête. Elle rougit ensuite en comprenant que son anxiété était parfaitement visible. Melantha lui jeta un regard avant de partir.

Ankaa, en plus d'une magnifique peau noire et de longs cheveux bruns, avait son habituel regard austère sur son visage quand elle s'approcha d'Hermione et lui souffla que Barty n'était pas encore arrivé.

— Je ne suis pas surprise, répondit la jeune sorcière.

— Devons-nous commencer sans lui ?
— Oui, allons-y.

Hermione tendit un parchemin à Ankaa qui listait tous les sorts et les charmes qu'elle voulait revoir. Ankaa jeta un coup d'œil sur la liste et sembla impressionnée par la sélection. Ensemble, elles firent ensuite face au groupe et réclamèrent leur attention. Les enfants les plus âgés cessèrent leur duel factice et certains s'inclinèrent. Hermione leur demanda alors de se ranger en lignes avec suffisamment d'espace entre eux pour pouvoir manier leur baguette sans se gêner. À son grand soulagement, ils obéirent tous sans un mot. Même avec tout l'espace qu'offrait la tente, il restait encore pas mal de place le long des murs.

— Vous pensez tous savoir pourquoi vous êtes ici, dit alors Hermione, pensant que ce serait redondant de se présenter elle-même. Vous pensez que vous êtes ici parce que le Seigneur veut des sorciers et des sorcières disciplinés, pour se battre pour lui contre les Aurors et tous les autres qui le veulent mort. Il est prêt à accueillir des personnes de tous les âges, parce que pour lui, une grande armée et une armée forte. Pour lui, vous êtes des soldats, des serviteurs, et donc, remplaçables. Il a fait beaucoup d'efforts pour recruter encore et encore et le nombre continue d'augmenter chaque jour. Pour le Seigneur des Ténèbres, vous avez été l'un de ces nombreuses personnes à répondre à son invitation.

Elle se tut un instant pour les regarder chacun dans les yeux.

— Mais moi, votre Dame, je vous dis que ce n'est pas pour cela que vous êtes ici. À ce que j'ai compris, une grande partie d'entre vous n'a jamais été à Poudlard et je ne peux que déplorer ce fait. Poudlard apprend aux élèves comme vous les bases pour être un sorcier ou une sorcière achevée. Étant donné que l'on vous a retiré cette opportunité, c'est la raison pour laquelle vous êtes ici maintenant. Vous êtes devant moi pour apprendre comment survivre au monde en perpétuel danger qui nous entoure ; depuis les bases et au-delà. Le Seigneur des Ténèbres et moi avons l'immense plaisir d'avoir étudié à Poudlard ; nous l'avons apprécié à sa juste valeur. Je veux vous donner une idée de ce que ce serait d'y aller, de la même manière que je pense que toute personne avec des capacités magique devrait faire.

Hermione indiqua alors l'entrée de la tente où de nombreuses personnes allaient et venaient.

— Et si quelqu'un là dehors vous dit le contraire, alors envoyez-le-moi et je m'en occuperais. Entendu ?

Il y eut une explosion de « Oui, ma Dame ! » et en cet instant, Hermione sentit la tension se dissoudre dans les airs. Ils la regardaient avec un respect renouvelé et une brillante considération. Elle leur offrit un sourire.

— Commençons.

Mais avant même qu'elle ne puisse annonce le premier sort qu'ils allaient apprendre, Hermione fut distraite par quelques balles brunes qui roulèrent au milieu du groupe depuis la porte d'entrée de la tente. Elle eut juste le temps de souffler un « non » avant que les élèves ne hurlent « Bombabouses ! ». La seconde suivante, avec un bruyant « pfft ! » un nuage putride envahit la tente et enveloppa tout le groupe. Les enfants se mirent aussitôt à tousser en agitant une main pour faire de l'air.

Une main sur la bouche et le nez, Hermione souhaita une seconde avoir encore son bandana. Elle avait le sentiment que ce n'était que le début des problèmes, que d'autres allaient arriver, et elle fut exaucée quand Barty Croupton Jr apparut au ventre de la pièce, un mouchoir crasseux sur le visage, l'autre main levée. Hermione vit immédiatement qu'elle était pleine de ce qui semblait être du sable noir.

Elle leva sa baguette pour le détruire, mais elle ne fut pas assez rapide ; une noirceur impénétrable explosa alors de la chose noire dans la main du sorcier et se répandit à l'intérieur de la tente. Poudre Instantanée des Ténèbres péruvienne songea aussitôt la jeune femme, furieuse. Elle savait qu'invoquer un Lumos ne servirait à rien pour trouver son chemin dans le noir ; ce sort avalait n'importe quelle magie lumineuse.

C'était comme si ses yeux étaient recouverts d'un tissu noir épais. Elle ne pouvait pas voir à un centimètre de son nez, mais elle pouvait entendre que tout ce qui se trouvait dans la tente sombrait dans le chaos. Il y avait des hurlements et des cris, et elle capta le bruit d'un rire gras qui devait appartenir à Barty. Elle entendit aussi les gens qui se déplaçaient, elle pouvait sentir le souffle d'air qu'ils provoquaient en passant près d'elle. Pire de tout, elle entendit des sortilèges invoqués et le bruit de corps qui tombent.

Hermione imagina Barty se tenant au ventre de la tente, appréciant le chaos qui régnait autour de lui. Instinctivement, elle savait qu'il se tenait au sud d'elle, et elle tira sa baguette et la posa sur sa paume à plat.

— Pointe sur moi, souffla-t-elle.

Aussitôt, la baguette pointa le nord. Elle suivit alors le sud à petits pas prudents pour ne pas trébucher, soudain quelqu'un, sans doute un jeune élève, lui rentra violemment dedans et ils tombèrent tous les deux lourdement sur le sol. Pendant une seconde, Hermione perdit sa baguette, mais un bref Accio la lui rendit et elle réinvoqua le sortilège de recherche pour continuer son chemin.

Enfin, elle heurta quelqu'un qui semblait trop grand pour être un étudiant. Elle le sentit invoquer sort après sort autour de lui, alimentant le chaos. Hermione s'accrocha alors à lui, sentant sous ses doigts son trench-coat crasseux et ses cheveux pouilleux. Définitivement Barty. Elle planta ses doigts dans ses habits et le secoua violemment. Peut-être qu'il savait que c'était elle, peut-être pas, mais il la saisit soudain et la tira à lui dans ce qui aurait pu être qualifié d'un câlin, mais c'était un peu trop violent. Son visage était tout proche de celui de la jeune femme et son souffle gras était bruyant dans l'oreille d'Hermione.

— Voilà comment on enseigne ! dit-il.
— Je. Vais. Te. Tuer, répondit Hermione sans un grondement entre ses dents.
— Ouh, ça semble intéressant, répondit Barty en la serrant un peu plus contre lui.

Ils étaient bousculés de tous les côtés. Quand elle entendit un autre hurlement, suivit de pleurs, Hermione atteignit son point de non-retour. Elle siffla d'exaspération et, poussée par une vague d'émotions, elle invoqua un Cascadia qui partit de son cœur et explosa loin de son corps dans un flash bleu. Barty disparut aussitôt puis, un moment plus tard, la Noirceurs Instantanée suivit le mouvement.

La jeune femme regarda autour d'elle. Les gens étaient affalés sur le sol, immobile, elle se précipita sur eux pour vérifier qu'ils n'étaient pas morts. Elle détesterait d'expliquer à leurs parents pourquoi leur fils ou leur fille n'allait pas rentrer à la maison. Quelle atroce pensée. Heureusement, personne n'était blessé. Certains avaient été Stupéfiés, et Hermione incrimina Barty. Le sorcier, furieux, gisait sur le dos à l'autre bout de la tente, le pouvoir du Cascadia l'avait envoyé balader.

Hermione fut sur lui en une seconde, son visage rouge de fureur près du sien. Il semblait sonné, s'étant écrasé dans les bancs.

— Des Bombabouses ?! s'exclama-t-elle. Mais quel âge as-tu, Bartemius Croupton Junior ?!
— Oh, ne soyez pas aussi coincée, ronronna-t-il, souriant. C'était pour s'amuser.
— Tu aurais en tuer ! Il y a des enfants ici !
— Vous pouvez difficilement les appeler des enfants, répondit-il en s'asseyant avec une grimace. J'avais dix-sept ans quand j'ai tué pour la première fois.
— Je ne suis pas là pour en faire des assassins ! siffla Hermione.

Il se mit à rire, mais d'une façon moqueuse.

— Tous ces gens sont destinés à devenirs des assassins dès l'instant où ils posent le pied dans ce camp ! Les nouveaux quartiers généraux sont une machine à faire des tueurs, si vous n'aviez pas remarqué ! Nous tuons pour la cause, nous tuons pour les Seigneur des Ténèbres !

— Ma Dame, souffla Ankaa près d'Hermione. Je n'avais encore jamais vu un tel affront de la part d'un Mangemort, notre Seigneur va être furieux.
— Notre Seigneur sait que je suis l'un de ses plus loyaux serviteurs ! siffla Barty.
— Et tu sais parfaitement que c'est moi qu'il va blâmer pour le bordel que tu as mis ici aujourd'hui ! répliqua Hermione. « Les vrais leaders savent garder leurs gens en ligne », voilà ce qu'il a dit !

Barty haussa les épaules. Il se mit sur les genoux pour se relever, mais Hermione lui le frappa de sa baguette au visage et il retomba sur le sol.

— Je devrais vraiment te tuer, siffla-t-elle entre des dents.

La tente était silencieuse. Il regarda le bout de la baguette puis leva les yeux sur elle.

— Mais vous ne le ferez pas, vous ne le voulez pas.

Hermione serra les lèvres et réalisa alors que tout le monde la regardait, attendant la suite. Une partie d'elle, minuscule, voulait savoir si elle en serait capable, tuer un autre être humain, mais elle repensa alors aux enfants présents et repoussa aussitôt tout pensée mortelle. Elle baissa sa baguette et Barty esquisse un rictus. Elle lui tourna alors le dos et s'efforça de faire en sorte qu'il ne soit plus là.

Avec l'aide d'Ankaa, les étudiants furent réorganisés en lignes et la jeune femme commença alors à leur enseigner le simple sortilège de Désarmement. Elle forma rapidement des binômes pour qu'ils s'entraînent les uns contre les autres et profita de ce moment pour faire une pause, rejoignant ses servantes qui l'attendaient avec de la nourriture. Elle était affamée et elle avala rapidement tout ce qui lui était présenté, se léchant même les doigts pour en nettoyer la confiture quand elle eut terminé.

Melantha lui tendit alors une flasque marron.

— Pour vous détendre, ma Dame, dit-elle.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda la jeune sorcière avant de boire.
— Du FireWhisky.

Hermione toussa quand l'alcool lui brûla la gorge et le recracha en arrosant tout le monde au passage. Barty se mit à rire grassement en voyant les servantes grimacer. La jeune femme s'essuya ensuite le menton avec sa manche et s'excusa. Melantha reprit la flasque, embêtée.

— Je suis désolée, Ma Dame, quand j'ai dit que je pouvais vous apporter quelque chose pour vous détendre, je pensais que vous sauriez...
— Ce n'est pas grave, répondit Hermione entre deux quintes de toux. Ça ira. Je... J'ai juste décidé de ne plus boire d'alcool.
— Je peux aller voir à l'infirmerie s'ils ont quelque chose pour calmer la brûlure ?
— Non, répondit Hermione. Ça va, c'est bon. Je vais mieux, je crois. Merci, Melantha.

La sorcière âgée s'inclina et recula d'un pas, profondément honteuse.

.

Lorsque les cours furent terminés pour la journée, tout le monde, excepté les jeunes enfants d'une dizaine d'années, était capable d'invoquer un sortilège de désarmement. Alors qu'ils vidaient la tente, Hermione se sentait à la fois fière et anxieuse. Elle avait aidé ses jeunes gens à faire un pas vers l'âge adulte, mais d'un autre côté, ils allaient très certainement faire passer le mot de ce qu'il s'était passé avec Barty. Voldemort lui avait dit d'utiliser la discipline quand c'était nécessaire, et elle avait échoué. Hermione avait un fort pressentiment qu'elle allait bientôt devoir lui expliquer pourquoi.

Barty fut l'un des derniers à quitter la tente. Ankaa s'en rendit compte et décida de demeurer près d'Hermione.

— Je n'ai rien à te dire, lâcha Hermione alors qu'il venait vers elle.
— Je voulais vous dire que je savais que vous n'alliez pas le faire, me tuer, dit-il.
— Sans doute parce que j'étais d'humeur particulièrement généreuse, aujourd'hui, répondit la Gryffondor. Même le Seigneur des Ténèbres à ses bons jours.
— Conneries. Vous ne l'avez pas et vous le savez.
— De quoi ?
— La passion pour le meurtre. Ce plaisir de causer la douleur.
— Comment tu le saurais, tu ne me connais p...
— Oh ! grimaça Barty. Je vous connais. Je vous connais peut-être même bien mieux que le Seigneur lui-même.

Il rangea son rictus et regarda la sorcière avec un sérieux insondable auquel elle n'était pas habituée de sa part. Ses yeux sombres étaient comme deux puits noirs qui l'attiraient.

— Chaque fois que vous êtes dans les parages, je vous regarde. Chaque respiration, chaque sourire, chaque grimace de dégoût ou de peur, je vois tout. C'est fantastique ce qu'on peut voir quand on est assez près pour y porter attention.

Il se tut un instant, pencha la tête d'une manière presque suppliante.

— La vérité, c'est que vous êtes cette fille, la plus brillante sorcière de son époque, Hermione Granger, une fille intelligente, mais faite de porcelaine !
— Non, je ne le suis plus, j'ai changé.
— Je pense que vous souhaitez juste avoir changé. Cela rend votre abandon envers vos amis tellement facile à supporter.

Hermione eut un hoquet, comme elle venait d'être frappée au ventre. Après un moment pour se reprendre, elle reprit la parole.

— Tu es la pire pourriture de la Terre, siffla-t-elle, mauvaise.
— Je suis aussi honnête. Êtes-vous honnête avec notre Seigneur ? Avez-vous discuté de votre passé ? Tous ici savent qu'il lit le Daily Prophet, je serais curieux de savoir si les plus improbables amants du monde ont eu cette petite discussion sur l'oreiller.
— Nous n'en discutons pas, en fait, et de tous les gens qui nous entourent, je refuse de parler de ça avec toi, répondit Hermione.
— Hm, grogna Barty. On dirait bien que le Seigneur des Ténèbres est dans le déni. Moi aussi je le serais, sachant que ma femme est du côté de mon ennemi.
— Comment oses-tu dire de telles choses sur notre Seigneur ! s'exclama soudain Ankaa.

Barty lui jeta un regard comme s'il venait de se souvenir qu'il n'était pas seul avec Hermione. Ses yeux descendirent sur la baguette serrée dans la main de la sorcière. Il cligna puis sourit innocemment.

— Tout va bien, maintenant. Je crois que j'ai atteint mon but.

Il quitta ensuite la tente et Ankaa demeura près d'Hermione pour être sûre qu'elle aille bien, mais la jeune femme la renvoya. Debout seule au milieu de l'immense tente d'activités, Hermione sentit une pointe d'agacement la piquer. Principalement à cause de Barty et tout ce qu'il avait fait pour ruiner la journée. Mais ce que l'irritait le plus c'était ce qu'il avait dit et le fait que ce soit, en un mot, la plus pure vérité.

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